Chapitre 31 - Villains of Circumstance
« Vous... vous plaisantez ?! s'écria Molins. Vous voulez dire que le juge s'est transformé en ce... monstre ?!
- J'ai pas le temps de vous faire un dessin, s'irrita Miracle. Allez, débarrassez le plancher, on va s'en occuper. »
Molins obéit et se hâta vers la sortie avec les derniers otages. Tandis que la salle terminait de s'évacuer, une créature écailleuse s'extirpait du mur éventré. Elle secoua sa tête allongée pour en enlever les gravats, et balaya le tribunal de ses yeux cruels. Des cornes garnissaient l'arrière de son crâne, ainsi que toute son épine dorsale, jusqu'à une longue queue qui se terminait en un crochet pointu. Ses écailles bleu azur formaient une solide carapace qui recouvrait tout son corps et s'étendait vers le dessous de ses ailes repliées sur son dos.
« Euh... dit Grégoire. Tu crois qu'on peut gérer ça ? Ce truc est encore plus gros que Nora.
- Pas loin de six mètres de long, sans compter la queue, renchérit froidement Nadia.
- Justement, trancha Miracle. Il n'est pas à son avantage en espace confiné.
- Parce que nous on l'est, peut-être ?
- Quel est le plan ? demanda Nadia sans tenir compte de la remarque de l'ado dans son tank.
- Il faut qu'on trouve le moyen de lui trouer la peau.
- Justement à ce sujet, intervint Grégoire, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. »
Son explication fut noyée dans un hurlement du monstre qui retentit si fort que les murs tremblèrent et que des débris tombèrent du plafond. La créature gonfla alors le poitrail et redressa son long cou, puis elle ouvrit grand la gueule et souffla un éventail de flammes rugissantes et si brûlantes que Miracle et Nadia, cachées derrière la carcasse métallique de Mr Awesome, durent se couvrir le visage et les cheveux de peur de rôtir sur place. Emprisonné dans sa boîte de métal, Grégoire poussa un cri de douleur.
« Heureusement qu'on était à l'autre bout de la pièce, toussa Nadia. Sinon on aurait été grillés, littéralement.
- C'est ce qui vient d'arriver aux blessés qui n'avaient pas encore été évacués. Bon, Grégoire, accouche de ton plan !
- Je peux matérialiser un calibre beaucoup plus gros. Par contre j'ai un cooldown.
- Un quoi ?!
- Un temps d'attente. Encore 154 secondes.
- On sera morts avant, commenta Nadia.
- C'est bon, se résigna Miracle. Je me charge de l'occuper. Mettez-vous à couvert et faites-moi signe quand vous serez prêts. »
Elle n'attendit pas leur réponse et piqua un sprint droit vers le monstre. Enfin, telle fut son intention, car des obstacles incandescents lui barraient le chemin, qu'elle dut éviter ou franchir. Des chaises enchevêtrées, des bancs brisés et en proie aux flammes, formaient autant de haies bien difficiles à sauter. Comme Miracle n'avait jamais été une championne d'athlétisme, elle flanqua des coups de pieds dans les amas de débris, enjamba maladroitement un tas de bois et en contourna un autre. Elle n'avait pas progressé de la moitié de la distance quand le monstre remarqua son manège. Il abattit son imposante patte avant sertie de griffes sur l'insignifiante humaine qui le défiait.
Miracle esquiva in extremis avec une roulade sur le côté. Des échardes de bois lui rentrèrent dans le dos et elle peina à se redresser, mais au moins sa provocation avait eu pour effet de faire avancer la bête qui se trouvait à présent au centre de la pièce. Si Miracle parvenait à se glisser sous son ventre, elle trouverait peut-être un défaut à sa carapace. Sa main gauche la faisait encore souffrir, en baissant les yeux pour vérifier si elle pourrait encore s'en servir, Miracle remarqua une feuille de papier déchirée et à demi carbonisée. Un dessin s'y devinait encore. Son cœur bondit dans sa poitrine quand elle reconnut une des esquisses qu'elle avait amenées avec elle avant la plaidoirie. Celle-ci était hors d'usage, mais avec un peu de chance il s'en trouverait une autre qui serait exploitable. Sauf qu'avec toute cette agitation, les feuilles avaient dû voler de tous les côtés de la salle. Le box de l'accusée avait été réduit en miettes par le corps massif du monstre, mais il faudrait certainement commencer par là.
Sauf que le dragon levait de nouveau son énorme patte et s'apprêtait à balayer le sol devant lui. Miracle vit venir l'immense claque griffue qui la prenait pour cible, mais trop tard pour se glisser à l'intérieur. Il ne lui restait plus qu'à bondir en arrière et espérer se trouver hors de portée. Elle recula de trois pas hésitants dans les décombres. Cela ne suffirait pas. Au moment où le coup arrivait, elle joua son dernier atout.
La patte l'atteignit, la percuta et l'envoya voler par-dessus les gravats. Elle s'écrasa lourdement sur le sol carrelé, et fort heureusement assez dégagé, de l'espace des débats. Ses poumons ne parvenaient plus à se remplir et elle suffoqua sous la violence du coup. Tout son torse lui faisait mal et elle préféra ne pas penser aux fractures qu'elle venait de subir. Mais elle sourit en voyant ce qu'elle avait infligé à son attaquant.
« Alors Guérin, on fait moins le malin maintenant. » sourit-elle entre ses dents serrées par la douleur.
Le monstre se redressa et poussa un hurlement de souffrance. Il tenait contre son corps la patte dont il avait frappé Miracle. Il y manquait trois doigts, coupés nets. La déchirure spatiale les avait sectionnés malgré la cuirasse écailleuse qui les protégeait.
Profitant de cette diversion, Miracle rampa jusqu'à l'emplacement où se trouvait son box, avant le début des hostilités. De sa main valide, elle fouilla les décombres à la recherche de ses esquisses. Tout avait brûlé. Elle ne découvrit que braises, cendres, planches de bois consumé et morceaux de béton.
« Merde ! » jura-t-elle les larmes aux yeux, tandis que Guérin commençait à recouvrer ses esprits et parcourait la salle du regard à sa recherche.
Soudain, l'espoir lui étreignit la poitrine. Une liasse de feuilles dépassait de sous un bloc de mur. Le coin était carbonisé, mais le reste était sans doute intact. Avec peine, elle souleva l'imposant débris et saisit les dessins. Alors que ses doigts endoloris venaient à peine de se refermer sur la précieuse liasse, Miracle remarqua du coin de l'œil que le monstre faisait volte face dans sa direction et dressait la tête. Allait-il à nouveau cracher son torrent de flammes, ou bien comptait-il la broyer dans sa gueule ? Elle n'attendit pas de le savoir et se précipita en avant, malgré la douleur, vers la minuscule ouverture qu'elle percevait. Au dernier instant, elle plongea et s'aplatit au sol. Les crocs de la créature lui passèrent au-dessus dans un grand coup de vent. Un grand fracas ébranla une nouvelle fois le bâtiment, au moment où le crâne cornu du dragon heurta le mur. Guérin secoua la tête, comme sonné un instant par sa propre attaque.
Miracle releva les yeux et aperçut le ventre du dragon. Elle fit de son mieux pour rester cachée entre les pattes chancelantes du monstre étourdi, et en profita pour étudier son armure d'écailles luisantes. Elle ne présentait pas le moindre défaut. De toute façon, Miracle n'avait pas d'arme pour tenter de la percer. La panique la gagna mais elle se força à garder son calme. Toujours accroupie sous le thorax de la bête, elle fit défiler à la hâte les feuilles entre ses mains. Son sabre et son fusil. Grégoire. Sa cellule.
Laquelle choisir ?
C'est alors qu'elle vit, entre les pattes arrière du dragon hors de portée de la queue acérée qui battait furieusement l'air, ses deux compagnons dont Nadia qui lui adressait de grands signes. Elle plongea le regard sur l'esquisse de Grégoire et laissa son esprit envahir les lignes du dessin, onduler pour former une nouvelle image, celle du visage de l'adolescent au travers d'une fente métallique.
« Qu'est-ce qu'il y a ? interrogea-t-elle. Je suis un peu occupée.
- Je suis presque prêt, répondit le roux dans son tank. Dégage de là ! »
La sorcière tendit la main et plongea au travers du dessin. Elle se retrouva aux côtés de son frère et de Nadia.
« Observez un peu le maestro ! résonna la voix de Grégoire. GOLIATH, mode artillerie ! »
Des plaques d'acier se dématérialisèrent dans un tournoiement irisé. Les chenilles se rétractèrent et se déployèrent à nouveau sous forme de crochets mécaniques qui vinrent se ficher dans le sol. Le siège de Grégoire s'équipa d'une imposante console de commande assortie d'une lunette de visée. Par-dessus l'épaule droite du jeune homme, un long canon monté sur vérin hydraulique se pointa sur la cible.
« C'est du 105mm, mais j'ai droit qu'à un seul coup.
- Frimeur. Essaie déjà de ne pas le rater.
- Attendez, intervint Nadia. Miracle, tu es sûre que ça suffira à le blesser ?
- Il n'a pas de point faible en tout cas. Même chargé de Fluide, je ne suis pas certaine qu'un obus suffise à lui régler son compte. En plus, ses écailles le protègent contre l'énergie du Joyau.
- Et si on essayait autre chose ? »
La jeune architecte pointa du doigt le plafond au-dessus du dragon. Guérin se tenait juste sous la coupole du tribunal.
« Tu penses vraiment que ça marchera ?
- Absolument. La structure est déjà bien affaiblie à cause de l'effondrement du mur porteur. Il suffira d'un coup bien placé.
- J'espère que tu as raison et que ça suffira, sinon on va lui ouvrir le chemin des cieux, et alors il n'y aura plus moyen de l'arrêter.
- Bon alors, mesdemoiselles, vous vous décidez ou quoi ?
- Vise la base de la coupole ! cria Nadia en pointant le doigt vers l'objectif.
- À vos ordres, chef ! se réjouit l'ado. Bouchez-vous les oreilles ! »
Miracle et Nadia s'accroupirent et se préparèrent à la détonation. Elle claqua comme un coup de tonnerre, le fracas vibra dans l'air et fit trembler le sol. La déflagration se prolongea et se renouvela, il sembla que le vacarme ne prendrait jamais fin, comme si Grégoire avait abattu le pilier du monde et que le ciel lui-même s'effondrait. Au bout d'interminables secondes, quand le grondement cessa, il fut remplacé dans les oreilles de Miracle par un acouphène persistant. Elle toussa et osa ouvrir les paupières. Ses yeux pleuraient à cause du nuage de poussière qui les avait frappés et qui tardait à retomber. Un épais brouillard gris régnait dans ce qui était autrefois un tribunal, mais on devinait une lumière mauve qui descendait par rayons obliques et formait le nouveau dôme de ce palais du justice à ciel ouvert.
Nadia, pliée en deux, toussait pour reprendre sa respiration. Grégoire demeurait pétrifié par la violence de son obus. Couvert de particules de plâtre et de béton, il ressemblait à une statue de marbre. Son fauteuil avait recouvré sa forme normale.
Malgré la souffrance de son torse et de sa main blessée, Miracle avança vers le centre de l'effondrement. L'empilement de béton et d'acier formait un monticule de plus de quatre mètres de haut. Elle trébucha sur des gravats et entama l'escalade. Tout à coup, l'élévation toute entière se souleva et Miracle, déséquilibrée, roula jusqu'au sol. Le temps qu'elle se remette sur ses pieds, la masse retomba, accompagnée par un râle lourd et grave. Puis le grognement se mua en un cri de rage et l'amas se souleva de nouveau, comme animé de sa propre respiration.
« Miracle ! cria Nadia. Tu dois faire quelque chose, ou sinon il risque de se dégager ! »
Elle avança avec prudence et une pierre roula, révélant le côté du crâne de la bête. Son œil furieux se riva sur la sorcière et les soubresauts du monstre enseveli reprirent de plus belle.
« Tue-le ! » résonna la voix de Grégoire.
Miracle tenait toujours entre ses doigts l'esquisse de son sabre. Ce serait si simple. Saisir son arme, accumuler le Fluide dans la lame puis viser droit dans l'œil du dragon. Le monstre périrait assurément dans d'atroces souffrances, dissout de l'intérieur par l'énergie de la Gemme du Chaos. Il le méritait. Et pourtant...
« Qu'est-ce qui nous différencie de ces monstres ? » songea Miracle.
Elle connaissait la réponse. Restait à savoir si elle aurait la force d'accomplir ce qui devait être fait.
Elle gravit le monticule et s'accroupit au côté de la tête de son ennemi. Le dragon était encore immobilisé, il ne put l'empêcher de poser la paume de la main contre son front écailleux. La sorcière ferma les yeux et puisa dans le Joyau pour inonder tout le corps de la bête. Les écailles formaient un bouclier magique si tangible qu'elle n'eut aucun mal à en discerner les contours enterrés sous les décombres. Jamais elle n'avait infusé un objet ou corps si grand, la Gemme du Chaos se changea en charbon ardent dans sa poitrine. Son cœur rata plusieurs battements. Non ! Elle ne pouvait pas perdre conscience. Sa concentration se raffermit et elle inspecta l'aura magique dont elle nimbait la créature, à la recherche de points d'accroche. Comme elle le soupçonnait, la cuirasse n'était pas aussi lisse et impénétrable qu'elle le paraissait. Elle y repéra des faiblesses. Avec une impitoyable dextérité, elle insinua le Fluide par la moindre de ces ouvertures.
Le monstre convulsa dans sa gangue de pierre, puis devint soudain immobile et son œil s'ouvrit en grand. Miracle entra alors par cette porte dans l'esprit de l'Arbitre Alceste Guérin.
La colère bouillonnait et enflait comme une mer en furie. Insensible à cette rage, elle en fendit les flots sans le moindre effort et poursuivit vers l'œil du cyclone. Une île minuscule affleurait à la surface des flots, plongée dans une quasi-obscurité. Une silhouette sans forme précise s'y trouvait, assise à même le sol sablonneux et détrempé par les éléments.
« Un état libre... murmurait l'ombre. Le bon fonctionnement...
- Vous y avez toujours cru, commenta Miracle en s'approchant.
- Que pourrait-il y avoir de mal à vouloir cela ? » rétorqua l'ombre dont le visage demeurait opaque, à l'exception de fentes céruléennes dont coulaient des larmes luminescentes.
Miracle posa sa main astrale sur l'épaule de l'âme en détresse.
« Personne ne remet en cause vos intentions.
- Je croyais... sanglota Guérin. Utiliser ces hommes, les reconditionner pour les mettre au service de la société... C'est l'un des 3R sur lesquels nous avons bâti Elysion. Je ne l'avais pas compris au début. J'étais perdu, je ne voyais pas comment nous pourrions nous en sortir. J'ai erré. C'était il y a longtemps.
- Comment en êtes-vous arrivé à une conclusion aussi tordue ?
- Je ne sais plus... J'ai oublié par où je suis passé... J'ai trouvé la Source et j'y ai bu. Alors tout s'est éclairci dans mon esprit. Il fallait des hommes pour contrôler d'autres hommes. Avec la détermination, le pouvoir est venu.
- Et avec le pouvoir, l'aveuglement, compléta Miracle. Au lieu de servir le bien de tous, vous n'avez que contribué à votre propre intérêt. Vous étiez prêt à asservir Elysion, s'il le fallait. Vous auriez livré ce monde à Nyx.
- La maîtresse... gémit la silhouette, elle a des exigences.
- Elle ne souhaite que notre destruction à tous. Vous devez vous en libérer.
- C'est impossible ! protesta Guérin. Elle est trop forte. Ses chaînes sont trop puissantes.
- Vous en êtes capable. Il suffit de renoncer au pouvoir. »
L'ombre tressaillit. « Que vais-je devenir ?
- Vous ferez face aux conséquences de vos actes, devant la justice d'Elysion. Ne serait-ce pas un juste châtiment pour toutes ces années au service du mal ? Regardez où nous ont menés vos soi-disant bonnes intentions ! »
D'un geste de la main, elle balaya l'écran de pluie que dessinait la tempête. Des formes y apparurent, le vent apporta des voix et des cris, ceux d'otages terrorisés qui couraient vers la sortie du tribunal, fauchés par des balles. Des innocents blessés ou tués par les armes que Guérin avait mises entre les mains de ces hommes. Des hommes qu'il avait lui-même condamnés à le servir, à qui il avait expressément ordonné d'envahir la salle, et de faire couler le sang si nécessaire. Et le sang avait coulé. En bien d'autres occasions également, la justice expéditive de l'Arbitre Guérin avait frappé et apporté la mort.
« Voilà donc ce que vous appelez le bien de la communauté ? invectiva Miracle. Réveillez-vous, nom de Dieu ! Si vous êtes la moitié de l'homme de loi que vous prétendez être, il faut mettre fin à ce carnage !
- Vous avez raison. »
L'homme se mit debout et leva les yeux au ciel. Des rayons de soleil éclatants percèrent les nuages et aveuglèrent Miracle, si bien qu'elle se trouva éjectée de l'espace astral et regagna son corps physique.
Elle ouvrit les yeux et constata que le dragon avait disparu. Du monticule de gravats s'écoulait un liquide noir et visqueux, si malodorant qu'elle ne put supporter plus longtemps de rester là et se détourna. Nadia se précipita vers elle pour la soutenir. Ses jambes peinaient à la porter.
« Que s'est-il passé ? s'inquiéta son amie. Tout l'éboulement s'est mis à brûler avec des flammes rouges, et puis plus rien.
- L'Arbitre est coincé là-dessous, indiqua Miracle en pointant du doigt la base du tas. Il n'est plus dangereux, mais il faut vite le sortir de là.
- Tu l'as...
- Exorcisé, en quelque sorte. Je te le dois, tu m'as rappelé que nous ne sommes pas comme ces gens-là. »
Les deux jeunes femmes sortirent du tribunal en ruines. Elles eurent à peine le temps de faire signe à une équipe de secours d'aller chercher Guérin sous les décombres, qu'elles furent entourées par une foule de citoyens qui braquaient sur elles les objectifs de leurs appareils. On les félicita, on leur assura que tout avait été filmé, que les gens sauraient comment elles avaient sauvé beaucoup des otages du commando, et comment elles avaient combattu un authentique dragon.
« Hey ! protesta une voix depuis un brancard de l'autre côté du mur humain. J'étais là moi aussi.
- Mais oui Grégoire, souffla Miracle avec un sourire pour son frère. Tu es un vrai héro.
- Je crois que nous allons devoir annuler ce procès, interrompit le Questeur Molins en se frayant un passage jusqu'à l'accusée.
- Vous plaisantez ! rétorqua Miracle. Hors de question que je me tape à nouveau ce calvaire. Plutôt affronter un autre dragon.
- Mais enfin Miracle ! s'étonna Nadia en l'installant sur le brancard. Tu pourrais être totalement innocentée, cette fois.
- J'en ai fini avec Elysion. La décision du peuple me convient très bien. Je sais qu'ils voteront pour le bannissement.
- Mais... balbutia la jeune musulmane, et les Cavaliers ? Il en reste encore un !
- Si nous ne l'avons pas trouvé en un an depuis l'intérieur d'Elysion, je doute qu'on y arrive jamais. »
Les Bergers venaient d'emmener Grégoire dans un véhicule de secours, le frère de Miracle n'entendit pas ce qu'elle venait d'annoncer. Nadia prit ses mains entre les siennes.
« Tu nous quittes ? demanda-t-elle avec les larmes aux yeux.
- Oui, j'ai envie de voyager un peu, et je dois retrouver quelqu'un en particulier. Pour ce qui est du huitième Cavalier, soit il est encore ici et vous le trouverez, soit il me suivra.
- Laisse-moi t'accompagner. »
Miracle secoua la tête. « Tu sais que j'ai besoin que tu restes en Elysion pour veiller sur Grégoire. »
Il n'y avait rien d'autre à discuter. Elles s'étreignirent et pleurèrent un peu, puis une équipe de Bergers vint prendre en charge Miracle et elle fut emmenée dans une ambulance. Elle ferma les yeux, se concentra sur la lumière des gyrophares à travers ses paupières et s'autorisa enfin à dériver vers l'inconscience. Elle avait bien mérité un peu de repos. Une fois qu'elle aurait repris des forces, elle exigerait de récupérer Bub, et elle devrait alors se préparer à une dernière séance de régression qu'elle avait toujours repoussée, que son esprit avait refusé ne serait-ce que d'envisager, pendant une année entière.
Un souvenir bien plus terrifiant qu'un dragon.
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