Le lendemain, Sylvain devait rejoindre Pierre au garage Benzin afin de tourner un Vultech, la tête dans le cul, mais motivé à tourner et boucler cette vidéo. En arrivant au garage, la première chose que Sylvain fit, ce fut d'aller voir si la souris s'était encore pointée dans les poubelles. La dernière fois, elle avait sautée en dehors d'un sac, ayant rongée un trou aux côtés du sopalin, se glissant sous l'élévateur derrière eux. Puis, voyant qu'elle ne semblait pas y être, salua les gars de Benzin en se dirigeant vers les ateliers. Il s'assit sur un tabouret proche du plan de travail auquel Anthony était occupé et échangea quelques mots avec la chimère. Sylvain rigola avec ce dernier, suivant les dernières pointes que David avait lancé au mécano, sous le désespoir de ce dernier. Ce qui était bien avec les mecs de Benzin, c'est qu'ils étaient dans les mêmes conneries verbales que lui et Pierre lançaient. Les mecs les supportaient d'ailleurs dans leurs idées farfelues et leurs tournages rocambolesques. Il fallait dire, trois d'entre eux s'étaient éclipsés de leurs travails pour se présentés au GP afin de les supporter, lui et Pierre. Ça, si c'est n'était pas un groupe d'amis!

- Dit moi. Anthony débuta, alors que David rapportait un outils à la table. J'ai cru entendre que t'avais mis ta coupe dans ta shiote. C'est vrai?

Sylvain jeta un regard surprit à la chimère, qui lui souriait, même s'il n'avait pas élevé le regard de son travail. Ses yeux vairons n'auraient pas vu son visage parcouru de dégoût. Il soupira en fermant les yeux, lorsqu'il vit que l'homme tourna son attention vers lui, attendant sa réponse.

- C'est la seule place que j'ai pour elle, pour le moment. Le loup-garou enchaîna, sous le regard questionneur de la chimère. Je suis surpris que la tablette est tenue le coup toutefois. Elle est lourde cette putain de coupe!
- Elle fait bien ses 11k! David rigola, s'éloignant doucement. Mais, vaux t'elle le coup de trôner dans ta salle de bain?

Sylvain rigola nerveusement, racontant que pour le moment, elle resterait là, parce que mentalement, il n'avait vraiment pas besoin de la changer de place. Elle était bien là, enfermée derrière ce panneau de bois qui évitait de croiser sa surface miroitante trop souvent, lui faire rappeler constamment qu'il l'avait gagné contre un mec drogué. Pierre arriva pour son plus grand bonheur, coupant Anthony qui allait continuer sur le sujet de sa coupe. Sujet donc il ne voulait vraiment pas parler. Le loup-garou s'excusa et s'en alla à la rencontre du grand barbu, qui sourit en le voyant arrivé la tête dans le cul, mais bien motivée! Le petit aida Pierre à monter le lieu du tournage, ajustant ce qu'il pouvait sur les luminaires dirigés droit sur sa gueule. C'était le prix à payer, être aveuglé par des néons, c'était surtout Pierre qui prônait avoir fait des études en cinéma et qui prônait connaître le sujet plus que lui. Ils prirent deux heures à filmer, certains problèmes techniques étant survenus et certains problèmes de phrases ayant été dit de la part de l'animateur, ainsi que les quelques jurons qui avaient éternisés la reprise. Lorsque le Vultech fut finit d'être tourné, Sylvain remercia Pierre, en prenant la canette que ce dernier lui tendait. La boisson gazeuse le rafraîchi de ces luminaires flamboyant, qui avait été devant sa tête bien trop longtemps, fermant ses yeux pour savourer la première gorgée. Les deux loups-garous se posèrent pour fixer les rush, satisfaits du résultat obtenu. En rangeant les choses, Sylvain ne put retenir de questionner Pierre.

- Tu crois que je devrais laisser ma coupe dans les toilettes, toi aussi?
- Pourquoi?
- Parce que j'ai l'impression que ça l'agace tout le monde sauf moi qu'elle soit là.

Même s'il en avait strictement rien à faire, il s'en fichait royalement si cette coupe restait définitivement dans ses toilettes, mais poser la question à Pierre lui sembla existentielle sur le moment. Poser la question à la personne qui venait le plus souvent à son appartement, c'était normal pour lui. Après tout, c'était vrai, tout le monde semblait être dérangé de la voir posée dans sa cabine de toilette sauf lui. Elle était bien là, loin du soleil, à l'ombre et loin de son regard.

- Qu'est-ce que tu veux que je te réponds?
- La vérité.
- Bah, j'en ai rien à foutre de l'endroit où tu la places, c'est ta coupe c'est ton choix. Le barbu débuta, enroulant une extension qui trainait sur le sol. L'endroit est étrange, mais ironiquement, c'est tout aussi drôle et unique à toi.

Le loup-garou remua ses lèvres tranquillement, souriant bêtement à la suite. Pierre le fixa un moment, alors que son acolyte ouvrait les grippes pour faire glisser les pattes à l'intérieur des tubes. Sylvain était silencieux, trop silencieux pour son humeur normalement électrique, tel une pile en surchauffe. Alors le voir aussi silencieux, Pierre savait qu'il y avait probablement quelque chose qui le tracassait. Il était ainsi depuis plus d'une semaine maintenant et le grand loup se demandait bien ce qui avait pu se passer. Est-ce qu'il s'était disputé avec son ex sur un objet resté à l'appart? Pierre avait beau chercher, penser, tout ce qui lui venait en tête, Sylvain lui en aurait parlé par lui-même.

- Il s'est passé un truc?
- Pourquoi tu demandes ça?

Sylvain tourna ses yeux sur son ami, incertain. Pierre sourcilla, fixant les yeux de son ami, pupille à pupille.

- T'as pas l'air dans ton assiette.

L'alpha resta silencieux un moment, ses yeux toujours posés sur son ami, qui restait là, attendant une réponse. Pierre avait d'ailleurs arrêté de ramasser les quelques autres bidules qui restaient sur le sol. Le grand brunet remarqua d'ailleurs l'inquiétude passer dans les prunelles de son ami et le gloussement qui fendit sa gorge. Non, quelque chose tracassait réellement le loup-garou.

- J'ai... j'ai mal dormi, enfaite, ça fait quelques soirs que je dors mal... peut-être mon matelas?
- Mec, tu fais de l'insomnie. Chabrier grogna, croisant ses bras. C'est l'autre truc que je veux savoir. Tu sais que je vais t'épauler, peux importe ce qu'il se passe.

Sylvain resta un autre moment silencieux, grognant dans sa barbe la facilité que Pierre avait à le lire physiquement. C'était comme s'il était un livre ouvert et que l'autre loup-garou arrivait à lire l'intérieur de son âme d'un seul coup d'œil. Ça l'agaçait par moment. Le brunet tourna la tête et finit de glisser les pattes des supports, tout en ruminant sa réponse pour la donner au brunet. Mais quel réponse lui donner? Que sa victoire le dégoûtait et que sa coupe lui rappelait constamment qu'il avait gagné ce GP contre un mec drogué? Nan.

- Tu sais que t'es pas obligé de me le dire, mais que si tu veux, je vais être là. Le grand loup-garou enchaîna, voyant que son ami ne lui répondait pas. Tu n'es pas obligé si tu ne veux pas en parler.

Sylvain s'arrêta soudainement de faire ce qu'il était entrain de faire pour fixer son ami, qui avait retourné à ses besognes. David arriva vers eux, questionnant le grand loup s'ils avaient besoin d'un coup de main avec les étuis. Le mécano suivit Pierre avec les équipements, enfermés dans leur coffre respectifs, se dirigeant vers le petit entrepôt vidé pour le duo, alors que Sylvain restait là, ruminant. Il savait qu'il devait en parler à Pierre, mais comment réagirais le loup en sachant que son ami était ombreux sur un sujet auquel il en avait parlé avant et après le GP? D'une question qu'il demandait constamment dans son entourage et que toute ses réponses avait été données? Puis, il ne sait pourquoi, Sylvain eu une idée farfelue. Il termina la lumière, les posant ensuite dans son étuis et fixa le duo, qui revenait nonchalant vers lui. Voyant son visage soudainement sérieux, Pierre sourcilla d'incompréhension, surtout en voyant ses clés d'auto dans les mains de son ami.

- Tu vas quelque part?
- Nous allons quelques part. Le loup-garou lança les clés du Range doré au propriétaire, qui les récupéra contre son torse. Faut que tu m'emmènes quelque part.

Pierre garda son expression bafouée d'incompréhension, alors que David récupérait les étuis des lumières restantes. Il s'assura auprès du duo qu'il allait finir de ramasser le set up, qu'ils pouvaient partir là où Sylvain voulait qu'ils se rendent. Après tout, ça avait l'air important. Le grand loup accepta, avant de suivre son ami jusqu'à son auto, stationné dans la cour extérieure du garage. Lorsque Sylvain eu grimpé sur le siège passager et que Pierre eu démarré le moteur, ce dernier prit un moment pour fixer son ami, qui avait sortit son cellulaire de ses poches.

- Où allons-nous, Monsieur Lévy?
- Chez moi. Sylvain remit son téléphone dans ses poches. Tu voulais une réponse, je vais te la donner.
- Une réponse? À ma question? Le loup-garou s'engagea dans la rue, prenant la direction de l'appartement du plus petit. Tu ne pouvais pas me le dire au garage?
- Un plan visuel sera mieux.

Sans une réponse de plus, le plus petit sortit de nouveau son cellulaire de ses poches, celui-ci ayant résonné dans l'habitacle silencieux du VUS. Le brunet tapa sur l'écran tactile, avant de fermer ce dernier de nouveau, le posant dans ses poches.

- On va commander du McDo aussi, je crois qu'on va en avoir besoin pour le restant de l'aprèm.

Parce que Sylvain, bien entêté comme il était, ne voulait pas expliquer brièvement à son ami son état de pensée, ça aurait été trop facile. Non, son loup intérieur lui disait qu'une autre personne avait également besoin de se justifier dans cette histoire. Qu'il n'était pas le seul à devoir réclamer une réponse...

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