Chapitre 33 - Island in the Sun
**Journal vocal de Miracle au Tartare**
Jour 1
J'ai trouvé le campement de mes prédécesseurs. Après une petite quinzaine de minutes de marche, j'ai débouché sur la plage et une petite cabane a attiré mon regard. Je me suis approchée en silence au cas où il y aurait quelqu'un, mais après une rapide inspection je me suis rendu compte que les lieux étaient déserts.
Le toit de la cahute s'est effondré avec le temps, tout est pourri à l'intérieur et ça sent le moisi. Je n'ai pas trouvé de journal de bord, ni la moindre trace écrite. Par contre, une malle en bois contient du nécessaire de pêche, des hameçons, du fil, un filet et même une sorte de piège flottant. J'ai aussi récupéré un harpon, une hache et une scie. D'après mon expérience de ce monde et le récit de Désiré sur son séjour avec ma mère pendant leur lune de miel, je sais que la mer est la meilleure source de nourriture. Il n'y a pas grand chose à espérer sur terre, tout au plus quelques baies sauvages et des fruits rabougris. Pour ce qui est de la viande, ça va être compliqué. Et pour l'eau potable, aucun souci. L'eau de mer est douce, comme celle d'une rivière. Je viens à peine d'arriver et j'ai déjà de quoi subvenir à mes besoins essentiels. Le climat est assez constant, en-dehors de montées de brouillard assez longues et oppressantes, et parfois une tempête occasionnelle. Le reste du temps, c'est le soleil au beau fixe. Je regrette d'avoir oublié mon écran total. La bonne nouvelle, c'est que mes affaires d'hiver resteront dans le sac.
Je viens d'installer mes lignes de pêche au large. Je salive déjà à la pensée des poissons que je vais déguster dans quelques heures. Tout ce qui reste dans la cabane est pourri. Un des murs menace de tomber. Franchement, je ne crois pas que cet abri soit viable. Même le matelas est infesté de vers et de mouches. Rien que la pensée de dormir dessus me donne des démangeaisons. Plutôt me casser le dos à dormir dans le sable. Je construirai un autre abri plus sain dans les jours qui viennent.
En faisant le tour du coin, j'ai trouvé trois tombes marquées par de petites croix en bois. Aucun nom pour les identifier. J'imagine que ce sont les anciens occupants de la cabane. Mais alors qui les a enterrés ici ?
Je vais m'installer pendant quelques jours, histoire de profiter de ce moment de solitude. Ça me permettra de réfléchir à la suite des opérations. Les Rivages Infinis ont un coefficient temporel élevé par rapport à la Terre. Un pour cinquante, si j'ai bonne mémoire. Même en comparaison avec Elysion, je suis à sept pour cinquante. En gros, une semaine là-bas correspond à deux mois ici. Je comprends pourquoi c'est ici qu'ils envoient leurs criminels. En quelques années Elysiennes, les prisonniers du Tartares meurent de vieillesse. Je ne saurais pas trop dire si c'est cruel ou bien clément, comme châtiment. Enfin, je n'ai pas l'intention de faire de vieux os dans ce trou paumé. Juste de quoi me requinquer et me reposer l'esprit. Heureusement pour moi, Bub décompte les jours grâce à son horloge interne. Sans elle, je perdrais la notion du temps et Dieu sait comment ça pourrait me détraquer les neurones. Je crois qu'on pourrait en perdre la boule, à force. Si je sens que je commence à débloquer, je me casse.
Pour l'instant, le plus urgent est de trouver le moyen de faire du feu. Mon briquet ne marche pas, saleté de camelote. Je sais déjà que la poudre est inerte dans ce monde, donc je dis bye bye à Betty comme moyen de défense. J'ai aussi découvert à mes dépends que la friction du bois ne produit quasiment aucune chaleur, ou alors je m'y prend vraiment mal. Je suis crevée et j'ai des ampoules aux mains, tout ça pour que dalle. En attendant, ce sera poisson cru à tous le repas. Je vais vite me lasser des sashimis.
Jour 2
J'ai trop mal dormi. Le sable est tout sauf confortable, c'est dur et ça pète le dos. En plus, j'ai perdu l'habitude de dormir avec la lumière du soleil. J'ai dû fermer les yeux une heure tout au plus. Ça a suffi pour que je prenne un énorme coup de soleil sur le visage et les bras. Moi qui ai la peau fragile, je suis passée en un claquement de doigts du gris terne au rouge écrevisse. Et ça me brûle, c'est insupportable. Je vais utiliser ma journée à chercher des matériaux pour le construire un abri, histoire de pioncer à l'ombre.
L'eau de mer me rafraîchit, heureusement. Elle a un goût super bizarre, ça me rappelle ce que me disait le Saint Capitaine Daucourt pendant ma formation sur Elysion. L'eau c'est dégueulasse, les poissons baisent dedans. Dès que je commence à penser à ça, j'ai en plus des flashs de mon père et ma mère qui batifolent dans les vagues. Beurk.
J'ai découvert le cadavre du dernier occupant de la cabane. Je suis montée au sommet d'une butte pour observer les environs. C'était épuisant, à cause de la gravité qui augmentait au fur et à mesure que je grimpais. Une fois en haut, j'arrivais à peine à tenir sur mes jambes. C'est là que je l'ai trouvé. Lui ou elle. Le squelette gisait sur le dos, les bras en croix. Pourquoi pas, c'est un endroit pas trop mal pour y crever tout seul. J'ai contemplé l'horizon tout autour de moi, une mer d'eau d'un côté, de l'autre un océan de dunes. J'ai crié à pleins poumons, à m'en écorcher la voix. Rien ne bougeait, rien ne me répondit.
J'ai rassemblé les os et je les ai enterrés à côté des autres tombes. J'ai rajouté une quatrième croix et j'ai eu une pensée pour cette personne. Je ne saurai jamais rien de son âge ou de sa vie, des crimes qu'il ou elle a commis pour être envoyé ici. Je regrette de ne pas m'être un peu renseignée avant de partir.
Pour le repas, sashimis au lait de coco. Oui, j'ai trouvé un cocotier, en version horizontale. Autant dire que c'est moins coton à escalader. Je vais essayer de faire une petite sieste.
J'ai un mauvais pressentiment. Depuis mon arrivée, un truc me chiffonne. Une impression étrange et oppressante d'être observée en permanence. Je sous-vocalise pour ne pas faire de bruit, mais je vais utiliser Bub pour tenir un registre de mes soupçons. Il faut que j'arrive à mettre le doigt sur ce qui me dérange.
Jour 3
Je suis une idiote. Il m'a fallu trois jours pour me souvenir que même si la poudre ne fonctionne pas, les armes à énergie sont plus efficaces dans ce monde. Il suffit donc de concentrer les rayons du soleil pour générer de la chaleur, c'est dix fois plus facile que sur Terre. J'ai utilisé la lentille de ma boussole et en trois minutes j'ai obtenu une flamme. Et voilà, le feu ! Les autres l'avaient compris aussi, ils ont fabriqué des ustensiles en verre dans une sorte de creuset dont je n'avais pas encore compris l'utilité. Des bouteilles, des plats et des assiettes. Quand on sait qu'il faut monter le sable à pas loin de 1500°C, ça donne une idée de la particularité physique de ce monde. Enfin bref, à moi les joies du poisson grillé.
J'en ai profité pour cramer cette cahute infestée de cafards et de pucerons. J'ai rassemble tout ce qui pouvait être récupéré dans la malle que les autres avaient fabriquée, et puis j'ai balancé une torche contre le mur. Je regarde monter au ciel la fumée noire de mon incendie. Bon débarras. Je repars de zéro, ce sera plus sain. Je me suis déjà fait piquer de partout alors je vais m'aménager un couchage plus confortable et à l'abri des fourmis. J'imagine une sorte de cadre sur pieds avec un cordage bien serré en guise de sommier, avec par-dessus des épaisseurs de feuillage. Le tout sous un abri en bois et feuilles de palmiers. J'en ai pour plusieurs jours de fabrication, espérons que ça marchera.
Mon impression se confirme. Quelqu'un, ou quelque chose, m'observe. J'en suis certaine. Maintenant que j'y réfléchis, ce n'est pas la première fois que je ressens ce malaise. Pendant tout mon séjour en Elysion, il m'est arrivé de sentir un genre de pression dans mon dos, une sueur froide qui me glaçait la nuque et me donnait la chair de poule. Souvent, je m'arrêtais pour regarder autour de moi, sans jamais rien voir d'anormal. Alors je mettais tout ça sur le compte de mon imagination et je retournais à mes occupations. Quand l'ai-je ressenti pour la première fois ?
Je n'arrive pas à dormir.
Jour 4
La construction avance. Pas aussi vite que je le voudrais, pourtant. Je pensais en avoir fini avec le cadre, mais mon premiers essai ne tenait pas. je vais devoir tout recommencer.
Il me suit partout où je vais, j'en suis sûre. Je n'ose plus fermer les yeux.
Jour 5
Le cadre de mon sommier est enfin assez solide. Je n'ai pas suffisamment de corde, je démarre donc un atelier de fabrication en masse. Les fibres de coco me bousillent les doigts et je suis nulle en tressage. Je me sens fatiguée et découragée.
Sole grillée au petit déjeuner. Sole grillée au dîner.
Je suis coincée ici avec ce monstre. Plus j'y pense, et plus je suis convaincue qu'il m'a suivie depuis Elysion. Si je marche vers une autre Ombre, il me suivra, sans aucun doute. Et si je m'esquisse ailleurs, il retournera mettre le bazar en Elysion. Ce truc est le Huitième Cavalier, si je le laisse repartir, il recrutera de nouveaux agents et il faudra tout recommencer depuis le début. Hors de question, on va régler ça ici, entre lui et moi. Sauf qu'un élément ne colle pas. Il aurait eu quinze occasions de m'attaquer, alors pourquoi il ne ne le fait pas ? Qu'est-ce qu'il me veut ?
Jour 6
L'atelier corde est une grosse tannée. J'en verrai jamais la fin. Mon dos me tue et je suis tout le temps fatiguée. Je me traîne sur la plage comme une vieille mamie zombie. La tête me tourne au moindre effort. Heureusement, je mange à ma faim.
J'en peux plus du poisson.
Faisons le point sur ce que je sais sur ce Huitième Cavalier. Il est super discret, car il m'a suivie sur le chemin jusqu'au Tartare sans se faire repérer par les marshalls ni la Dame Novembre, alors qu'il a dû littéralement leur passer sous le nez. Je ne sais pas quelle était sa fonction dans le grand plan de sabotage de la colonie, mais il devait rester inaperçu la plupart du temps. Genre un ninja, ou un Predator. Si ça se trouve, il a le pouvoir de se rendre invisible. Ça expliquerait pas mal de choses. Je vais prendre des précautions pour le repérer plus facilement, à commencer par bien lisser le sable autour de mon campement.
Jour 8
J'ai enfin réussi à fabriquer assez de corde pour passer à l'étape suivante. Il va falloir serrer les liens très fort si je veux que mon bricolage tienne. C'est fatiguant. En attendant, j'ai bien nettoyé ma zone de camp et je commence à rassembler des feuillages pour le matelas. J'ai encore pris du poisson, mais je vais essayer d'attraper des coquillages pour varier. Ce régime alimentaire va me tuer, ou bien ce sera le mal de dos.
Je l'ai eu ! C'est la faim qui l'a trahi. J'ai fait exprès de laisser mon repas d'hier bien en évidence et un peu à l'écart. Quand je me suis réveillée trente minutes plus tard, ma dorade avait disparu ! C'est une preuve irréfutable. Malheureusement, je n'ai pas trouvé de traces sur le sol, parce que je n'avais pas aplani à cet endroit. Mais je le jure, c'est forcément lui. La faim commence à le tirailler, évidemment. Il va faire des erreurs. Par contre, je n'ai toujours pas la moindre idée de pourquoi je l'intéresse. Le Joyau, certainement. Je ressens des picotements dans la poitrine par moments, ça m'arrive quand un djabel se trouve à proximité. Sauf que la sensation est différente, je ne saurais pas l'expliquer. Plus subtile. Je voudrais dormir.
Jour 10
Je dois avoir des hallucinations. J'entends une mélodie dans le vent, très lointaine, à peine audible. Si subtile que je n'arrive pas à isoler les notes. C'est sans doute la fatigue qui me joue des tours.
Jour 13
Victoire, mon lit est enfin terminé. J'ai hâte de prendre plus d'une heure de sommeil à la fois. Bub me jure que son relevé temporel est exact, mais j'ai l'impression d'être ici depuis au moins un mois. Je suis sûre que son horloge interne est détraquée. Le chargeur solaire marche trop bien, ça a dû lui surchauffer les circuits. Non, je ne plaisante pas ! Laisse-moi parler, espèce de machine à la noix ! Qu'est-ce que je disais, déjà ? Je vais me pieuter. J'ai pas faim.
Je fais semblant de dormir. Depuis plusieurs jours, je ne sais plus combien, je ferme les yeux et je reste éveillée, concentrée sur le bruit du ressac et du vent. Plus d'une fois, j'ai cru entendre des pas sur le sable. Je me redresse et j'observe en silence. Rien. Je me souviens de la première fois en Elysion où j'ai ressenti ce malaise étrange. C'était mon premier jour sur le camp Nadia, quand je suis allée me promener et que j'ai vu les bisons dans la prairie. Tout à coup, les oiseaux se sont tus et j'ai bien cru qu'on observait. Si c'est le cas, ça signifie qu'il m'a repérée dès mon arrivée. Il doit sentir l'énergie du Joyau. Et ça confirme mon idée qu'il ne souhaite pas me tuer. Il aurait eu mille occasions de le faire pendant toute une année, où je ne pouvais pas être sur mes gardes en permanence. À moins que mon sixième sens ne me prévienne systématiquement quand il s'approche. Dans ce cas, je me sens un peu moins menacée. Mais il ne faut pas que je me relâche. Quoi qu'il souhaite me faire subir, je n'ai pas envie de savoir de quoi il s'agit. Si ça se trouve, j'ai besoin degraqfegnf ronflll.
Jour 18
Je dors mieux depuis quelques jours. Mon nouveau matelas fait des merveilles, je dis adieu aux morsures de puces et de fourmis. Et mon dos ne me fait plus mal, à moins que je me sois habituée à la douleur. Mon short est devenu trop large pour moi. Pourtant, c'est du M. Il n'arrête pas de me tomber sur les chevilles, alors je l'ai resserré avec une cordelette en guise de ceinture. La pêche se fait toute seule, mon campement est correct, je vais commencer à explorer un peu les alentours. Je ne porte plus mon sabre, à quoi bon ? Je garde quand même le sabre court dans le dos, au cas où j'aurais besoin d'ouvrir une coco.
Cette fois je suis certaine de l'avoir débusqué. Un peu plus loin à l'intérieur des terres, j'ai trouvé la carcasse d'un rat. Il était éventré et la chair avait été méthodiquement grignotée. Ce n'est pas tant que les os aient été nettoyés, c'est surtout qu'aucun animal ne dépèce ainsi ses proies. Ils avalent tout en un seul morceau, et ils régurgitent tout ce qui n'est pas comestible sous forme d'une boule de poils. Il ne peut s'agir que de lui. Il sait qu'il ne peut pas me voler ma nourriture sans que je m'en rende compte, et il ne peut pas pêcher. Ce serait trop voyant. J'ignore comment il s'y prend pour chasser, mais il a de l'expérience, c'est certain. Un peu plus loin, j'ai trouvé une empreinte dans la terre. Elle ne ressemble à rien de ce que je connais, elle est longue et pourvue de trois orteils pointus. Rien de ce que j'ai rencontré sur la base Chimère ne ressemble à ça. Ce truc n'est pas humain. S'il n'a que deux pieds comme je le suppose, il doit être assez grand et ces appuis lui servent à garder son équilibre. Si ça se trouve, il a une queue. Oh merde, ça voudrait dire que...
Jour 20
Il a fouillé dans mon sac ! J'ai pas rêvé, j'avais laissé mes affaires sous mon lit avec le sac bien fermé. Je suis partie relever mes casiers à poisson et en rentrant, à peine quinze minutes plus tard, mon sac avait changé de place. Pas de beaucoup, mais je l'ai remarqué direct. Il ne m'a rien pris, pourtant les affaires ont été mises en vrac. Le bloc de données d'Elysion est toujours là, bien planqué au fond. Mon carnet d'esquisses aussi. Le reste n'a aucune importance. J'ai dû le déranger et il n'a pas eu le temps de prendre ce qui l'intéressait. À partir de maintenant, je vais garder la clé administrateur sur moi à tout moment. Le carnet d'esquisses aussi. Mes armes ne l'intéressent pas, mais je n'ose pas imaginer ce qu'il a l'intention de faire avec ne serait-ce qu'un seul de ces deux objets.
Jour 25
Il fallait bien que ma chance tourne à un moment. Le brouillard m'est tombé dessus hier. Il masque si bien le soleil qu'il fait nuit en permanence. Du coup il se met à cailler sévère, et en plus l'humidité s'infiltre partout. Je regrette maintenant d'avoir cramé la baraque des anciens locataires. J'ai sorti mes affaires chaudes et j'ai passé ma journée recroquevillée devant mon feu, à grelotter en attendant le retour du beau temps. Mes cheveux me grattent, je dois avoir des poux. Ma peau est toute couverte de cloques et de piqûres. Bub me fait la conversation mais il ne faut pas trop lui en demander non plus. Son répertoire d'histoires drôles est un peu limité. Non, les histoires au coin du feu ne me tentent pas plus que ça, merci Bub. Oui, je veux bien ré-écouter celle de l'Imam du Rabbin et du Prêtre qui rentrent dans un café. Elle m'a fait rigoler les quatre premières fois.
J'ai vraiment pas de pot. Avec l'humidité, mes cordages ont lâché et je suis passée au travers de mon sommier. Tout le travail est à recommencer. J'ai pas le courage pour l'instant. Je sais pas si je l'aurai un jour. Tout ça me met le moral dans les talons. Avec l'obscurité, je n'ose pas aller relever mes lignes. La sensation de faim permanente commence à devenir compliquée à supporter.
Ça ne peut pas durer ainsi. Il est en train de m'avoir à l'usure, je le sens. À ce train-là, je vais craquer et lui donner ce qu'il veut, rien que pour arrêter ce jeu cruel et débile. Il devient de plus en plus entreprenant, d'ailleurs. Il sent que je m'affaiblis. Dans la pénombre, j'ai plus que jamais l'impression de l'entendre rôder autour de moi. Je dois trouver un plan pour le forcer à se révéler.
Jour 27
J'en ai marre. Quand est-ce que cette nuit va finir ? Peut-être jamais. Les autres avaient laissé quelques bouteilles pleines d'une sorte de tord-boyaux. Il me tient compagnie et me réchauffe un peu, mais au rythme où je le descends il n'y aura plus rien d'ici un jour ou deux.
Il m'a touchée. Je me suis réveillée en sursaut, avec la sensation d'une griffe sur ma poitrine. En une seconde, il s'est retiré brusquement dans le noir. J'ai relevé des traces de pas nettes dans le sable. Je ne dois plus m'endormir.
Jour 29
Depuis cinq jour, le brouillard n'a fait que s'épaissir. Je n'en verrai jamais la fin. C'est trop pour moi, à quoi bon continuer dans ces conditions ? J'abandonne. Je vais me saouler jusqu'à plus soif et je suivrai l'exemple du dernier occupant de cet enfer. Je vais me traîner en haut de la colline et je mettrai un terme à mes jours. TU M'ENTENDS ? TERMINÉ, CETTE VIE DE MERDE. Y A PERSONNE ICI !!! LAISSEZ-MOI CREVER BANDE D'ENFOIRÉS ! (sanglots)
J'espère que ma petite comédie va fonctionner. Je fais semblant de boire les deux dernières bouteilles d'alcool dégueulasse qu'on laissées les autres prisonniers, en réalité je les vide dans le sable entre mes jambes. J'ai choisi l'emplacement de ce tour de bluff, le sommet de la colline du dernier homme. Je suis un peu diminuée physiquement, j'espère que la gravité nous mettra à égalité. C'est quitte ou double, en tout cas aujourd'hui on arrête de jouer. Je laisse Bub ici au cas où ça tourne mal, mais je n'ai pas franchement droit à l'erreur. Si quelqu'un écoute ce journal, ça veut dire que j'ai échoué. Il sera sans doute trop tard, pourtant je vous demande de trouver le moyen de prévenir Elysion. Mes anciens compagnons sauront peut-être quoi faire. Et méfiez-vous, il rôde peut-être encore.
***Fin du journal***
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