Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

13. Rébellion

Un son de cloche différent pour l'Africain
Fatalement différent pour l'Africain
Rase-lui la crinière, tu n'prendras jamais la royauté du lion
Rase-moi la barbe, imprenable est ma rébellion

Medine - Soul Rebel               

On pouvait même plus aller aux chiottes peinard. Après la disparition de Freyd, Bolek avait collé aux basques de Désiré un chaperon à plein temps. Le type, un petit bébé d'un bon mètre quatre-vingt-dix nommé Prokop Strazce v domu Boleka, accompagnait normalement Bolek dans tous ses déplacements, mais il avait été transféré à la surveillance de Tmavy. Il jetait de temps en temps un œil entre les planches des chiottes extérieurs pour vérifier que son boulet ne s'était pas fait la malle. Pour le faire lambiner, Désiré prenait son temps, malgré la puanteur asphyxiante de la fosse d'aisances, et se chantonnait des paroles de tout ce qui lui venait en tête, tout en se prenant pour Eddie Murphy dans le Flic de Beverly Hills.

Inutile de dire que dans ces circonstances il était devenu impossible de voir Jen. On l'autorisait toujours à travailler en cuisine, mais Bolek avait formellement interdit tout écart du trajet entre sa chambre et la maison des chasseurs, et la moindre sortie était proscrite. Le bon côté de la situation, c'était qu'il pouvait consacrer tout son temps à tenter de reproduire l'enchantement de Velka. Jusque-là, Désiré n'avait cru qu'à moitié en la réalité des soi-disant pouvoirs de la vieille sorcière. Le sort de vraie nature avait certes des aspects spectaculaires, mais pour ce qu'il en savait, son efficacité pouvait très bien dépendre d'un effet physiologique impressionnant doublé d'une confiance certaine dans la réalité de la magie. Une confiance aveugle.

Au-delà du jeu de mot, Désiré avait besoin d'une preuve irréfutable que ce qu'il avait eu tant de mal à reproduire en cuisine puisait bien ses racines dans la magie. Depuis l'évasion de Freyd et la démonstration de Velka, le doute s'était envolé. Ils avaient tous vu de leurs yeux le grand rectangle de lueur bleue éclatante, à l'évidence une porte entre les mondes empruntée par Freyd pour s'éclipser sans demander son reste.

À peine après avoir quitté la pièce, Désiré avait déjà résolu de reproduire l'incroyable sort révélateur de Velka, avec ses propres moyens. Pas facile, avec le regard inquisiteur de Prokop, les seuls ingrédients de la cuisine, et aucun moyen de sortir pour s'en procurer d'autres. Il ne parvenait pas à produire l'effet recherché, malgré ses tentatives. Des effets secondaires indésirables par contre, oui. Pour le dernier essai en date, la chiasse.

Dans le monde de Svata Zeme, le calendrier est lunaire. Chaque année, qu'on appelle Cycle, comporte douze lunes de chacune vingt-huit jours, plus une treizième qui n'est pas complète et permet de faire la transition entre le Cycle qui s'achève et le suivant. On la nomme « Obnoveni Mesic ». Le symbole du recommencement se retrouve alors au cœur de festivités et de célébrations qui occupent toutes les catégories de la population. La ferveur religieuse est à son comble et l'on tient de nombreuses cérémonies visant à implorer les dieux de renouveler le miracle qui tient à distance les vents glacials du Grand Froid.

Chaque chef de tribu doit s'associer à ces grands rassemblements. C'est pour cette raison qu'un après-midi, Prokop, d'ordinaire peu loquace, s'approcha de Désiré qui attaquait la plonge après un service éreintant, où Bedrich et son apprenti avaient travaillé sans cesse pour préparer un repas officiel tenu dans la maison des chasseurs. Prokop se rapprocha d'une démarche mal assurée et dit à Désiré: « Tu en as pour longtemps, le sombre ?

Oui. Tu vois, Bedrich m'a laissé toute la vaisselle à faire.

Je vois. Bon, Bolek me demande de l'accompagner pour la suite de sa visite officielle. Il m'a demandé de trouver quelqu'un pour me remplacer, mais je n'ai trouvé personne. Tu ne bouges pas d'ici ?

Non. Ne t'inquiète pas, je suis bien occupé ici.

Bien, j'y vais alors. Sois sage, d'accord.

Pas de problème, Prokop mon ami. À tout à l'heure. »

Dès que le colosse eut franchi la porte, Désiré mit tous les plats à tremper dans une grande bassine et sortit par la porte de service. Velka sursauta en le voyant pousser sa porte.

« Dizrye, tu es fou de venir ici. Bolek est toujours furieux d'avoir perdu le blême. S'il apprend que tu échappes à sa surveillance, tu pourrais le payer cher.

Tu as dit que je peux venir quand j'ai des questions.

J'espère que c'est important.

Oui. Parle-moi de l'enchantement que tu as fait chez Bolek.

Il permet de voir les traces de magie. Il est assez simple. Tu essayes de le reproduire ? Je ne vois pas à quoi il te servirait, il n'y a qu'une poignée d'utilisateurs de magie ici.

Est-ce que l'on peut toujours voir la magie pendant longtemps ?

Ça dépend de l'intensité du sort, et les traces disparaissent petit à petit.

Plusieurs lunes, ça te paraît possible ?

Moi je suis vieille, mais pour quelqu'un comme toi qui a de bons yeux, et qui sait se fier à d'autres sens que la vue, je dirais que oui. D'autant que ton odorat pourrait te servir.

Un sort pour marcher entre les mondes, tu connais ? C'est puissant, ça laisse beaucoup de traces ?

Je n'ai jamais entendu parler d'un sortilège de ce type, désolée. Mais ce genre de chose mobilise une grande quantité de magie. Le portail dimensionnel du blême, par exemple... Dizrye, qu'est-ce que tu mijotes ?

Je vais repartir dans le monde de Freyd en suivant la trace qui nous a amenés jusqu'ici.

Bolek te tuera s'il apprend ce que tu projettes.

C'est pourquoi je dois partir. Et j'emmène Jen avec moi.

Alors que les dieux te protègent. Mais promets-moi une chose.

Ce que tu veux.

Où que tu ailles, refonde l'Ordre des myslivec. Transmets leur héritage et forme une nouvelle génération. Puis reviens ici et sauve ce monde.

Tu demandes beaucoup, magicienne. Je promets.

Adieu, Dizrye. »

***

422, Lune du Renouveau, 3e jour

Je suis lasse de ces cérémonies qui n'en finissent plus. Enfant, je me réjouissais des festivités d'Obnoveni Mesic. Je me souviens des jeux à l'école, des friandises que nous quémandions aux portes du village, des messages que nous écrivions aux enfants des autres tribus, de ceux que nous recevions et lisions le soir à la veillée dans le dortoir. J'en ai gardé deux ou trois dans mon coffre, que je me plais à relire pour me remémorer cette époque heureuse.

Le sort d'une femme célibataire paraît bien cruel en comparaison. Nous n'avons droit, en guise de réjouissances, qu'à une série absurde de sermons creux sur le rôle d'une femme dans la tribu. On nous assène à longueur de soirée des soi-disant vérités sur notre responsabilité envers notre peuple et notre foi. Puisque nous avons choisi — CHOISI ! — de ne pas nous unir à un homme et de ne pas porter d'enfants à la tribu, nous devrions devenir les garantes de la foi de notre peuple, tout en travaillant dur pour rembourser les bons soins qui nous sont prodigués.

Ce soir encore, après notre journée de labeur, le Pasteur Prindis nous délivrait une quatrième messe en trois jours. Je l'écoutais glorifier notre rôle de petites mains. « Vous êtes un rouage essentiel de la vie des tribus. Vous avez eu le courage d'endosser le fardeau de l'intégrité spirituelle et morale de notre peuple. Nous acceptons de subvenir à vos besoins car vous êtes les yeux et les oreilles de la foi dans chaque foyer de la tribu. En conséquence, et en ce temps de fête, il est bon de vous rappeler votre devoir de débusquer et de dénoncer tout écart de moralité, toute entorse à la foi, tout blasphème devant les Anciens et les Dieux. Car sachez-le, l'enfer est promis aux incroyants. Ceux-là iront geler dans le Grand Froid. Et pire encore, par leur manque de piété ils mettent en danger toute la communauté. Par leur péché, ils nous entraînent tous dans l'hérésie et menacent la promesse que nous ont faite les Trois de nous tenir hors de danger du Grand Froid. » Je voyais bien sur les visages de mes consœurs que ce discours touchait à son but. La ferveur de leurs chants me parut décuplée.

Pour moi, ces paroles ne firent qu'enfler mon sentiment de colère et de frustration. Je ne tins plus en place, et me levai subitement pour sortir dans un grand fracas. L'air frais du dehors me fit un peu de bien. Lenka me rejoint. Elle me mit en garde. « Jen, je t'en conjure, maîtrise-toi. Tout le monde t'a regardée. Tu dois faire plus attention. » Je ne savais que lui répondre et me confondis en excuses. « Et tu diras à la matrone que je ne voulais pas manquer de respect, mais j'ai des règles douloureuses et je devais sortir un moment. Mais entre nous, tu avoueras que ce discours n'a ni queue ni tête. Comme si nous avions choisi notre condition. Comme s'ils nous rendaient service en nous traitant comme ils le font. »

Je sentis à nouveau monter cette colère noire. « C'est des KON RYJ ! » Lenka resta incrédule sur le parvis de la chapelle, et je m'enfuis en larmes. J'avais besoin du réconfort de mon bien-aimé, plus que de celui d'une amie. Je trouvai Dizrye, seul dans sa chambre. Personne ne me vit entrer. Il comprit immédiatement ma détresse et me laissa parler en m'enlaçant simplement.

« Est-ce qu'il y a des gens qui ne croient en aucun dieu dans ton monde ?

Oui, évidemment. Moi, par exemple.

Et est-ce que ces gens vont en enfer ?

Tu veux dire après la mort ? Non, ils sont juste morts c'est tout.

Ça n'est pas très réconfortant.

Je n'y connais pas grand chose, désolé. Je crois que l'enfer existe, mais pendant la vie. Parfois on peut se fabriquer son propre enfer pour se punir de choses qu'on regrette. Je ne crois pas en l'enfer après la mort. Il me semble que si quelqu'un pense encore à nous, on n'est pas tout à fait mort. Ça te va comme réponse ?

Oui. »

Je restai un moment songeuse puis je me redressai, mis mon visage tout près du sien et murmurai « Je pourrais traverser l'enfer pour être avec toi. » Je l'embrassai alors passionnément, tandis que des larmes roulaient sur mes joues.

***

La température baissait à vue d'œil et le souffle rapide de Désiré produisait de petits nuages de buée. Le bois était étrangement silencieux et seuls quelques chants d'oiseaux se faisaient écho aux alentours. La visite impromptue de Jen avait achevé de le décider à parler à Ondrej Divoky. À première vue, il était encore sorti, car on n'entendait pas un bruit en provenance de la hutte, et pas non plus de fumée s'échappant du toit. Pourtant, à mesure qu'il s'approchait, Désiré sentait grandir la sensation d'une menace latente, et il lui semblait déceler comme une odeur chaude de peau de bête. Ça fouettait toujours autant, mais cette fois il y avait la chaleur d'une présence ou d'un passage récent.

Il entendit soudain la couche de neige fraîche craquer sous des pas. Faisant volte-face, il vit l'homme, hirsute, grand, la peau tannée par le vent et les années, les muscles secs et saillants, le torse et les jambes vêtus de peaux grossièrement coupées. Désiré eut un haut-le-cœur, avala sa salive, hasarda un sourire et leva la main pour saluer. Ondrej poussa un hurlement et se rua vers Désiré, qui n'eut pas le temps d'articuler le moindre mot avant de se retrouver violemment plaqué au sol. Les mains puissantes du vieux sauvage serraient sa gorge. Son haleine fétide enveloppa Désiré. « C'est la deuxième fois que tu viens chez moi. Dis-moi pourquoi je ne dois pas te tuer.

J'ai.. besoin... d'un service.

Qu'est-ce que tu veux ?

Il faut... que tu m'emmènes... où tu nous as trouvés,... moi et Freyd.

Ha ! Jamais. C'est dans le Grand Froid. Le blême et toi, vous étiez presque morts. Vous avez eu de la chance que je vous trouve. Personne ne survit là-bas.

Sauf toi. Tu y vas bien, dans le Grand Froid, non ?

Moi oui. Mais je ne t'y emmènerai pas. Tu ne trouveras que la mort. Je préfère te tuer maintenant.

Bon, d'accord. Ne t'énerve pas. Je m'en vais.

Et ne reviens pas. J'en ai assez de t'épargner. »

***

422, lune du Renouveau, 10e jour

Je nous ai mis dans la pire des situations. Dizrye est parti chercher je ne sais quoi. Il m'a ordonné de rester cachée ici en l'attendant, mais j'ai peur. Si l'un de nous est découvert, nous serons tués. Je dois me calmer. Je vais essayer de mettre mes pensées en ordre en écrivant ce qui s'est passé.

J'aurais dû me méfier davantage de Mirka. La sale vipère. Tout est sa faute, j'en suis certaine. Nous avions reçu comme consigne dans la journée de nous rendre directement à l'église. C'était inhabituel car nous allions assister à l'office en tenue de travail, mais cela ne m'a pas troublée outre mesure. Je fus parmi les dernières à prendre place, car la matrone m'avait chargée de balayer le sol du réfectoire avant de partir faire ma journée, ce qui m'a pris un certain temps, et je n'ai jamais réussi à rattraper mon retard.

La nuit tombait quand je poussai la porte de l'église. En m'asseyant en bout de rangée, je sentis des regards de travers. Je crus voir de la colère ou de la haine, j'aperçus des sourires en coin. Je cherchai Lena dans l'assemblée, en vain. La voix puissante de Prindis Kazani me fit tressaillir, elle étouffa la rumeur chuchotante de mes consœurs.

Il commença l'office comme à l'accoutumée, par des chants religieux. « Bénis soient les Trois », « Celui qui croît » et « Une lumière dans la tempête ». Vint le moment du sermon. Prindis nous invectiva encore une fois contre les incroyants qui mettent en danger notre communauté. À mesure qu'il parlait, il sembla de plus en plus véhément et agressif. Son teint devint rouge vif et sa voix dérailla à plusieurs reprises.

Soudain, je fus agrippée fermement par derrière, saisie par les deux épaules et poussée de force, malgré mes hurlements, le long de la travée vers l'autel. Je reconnus deux de mes sœurs, Jirina et Evzenie, et les suppliai de me lâcher, mais elles furent sourdes à mes suppliques. Lidmila Vedouci marchait derrière nous, le visage fermé.

On me fit agenouiller devant l'autel. Prindis s'approcha alors de moi et me gifla violemment. Je tombai à terre, le nez en sang. On me redressa.

« Cette créature, hurla Prindis, porte en elle le blasphème ! »

Je pâlis lorsqu'il brandit d'une main le Manuel du Chasseur, de l'autre mon journal intime.

« Il nous faut éradiquer ce mal qui nous ronge en le marquant du sceau de l'infamie. »

Il se tourna alors vers le côté opposé où se trouvait le foyer. Mirka s'y tenait près du feu, et elle en tira un tisonnier au bout duquel je reconnus le symbole ardent de l'Inquisition, un œil ceint d'un triangle de ronces. Des cris et des exclamations se firent entendre. Je ne sus si on se réjouissait ou se révoltait du sort qui m'était réservé. Je hurlai.

On me releva et me contraignit à mettre les mains sur l'autel, dos à la foule. La matrone Lidmila déchira l'arrière de ma robe et de ma chemise. Je tentai de me débattre, mais je me trouvais immobilisée par la poigne de fer de Jirina et Evzenie. Prindis entama une litanie fiévreuse tandis que Mirka s'approchait pour donner le tisonnier à Lidmila Vedouci. Sur l'autel devant moi, mon journal et le Navod v myslivecký, et un coupe-papier. Le silence se fit. Je fermai les yeux, offrant une supplique silencieuse qui roula du coin de mes yeux le long de mes joues, et resta suspendue à mon menton.

Soudain, un cri déchirant rompit l'instant.

« Arrêtez ! »

Je reconnus la voix de Lena. Evzenie lâcha mon poignet gauche. Je me saisis immédiatement du coupe-papier et poignardai la main libre de Jirina, posée sur l'autel, la clouant de toutes mes forces. Elle poussa un grand cri de douleur et libéra son étreinte. Je bousculai Evzenie, fis volte-face et me trouvai confrontée à Lidmila armée du tisonnier rougi. Je me jetai sur elle, la renversai d'un grand coup d'épaule et saisis le fer rouge. Elle tomba lourdement sur les bancs du premier rang.

Telle une bête aux abois, je parcourus du regard l'assemblée. Evzenie et Mirka reculèrent et entreprirent d'aider la matrone à se relever. À ma droite, Prindis s'approchait. Je remarquai le couteau dans sa main.

« Sorcière ! Tu vas mourir ici de ma main. » me cracha-t-il.

À l'instant où il se ruait sur moi en levant sa lame, je l'empalai avec le tisonnier brûlant. Nous hurlâmes de concert, et je le repoussai, animée d'une force que je ne connaissais pas, jusqu'au mur, et j'appuyai de tout mon poids, de toute ma rage, de tout mon désespoir, contre son torse le symbole en flammes. La chair crépita, une horrible odeur de peau brûlée envahit mes narines. Son hurlement remplit tout l'espace, sembla durer une éternité. Je reculai d'un pas, lâchai le tisonnier. Il s'écroula au sol.

Reprenant mes esprit, je courus derrière l'autel, saisis les deux livres et me précipitai vers la sacristie. J'empruntai la porte de derrière et me retrouvai dehors, dans la nuit noire. Ne sachant où aller, je me mis à courir à l'aveugle, aussi vite que possible. Je perdis rapidement mon souffle. Les larmes brouillaient ma vision et me coupaient la respiration. Je tombai littéralement dans ses bras. Je me débattis frénétiquement, mais sa voix m'apaisa.

« Jen, arrête. C'est moi. »

Je fondis en sanglots.

« Oh, Dizrye. Comment m'as-tu trouvée ?

J'ai entendu des bruits étranges. Viens, il faut nous cacher. »

Il me conduisit à cette étable et me demanda de l'attendre pendant qu'il allait ch

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro