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Chapitre 12 - Run to the Hills

La lumière blanche et crue de Psyché réveilla Miracle. Elle se redressa en sursaut, en proie à la confusion.

« Du calme, mademoiselle ! » fit une voix masculine, ferme et posée.

L'homme qu'elle avait brièvement aperçu avant de s'évanouir se tenait là. Il s'appuyait sur le balai avec lequel il rassemblait les bouts de verre de la fenêtre brisée, et tendait l'autre main vers sa patiente en geste d'apaisement. Il avait les cheveux blonds, mi-longs, et portait une paire de lunettes rondes. Le dernier binoclard à qui Miracle avait eu affaire n'avait pas bien terminé, toutefois elle eut un tout autre sentiment à son sujet.

« Je suis encore à la Bergererie ? demanda-t-elle alors que son brouillard mental peinait à se dissiper.

- Oui. La fenêtre a beau être cassée, ça reste la pièce la plus indiquée pour les soins d'urgence. Je vous ai mise sous monitoring. Vous m'avez fait une petite frayeur, j'ai cru que votre cœur allait lâcher. » Il pointa de son doigt le chariot de réanimation juste à côté du lit. « Finalement, je n'en ai pas eu besoin mais vous auriez dû voir votre tracé, de vraies montagnes russes.

- C'est rien qu'un petit problème congénital, lâcha-t-elle pour balayer l'inquiétude de son soignant. Ça me le fait de temps en temps.

- Dans des circonstances particulières ? compléta le Berger. Comme ce qui vous est arrivé tout à l'heure ? »

Miracle resta silencieuse. Il insista.

« Écoutez, je ne suis pas aveugle. J'ai bien vu que cette fenêtre a été fracturée de l'extérieur. Quelqu'un est entré par là et vous a agressée. C'est ce que vous avez essayé de dire avant de vous évanouir, n'est-ce pas ? L'agresseur est sorti par la porte, je l'ai entendu détaler avant de vous trouver. Vous n'avez pas besoin de me dire de qui il s'agit, je le sais très bien. En-dehors du Dirigeant Kim et de moi-même, une seule personne a l'accès à cette pièce.

- Comment vous vous appelez ? interrompit la victime sur un ton étonnamment calme.

- Albert.

- Je vous remercie de votre considération, Berger Albert, mais j'aimerais ne pas faire de vagues. Est-ce que cette histoire pourrait rester entre nous ?

- Quoi ? bredouilla le blond. N... Non ! Pas du tout ! Il faut tout raconter au directeur. Cette fois, Thomas ne s'en sortira pas.

- Cette fois ? releva Miracle. Il y en a donc eu d'autres avant moi. J'ai cru que Hassler était responsable de ces agressions, mais c'était bien Thomas. Qu'est-ce qui vous fait croire que Kim agira différemment ? Non, je vous assure qu'il n'y a rien à espérer de ce côté. » La substance iridescente qui enveloppait le crâne du Dirigeant prenait tout son sens. Le Cavalier avait tissé ce cocon pour s'assurer que jamais Kim ne comprenne ce qui devrait lui sauter aux yeux. Même confronté au faisceau de preuves le plus solide, l'enchantement lui ferait certainement préférer l'hypothèse la plus farfelue, plutôt que d'incriminer le Cavalier ou son entourage. Plutôt croire aux petits hommes verts, que d'imaginer une seconde que son Jardin abritait un gang de psychopathes.

« Comment je suis censé expliquer ce bazar ? s'écria Albert en désignant les bouts de verre qui jonchaient le sol.

- Croyez-moi, il gobera l'histoire que vous lui servirez. Si vous lui affirmez qu'une branche d'arbre est passée au travers de la baie vitrée, il n'ira même pas vérifier qu'il n'y avait aucun vent la nuit dernière. Il ne demandera même pas à voir la branche.

- Tout de même, soupira-t-il. On ne peut pas en rester là.

- Qui a dit que nous n'allions rien faire ? sourit Miracle. Vous pouvez me dire où loge ce Thomas ? Vous pourriez me faire rentrer dans ses appartements ?

- À quoi cela vous servirait, puisque selon vous aucune preuve ne convaincra le Dirigeant ?

- Je voudrais plutôt savoir où Thomas s'est réfugié.

- Et si vous le retrouvez, que ferez-vous ?

- Je réglerai le problème. » Le regard d'acier qu'elle lui lança ne laissa aucun doute sur ses intentions. Il frémit et secoua la tête.

« Non, c'est hors de question. Je ne peux pas vous laisser vous venger ainsi. Il faut le porter devant la justice, qu'il paye pour ses crimes.

- Comme vous êtes naïf, s'amusa-t-elle. Depuis combien de temps opère-t-il impunément ? Combien de victimes a-t-il faites ? Combien en fera-t-il encore si on ne l'arrête pas ? Si vous m'aidez, je vous promets de mettre un terme à tout ça. Il tombera, et tous ceux qui le protègent avec lui. Faites-moi confiance.

- Qui êtes-vous ? s'écria-t-il d'une voix tremblante.

- Dans mon ancienne vie, je m'occupais de ce genre de cas. Elysion avait justement besoin de moi. Je suis la déesse aveugle de la justice, la vengeance froide et impitoyable qui frappe les traitres à l'humanité.

- Vous êtes cinglée.

- Moins qu'eux. »

Un moment de silence passa. Saint Albert semblait peser mentalement le pour et le contre de ce pacte avec le diable. Il murmura pour lui-même : « Je vais le regretter. »

Miracle se leva. Ses jambes la portaient sans fléchir. Tant mieux. Elle s'approcha du Berger sans se soucier des quelques bouts de verre qui jonchaient encore le sol. Albert ouvrit la bouche pour l'avertir, mais il n'eut pas le temps d'émettre un son. Elle vint coller son corps contre le sien, sa peau grise et soyeuse séparée de la sienne par les minces épaisseurs de leurs blouses, puis posa l'index sur ses lèvres entrouvertes.

« Ce sera notre secret. »

Dix minutes plus tard, Miracle franchissait la porte de sa chambre et ouvrait à la hâte la porte calcinée de son armoire pour y dénicher de quoi se vêtir correctement. Habillée de son ensemble de sport et chaussée de ses baskets blanches, elle empocha son terminal et l'accompagna de son bloc de données, puis installa son interface neurale. Avant de sortir, elle eut une hésitation et consulta le niveau de batterie de son assistant personnel. 89%. Bub s'était mise en veille et avait préservé sa charge. Parfait.

En chemin vers les quartiers du personnel, elle connecta ses équipements et réveilla son IA.

« Bonjour Miracle, carillonna la voix synthétique dans l'implant audio.

- Pas le temps pour les politesses, rétorqua l'humaine. Utilise le bloc de données pour mobiliser les ressources d'Athéna. Je vais en avoir besoin pour localiser Thomas.

- Tu veux dire Saint Thomas Tabbel ?

- Oui, le Berger. C'est un djabel et il m'a attaquée. »

Elle s'interrompit soudain pour se plaquer au mur et observer la porte menant aux quartiers privés des Saints. Un Sachant sortit juste à cet instant, trop absorbé par l'écran de son assistant pour remarquer l'intruse cachée dans le renfoncement à côté de la plante verte. Miracle profita de son passage pour se faufiler dans la zone réservée au personnel, avant que la porte ne se referme. À la réflexion, elle n'avait pas croisé grand monde sur son trajet. Le Jardin, d'ordinaire beaucoup plus animé, faisait l'effet d'une coquille vide. Où étaient passés les autres patients ?

Pour en avoir le cœur net, Miracle dicta un message à Isabelle, sur un ton qu'elle voulut aussi détaché que possible.

Où vous êtes tous passés ? J'ai raté un épisode ?

Le temps d'envoyer ces quelques mots choisis, elle atteignit la porte de la chambre de Thomas. Verrouillée, bien sûr. Elle n'avait pas la clé et même Athéna ne pourrait l'ouvrir. Heureusement, Albert lui avait confié la clé de sa propre chambre attenante à celle de son collègue. Miracle passa la carte dans le lecteur et se glissa dans la chambre. Elle n'eut pas un regard pour l'intérieur bien rangé et se dirigea vers le balcon. Situés au deuxième étage, les appartements des infirmiers partageaient une terrasse coupée en deux par une symbolique paroi en rotin. Miracle l'abattit d'un coup de pied.

Elle jeta un œil vers le parc en contrebas, puis étudia la baie vitrée de l'appartement de Thomas. Personne en vue dans la cour verdoyante baignée d'une vive lumière jaune poussin. Elle retourna chez Albert et emprunta un serre-livre en forme de tête de cheval, puis revint à la porte fenêtre.

« Un partout la balle au centre. » déclara-t-elle entre ses dents avant de fracasser le panneau de verre. Le vacarme fut assourdissant pourtant personne ne vint constater l'effraction. Par acquit de conscience, Miracle replaça le bibelot emprunté chez son propriétaire pour ne pas attirer les soupçons sur lui. Autant laisser croire que le voleur avait escaladé la façade. Cette preuve effacée, elle pénétra chez son agresseur.

Les volets étaient à demi baissés et quand elle se redressa, elle constata dans la lueur dorée du matin que le ménage n'avait pas été fait depuis un long moment. Le plancher était couvert de vêtements sales, parfois troués ou déchirés. De petites taches sombres maculaient le sol et les murs. Çà et là, des trous de la taille d'un poing marquaient le crépi et des fissures couraient sur l'enduit. Un sac de frappe éventré avait répandu son sable sur le sol. Dans la salle de bain entrouverte, le miroir gisait en morceaux dans le lavabo. Des traces de sang séché zébraient la baignoire et le rideau de douche. Dans la chambre, l'odeur déjà prenante se fit aigre et musquée. Les draps froissés gardaient la senteur froide et rance de nuits fiévreuses. Des images d'Anges s'étalaient au sol à côté du chevet. À en juger par leur expression, les femmes représentées ne savaient pas qu'elles étaient prises en photo. D'autres avaient été punaisées au plafond. Miracle eut un frisson dans le dos quand elle se rendit compte que toutes la représentaient.

Ici, elle discutait avec Grégoire au réfectoire.

Là, elle se penchait pour toucher ses pieds pendant une séance de yoga. Son t-shirt baillait et laissait deviner sa brassière.

Sur cet autre cliché, on voyait monter un totem de terre glaise entre ses mains humides.

Comment ce taré avait-il bien pu prendre ces photos sur le vif sans qu'elle s'en aperçoive ? Certes, il s'agissait d'agrandissements bruités et de piètre qualité, recadrés d'une image beaucoup plus large. Toutefois, à sa connaissance Thomas ne se trouvait pas dans la pièce au moment où elles avaient été prises. Alors qui avait bien pu les lui fournir ?

Une sonnerie de notification la fit sursauter. Un message d'Isabelle, indiqua Bub. Miracle lui ordonna de lui lire.

Salut Miracle, tu rates un truc incroyable. On est en pleine nature. D'ordinaire, c'est pas trop ma tasse de thé mais ça vaut le coup. Les Saints nous ont expliqué que nous sommes invités à une réception spéciale dans une sorte de manoir perdu au milieu de nulle part. Ils parlent d'une soirée privée avec des gens très importants, tu vois le style. Je ne pouvais vraiment pas laisser passer cette occase. On était tous censés laisser nos terminaux au centre, sauf que tu me connais, hors de question de me séparer de ma Starlight, j'angoisserais trop. Je sais pas trop comment tu pourrais nous rejoindre, on est déjà loin du Jardin et mes pieds me font un mal de chien. En plus, tu n'as pas eu d'invitation. Tant pis, je te raconterai. Des bises. Emoji cœur. Emoji champagne. Emoji kiss. Emoji étoiles scintillantes.

Pour Miracle, qui inspectait la tanière d'un psychopathe, le message de son amie sonna étrangement décalé. Une inquiétude certaine pour Isabelle s'ajouta à celle qui l'oppressait au sujet de Grégoire. Elle eut l'intuition que les deux se trouvaient immanquablement au même endroit, et en fort mauvaise compagnie.

L'urgence d'une action rapide s'imposait à elle. Mais avant, il lui restait à terminer l'inspection de l'appartement. Thomas avait laissé en évidence de nombreux éléments troublants, toutefois rien ne laissait deviner autre chose qu'une obsession malsaine pour les femmes et un indéniable déséquilibre mental. Il restait à dénicher l'horreur tapie au cœur de la folie, le monstre derrière le psychopathe. Tout le monde avait sa cachette secrète, son placard intime où ranger les squelettes de ses vices. Si Thomas ne prenait pas la peine de dissimuler ses penchants tordus, il y avait forcément pire à découvrir.

Après de longues minutes de fouille méthodique, Miracle trouva un double fond dans le tiroir de la commode. Elle retira le couvercle avec un sourire de triomphe qui s'évanouit immédiatement pour laisser la place à l'inquiétude. Elle reconnut au premier coup d'œil le terminal de Grégoire. L'appareil était en veille et verrouillé. Goliath ne se débloquerait que pour son propriétaire et elle n'avait pas le temps ni les compétences pour le pirater. En tout cas, cette inquiétante découverte confirmait que Grégoire avait posé des questions dérangeantes aux mauvaises personnes.

La cachette contenait deux autres objets anodins, une feuille de papier froissé et un étrange masque. Ce dernier, sculpté dans une écorce d'arbre, lui rappelait une séance de travaux manuels d'Angara à laquelle elle n'avait pas participé mais dont elle avait aperçu le résultat dans les mains d'autres résidents. Le visage de bois la fixait de ses orbites vides, pleines d'une inquiétante étrangeté. La bouche demeurait immobile, avare d'un lourd secret qu'elle ne racontait pas. La jeune femme empocha l'objet, se promettant d'élucider son mystère en temps voulu.

La feuille de papier montrait des signes de lectures répétées et fréquentes. Elle avait été pliée à de nombreuses occasions, si bien que des déchirures la parcouraient. Le texte demeurait cependant lisible. Miracle en lut le titre :

Evnaglie du Cavaleir.

« Qu'est-ce que c'est que ce délire ? laissa-t-elle échapper. Il se prend pour un prophète ou quoi ? »

Elle se força à parcourir les premières lignes tracées à la main, d'une écriture soignée.

Un par nu
Mes pas de firève m'otn meénee
Par les chemnis de Sno Erpsit
À la Suorec uqe j'ai chrehcéée.

Uu pra un.
Smer Ses grians aux qauter vnets.
S'épnuaoir sru uen trrre
Grogéee du snag des igornants.

« La vache, il est sacrément perché, soupira-t-telle. J'ai pas le temps pour une explication de texte. Bub, scanne-moi ça et enregistre le document dans mon dossier sécurisé. »

L'assistante émit une tonalité de confirmation.

« Sortons d'ici maintenant. »

Après avoir replacé le texte dans sa cachette, Miracle sortit par le balcon et traversa l'appartement d'Albert. Elle s'assura que personne ne la voyait dans le couloir de la zone restreinte, puis retourna vers la partie publique du Jardin. Comme convenu, elle déposa la carte d'accès d'Albert au bureau de l'accueil, qu'elle trouva singulièrement désert. Elle fila ensuite à la cuisine et profita de ce que Saint Sergio s'affairait aux fourneaux pour subtiliser quelques rations dans la réserve. Il lui faudrait des forces pour la tâche qui l'attendait.

Elle s'éloigna du parc du Jardin et prit une minute pour mettre en ordre son plan et manger un peu. Elle était sommairement équipée et ne savait pas exactement à quoi s'attendre. Toutefois, elle comptait sur le soutien logistique d'Athéna et sur les maigres indices qu'elle avait réunis au sujet du Cavalier.

Une grande partie des Anges avaient été attirés dans un piège par le Cavalier et ses acolytes. Un truc se préparait et elle ne pouvait se débarrasser d'un mauvais pressentiment au sujet de l'esquisse que Thomas lui avait volée. Le masque de bois lui serait certainement utile pour infiltrer le lieu. Quant à sa localisation précise, elle connaissait le moyen de le découvrir.

Tout en mâchouillant son bout de pain, elle convoqua Athéna par l'intermédiaire de son terminal couplé au bloc de données.

« Oui, Administrateur ? répondit la voix de l'IA quantique.

- Appelle-moi Miracle.

- Bien, Miracle.

- J'ai besoin d'une localisation d'urgence sur un terminal privé. L'IA s'appelle Starlight, l'utilisateur se prénomme Ange Isabelle.

- Recherche en cours. Terminal JT4S-46B8564 identifié. Localisation réussie. Coordonnées transmises.

- Merci Athéna. Garde cette session ouverte jusqu'à nouvel ordre. »

Elle étudia la carte qui venait de s'afficher sur son écran. Le point bleu se situait au nord-est, dans une zone densément boisée au pied d'une barre rocheuse. Dix kilomètres la séparaient de sa position. Miracle se gratta la tête. Quelle pouvait bien être leur destination ?

« Athéna, est-ce qu'il y a des habitations dans le coin ? »

Quelques icônes noires s'affichèrent. La plupart se situaient bien trop loin pour être atteintes par un groupe à pied. Une seule attira son attention. Placée en haut de l'escarpement rocheux, aucune route n'y menait depuis la vallée où se trouvait la Clinique, mais un chemin carrossable la rejoignait depuis l'autre versant.

Miracle demanda l'accès aux détails de la propriété. Les noms des habitants ne lui dirent rien, toutefois le lieu s'avérait plus que propice à une grande fête privée comme celle décrite par Isabelle. Construite sur trois étages, la bâtisse de style Regency bénéficiait d'un intérieur classique et raffiné. Le créateur de cet endroit devait avoir un goût prononcé pour l'architecture anglaise et le mode de vie britannique.

Si l'intuition de Miracle était correcte, le groupe contournait en ce moment la barre rocheuse et monterait vers la propriété en suivant la crête. Sa seule chance de les rattraper était de s'attaquer tout droit à la paroi.

Elle se mit en marche.

Eros se levait à peine, tandis que Psyché touchait son apogée dans le ciel indigo. Des traces de pas, des herbes piétinées et des branches cassées confirmèrent qu'elle suivait la bonne piste. Aucun bruit d'animaux ne troublait le sifflement du vent dans les frondaisons. La nature elle-même faisait silence, comme si elle anticipait quelque terrible évènement. Le sentiment d'urgence qui comprimait plus que jamais la poitrine de Miracle lui fit allonger le pas et hâter sa cadence. Elle s'appliqua à gérer son effort et contrôler sa respiration, comme elle avait appris à le faire. Athéna lui permettait de garder un œil sur sa progression et elle avançait à grands pas sur la large trace des résidents. Au bout de trois heures de marche, alors que le terrain montait en pente douce, la barrière rocheuse projeta son ombre imposante. La piste du groupe bifurquait vers la droite pour longer l'obstacle, mais Miracle riva les yeux vers le sommet droit devant.

« Signal perdu. » indiqua soudain la voix d'Athéna.

Miracle consulta son écran et constata que le point de localisation d'Isabelle s'était grisé. Peu importait, la direction du groupe ne faisait plus aucun doute à présent. Espérant de tout son cœur que son amie ne se soit pas attiré d'ennuis, elle prit une grande inspiration et s'avança vers la falaise.

Le mur se dressait de toute sa hauteur, impérieux et infranchissable. Il était hors de question de le contourner. Même sans équipement, elle n'avait d'autre choix que de l'escalader. Elle prit le temps de chercher une voie plus propice. La paroi s'avérait heureusement sèche car il n'avait pas plu récemment, de plus une maigre végétation s'accrochait aux roches, cependant la hauteur à gravir était d'au moins cinquante mètres. Avec l'équipement adéquat, la difficulté ne serait pas insurmontable, mais dans le cas présent le choix de la voie pouvait déterminer le succès ou l'échec de l'ascension. Voire la mort.

Elle frissonna et avala sa salive. La lueur du jour virait au cramoisi. Psyché venait de se coucher et seul demeurait Eros, toujours au firmament. Les rayons obliques de l'étoile rousse révélaient les aspérités de la muraille. Miracle avisa un surplomb judicieusement placé sous une cheminée. Les prises semblaient suffisantes en bas de la falaise pour lui permettre d'atteindre ce précaire point de repos. Elle convoqua Bub et plaça minutieusement, grâce à son interface neurale, des repères visuels sur les points stratégiques.

Une heure plus tard, couverte de crasse, de sueur et d'égratignures, Miracle se hissa sur le bord de la falaise. À bout de souffle mais victorieuse, elle se leva sur ses jambes flageolantes et contempla d'en haut l'exploit qu'elle venait d'accomplir. Au loin dans la vallée, le point jaune de la clinique brillait au milieu de la couverture cotonneuse et noire de la forêt.

Le plus dur restait à faire. Dans la pénombre qui s'installait, des lumières scintillaient aux fenêtres de la propriété.

La fête avait commencé.

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