Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Prologue

Ses yeux paraissent moins rougis, ce matin. Il se prépare avec soin devant le miroir, à la lumière blafarde des éclairages en leds. Son visage aux orbites creusées lui donne un air déjà trop vieux pour son âge. Il rase de près sa barbe rêche, puis applique une généreuse noisette de gel antiseptique. Il se tourne ensuite vers sa couchette en désordre et balaye de la main les emballages de nourriture vides pour y dénicher son ensemble de corps. Il s'habille à gestes mesurés et méthodiques. Comme on lui a appris, depuis sa plus tendre enfance.

Il ouvre ensuite le compartiment stérile, en sort la combinaison et l'enfile avec la même lenteur soigneuse. Il ajuste enfin le masque filtrant sur son visage, positionne la visière connectée et zippe la capuche de la combinaison. Le circuit d'air se ferme hermétiquement et rend sa respiration plus difficile. L'interface s'affiche devant ses yeux, et les indicateurs clignotent trois fois en vert, tandis qu'une discrète voix synthétique féminine susurre à son oreille. « Biosystems online. All functions ready. » Il prend le temps d'inspirer plusieurs fois pour accoutumer les muscles de sa poitrine. Son cœur bat soudain plus fort. Ses provisions épuisées, il n'a plus le choix. Ce sont ses derniers instants dans ce refuge.

Il pose la main sur le dispositif de verrouillage au mur, et enclenche la décompression de la pièce. La chambre est désormais irrémédiablement contaminée.

La porte coulisse brusquement, et un cadavre tombe sur le dos à ses pieds. Il ne peut retenir un cri d'effroi. Le visage de sa mère, figé par la mort dans un masque morbide, le fixe droit dans les yeux. Les muscles raidis de ses joues semblent s'animer pour lui adresser des dernières paroles.

Va, mon fils. Et que mon sacrifice ne soit pas vain.

Comme il voudrait tomber à genoux, étreindre ce corps sans vie, ôter cette stupide protection et pleurer contre son visage ! Il n'en a pas le droit, la vie doit continuer. Ses jambes restent figées, aussi lourdes que des piliers de béton. Ce cadavre si familier lui paraît un obstacle aussi infranchissable qu'une montagne. Il suspend sa respiration, lève un pied, puis enjambe la masse innommable. « Adieu, et merci. » murmure la larme qui descend sur sa joue.

Des particules en suspension flottent dans l'air vicié du réfectoire. Des moisissures ont colonisé les tables en acier et des taches brunes souillent le sol. Il jurerait sentir une odeur de pourriture, et pourtant c'est impossible, car seule le bactéricide de son filtre respiratoire devrait atteindre son nez.

Il se dirige à pas hésitants vers les cuisines. Les rations collectives devraient être conservées dans un caisson hermétique, dont seul le chef intendant du bloc a la clé. Mais où peut-il bien se trouver ?

La recherche s'achève avant même d'avoir commencé.

Le gérant gît dans son sang, devant la réserve, un couteau planté dans le torse. La porte du local blindé est grande ouverte. À l'intérieur, l'éclairage clignote et révèle le témoignage chaotique d'un pillage désespéré. Deux autres hommes ont été tués. Des rations gisent piétinées au sol. Les emballages sont pour la plupart éventrés. Il fouille malgré tout les étagères et découvre trois paquets intacts.

Plein d'espoir, il passe les passe au scanner. « Warning. Health hazard. » carillonne la petite voix de sa combi. Contamination bactérienne. Il serre les dents de rage, relit l'avertissement sur sa visière, et range les rations dans sa poche de stockage. Il pourrait au moins en consommer une sans atteindre la dose mortelle.

Un passage par le secteur médical s'impose. Il n'en connaît que trop bien le chemin. Il secoue la tête pour chasser les visions qui viennent à son esprit. Le moment présent, rien d'autre ne compte.

Pourtant, il ne parvient pas à garder les yeux ouverts, de peur de revivre les images des malades à l'agonie. De revoir le terrible visage de sa petite sœur. Les respirateurs ronronnent encore dans les chambres, mais tous les moniteurs émettent également le long bip monocorde des cœurs à l'arrêt.

Les paupières entrouvertes, il heurte les chariots de réa et les brancards, et se fraie un chemin jusqu'au bout du long couloir morbide, où se trouve le local technique. À l'intérieur, le synthétiseur d'oxygène lui permet de remplir les deux réservoirs de sa combinaison.

En chemin vers la sortie, il passe devant la salle des rêveurs. Des carcasses humaines s'y alignent, avec leurs casques sur la tête, reliés à leurs terminaux. Les casques continuent de projeter les images dans les orbites creuses, dont on devine la lueur maladive sur leurs joues rongées par les vers. Lui-même aurait pu finir parmi eux. Il a été tenté, à une époque, de plonger dans la Simulation pour ne jamais plus en ressortir. Les désespérés passaient des années dans un monde virtuel. Tôt ou tard, ils prenaient la décision de couper leur perfusion, et de faire le grand saut. À présent, toute la salle est pleine de corps desséchés, que personne n'a pris la peine de débrancher.

Lorsqu'il atteint la gigantesque salle d'accueil, il constate avec horreur que les portes anti-explosion ont été éventrées de l'intérieur. Des corps jonchent le sol bétonné du hall. Certains portent des uniformes militaires. Beaucoup tiennent des armes automatiques.

Le logo Pandora sur le mur, face à la porte, a été noirci par des traces de brûlures, recouvert de moisissure et d'éclaboussures de sang.

La lumière naturelle filtre depuis l'ouverture béante, et déverse une trompeuse quiétude sur la scène macabre.

Il doit enjamber les corps pour progresser, et chaque pas soulève des nuées de moucherons qui volent autour de lui. Il se baisse au passage pour arracher un fusil des doigts crispés d'un cadavre, puis reprend sa progression. À mesure qu'il s'approche de la sortie, des icones d'avertissement surgissent sur son interface.

Warning. Radiation 110 Bq.

Warning. Temperature 98°F.

Warning. Pathogen concentration 16%.

Les rayons éclatants du soleil lui blessent les yeux. Les leçons de civilisation l'avaient préparé à ce moment, où il verrait la lumière du jour pour la première fois de sa vie, mais il n'imaginait pas à quel point l'astre taperait fort. Cet instant était censé représenter un nouveau départ. Aujourd'hui, il s'agit plutôt d'une fuite sans espoir.

Il parvient peu à peu à ouvrir les paupières. L'ombre gigantesque d'un gratte-ciel à demi écroulé lui cache fortuitement l'astre l'éblouissant, et lui permet de parcourir les environs du regard.

Des herbes sèches ondulent au gré du vent, et poussent en abondantes touffes dans les crevasses du bitume. Elles recouvrent les innombrables ossements des pauvres victimes des premiers événements, tous ces infortunés qui n'ont pas rejoint l'abri à temps. La large avenue bordée d'immeubles est parsemée de gravats et de carcasses de véhicules calcinés. De part et d'autre, les façades trouées, aux vitres fracassées, laissent passer l'air brûlant, tandis qu'une végétation grimpante colonise les poutrelles de béton et d'acier. D'innombrables panneaux d'information sanitaire, au message mangé par la rouille, ponctuent le paysage torturé.

Il lève les yeux pour chercher confirmation de l'endroit où il se trouve. La façade où s'enfoncent les larges escaliers qu'il vient de gravir porte une inscription gravée en lettres majuscules.

GRAND CENTRAL VAULT

Ses cours d'histoire lui résonnent à nouveau aux oreilles.

« À partir de l'an 2053, la gare centrale de Manhattan fut progressivement réaménagée en abri. L'emplacement fut choisi en raison de l'accessibilité des moyens de transport, qui devaient permettre d'y acheminer massivement la population dans les plus brefs délais. Des installations en surface furent dédiées aux tests médicaux nécessaires à l'obtention du ticket d'entrée pour les vingt mille places disponibles. »

Les photos de la banque de données faisaient la part belle aux majestueux gratte-ciels triomphants. À présent, les géants de verre et d'acier alignent leurs structures brisées, comme autant de monuments à la défaite de la civilisation.

Il se met en route. Il lui faut quitter ce cimetière.

Radiation 136 Bq.

Temperature 87°F

Pathogen concentration 21%

Oxygen 76%

Le soleil se couche sur le pont de Brooklyn. L'horizon rougeoie sur la skyline de Manhattan derrière lui mais son regard ne quitte plus le gouffre qui le sépare de l'autre côté, là où le tablier du pont s'est effondré. Il joue décidément de malchance. De loin, la structure semblait intacte. Il va maintenant devoir trouver un autre moyen de quitter la presqu'île. La nuit tombe mais il ne pourra s'accorder aucun sommeil, car la route est encore longue jusqu'à Philadelphie.

Radiation 95 Bq.

Temperature 34°F

Pathogen concentration 13%

Oxygen 5% (WARNING)

« Warning. Breathing systems low. »

Il fait nuit noire. Son estomac crie famine. Sa respiration se fait difficile. Le froid mord à travers la combinaison et il a l'impression d'avoir les pieds gelés.

4%.

La lampe frontale de sa combinaison éclaire un étroit cercle de goudron devant lui. La double ligne jaune ininterrompue lui sert de fil directeur, vers un horizon rempli d'incertitude. La ville pourrait n'être qu'à un petit mile, tout comme il pourrait se trouver en pleine campagne. Il ne saura jamais.

3%.

Il tombe à genoux, terrassé d'épuisement, de faim et de désespoir. Il s'allonge sur le dos et lève les yeux vers le ciel. Les étoiles scintillent dans la nuit sans lune. L'idée de la mort s'installe confortablement dans son esprit. S'il doit finir ainsi, soit.

2%.

Il tourne la tête sur le côté, et aperçoit des paires de flammes vertes qui s'approchent dans un sourd grognement.

Soudain, la perspective de mourir sous les crocs de charognards le révolte. Ce n'est pas la fin paisible qu'il a acceptée. Il roule sur le ventre, ramène ses genoux sous son corps et redresse le buste.

1%.

« Warning. Breathing systems critical.

— Oh, va au diable ! »

D'un geste de rage, il tire la capuche et arrache le masque. Ses poumons s'emplissent d'un fluide glacial et brûlant. Il se tient la poitrine et se tord de douleur. Est-ce bien de l'air, ou plutôt un poison liquide qui le ronge de l'intérieur ? Les poumons déchirés, le cerveau vrillé de douleur, il aperçoit du coin de l'œil les molosses affamés qui s'approchent, canines découvertes.

Non ! Il refuse que tout se termine ainsi.

Il lève un genou puis se dresse, chancelant, sur ses deux pieds. Il saisit alors la crosse de son arme en bandoulière et presse la détente. Des flashs éclairent les gueules des chiens charognards, tandis que les balles ricochent sur le bitume. Le silence se fait. Il appuie de nouveau sur la détente mais n'obtient que des clics. Son chargeur est vide. Les bêtes ont battu en retraite mais reviennent à la charge. Il fait volte face et se met à courir, avec l'énergie du désespoir, les aboiements sur les talons.

Radiation : 141 Bq.

Temperature : 79°F

Pathogen concentration : 18%

Oxygen : -

! WARNING : Vitals low !

Debout devant l'entrée de l'abri de Philadelphie, son rire nerveux est interrompu par une irrépressible quinte de toux. Il crache du sang dans sa main, et se remet à rire de plus belle. L'écho de sa démence se répercute entre les gratte-ciels et plonge jusqu'à l'entrée du Liberty Vault, dont les immenses portes blindées sont largement ouvertes. Des carcasses de drones jonchent le parcours d'accès jalonné de logos Pandora. Des charniers dressés çà et là ont depuis longtemps cessé de se consumer.

Il s'immobilise sur le seuil de l'abri, où le grand hall de triage a été le théâtre d'une scène de guerre, couronnée par le message d'accueil.

Welcome to Liberty Vault.

Son torse se soulève au rythme de sa respiration sifflante, et convulse au gré de ses éclats de rire. Le goût du sang lui remplit la bouche. Ses avant-bras couverts de cloques le font souffrir et toute sa peau est à vif. Pourtant, la seule vraie douleur vient de sa poitrine, car l'espoir vient de s'envoler de son cœur.

Il remonte péniblement les escaliers et tombe à genoux devant le spectacle de désolation qui s'étale sous ses yeux. Il s'écroule comme une masse sur le côté. Les étoiles froides et indifférentes le contemplent depuis le ciel. La fatigue l'envahit. Tout le poids de la lassitude, la faim, la maladie et la souffrance lui tombe sur le poitrail.

La nuit s'épaissit. Son corps s'enveloppe d'un linceul de coton. Sa vision se trouble et d'ultimes larmes roulent de ses yeux.

« Allons, ne sois pas si triste, humanité. Tu es arrivé bien plus loin que je ne t'en croyais capable. »

La surprise lui ouvre les paupières. Un visage à la peau grise et ridée est penché sur lui. De longs cheveux noirs lui caressent les joues. Et surtout, les yeux à la pupille fendue s'ouvrent pour aspirer son âme.

« Qui êtes-v... ? » hoquette-t-il.

Dans le même temps, un appendice perfore son abdomen et remue frénétiquement ses intestins, ses viscères, son estomac, ses poumons. Le visage pointu de la créature se tord de colère, d'impatience, d'exultation. Des giclures de sang maculent ses joues creuses, tandis que redoublent les gargouillis et les borborygmes.

« Qu'est-ce que vous me f...

— Je vous ai laissé une chance, à toi et tes semblables. J'ai patienté bien longtemps, à regarder ce lamentable spectacle sans intervenir. Je dois bien admettre que vous m'avez divertie. Mais voilà, le temps passe et depuis quelques dizaines d'années j'ai pris sur moi, par divers moyens que je n'ai pas le loisir ni l'envie de t'exposer, de hâter votre extinction. Tu es le dernier, et enfin mon heure est venue. »

Il sent les doigts du monstre pénétrer toujours plus loin dans sa cage thoracique, avec une frénésie sauvage. Les griffes déchirent sa poitrine de l'intérieur. Elles referment leur étau sur son cœur qui a déjà cessé de battre. Un sourire vient dévoiler les canines effilées du monstre. Les yeux éteints de sa victime sont tournés droit vers le ciel noir.

« Je vais enfin récupérer ce qui me revient de droit. Adieu, humanité. »

Elle tire d'un coup sec et se redresse subitement pour lever vers le ciel son trophée sanguinolent, tenu serré entre ses doigts crochus. Un rouge incandescent nimbe son poing d'une lueur maléfique. Le rire de triomphe de la bête résonne dans l'obscurité.

***

J'ai fait ce cauchemar des milliers de fois, depuis mon plus jeune âge et aussi loin que je me souvienne. Il me venait par bribes ou par images. Parfois, je me croyais prisonnière de cet horrible songe. Parfois, je me sentais la possibilité de me détacher de cet homme et je pouvais presque le suivre à distance. Je me réveillais souvent fiévreuse, plus d'une fois en larmes. Il m'est arrivé d'en avoir des visions en plein jour. Le récit que j'en ai reconstitué ne rend pas justice au torrent d'émotions qui me frappait à chaque fois. Mais tout ceci n'a rien à voir avec moi, et j'ai encore tant de choses à vous raconter.

Je ne vous demande pas de me croire, simplement de comprendre. Il faut que vous compreniez.

Je m'appelle Miracle.

Miracle N'Kanté.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro