Pdv Bruce

Je me relève en sursaut le lendemain matin, cherchant du regard mon pire ennemi, comment ai-je pu m'endormir avec cet homme si proche de moi ? Je deviens complètement inconscient... Il sait qui je suis, il sait où je me cache et j'étais même à portée de sa lame, je ne sais pas ce qu'il m'arrive, pourtant le poids qui pèse sur mes épaules devrait me rappeler en permanence que si je meurt Gotham sera la victime de ces criminels. Lui en tête...  Hier encore j'ai faillit perdre la vie de la main de l'un d'entre eux. Mais... c'est également l'un d'eux qui m'en a tiré. 

Je saisit mon visage dans mes mains alors que des tremblements de frustration incontrôlables secouent mes membres, réveillant la douleur de ma nouvelle blessure, dans quelle merde me suis je encore fourré?

J'entends la porte de l'ascenseur s'ouvrir alors qu'Alfred me rejoint, l'air attristé de mon état, il s'assoit sur le fauteuil comme le seul autre homme à avoir jamais mis les pieds ici l'avait fait la veille au soir. Le léger courant d'air qu'avait amené Alfred dans mon tourment est ainsi transformé en retour dans l'enfer de mes réflexions. Mon plus vieil ami me tends une tasse de thé et je m'oblige à la prendre, lui donnant ainsi le signal muet que je ne suis pas si perdu que j'en ai l'air.

- Il est parti tard dans la nuit, juste après que vous ne vous soyez assoupi.

Je soupire en baissant le regard,

- Pourquoi...

La question est flou, pourquoi est il parti? Pourquoi était-il là? Pourquoi suis je aussi faible? Pourquoi Alfred reste-t-il encore à m'épauler alors même que je ne suis plus que l'ombre de moi même? 

- Et pourquoi pas? 

Je relève la tête sous l'œil malicieux de ma dernière famille, il répond à tout et à rien en même temps. Pourquoi pas... Pourquoi ne pas accueillir ce nouvel allié? Pourquoi ne pas admettre que mon état actuel ne me permet pas d'assumer seul mes fonctions? Pourquoi ne pas enquêter directement auprès de mon plus grand problème plutôt que de me perdre en réflexions sans queue ni tête alors que cet homme est le plus flou et fou que je n'ai jamais rencontré?

Mon ami de toujours semble rassuré car il se lève en souriant légèrement.

- Je pars vous préparer un petit déjeuner, Lucius passera regarder votre costume dans la matinée. Dés que vous serez remit vous pourrez repartir enquêter.

C'est un bon plan ça, me remettre, reprendre l'entrainement pour récupérer en santé physique et mentale quelques jours puis je partirai enquêter sur le plus grand mystère actuel de ma vie... Joker prépare toi. J'arrive...

Pdv Joker

Voilà bientôt deux semaine que ce goujat n'avait même pas essayé d'entrer en contact avec moi. Monsieur faisait tranquillement le mort dans son fichu manoir loin des paparazzis le jour et des criminels la nuit. Si au début j'avais été compréhensif, lui laissant le temps de se remettre, désormais j'étais fou de rage; avec tout les efforts que j'avais fait dernièrement pour sa grosse tête d'égoïste il ne daignait même pas sortir sur les toits la nuit alors même que Gordon éclairait le ciel de son fichu bat signal. J'étais même sortie moi même hier soir pour ralentir Harvey lors d'une course poursuite au centre ville pour laisser le temps à la flicaille de récupérer de dangereux produits chimiques qu'il venait de voler... Là s'en était trop! Monsieur faisait grève ? on allait bien voir ça... Ce soir c'est moi qui sortirai éclairer la ville de mes magnifiques explosions... Ça c'était de l'art, du vrai!

À vingt trois heures tapante tout est mis en place, mes hommes sont dispersés autour de la cathédrale et je suis au sommet du clocher, j'ai hâte de voir cette explosion... Le tribunal de justice est en face de moi, grand, majestueux et empli de dynamite. Un régal pour les sens, ça fait longtemps que je n'ai pas ressenti le souffle grisant d'une explosion me secouant, que je n'ai pas senti les fumées âcres de la destruction et admiré la beauté visuelle d'un bâtiment rongé par les flammes, le doux son du crépitement d'un feu dévorant et enfin la chaleur lointaine et réconfortante d'un brasier. 

Des tirs finissent par retentir en bas, mes hommes ont été grillés par la police, mince, j'en connais un qui ne vas pas tarder à rappliquer. Je descends de la rambarde en pierre et je file vérifier le répercuteur de signal dans le coin du mur, se serait dommage de louper le coche et de passer à côté de la beauté de l'explosion si mon attention est rivée sur le matériel au moment du boom final! Je règle la fréquence à la perfection et je claque la langue sur mon palais de contentement, un frisson d'excitation me parcourant le dos comme à chaque fois, heureux de voir que je n'ai pas tant changé, que je reste moi même malgré mes délires avec ma Némésis.

J'entends au loin des bruits de coups et mon cœur s'accélère, non... Je veux mon explosion, je veux vibrer à nouveau, je veux sentir la chaleur du foyer a plusieurs dizaines de mètres de moi, je veux ressentir les frissons de plaisir et mon estomac se tordre d'émotion devant ce spectacle somptueux... Je veux entendre les flammes crépiter et les pierres s'écrouler. 

Je ressent soudainement que je ne suis pas seul dans le clocher et je gémit dépité, je me tourne rapidement vers la balustrade en pierre, observant le palais de justice encore intact devant moi et je monte le détonateur dans ma main, essayant d'appuyer rapidement pour voir mon explosion. 

Au même moment une masse sombre percute mon dos et un second gémissement de frustration franchit mes lèvres alors que je remarque des bras autour de moi, une mains tenant la mienne non armée et la seconde maintenant mon pouce déjà enfoncé sur le détonateur pour que je ne relâche pas la pression du signal qui détruira le bâtiment non loin...

Je ressent immédiatement une onde de chaleur traverser mon corps en même temps qu'un long frisson le long de ma colonne vertébrale plaquée à une armure dure, mon estomac se noue alors qu'une sensation aussi puissante que celle du soir où j'ai effleuré sa joue se répands dans mon estomac... C'est encore plus profond que l'onde de choc d'une explosion...

Je tourne légèrement mon visage sur le côté en écoutant le souffle erratique du combattant contre moi, je trouve ça étonnement sensuel... Je sourit béatement quelques secondes avant de rire légèrement pour désamorcer la situation, à défaut de désamorcer la bombe.

- Tu vas devoir me tenir un bon moment sinon ça vas péter...

J'observe amusé son air soudainement dur en écoutant avec plaisir son espèce de grondement de colère contre moi, à deux doigts de lui dire que j'ai été un vilain garçon et qu'il vas devoir me punir...