Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Fiasco

Où est-il ?

Une désagréable sensation logée au creux de l'estomac, Gregory Lestrade entrouvrit de façon imperceptible le rideau sombre qui séparait la scène de la salle surchauffée, plongée maintenant dans l'obscurité. La régie avait baissé les lumières. Le petit groupe des fans, fidèles au-delà de toutes les déceptions passées, se pressait déjà devant, scandant le nom de l'idole prenant en photo tout et n'importe quoi, le micro devant le rideau , les immenses enceintes accrochées de chaque côté de la scène, les projecteurs qui balayaient en tous sens le public. Une partition qui avait glissé par terre semblait tout particulièrement attirer la convoitise d' un fan. De là où il se trouvait, Greg pouvait voir sa silhouette vêtue entièrement de blanc, en hommage sans doute à la pochette du denier album. Le jeune homme avait pris appui sur le rebord de la scène, il s'apprêtait à monter, et seules, les deux mains d'un ami qui le tenait fermement en arrière, constituaient le rempart qui l'empêchaient de se précipiter sur la feuille. Il aurait donné n'importe quoi, pensa Greg, pour obtenir le précieux objet que la main du musicien avait touché. Comme d'habitude, l'agent artistique ne put s'empêcher de ressentir un sentiment ambivalent fait de surprise et d'agacement, presque de colère.

Tant d'amour, tant de folie... Pour quoi, finalement ? Quel gâchis ...

Portant son regard un peu plus loin, Greg contempla le fond du parterre, à moitié vide. C'était prévisible. La billetterie avait été mauvaise. Les ventes du dernier single, après l'enthousiasme de la premier semaine, étaient retombées.. Bien sûr une certaine presse culturelle avait porté aux nues ce qu'elle appelait un rock conceptuel de toute première envergure, mais les tabloïds populaires s'étaient déchaînés contre le compositeur ... On avait pu lire dans les pires feuilles de choux de Londres des critiques violentes, déplacées, indécentes, portant sur les frasques de l'artiste, sa personnalité jugée ambiguë, l'exemple déplorable que ses débordements provoquait chez certains jeunes. Ses propos étaient jugés hautains, méprisants. Lors de sa dernière interview, le musicien n'avait pu cacher son mépris pour le journaliste qui l'interrogeait. Son œil acéré s'était porté sur la veste élimée et mal repassée de l'homme, ses mains tremblantes, sa lèvre légèrement fendue, un oeil amoché qu'il dissimulait derrière des lunettes de soleil, son haleine alcoolisée et la pile de documents sur son bureau au sommet de laquelle traînait une lettre recommandée. D'un ton suprêmement condescendant, il avait lâché à toute vitesse :

« Votre femme vient de vous quitter, vous vous êtes pris une cuite hier soir parce que vous avez compris qu'elle allait voir ailleurs, vous vous êtes fait tabasser par son nouveau copain et votre canard veut vous virer. Ce n'est pas étonnant, à vous tout seul, avec vos questions, vous allez faire baisser le QI de toute la rédaction !

Le journaliste avait bondi au-dessus de son bureau avec un regard meurtrier, en ahanant lourdement, saisi de rage, mais le musicien, d'une poigne de fer qu'on aurait pas devinée au regard de sa haute et fragile silhouette, avait saisi son bras et l'avait violemment tordu en arrière, plaquant l'homme au mur et lui murmurant à l'oreille :

« Tu veux vraiment que je te donne une leçon de boxe ? »

Greg referma d'une main nerveuse le rideau de scène et se retourna vers le fond. Il n'y avait que trois musiciens sur scène, un guitariste, un bassiste et un batteur. La production avait fait le choix d'une mise en scène extrêmement dépouillée, toute l'attention du public devant se porter vers l'artiste, vers sa voix basse et profonde.

« Greg, commença le guitariste, d'une voix exaspérée, ça n'est plus possible ... on aurait dû commencer il y a quarante minutes. Tu les entends ? Ils vont tout casser s'il ... »

Mais Greg le coupa et interrogea d'une voix blanche son assistante qui, venant de le coulisse latérale, s'était avancée vers lui.

« Sally ... ? Il laissa sa question en suspens. Des années de collaboration étroite autour du compositeur avaient rendu les mots inutiles. Sally secoua la tête dans un mouvement de dénégation.

« Ça fait deux heures que plus personne ne l'a vu, Patron. Il était là pour la répétition du raccord entre la sixième et la septième chanson, vous savez cet enchaînement qu'il n'aime pas, sur le mot mine. Il l'a loupé trois fois. Il voulait le faire autrement que ce qui avait été prévu. Evidemment, il  a traité tout le monde d'imbéciles ... Vous savez comment il est ... et il est parti comme un fou. Et depuis, plus rien. La maquilleuse l'a attendu, mais ... » et elle s'arrêta sur ces mots, d'un air où l'inquiétude prenait le pas sur tout le reste.

Serrant les poings, Greg interrogea du regard les deux autres musiciens qui lui firent signe qu'ils n'en savaient pas plus. Derrière le rideau, on pouvait entendre les cris des fans se faire plus forts, plus insistants, presque hypnotiques Et par-dessus les voix, on pouvait entendre le battement des mains qui allait crescendo et montait dans un paroxysme de désir

Ou est-il ?

Greg, l'estomac noué par l'anxiété se tourna de nouveau vers Sally Donovan qui le regardait d'un air navré et impuissant. L'artiste ne leur avait encore jamais fait ce coup là. Ils avaient eu tout le reste ... des paniques, des caprices, des colères mais il s'était toujours présenté sur scène à l'heure prévue. Toujours.

À la cantonade, Greg demanda d'une voix tendue.

« On a demandé à Nigel, le portier à l'entrée des artistes, s'il était sorti ? »

« Je vous l'aurais dit, Patron ... » lui reprocha presque Sally. Et elle répéta « Non, personne ne l'a vu. Avec les gars du montage matériel et la sécurité, on a cherché partout, les loges, les deux sous sols, les toilettes ... Il n'est nulle part », ajouta-t-elle dans un souffle où Greg pouvait percevoir maintenant, plus que de l'anxiété, les premiers signes de la panique.

Il est capable de tout ... Où est-il ?

En un instant, Greg prit sa décision. Dans le micro et l'oreillette qui le reliaient au régisseur, il murmura d'une voix sèche et rapide.

« Liam, on trouve Ed vite fait et on le lance en première partie. Il est prêt dans les coulisses. Tu mets le projo 1 sur lui. Ça va nous laisser trente minutes pour trouver ... »

Il n'eut même pas besoin de terminer sa phrase que déjà tout le monde avait compris et se mettait en place.

« Sally, tu gères la scène ... ? Moi, je ... » Il s'interrompit, porta la main à son téléphone qui vibrait de façon insistante dans sa poche.

Un problème ? MH

Greg grimaça, un coup au cœur, en voyant le message s'afficher sur l'écran. Son interlocuteur avait beau être de l'autre côté de l'Atlantique pour signer un nouveau contrat, il semblait toujours avoir des antennes quand il s'agissait de son frère.

Non, Myc, pas question de te laisser détruire encore une fois

Greg pianota rapidement sur l'écran de son portable.

Tu n'es pas censé dormir, Myc, vu l'heure à laquelle ta réunion s'est terminée ? Dors ! GL

Et il coupa son téléphone. C'était une pauvre parade. Il savait bien sûr que Mycroft ne serait pas dupe longtemps mais il lui fallait parer au plus urgent.

Pardonne-moi, mon amour

« Sally , j'ai peut être une idée de là où il peut être.

Sally le regarda d'un œil intrigué, cherchant une réponse mais Greg s'était déjà emparé de l'écharpe du musicien, posée sur un tabouret, près des instruments, avait déjà quitté la scène et s'était précipité comme un fou vers les coulisses vers qui la porte qui menait à l'arrière-plateau.

Pas ça, pitié, pas ça encore

Le coeur battant à tout rompre, il se jeta vers l'escalier qui menait vers le toit de la salle de concert. Il n' y avait plus que là où il pouvait avoir trouvé refuge, puisque Sally et les gars avaient fouillé le théâtre de fond en comble. Avalant les marches à toute allure, Greg arriva bientôt au sommet, le souffle court.

Gagné

La porte était légèrement entrouverte et laissait passer un courant d'air froid. Le crachin d'hiver avait trempé le seuil et Greg fut obligé d'enjamber la flaque qui s'était formée pour s'aventurer sur la plate-forme qui baignait dans l'obscurité. Les nuages dissimulaient la lune et l'endroit, hérissé de cheminées, semblait désert. Les néons bleus du théâtre qui clignotaient juste en-dessous éclairaient l'ensemble d'une lueur blafarde. D'un rapide coup d'oeil, Greg enveloppa le lieu solitaire. De là où il se trouvait, néanmoins, Greg ne voyait pas l'intégralité de la plate-forme. Un conduit plus haut qu'un autre devant lui, lui cachait toute la partie du toit qui donnait sur la façade. Il s'avança un peu davantage et en un instant, il fut trempé par une nouvelle rafale cinglante. Luttant contre le vent, la main au dessus des yeux pour faire écran à la pluie, il se dirigea d'un pas incertain vers la partie du toit qu'il lui était encore cachée. Il ne servait à rien d'appeler. Les bourrasques auraient couvert le son de sa voix. Il ne pouvait qu'avancer contre le vent, prenant garde de ne pas glisser sur les flaques qui inondaient le sol. Soudain, son pied se prit dans un câble dissimulé dans l'obscurité et il faillit tomber. Il se raccrocha, en jurant, tant bien que mal à une cheminée et ce fut à ce moment là qu'il le vit de dos, peu plus loin, assis sur le muret en façade qui délimitait le toit.

Sherlock

Une vague intense de soulagement le saisit et il s'appuya contre le conduit un instant, ses jambes soudain le portant à peine. Il n'eut pas le temps de s'interroger sur les raisons de la peur, non, plutôt de la panique qui l'habitait maintenant depuis de trop longues minutes. Il vit la silhouette assise sur le muret, les jambes pendant dans le vide, bouger légèrement. Le bref moment de soulagement fut submergé par une onde de peur encore plus forte qu'auparavant.

Sherlock ... non ...

Il s'approcha le plus prêt possible, prêt à bondir pour attraper la manche du long manteau dans lequel était enveloppé le musicien. Il était assez proche maintenant pour pouvoir être entendu et il s'apprêtait à appeler Sherlock quand ce dernier, sans se retourner, murmura d'une voix lasse.

« Pas maintenant. Je ... Laisse-moi, Greg. » Et tout en prononçant ces paroles, le jeune homme se rapprocha un peu plus près du bord.

Greg s'arrêta net; il se trouvait à moins de cinq mètres Sherlock et pouvait deviner sous le manteau les frissons qui faisaient trembler le musicien. Les questions viendraient plus tard. Pour l'instant la seule priorité était de ramener le jeune homme vers l'arrière du toit, en sécurité, loin du muret plongeant dans le vide et d'où Sherlock pouvait glisser à tout instant. Affermissant sa voix - il n'était pas question que Sherlock entende combien il était terrifié - Greg chuchota doucement juste derrière lui :

« D'accord, Sherlock, d'accord ... je te laisse. Juste je t'ai apporté ton écharpe. Tu sais, la bleue, celle que tu aimes bien ... » Il laissa ses paroles en suspens, espérant que le jeune homme allait se retourner et qu'il pourrait l'attraper. Mais Sherlock, sans répondre, continua lui tourner le dos. Sa main gauche agrippait le rebord du muret mais la droite était plongée à l'intérieur de la poche de son manteau et Greg pouvait deviner sous l'étoffe son poing serré et si tendu que le bras du jeune homme tremblait violemment.

Pas ça ... pitié ... pas ça encore

« Sherlock », reprit Greg en s'approchant d'un pas, « parle-moi. Tu es trempé avec la pluie. Tu vas avoir froid. Viens te mettre au chaud...viens à l'abri avec moi. » Continuant à parler tout doucement, Greg fit encore quelques pas vers le musicien. Le vent s'était calmé, les bourrasques s'étaient apaisées et il pouvait entendre maintenant la respiration hachée du jeune homme, toujours silencieux, toujours face au vide. Il semblait comme retiré en lui-même, sans conscience du danger.

Encore perdu dans ses souvenirs ... ?

« Sherlock », tenta Greg une troisième fois la voix encore plus basse - et il pouvait presque toucher l'épaule du jeune homme - « allez viens ... ça va aller maintenant ... allez viens, avec moi » répéta-t-il , « regarde, on est rien que toi et moi, là, comme au début ... »

Comme au début ... avant que ...

Sherlock, enfin, tourna son visage vers Greg. Il était blanc, la mâchoire tendue, les yeux marqués de cernes bistrées.

« Ça n'est pas ce que tu crois, Greg », fit-il. Ses paroles venaient difficilement, ralenties et c'est cela, plus que le propos lui-même, qui acheva d'affoler l'agent de Sherlock. « C'est juste ... » La voix du jeune homme prit une intonation encore plus détachée.  « C'est juste que ... tout ça, tout ce cirque » , il fit un grand geste désignant les néons du théâtre, « c'est juste ... ca ne m'amuse plus ... ça m'ennuie terriblement même ... tu comprends ... c'est pas ... tu le sais toi ... tu sais que ... » Une sorte de grimace s'attarda sur les lèvres de Sherlock.  Il fit un signe vague vers sa tempe et reprit, sur un rythme heurté, qui rendait  ce qu'il disait  presque incompréhensible « iI n'y a plus rien, là, tu comprends » et il répéta, l'air déterminé ... mais c'est pas ce que tu crois, Greg.

Brusquement, sans que Greg ne put faire quoi que ce soit, Sherlock se mit debout sur le muret, face au vide. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro