Chapitre 23
Solitude.
Jimin avait changé de chambre pour celle-ci la veille, lorsque l'autre pensionnaire avec qui il avait vécu à peine une journée avait décidé qu'il ne voulait pas de lui à ses cotés et qu'il n'allait pas changer de chambre. D'après les médecins il faisait une crise et ce n'était rien de grave et surtout il ne fallait pas se sentir visé, mais Jimin n'avait pu s'empêcher de le prendre pour lui. Voyant cela, le personnel soignant avait préféré changer Jimin de chambre : il se retrouvait donc à nouveau tout seul à l'autre bout du couloir.
Le lit vide à ses cotés lui rappelait de mauvais souvenirs, les souvenirs d'un matin, il y a presque quatre ans, où il était rentré dans une chambre où il se rendait depuis des jours et que celle-ci était vide. Il n'était pas seul à ce moment là, Hoseok était avec lui, les deux garçons n'avaient pas tout de suite compris ce qu'il s'était passé et avaient cherché leur ami en vain. Jusqu'à que quelqu'un leur apprenne qu'il était mort, quelques heures avant leur venue. Les deux garçons s'étaient écroulés. Enfin surtout Hoseok qui des deux était le plus proche de l'adolescent. Un sentiment d'injustice avait envahi Jimin et il ne l'avait depuis, jamais quitté. C'était le soir suivant que Hoseok avait un peu trop bu et qu'il avait fini aux urgences. Les garçons avaient vu un psychologue, Hoseok pendant plus longtemps que Jimin qui, à ce moment là, était encore avec son ancien petit-ami qui l'avait grandement soutenu. Jimin détestait les hôpitaux depuis ce moment et il savait très bien que Hoseok aussi... Pourtant il avait tant besoin que son ami vienne le voir, il n'avait plus personne d'autre maintenant que son ex petit-ami l'avait quitté – cette rupture étant ce qui avait enclenché les mécanismes qui l'avaient entraînés jusque-là – et encore plus maintenant qu'il n'avait plus la danse à laquelle se raccrocher.
Il avait l'impression que ces derniers temps sa vie n'avait été que privation et injustice envers lui, et ce malgré tous les efforts qu'il avait fait pour s'accrocher.
Il avait fait son possible pour répondre aux exigences sadiques de son ancien chorégraphe, il avait commencé à ne plus manger car ce dernier le trouvait trop gros, le traitait de moins que rien. Jimin avait mis longtemps à se rendre compte que le problème n'était pas lui mais le chorégraphe, un ami de son ex qui lui en voulait presque plus que ce dernier. Il avait fini par s'éloigner du groupe d'ami de son école de danse et Hoseok l'avait beaucoup aidé, comme Jimin avait essayé de l'aider quelques mois auparavant lors de la mort de cet ami commun. Jimin avait commencé à se relever, mais, à peine repris dans la spirale des spectacles, il s'était lui-même renfermé, déterminé à que cette nouvelle collaboration avec Jin marche. La peur de l'échec, la peur de ne pas être à la hauteur avait ressurgi et il était encore trop tôt pour qu'il puisse y faire face réellement, sans se mettre en danger. Il était donc retombé dans le cercle infernal de la malnutrition, encore plus dangereusement que l'année qui avait précédée. Et il se trouvait là aujourd'hui, à coté de ce lit vide, désespérant pour que quelqu'un – même son père ou sa belle-mère – vienne le voir. Il était pour le moment privé de visites, seul son père avait pu venir le voir une fois pour lui amener quelques affaires.
Il s'assit au sol et commença à s'étirer et à faire travailler un peu ses abdominaux et ses bras en faisant du gainage. On lui avait précisé qu'il n'en avait pas le droit, mais il avait déjà l'impression de perdre toute sa musculature – celle qui lui restait – à ne plus danser tous les jours. En plus il avait été obligé de manger ce soir, les doses à ingurgiter augmentaient chaque jour.
Ce fut finalement une très mauvaise idée que de s'agiter ainsi après avoir autant manger. Jimin se leva aussi rapidement que ses bras faibles le lui permettaient et courut vers la salle de bain, qu'il trouva évidement fermée, comme après chaque repas. Il devait en être de même pour les toilettes de l'étage. Il vomit alors sur le sol, n'ayant pas eut le temps de trouver un sac ou une barquette pour ce faire.
Tout tremblant et honteux, Jimin entreprit d'aller appuyer sur le bouton d'urgence pour demander de l'aide. Il se redressa tant bien que mal en se tenant l'estomac. Il ne pourrait jamais voir Hoseok s'il continuait comme ça, se dit-il avec des larmes aux coins des yeux. Et il ne pourrait pas non plus danser à nouveau. Il s'effondra, trop faible pour tenir debout en attendant que quelqu'un arrive.
C'est couvert de honte qu'il rampa sur son lit avec l'aide d'un infirmier. Sans un sourire et après avoir bien réprimandé le jeune homme pataugeant dans son vomi, il l'avait aidé à se changer après l'avoir débarbouillé et le colla dans son lit.
Sans plus d'attention pour son fragile patient, il commença à lui planter une aiguille dans le bras. Jimin sursauta à cet assaut imprévu.
- Qu'est-ce que vous faites ? demanda-t-il apeuré.
Le regard toujours froid, exécutant ses mouvements automatiquement, il dit :
- Tu sais très bien ce que je fais : tu ne manges pas on te nourrit, c'est comme ça que ça marche.
Non, Jimin ne savait pas. Il était là depuis à peine quelques jours et personne ne l'avait prévenu qu'un vomi accidentel lui vaudrait une aiguille dans le bras.
- Le médecin va arriver pour prescrire la perfusion, dit-il une fois qu'il eut fini de lui poser la base de la perfusion en s'éloignant.
- Mais... put seulement articuler Jimin.
L'infirmier sortit et il resta donc dans la chambre silencieuse, une aiguille dans le bras ; peu de temps après un médecin entra, une poche de liquide transparent à la main.
- Bonsoir, dit-elle, alors comme ça on vomit ce qu'on mange ?
Le ton du médecin était nonchalant mais pas spécialement méchant. Pourtant Jimin ne put s'empêcher de penser que personne ne l'écoutait ici, et surtout que personne ne croyait ce qu'il disait.
- Ce n'était pas volontaire, répondit Jimin encore faible depuis son lit.
- Ils disent tous ça quand ils se font prendre, répondit simplement la médecin donnant ainsi raison à Jimin qui, pourtant, s'obstina :
- Je vous assure, renchérit-il alors même que la médecin commençait à brancher la perfusion.
Puis il ajouta :
- Je mangerais un peu devant vous si vous m'apportez de la vraie nourriture.
Enfin il pensait...
La médecin le regarda intéressée :
- Serait-ce vrai où c'est un stratagème que je ne connais pas encore ? dit-elle interloquée.
Jimin avait peut-être parlé un peu vite. Il avait toujours cette sensation de vomi entre la bouche et l'estomac et sentait que la nausée pourrait revenir à n'importe quel moment. Mais il était prêt à prouver sa bonne foi.
- Du moins je veux bien essayer, dit-il.
La médecin hocha la tête et suspendit ce qu'elle faisait avant de passer la tête par la porte de la chambre pour appeler un aide-soignant.
Quelques minutes plus tard Jimin eut son plateau devant lui. Il était plus généreux que celui du réfectoire plus tôt. Voyant son air réticent, la médecin l'informa :
- Tu ne dois pas tout manger, dit-elle gentiment, seulement quelques bouchée de chaque.
Jimin hocha la tête. Quelques bouchées de chaque ça faisait beaucoup pour lui. La désagréable sensation de brûlure dans son estomac se rappela à lui et il eut un haut le cœur qu'il cacha du mieux qu'il put.
La médecin et l'aide-soignant attendaient les bras croisés, prêts à voir jusqu'où il irait. Ce n'était pas une demande courante, on ne la leur avait même jamais faîte aussi loin qu'ils essayèrent de se souvenir. Ils ne parvenaient décidément pas à savoir s'il s'agissait ou non d'un stratagème du garçon, ils prirent donc pour commencer note de ses bonnes intentions.
Après encore quelques longues secondes à scruter le plateau, Jimin renonça, non sans en être déçu lui-même, mais il ne pouvait pas.
Il se laissa tomber en arrière, encore plus écœuré. Sans une parole l'aide-soignant retira le plateau de sa vue – il se sentit un peu mieux mais ça ne dura pas – tandis que la médecin finissait le branchement de la perfusion. Jimin sentit les premières gouttes du liquide passer dans ses veines puis plus rien. Mais il imaginait la poche se déverser en lui. C'est pour mon bien, se dit-il sans conviction, essayant de ne pas penser à tout ce que contenait ce sachet en terme de calories.
La médecin, voyant que Jimin ne réagissait pas, dit :
- Je repasse pour la retirer dans une heure. Essaie de le voir positivement, tu n'en vomiras pas le contenu comme ça.
Jimin ne répondit pas, toujours immobile la tête en arrière dans l'oreiller, les bras le long du corps.
*
Bonjour à nouveau pour ce deuxième chapitre de la journée ! (je mets des points d'exclamation mais ce n'est pas trop ni l'endroit ni le moment de l'histoire où il faut en mettre).
Depuis le début de cette fanfic on assiste en effet à des personnages sur un pente descendante. Vu que j'ai déjà avancé dans la suite de l'histoire, sachez qu'il y aura ensuite des moments plus positifs : parler de maladies telles que l'anorexie ou de souffrance psychique est une chose, mais il me tient aussi à coeur d'en décrire la remontée tout en essayant de rester nuancée (j'essaie de ne pas être trop dramatique, ni trop positive pour rester assez réaliste bien que je ne connaisse qu'indirectement ce dont je parle et que je n'y ai jamais été confronté aussi drastiquement que ce que je décris dans cette histoire, je m'excuse donc par avance de situations un peu irréalistes que je pourrais décrire par la suite). Bonne descente vers le fond avec nos personnages...
Tacha'
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