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Chapitre 4 - Stellar

Les jambes en feu, l'estomac dans les talons et la gorge sèche, Miracle claudiquait et manqua de trébucher alors qu'elle remontait le boyau creusé dans la roche inégale. Elle se rattrapa in extremis à une aspérité de la paroi et s'entailla la paume de la main droite sur une arête. Mais la blessure ne la détourna pas de son objectif. Tout en haut du goulot, loin au bout de la longue ascension, une lumière lui éblouissait la rétine.

Les dents serrées d'une détermination silencieuse et inflexible, elle progressait pas à pas, sa torche serrée dans la main gauche, tellement focalisée sur son objectif qu'elle en oublia de se débarrasser de cette source lumineuse devenue superflue.

À chaque enjambée, l'ouverture grandissait un peu plus et la lumière engloutissait davantage la voyageuse exténuée. Enfin, le grand jour la happa et tout devint blanc. Ses yeux mirent près d'une minute à cesser de pleurer. Elle posa pour la première fois le regard sur Elysion. Son souffle se coupa aussitôt.

La voûte céleste, emplie d'un million d'éclats, luisait d'une riche teinte indigo, profonde et épaisse comme la plus luxueuse des draperies, que chaque étoile habillait d'un diamant pur et scintillant. Et au beau milieu de ce spectacle surréaliste, un immense disque bleu pâle. Une lune ? Non, les rayons qui en émanaient étaient bien trop intenses. Ils réchauffaient les os fatigués de la sorcière épuisée. Elle, qui croyait avoir tout vu, resta abasourdie devant la beauté brute de ce ciel étranger. Tandis qu'elle se perdait dans la contemplation, l'astre céruléen descendit vers l'horizon et la teinte vira au pourpre. Ce fut alors qu'elle remarqua à l'opposé du firmament une autre tache brûlante, rouge sang.

« Il y a deux ... ? » bafouilla-t-elle. La torche heurta le sol et s'éteignit.

Le paysage autour d'elle n'était que roche nue et un vent turbulent lui balayait le visage. Elle frissonna de fatigue autant que de froid. Cependant, lorsqu'elle s'approcha du rebord de la corniche, l'horizon dévoila une vallée luxuriante d'où montaient des chants d'oiseaux et des parfums de résine de pin. Un peu à sa droite, une cascade se jetait dans le vide vers un lac cristallin. La cataracte s'échappait en un long et placide cours d'eau qui poursuivait en courbes sinueuses jusqu'à la ligne du ciel.

« Miracle, ta température corporelle est descendue à 36°C, prévint soudain la voix de Bub par l'intermédiaire de l'implant situé dans son oreille droite. Tu dois te mettre en route vers la vallée.

- Tu ne peux pas appeler des secours ? répondit l'intéressée d'une voix sifflante.

- Je n'ai pas encore accès au réseau. Encore un petit effort. »

Avec un grognement de protestation, Miracle traîna les pieds vers la pente, guidée par une boussole virtuelle dont la flèche verte pointait vers son Salut. L'inclinaison s'avérait quelque peu raide et la pauvre jeune femme dut se mettre de côté pour ne pas être emportée dans le vide. Elle glissait sur les cailloux et s'accrochait tant bien que mal, tandis que des pelletées de terre et de poussière déboulaient sous ses pieds. À mesure de la descente, de chétives herbes pointèrent entre les pierres, des arbustes apparurent çà et là. Bientôt, les premiers conifères se dessinèrent. Elle s'arrêta un instant contre un tronc pour reprendre son souffle. En contrebas, la forêt couvrait le pied de la montagne de son manteau d'émeraude. Lovée au cœur de la mer de sapins, la fumée d'une modeste masure montait tranquillement vers le dôme céleste carmin.

Après des efforts au-delà de sa résistance, Miracle se tenait devant le seuil de la cabane de rondins. Quand sa phalange heurta le bois de la porte, ses forces l'abandonnèrent et elle tomba à genoux. Elle ne vit que les pantoufles de l'homme qui ouvrit en catastrophe, mais sa voix lui parvint, chargée d'horreur.

« Bon Dieu, mais qu'est-ce qui vous est arrivé ? »

Elle tenta de lever la main pour le rassurer mais son geste fut à peine esquissé. Il vint à elle et passa son bras sous son épaule pour la relever. Avec la plus grande délicatesse, il la maintint et la fit entrer dans la demeure, dont il ferma la porte avec le pied. Puis il l'invita à s'asseoir dans un large fauteuil où elle s'effondra avec abandon.

« Restez là. » indiqua-t-il inutilement. De toute façon, elle n'aurait pas eu l'énergie de se lever. « Je vais vous chercher à boire. »

Tandis qu'il s'activait à côté, Miracle détailla l'intérieur. Elle occupait un moelleux fauteuil en cuir sombre. Un canapé assorti était adossé à un mur, tandis que le mur d'en face avait été laissé entièrement à nu, d'un blanc immaculé.

« Vous aimez la déco ? » demanda le monsieur d'un âge assez avancé, peut-être la cinquantaine, une large barbe noire parsemée de gris, une robe de chambre bleue en guise de vêtement. « Je suis fan des années deux mille, il m'arrive de me faire un film sur écran, comme au bon vieux temps. Tenez, buvez. »

Il lui tendit un grand verre d'eau. Elle le saisit de ses deux mains et le porta à sa bouche. Sa gorge était tellement desséchée qu'elle s'étouffa et renversa une bonne partie du liquide sur le fauteuil.

« C'est pas grave, c'est que de l'eau. » la rassura-t-il d'une voix douce. « Regardez-vous, commenta-t-il ensuite à voix haute. On dirait que vous êtes passée à la moulinette avant d'arriver ici. Vous venez de débarquer en Elysion ? »

Elle acquiesça. C'est tout ce dont elle était capable.

« Dans quel état sont vos vêtements ! Qu'est-ce qui vous a mise comme ça ? »

Cette fois, elle ne répondit pas. Comment avouer que ses habits étaient simplement imbibés du sang putride de deux hommes corrompus par le chaos qui venaient la tuer ? Il sembla comprendre que le moment était mal choisi pour la questionner et se détourna. Il déposa le verre sur le plateau transparent de la table basse et s'éloigna un peu. Sa voix restait tendue et inquiète.

« Archibald, appelle le Berger d'astreinte. (...) Oui, j'attends. (...) C'est toi, Marcus ? Bien, j'en ai une. (...) Oui. (...) Oui. (...) Attends, elle est salement amochée. Si tu pouvais... Oui, avec une unité médicale. Je sais pas si... D'accord. Et dans combien de temps ? (...) Non, ça ira. Je peux gérer. Très bien, à demain. »

Entre temps, Miracle récupéra le verre sur la table et fit lentement couler un minuscule filet d'eau dans sa gorge. Le liquide décolla les parois sèches de son pharynx. Elle avala une grande rasade qui eut comme seul effet de réveiller la soif. Son hôte vint s'agenouiller devant elle pour lui parler à voix basse.

« J'ai appelé pour demander à ce qu'on vous prenne en charge. Ne vous en faites pas, ils vont bien s'occuper de vous. Vous serez requinquée en un rien de temps. Ils viendront demain, parce que la nuit tombe et il vaut mieux ne pas être dehors quand il fait noir. »

Elle aurait pu lui répondre de vive voix, cependant elle continua de jouer la muette. Plus pratique, quand il s'agissait de ne pas susciter trop de questions. Elle lui tendit donc le verre vide. Il comprit et alla lui remplir dans la cuisine attenante. Lorsqu'il lui rendit, elle le vida d'une traite. Il ne put s'empêcher de sourire devant une telle avidité.

« Eh ben, ça fait plaisir de vous voir aussi vive. Vous pensez pouvoir manger un truc, ou bien vous préférez que je vous montre votre chambre ? Mademoiselle ? »

Mais elle ne l'entendait plus. Son esprit avait déjà basculé dans le pays des songes.

Le jeune homme plonge à travers le portail et s'étale la tête la première dans le sable. Il n'a pas le temps de relever la tête que le passage magique se referme comme s'il n'avait jamais existé. Le calme du ressac contraste avec le fracas des détonations et des cris qui résonnent encore à ses oreilles. Il s'assoit et essuie les grains de sable de ses yeux, son nez et sa bouche. Les brûlures de ses avant-bras et de son visage le lancent, mais il constate qu'il n'a pas souffert d'autre blessure. Pas physique, en tout cas. Émotionnellement, c'est une toute autre histoire. Ses compagnons sont restés derrière et se battent encore, contre des légions de djabels cent fois plus nombreux et plus déterminés. La bataille était perdue d'avance, et celles et ceux qui lui sont chers vont le payer de leur vie. Lui a fui, comme un lâche. Mais ça n'arrêtera pas la horde. Ils massacreront tous leurs opposants jusqu'au dernier, puis se disperseront lorsqu'ils comprendront que ce qu'ils cherchent s'est volatilisé. C'est déjà arrivé auparavant. C'est la règle et toutes et tous l'ont acceptée. Mourir s'il le faut pour défendre le porteur du Joyau. Il regarde l'esquisse entre ses doigts, devenue un simple bout de carton vierge, et la honte le prend à la gorge. C'est le prix qu'il doit payer pour que la flamme perdure. Le fardeau de toutes ces vies sacrifiées pour le protéger. Il faudra recommencer, dans ce monde encore. Trouver des autochtones, leur apprendre qui il est, ce qu'il représente, pourquoi sa vie vaut plus que la leur qui ne sera plus jamais la même car les djabels viendront tôt ou tard. Il s'époussette et se lève, les yeux déjà en quête de civilisation. Une rangée de palmiers barre la vue vers l'intérieur des terres. La plage s'étend au loin vers une crique d'où s'élève une fumée blanche. Parfait. Il respire les embruns et contemple un instant le ciel vert turquoise où se dessine l'immensité d'une pleine lune. Soudain, le firmament se fracture comme la vitre d'une fenêtre. Une fissure parcourt le ciel et déchire la réalité. Une voix terriblement familière résonne depuis la voûte céleste. « Où croyais-tu t'enfuir, Humanité ? Je n'en ai pas fini avec toi. » La faille céleste vole en éclats et laisse passer un long corps serpentin qui évolue parmi les nuages. Dans le même temps, tout s'assombrit, comme si la lumière elle-même s'éclipsait devant la destruction qui s'annonce. L'homme seul sur la plage tombe à genoux et s'écrie de désespoir : « Nyx, comment as-tu fait pour me retrouver si vite ? »

Miracle s'éveilla en sursaut et porta la main à sa poitrine. Elle n'avait pas crié, c'était déjà ça. Le cauchemar changeait souvent, mais l'essentiel revenait toujours au même. La nouveauté du jour, c'était que Nyx parvenait à suivre le Joyau même s'il s'esquissait vers un autre monde. Si les évènements devaient en arriver là, les chances de survie deviendraient très maigres. Pour commencer, elle entendait bien ne pas se laisser tuer, ni que quiconque reprenne son fardeau. Cette résolution simple acheva de la calmer et lui permit de rationaliser sa situation. Dans l'obscurité de la chambre, elle distingua une tapisserie à motifs végétaux et des aquarelles encadrées de part et d'autre du lit sur lequel son hôte l'avait déposée. Elle portait encore ses vêtements souillés. Il n'avait pas osé la déshabiller. Un bon point pour lui. Elle bascula sur le côté du lit et se leva pour chercher la salle de bain. Une porte menait à la salle d'eau privative. Elle y entra, verrouilla la porte et se débarrassa enfin de ses nippes devenues rigides de sang séché. Elle prit soin d'ôter des poches son terminal ainsi que le sachet plastique contenant son disque de données confidentiel. Les électrodes de son interface neurale avaient disparu.

Elle glissa avec volupté sous la douche et laissa l'eau chaude détacher de sa peau toute la souillure et la poussière du voyage. Des plaques de fluides séchés glissèrent une à une sur son corps et laissèrent à vif les égratignures et les brûlures chimiques. Un large hématome sous le sein droit la lançait terriblement. Elle revit le rictus de Pol le djabel humain qui la projetait au sol, et ses côtes qui craquaient au contact de la pierre. L'eau chaude ravivait les brûlures sur son torse mais apaisait la douleur de la probable fracture. Elle demeura de longues minutes sans bouger sous le jet. Puis son estomac gronda. Elle sortit et enfila le peignoir rose qui pendait au crochet de la porte, dans lequel elle glissa ses appareils électroniques. Aussi discrètement que possible, elle se faufila dans la pièce principale et se dirigea vers la cuisine ouverte. Elle contourna l'îlot et ouvrit le frigo où elle dénicha un plateau de tranches de rôti accompagné de légumes au vinaigre. Alors qu'elle pivotait pour poser son larcin sur le plan de travail, une voix la fit sursauter et réveilla ses instincts de défense. Le fluide s'infiltra jusqu'au bout de ses doigts, mais elle se retint de frapper.

« Il me semblait bien avoir entendu du bruit. On dirait que vous vous sentez un peu mieux. »

Elle hocha simplement la tête. Mieux valait continuer à jouer le traumatisme.

« Ne vous gênez pas pour piocher dans le frigo, continua le gentil monsieur dans sa robe de chambre bleue. Mi casa es su casa. Ça vous dérange si je... »

Il pointa un tabouret à côté d'elle et s'installa à distance raisonnable.

« Archie, lumière douce et playlist relax, s'il te plaît. »

Les veilleuses s'éclairèrent et la mélodie d'un vieux mix électro trip hop envahit la pièce. Suffisamment discret pour ne pas agresser la rétine et les oreilles de Miracle. L'individu déposa deux assiettes vides sur le bar et se servit quelques tranches de viande qu'il accompagna de pain.

« Sympa ce petit casse-dalle de nuit. » remarqua-t-il. Il prenait bien garde de ne pas faire de geste vers elle, de ne pas s'approcher trop près. Juste assez complice pour créer un lien, pas trop pour ne pas la mettre mal à l'aise. Ce type connaissait son affaire. Il remarqua sa grimace lorsqu'elle tendit le bras pour se servir.

« Vous avez des blessures qui pourraient s'aggraver. Je suis pas toubib, malheureusement. Il vaudrait mieux rester tranquille tant que l'équipe médicale ne vous a pas auscultée. Vous savez, j'en recueille souvent, des nouveaux arrivants comme vous, mais j'en ai jamais vu dans un tel état. »

Elle ne lui renvoya que le silence et mangeait comme si de rien n'était.

« Bien, je vous laisse manger tranquille. Il y a de la glace au congélo pour faire glisser, si vous voulez. »

Le ronronnement du réfrigérateur mêlé aux lentes basses de la musique accompagna l'ange qui passa.

« Bonne nuit. »

Il s'en retourna vers sa chambre et au moment où il poussa sa porte, un mot vola vers lui comme porté par le vent.

« Merci. »

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