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Instance #2 : 13 Août 2042

La dernière étincelle de vie s'éteint dans les yeux de l'homme que je viens d'empaler avec mon sabre. Ses bras qui m'enserraient de leur dernière étreinte deviennent flasques et retombent le long de son corps, et il s'effondre au sol. Je reste plusieurs secondes incapable de bouger, alors que les gouttes de son sang glissent le long de ma lame et perlent à la pointe, avant de s'écraser une à une, plic ploc, dans une flaque visqueuse qui s'étend à vue d'œil.

J'ai commis l'irréparable. Oh ce n'est pas la première vie que j'ôte, mais auparavant j'ai toujours agi en légitime défense. Avec ce geste irrémédiable, en tuant un homme qui n'en voulait pas à ma vie, j'ai franchi un cap. Je suis devenue assassin.

Ma main tremble et la nausée me prend. Une sueur glaciale coule sous la cagoule qui masque mon visage. Pourtant, je sais qu'il devait payer pour ses actes. Dong Gengxin était tout sauf un enfant de chœur. Trafiquant d'armes, mercenaire et traitre à son propre pays, j'ai suffisamment d'éléments pour savoir que c'est lui qui a orchestré l'attaque sur le laboratoire chinois qui a servi de prétexte au déclenchement des hostilités entre la Chine et l'Occident. Sauf que je ne peux rien prouver, évidemment.

Je m'arrache à la vision morbide de son cadavre et fouille brièvement son bureau. Son terminal est verrouillé par commande vocale. Tous ses documents sont en chinois. Je commande à Bub de ne pas perdre une seule image de la paperasse que je remue au hasard, au cas où j'arrive à les traduire plus tard. J'ai salement merdé, j'aurais dû essayer de le capturer vivant. Sauf qu'il m'a prise au dépourvu et je n'ai pas eu le temps de réfléchir. Avec les photos de son intérieur que j'ai trouvées sur le réseau, j'ai réussi à m'esquisser directement dans ses appartements, au sommet de la tour Fraser en plein centre ville de Shanghai. Je pensais l'attendre tranquillement et le neutraliser dans son sommeil. J'aurais dû vérifier le fuseau horaire. Il m'a entendue dans son bureau et est venu voir. Quand j'ai vu le pistolet dans sa main, j'ai paniqué.

Il doit forcément avoir un coffre. J'arrache du mur les tableaux modernistes qui valent plus que cinq ans de ma bourse étudiante. Trop évident, forcément. Je me calme et respire un grand coup. Le bar. J'ouvre les portes de bois laqué et découvre des bouteilles de toutes sortes, un compartiment réfrigéré, et surtout au-dessus la paroi blindée avec une serrure à combinaison, clé magnétique et empreinte rétinienne. Même si je trouvais comme par hasard la clé dans sa poche et que je déplaçais le cadavre jusqu'au coffre, il me manquerait la série de chiffres. Quelle conne.

Une alarme retentit soudain et met fin à ma séance d'auto-flagellation. Au poignet de ma victime, une lumière rouge clignote. Son service d'assistance d'urgence a détecté que son cœur ne bat plus. Je pousse un juron. Ils seront là dans une poignée de minutes. Je verrouille la pièce de l'intérieur et sors de ma poche mon esquisse de retour.

Je me suis à peine détournée vers la baie vitrée que des coups tambourinent à la porte et des éclats de voix jaillissent. Je fais abstraction et fixe de toutes mes forces les lignes de l'image que j'ai dessinée. Les contours de ma minuscule chambre de bonne contrastent avec les marbres de cet appartement luxueux où je me suis introduite. Mon réchaud sur le plan de travail, mon lit une place contre le mur opposé, le velux d'où rentre la timide lumière du ciel parisien. Le contact s'établit lentement. Trop lentement à mon goût.

Des craquements de bois fendu qui cède sous des coups d'épaule. Les exclamations des gardes qui martèlent la porte de coups de pied. Des coups de feu. Et tout à coup, le fracas du loquet qui cède et dont les morceaux ricochent sur le sol.

Mon portail s'ouvre enfin, je m'élance à travers et retombe sur le plancher de mon chez-moi. Des détonations retentissent, des impacts touchent le plâtre, mon écran de télé explose. Je romps le contact avant de me faire mitrailler. Trop tard. Une douleur atroce me perce le dos et une giclée rouge vient repeindre le mur. J'ai la tête qui tourne, j'enlève péniblement ma cagoule pour cracher du sang. Je m'effondre à plat ventre, le souffle coupé, et je bredouille tant bien que mal une commande vocale.

« Bub... Appelle... au secours... »

J'aimerais sombrer dans l'inconscience. Mon corps me fait l'effet d'un sac de cailloux. Il pèse une tonne. J'ai du mal à soulever la poitrine pour laisser rentrer un peu d'air dans mes poumons. Il ne faut pas que je m'endorme. Des bulles de sang éclatent à ma narine à chaque respiration. J'ai froid. Le liquide s'écoule de ma blessure et j'ai l'impression qu'une part de vie me quitte à chaque seconde. Combien de temps vais-je encore tenir ? Mes membres s'engourdissent et la douleur disparaît. Cinq minutes ? Une demi-heure ? Je perds la notion de la durée. C'est comme si je restais bloquée malgré moi devant une image fixe et mal cadrée de mon appartement. La luminosité décroît.

Pop.

Mon inconscience s'émaille de bribes de moments, d'éclats de lumière et de voix. Une main serre la mienne. J'ai toujours froid, surtout dans la gorge et les poumons. Un gaz glacial gonfle ma poitrine. Pourtant je sais que tout ira bien. Le langage des doigts, le sens de l'intonation, les mots de la peau me le disent plus clairement que si j'entendais les syllabes. On s'occupe de moi, je n'ai rien à craindre. Il suffit de laisser passer le temps, de m'accrocher tranquillement à cette présence qui m'accompagne, et de ne pas lâcher. Une goutte tombe sur ma joue et glisse vers mon oreille.

Je prends goût au velours du sommeil. Il m'entoure comme un cocon, il me protège et me tient chaud. J'ai beau geler de l'intérieur, ma peau ne se hérisse pas de froid. Et j'ai aussi ce point brûlant en moi que la glace ne parvient pas à étouffer. Quand je me concentre dessus, j'arrive presque à le visualiser. Un point rougeâtre sur le fond noir. Je sais parfaitement de quoi il s'agit.

« Vous ne me laisserez pas mourir, lancé-je dans sa direction.

- Ton heure n'est pas venue, répond la voix désincarnée. Aujourd'hui, ce n'est pas moi qui te maintiens en vie.

- Est-ce que je devrai toujours me mettre dans des états pareils pour arriver à vous parler ?

- Tu apprendras.

- Comment ?

- Il te suffit de regarder en toi. »

La lueur s'estompe et je perds la sensation de sa présence. Je lutte pour la retenir.

« Attendez ! crié-je. J'ai besoin de savoir.

- En effet. Tes réserves dans ce domaine sont insuffisantes.

- Attendez, vous êtes en train de me tailler, là ? S'il vous plaît, dites-moi comment blesser Nyx. »

Le point écarlate regagne en intensité, il s'étend pour prendre la forme d'une grande flamme. Je m'installe en tailleur devant ce feu de camp. Enfin, l'équivalent dans cette dimension bizarre de mon esprit. Je plonge les yeux dans le brasier et écoute les conseils.

« Je t'ai déjà accordé ce pouvoir la première fois qu'elle a tenté de m'arracher à toi. Tu n'étais pas prête, et ton esprit n'a pas supporté la charge.

- Vous parlez du Fluide ? Cette matière qui brûle les djabels de l'intérieur ? Je le maîtrise maintenant. Ça tuerait Nyx ?

- Non. Elle n'a pas la faiblesse de ses serviteurs. Que se passerait-il si tu employais le Fluide, comme tu l'appelles, pour percer la trame du monde ?

- Quoi ? Je comprends rien.

- Exerce-toi à compresser l'espace entre tes mains habillées de Fluide. Imagine maintenant ce qui arriverait si Nyx se trouvait dans cet espace.

- Je... quoi ?

- C'est de cette façon que je l'ai blessée et que je t'ai permis de lui échapper. Elle n'est sensible qu'aux blessures dimensionnelles.

- Mais comment est-ce que je... »

Il est trop tard, la vision déjà fugace se trouble et même le voile noir de mon inconscience se dissipe peu à peu.

« Miracle ! m'appelle une voix familière. Miracle ! Réveille-toi, ma lasko. »

Ces deux mots en tchèque me donnent un tel réconfort que je mets de côté la discussion intérieure que je viens d'avoir avec la pierre intelligente dans mon cœur et je me blottis tout simplement dans les bras de ma mère.

« Je savais que tu t'en sortirais, sanglote-t-elle de sa voix chargée d'un trop-plein d'angoisse. Tu t'es accrochée comme un vraie battante. »

J'ouvre péniblement les yeux et contemple son magnifique visage que le temps ne fait qu'embellir. J'aimerais avoir la moitié de sa beauté. Même rongée par l'angoisse et les traits tirés par le manque de sommeil, elle ressemble toujours à un ange. Mon père n'a aucune chance de lui échapper. Je me demande toujours ce qu'elle lui trouve, par contre.

Je tente de lui répondre et de la rassurer, lui dire que je vais bien, que ce n'était qu'une petite blessure qui guérira bien vite. Aucun son ne sort de ma bouche. J'ai un genre de boule dans la gorge qui bloque la moindre syllabe. Je porte les mains à mon visage, mais elle retient mon geste.

« N'essaie pas de parler. Tu dois rester intubée, le temps que ton poumon guérisse. Repose-toi, s'il te plaît. Je vais appuyer sur ta sonnette pour appeler les médecins, et ensuite je devrai te laisser. »

Je lui envoie un regard interloqué.

« Je n'ai pas le droit d'être ici, explique-t-elle en saisissant le bouton d'appel. Mais tu ne croyais quand même pas que ces imbéciles arriveraient à me tenir loin de toi. Je reviendrai te voir bientôt. »

Elle me laisse un large sourire et disparaît dans un pop de bouchon de champagne. Je crois voir ses lèvres s'attarder en l'air, comme le sourire du chat.

Maintenant qu'elle m'a laissée seule, la douleur de mon corps commence à se réveiller. Sous ma blouse, un pansement stérile recouvre tout le côté droit de mon thorax. Je n'ose pas y toucher, tant ma chair me hurle son traumatisme. La panique me gagne. Mais qu'est-ce qui m'est arrivé ? Dans ma tête, les détonations des coups de feu résonnent à nouveau et je revois mon mur qui se constelle de perles rouges. Des giclées et des coulures, façon Jackson Pollock. Mes tripes en guise de peinture. Cette vision de cauchemar tourne en boucle dans mon esprit tandis qu'un infirmier déboule dans la chambre pour me répéter les précautions que m'a déjà données Jenovefa. Ne pas essayer de retirer le tube de ma bouche. Bang. Il faudra être patiente. Bam. La pompe à morphine est là si la douleur devient trop forte. Pow. Un médecin passera me voir. Splortch.

Les mains tremblantes et l'angoisse au cœur, j'attends le passage du médecin chargé de mon cas. Tout ce temps, le film de ma chute repasse à l'infini, avec images et bruitages en haute définition. Mon pouce martèle le bouton des antalgiques jusqu'à ce que la dose m'envoie planer loin de mon corps, dans la stratosphère du paradis artificiel. J'y resterais bien un mois ou deux.

Une serviette m'essuie le visage.

J'ai du mal à faire la mise au point, tant mon cerveau est encore dans le pâté. Même les mots qu'il prononce ne montent pas jusqu'à ma zone du langage. Les sons se mélangent en une bouillie syllabique inintelligible.

« lavachetaisacrémanchoutétumantanmiracle »

Mon prénom à la fin de cette étrange tirade donne à mes neurones la clé pour se remettre d'équerre. Comme le fameux "Heil Hitler" à la fin des messages codés des Nazis a permis à la machine d'Alan Turing de craquer Enigma, je redécouvre le sens des mots à partir de cet échantillon reconnaissable entre mille. Son visage à la peau sombre m'apparaît plus clairement. Mon père a l'air aussi inquiet qu'essoufflé. Ses cheveux ont encore un peu blanchi depuis la dernière fois que je l'ai vu.

Je pose la main sur sa joue pour lui signifier que je suis de retour.

« Tu as vu ta mère ? » s'enquiert-il avec un regard entendu.

Je hoche la tête.

« Évidemment, rit-il. La personne qui l'empêchera de voir sa fille souffrante n'est pas née, et elle ne vivrait pas longtemps de toute façon. »

Mon rire silencieux s'apparente davantage à un spasme et réveille la douleur qui s'était endormie. Je porte la main à ma blessure et fronce les paupières.

« Désolé ma puce, reprend-il avec sérieux. Tu nous as fait une peur bleue. Si Bub ne nous avait pas contactés et si ta mère n'avait pas eu son pouvoir de téléportation, tu te serais vidée de ton sang sur ton parquet. Il s'en est fallu de peu. Elle t'a transportée en un rien de temps dans le meilleur département de chirurgie traumatique et thoracique de tous les mondes connus. Je dois une fière chandelle à un ami. Tu le rencontreras, tu verras. Je viens juste d'arriver et je voulais m'assurer que tu vas bien. »

J'ai soudain peur qu'il me quitte lui aussi et je serre son poignet pour le retenir.

« Ne t'inquiète pas, j'ai l'autorisation de rester. J'ai rendu quelques services à la personne responsable de cet endroit. On est de vieux amis, en fait. Il n'a pas pu faire d'exception pour Jenovefa parce que c'est une civile, mais il me devait bien ça. Oui, on t'a amenée dans un hôpital militaire de l'armée française, et qui plus est dans un autre monde. Donc autant dire que cette installation est classée secret défense. Comme je te l'ai dit, je voulais les meilleurs chirurgiens pour ma fille. Crois-moi, c'était pas du luxe. Ils disent que tu es tirée d'affaire mais quand tu iras mieux ils t'expliqueront à quel point tu as failli y rester. »

Ses grands yeux noirs se font plus sérieux que jamais.

« Il faudra aussi qu'on parle de ce qui t'est arrivé, et des précautions que nous allons prendre pour que tu ne te retrouves plus jamais dans un tel état. »

Je soutiens son regard avec détermination. Pour une fois, je suis bien d'accord avec lui.

Il n'imagine pas encore à quel point je veux devenir plus forte.

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