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Chapitre 29 - Will of the People

Pendant la longue pause qui précéda les plaidoiries finales, Miracle demeura seule dans sa cellule. Personne ne vint lui rendre visite pour la réconforter avant le moment fatidique. La tension était telle qu'elle ne put rien avaler et laissa son plateau repas intact. Pour la première fois depuis son incarcération, le froid la saisit et elle ne parvint pas à se réchauffer malgré la couverture de laine dans laquelle elle s'emmitoufla. Son corps tout entier grelottait. Elle ne pouvait dire si cela incombait à la température, à son état de fatigue avancé, ou bien à son appréhension de ce qui allait se dérouler dans quelques heures. Le temps s'écoulait bien trop lentement et lui laissait tout le loisir d'envisager ce qu'il adviendrait d'elle si le plan échouait.

Elle avait toute confiance en Grégoire et ses compagnons, ils accompliraient à coup sûr leur rôle à la perfection. Grégoire en particulier. Ses moindres doutes à son sujets avaient été dissipés à peine quelques jours avant la descente de police. Un soir où elle devait le récupérer à l'internat, elle le trouva sur le pas de la porte, couvert de poussière et le bras ensanglanté.

« Qu'est-ce qui t'est arrivé ? s'écria-t-elle en se précipitant vers lui tous les sens en alerte.

— Citizen Oméga... souffla le fragile ado dans son fauteuil.

— Il t'a mis dans cet état ? » répliqua Miracle prête à puiser dans une esquisse pour récupérer ses armes. Le rouquin retint son bras.

« C'est fini. J'ai réglé le problème. »

Le regard dur et implacable qu'il échangea avec sa sœur suffit à clore le débat.

« Bienvenue chez les phénomènes de foire. » sourit Miracle avant de pousser le fauteuil sur le chemin de terre. 

Ils n'évoquèrent plus jamais le sujet du Cinquième Cavalier. Miracle savait pourtant que Grégoire n'avait pas menti et qu'il venait de démontrer sa valeur. Elle ne doutait pas à présent qu'il s'acquitterait avec succès de sa mission, aider M. Truffe à décoder le bloc de données récupéré dans le bureau de Saint Alceste Guérin. Non, c'est d'elle-même qu'elle doutait. Elle n'avait jamais eu de talent pour s'exprimer en public, les regards de la foule lui donnaient des bouffées de panique. Chaque paire d'yeux qui la fixait lançait vers elle une poigne sombre qui l'entravait et ancrait en elle une funeste certitude : Si elle ne se montrait pas assez ferme ou pas assez convaincante, sa plaidoirie ne la protégerait pas de la peine maximale. Pour se réchauffer un peu et se donner du courage, elle ferma les yeux et visualisa la tornade de flammes écarlates qui faisait rage dans la pierre de son cœur. Le Joyau demeura silencieux.

« Allez Sainte rayon de soleil, ironisa le gardien en frappant les barreaux de sa matraque. Il est l'heure. »

Miracle s'extirpa péniblement de sa couchette. Le sommeil qu'elle avait pris malgré elle ne lui avait pas permis de reprendre ses forces. Elle enfila ses chaussures sans lacets, récupéra toutes ses notes et tous ses croquis qu'elle cala sous le bras, puis traîna les pieds vers la porte pour que le gardien la menotte à travers les barreaux. Quand elle fut entravée, il ouvrit la porte avec son badge et la laissa marcher vers l'accès du tribunal réservé aux détenus. Si tout se passait comme prévu, elle ne remettrait peut-être pas les pieds dans la cellule. Si le plan dérapait, elle ne la reverrait pas à coup sûr.

La salle était comble, surchauffée et bruyante. Les lumières se braquèrent sur elle alors qu'elle faisait son entrée, les flashes crépitèrent et elle se protégea les yeux du revers de la main pour progresser à pas lents vers son box. La ferveur de la foule venait de monter d'un cran et les conversations comme les regards ne la quittèrent plus. La moindre chaise était occupée et des gens se tenaient debout contre les murs ou assis à même le sol. Chacun échangeait des remarques sur les dossiers qui avaient fait l'objet des séances pendant ces quatre jours interminables et harassants. Miracle parcourut l'assistance à la recherche d'un regard de soutien. Grégoire avait pris place au premier rang, Nadia se tenait à ses côtés dans une sobre abaya vert émeraude et un foulard assorti. Aucun des deux ne prononçait le moindre mot.

Le vacarme dura des longues minutes, durant lesquelles Miracle demeura tête baissée, indifférente à la tempête qui faisait rage. Il lui suffisait de savoir qu'elle pouvait compter sur les deux seules personnes qui importaient vraiment. Sur le banc de l'accusation, Molins classait des fiches et répétait des mots à voix basse, sans prêter attention à l'accusée.

Tout ce beau monde se tut soudainement quand la porte du bureau s'ouvrit et que l'Arbitre entra.

« Veuillez vous lever pour accueillir le Saint Arbitre Alceste Guérin. » tonna l'huissier. La salle s'exécuta comme une troupe de pantins mécaniques.

« Assis. » trancha Guérin qui paraissait d'une humeur massacrante. « Nous voici arrivés à l'étape des plaidoyers finaux. Vous allez entendre les réquisitoires des deux parties, à l'issue desquels je déclarerai les délibérations ouvertes. Cette séance est diffusée en direct afin de permettre à chaque citoyen qui le désire de prendre part au verdict. Le délai réglementaire de rigueur avant la clôture des votes est de vingt-quatre heures. Je mets en garde les deux parties. » Il leva le doigt et se tourna ostensiblement vers Miracle. « Nous avons beau être en session publique, je ne tolérerai pas que quiconque utilise cette Cour comme tribune politique. À la première incartade, je couperai votre intervention sans autre forme de pré-avis. »

La main de l'Arbitre tremblait de colère et sa mâchoire contractée creusait les rides de son visage. Il bouillonnait intérieurement, se réjouit secrètement Miracle. Elle l'avait forcé à sortir de sa zone de confort et amené sur un terrain où sa maîtrise du débat lui échappait en partie. Forcément, il détestait cette idée, cependant elle espérait qu'il hésiterait à mettre sa menace à exécution. Si on jugeait que le témoignage de l'accusée avait été muselé, le procès risquait l'annulation, et Guérin ne voulait certainement pas en entendre parler. Voilà qui contribuait à le mettre à cran. Tout le monde marchait sur une corde raide.

Molins se leva, vint se placer devant l'assemblée et fit face aux caméras. Il se racla la gorge et entama d'un ton solennel.

« La tâche de Questeur est lourde à plus d'un titre. Aujourd'hui, je me tiens devant vous avec la mission de protéger notre communauté d'une personne dont nous avons prouvé qu'elle n'est pas l'innocente citoyenne qu'elle prétend. Miracle N'Kanté n'était pas une sainte sur Terre, je peux vous assurer qu'elle ne l'est pas non plus dans cette vie. Nous avons prouvé sa présence sur plusieurs scènes de crime, son implication dans plusieurs affaires sanglantes qui ont ébranlé notre colonie toute entière. Meurtres, extorsion, trafic, assassinat, nous avons affaire à une authentique criminelle endurcie et il ne fait aucun doute que nous ne souhaitons pas sa présence parmi nous. Je fais confiance à la sagesse de nos citoyens pour choisir la solution qui permettra de défendre au mieux Elysion contre ses actions malfaisantes. Laissez-moi simplement vous dire ceci. »

Il prit une seconde pour fixer la caméra braquée sur lui. Son visage se ferma et ses yeux sombres brillèrent d'une féroce détermination.

« Elysion a fait le choix de ne pas recourir à la peine de mort, sous aucune circonstance. Il n'est pas question de vengeance, ni de réparer les torts qui ont été causés aux victimes, à leurs familles ou à leurs connaissances. Notre tâche est de nous assurer avec la plus grande certitude que cette femme sera mise définitivement hors d'état de nuire.  Nous ne pouvons pas nous permettre le risque de laisser cette personne en liberté, et en ce sens le bannissement ne me semble pas être la solution adéquate. Même isolée de notre communauté, même exilée au Tartare, cette criminelle continuera de faire souffrir ses semblables, de vivre aux dépends de ses compagnons d'infortune. Ce n'est jamais encore arrivé, mais je l'imagine capable de nous nuire à distance. Aussi je vous l'affirme, il faut garder Miracle N'Kanté ici-même, emprisonner son corps et son esprit et faire en sorte qu'elle ne demeure à jamais neutralisée. Nous en avons les moyens, vous avez le pouvoir de le décider. Je vous remercie. »

Molins retourna s'asseoir dans un silence aussi épais qu'un brouillard d'automne. Guérin inclina la tête en direction de l'accusée et tous les regards convergèrent vers Miracle. La jeune métisse à la peau grise accusa le poids de cette soudaine et brutale attention qui lui tombait sur les épaules. Elle regretta amèrement de ne pas pouvoir utiliser Bub. Son IA aurait certainement trouvé mieux qu'elle les mots dont elle avait besoin à cet instant, et qui lui échappaient inlassablement.

Le Saint Arbitre se racla la gorge pour manifester son impatience. Miracle se leva en faisant grincer sa chaise et vint prendre place devant la caméra, face à l'assistance.

Un spectateur toussa.

Une journaliste tenait son stylet au-dessus de sa tablette graphique, prête à capturer les premiers mots, les premières expressions de l'accusée.

Grégoire et Nadia fixaient leur sœur et amie et articulèrent des mots silencieux.

« Allez. »

« Courage. »

« Vas-y. »

Elle baissa les yeux, ferma les paupières, inspira à fond pour se donner de la force, puis redressa la tête.

« Je n'ai pas fait tout ce qu'ils disent. Je veux dire... très bien, j'ai plaidé coupable et tout ça, mais je ne suis pas le monstre que le Questeur Molins vous décrit. Je mérite un châtiment, c'est clair. Si vous laissiez passer les actes que j'ai commis, ça signifierait que la justice de cette société est tout aussi pourrie que celle de la Terre. Pourtant, ceux qui me traitent de monstre ne savent pas de quoi ils parlent. Ils n'ont jamais vu, comme j'ai vu, la monstruosité et l'inhumanité à l'œuvre. Dans ce monde. Parmi vous. Croyez-le ou non, vous avez été débarrassés d'un certain nombre de ces créatures. Parfois, il a fallu tuer. De cela, je suis coupable et je n'ai aucune excuse, si ce n'est que tous les autres moyens avaient été écartés. Le meurtre de sang froid n'a été utilisé qu'en dernier recours, et jamais de gaieté de cœur. King Rhino n'est plus en Elysion, Tiger Patch est libérée. Ephraim Fourier s'est donné la mort. Pour les autres, je n'ai rien à ajouter si ce n'est que la colonie d'Elysion ne se portera que mieux maintenant qu'ils sont partis.

Mais vous avez raison, Questeur Molins, je dois moi aussi être isolée de la communauté. Car même si ces monstres demeuraient dans vos rangs, ils ont été rendus dangereux par ma faute. Certains d'entre eux n'en avaient qu'après moi seule. Tous m'auraient traquée jusqu'en enfer pour avoir ma tête. Et d'autres viendront, j'en suis certaine. Voilà pourquoi je me tiens devant vous aujourd'hui, afin qu'ils sachent qui je suis, et où je me rends. » Sa gorge se noua au moment où elle voulut prononcer la suite, elle parvint à articuler malgré l'émotion. 

« Bannissez-moi d'Elysion. Vous vous débarrasserez de plus de monstres que vous ne le croyez. »

La foule s'agita à cette déclaration, si bien que Guérin dut recourir à la sirène de son pupitre. « Merci Sainte N'Kanté.

— Ce n'est pas tout ! s'exclama la jeune femme. Avant que les choses ne dégénèrent, je voudrais m'excuser auprès de tous les citoyens d'Elysion. Vous allez contempler la corruption de l'âme humaine, vous allez peut-être douter des fondations de votre système judiciaire. Il ne faut pas. Les crimes d'une poignée d'individus ne doivent pas remettre en question la beauté de ce monde. C'est la leçon que j'ai apprise en vivant plus d'une année avec vous. J'ai eu énormément de chance et de bonheur de passer ces semaines avec les gens que j'aime, ma famille de cœur, mes amis fidèles, et beaucoup d'autres personnes qui m'ont connue et avec qui j'ai tissé des liens précieux. Tout cela est fini maintenant. »

La larme à l'œil et la voix tremblante, elle échangea des regards lourds de sens avec Nadia et Grégoire. Elle fit un signe de la tête à son frère et il lui rendit un pouce en l'air. Elle poursuivit, la voix remplie d'une nouvelle détermination. Il était temps de franchir la ligne avec laquelle elle flirtait depuis plusieurs minutes.

« Parlons maintenant de la sentence que vous propose le Questeur Molins. Savez-vous ce qu'il adviendra de moi si vous me condamnez à la camisole chimique ? Les condamnés sont tous envoyés au même endroit, un établissement nommé Jardin Blackstone. Il se trouve que ce Jardin a été fondé à la demande du Saint Arbitre Alceste Guérin ici présent. »

L'intéressé leva un sourcil et se redressa sur sa chaise, des éclairs dans les yeux. L'écran géant de la salle afficha soudain une série de dossiers judiciaires, assortis de photos d'accusés aux mines lugubres. Dans l'assistance, Grégoire lança un discret clin d'œil à sa sœur, qui capta le signal et enchaîna :

« Sur les trente-deux condamnés à la camisole chimique, vingt-quatre l'ont été dans une Cour présidée par l'Arbitre Guérin.

— Cela suffit ! tonna le magistrat. Je ne supporterai pas un mot de plus et je mets fin à cette mascarade. Le réquisitoire de la défense est ...

— Ah non ! »

Le Questeur Molins venait subitement de se lever de sa chaise et pointait le doigt vers la chaire de l'Arbitre.

« Hors de question de risquer l'annulation, continua Molins. Avec l'accord de la défense, je propose de révoquer le Saint Arbitre Guérin. »

Miracle resta bouche bée devant cette sortie. Quand elle comprit que Molins s'adressait à elle, elle hocha la tête.

« Oui, je suis d'accord pour la révocation du juge.

— C'est un scandale ! s'exclama Guérin, devenu rouge de colère. Vous ne l'emporterez pas au paradis ! » Il se leva d'un bond et sortit en furie, tel un esprit sombre, par la porte de son bureau. La salle toute entière entra en éruption devant un tel retournement de situation. Miracle resta debout au centre de la pièce sans savoir quoi faire, abasourdie par le vacarme de la foule. Mais il fallait qu'elle poursuive. Elle leva les mains et hurla dans son micro.

« Laissez-moi continuer s'il vous plaît ! »

Peu à peu, le boucan s'apaisa et les gens reprirent place. Molins s'avança vers le centre de la salle.

« Terminez votre plaidoirie, mademoiselle N'Kanté.

— Merci, Saint Questeur. Le nom de Blackstone est une référence à Sir William Blackstone qui a rédigé la charte des droits Britannique au XVIIe siècle, et qui a inspiré le Second Amendement de la Constitution Américaine. L'Arbitre Guérin en a une copie encadrée dans son bureau. Il dit "Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, ..." Le Saint Arbitre semble assez attaché à ce principe. Des articles ont été retrouvés dans ses documents personnels, dans lesquels il élabore tout un tas de théories et de professions de foi à ce sujet. »

D'un geste de Miracle, des textes s'affichèrent sur le grand écran du tribunal. Tous signés par l'Arbitre Guérin, ils évoquaient la nécessité de constituer un groupe armé auquel des personnes haut placées pourraient faire appel pour régler des situations délicates. Dans l'intérêt de la communauté, bien entendu.

« Où avez-vous eu ces documents ? s'indigna Molins.

— Il faut parfois faire des concessions à certaines règles pour obtenir ce qu'on veut, sourit Miracle mystérieusement. En tout cas, je suis heureuse de vous avoir éliminé de l'équation. J'avais des soupçons sur vous au début. Mais maintenant j'en suis sûre, Alceste Guérin est le Septième Cavalier.

— Qu'est-ce donc que cette histoire de Cavaliers ?

— Je vous le dirai plus tard. Intéressons-nous plutôt à ce fameux Jardin Blackstone. D'après mes informations, il s'agit d'une sorte de camp d'internement. Les détenus y reçoivent un traitement à base de psychotropes dont nous nous sommes procuré la formule. D'après mes renseignements, ces substances sont capables de conditionner une personne pour en faire une machine dénuée de sentiments et qui obéirait au doigt et à l'œil. Vous imaginez ce que pourrait faire Guérin avec un groupe composé d'une vingtaine de ces individus entraînés et endoctrinés ? »

Comme en réponse à sa question rhétorique, un coup de feu retentit, suivi de plusieurs courtes rafales qui claquèrent comme des coups de tonnerre. La salle toute entière retint son souffle une demi-seconde. Puis la panique éclata.

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