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83. Agnès

AGNÈS

Agnès rassembla ses genoux sous son menton et se demanda à quoi pouvaient bien ressembler les images qu'ils allaient voir. Plein de cadavres ? Des trucs bizarres ? B lui avait offert une cuillère lorsque Camille avait reçu le livre des prophéties de Nostradamus. Pourquoi cette cuillère ? s'était-elle demandé avant de ressentir un terrible malaise. Elle s'était énervée contre B sans savoir pourquoi.

À l'heure actuelle, Agnès n'avait pas retrouvé la mémoire à ce sujet. Elle s'attendait au pire mais ne s'en inquiétait pas outre mesure. C'est pas si grave. Ça m'étonne pas d'être morte jeune. Depuis toujours, elle se considérait en sursis. Un jour, elle ferait une bêtise et serait exécutée, ou bien le manque de sommeil prendrait le dessus et elle ferait un infarctus. C'est prévu ! C'est normal, c'est ma vie, voilà.

Agnès regarda fixement l'écran comme si un simple film d'angoisse allait être diffusé.


Hôpital psychiatrique de Lyon, 18 novembre 2310 ap. J.C.

Agnès, comme chaque nuit, avait mal dormi. Malgré son internement, son organisme était toujours habitué à se réveiller automatiquement toutes les deux heures. C'est nul. J'en ai marre. Je pourrais faire la grasse mat' sans problème, et je galère toute seule.

Elle se leva et fit sa toilette derrière un rideau impossible à déchirer ni plier avant de manger quelques biscuits. Elle était enfermée dans une pièce exiguë mais de taille suffisante pour vivre. Personne n'entrait dans sa chambre sans prévenir, ce qui lui évitait de se jeter sur les intrus en hurlant pour les attaquer avec une force décuplée. Les psychiatres pensaient que sa maladie était causée par un excès de production d'adrénaline au réveil, mais les médicaments n'avaient pas arrangé la situation. Agnès était un cas à part. En plus, ça avait un sale goût, c'était vraiment pas la peine !

Comme tous les matins, Agnès sortit de sa chambre en tapant un code sur la console accolée à la porte. 1911852, allez hop ! Elle était incapable de s'en souvenir en pleine crise. Agnès jeta un dernier regard à la salle matelassée avant de la quitter – elle avait toujours peur d'y enfermer un infirmier. On sait jamais, imagine.

Elle traversa le couloir menant à la salle commune. Accompagnés par des infirmiers, des malades jouaient aux dames spatiales, regardaient la télévision ou fixaient le mur avec intensité. Agnès s'installa devant l'écran avec deux filles qu'elle n'appréciait pas du tout, mais l'appel de la télé était trop fort pour y résister. Un mélange de séries actuelles et anciennes passait en permanence, mais peu de résidents se souvenaient de ce qu'ils regardaient. C'est pas possible de se rappeler de l'épisode précédent, tout est mélangé... En plus, avec ma mémoire pourrie !

« Eh, s'exclama Lucie, mais c'est la petite Agnès !

— Alors, Agnès, dit Manon avec un sourire narquois, on sort un peu ? T'as pas peur de massacrer tout le monde ? On aimerait bien que tu sois transférée chez les tueurs pour plus voir tes lunettes dégueu. »

Agnès ne répondit rien et se concentra sur la télévision qui diffusait une série pour ados. Sympa, le gars sans nombril. De beaux yeux.

« Fais pas semblant de ne pas nous entendre, sinon Manon va te parler avec sa voix grave. Elle a même réussi à faire piquer du nez Marco alors qu'il est parano ! »

Agnès ne réagit pas en apparence mais ses pupilles se rétrécirent derrière ses lunettes noires. Manon avait une voix aussi efficace qu'un somnifère. La saloperie... Elle s'en était servie pour endormir ses victimes et leur voler toutes leurs affaires. C'était son accès de violence durant son dernier larcin qui l'avait menée à l'hôpital, où une névrose sévère lui avait été diagnostiquée. Forcément.

Agnès l'entendit se mettre à marmonner et serra les poings. Elle avait dormi trois heures. C'était beaucoup pour elle, mais pas assez pour résister ! La saloperiiiie ! Lucie s'endormit en quelques secondes avec un sourire satisfait. En colère et bien décidée à se défendre, Agnès se leva pour aller chercher une part de gâteau au yaourt dans une petite assiette. Elle prit une cuillère et s'installa le plus loin possible de Manon. Elle m'a pas suivie ? C'est bon ? Saleté, va.

Des malades portant la même blouse blanche qu'elle, l'uniforme des résidents de l'hôpital psychiatrique de Lyon, se dirigeaient vers la table proposant les gâteaux.

Agnès sut alors qu'elle avait fait une grosse bêtise et recracha ce qu'elle avait dans la bouche. Oh non, trop tard ! La conne ! Dans un souci de ne pas traumatiser les psychotiques avec des piqûres et des cachets, les médecins avaient mis en place un système de gâteaux bourrés de somnifères à l'heure de la sieste. Les malades ne paraissaient pas faire le lien entre leur goûter et leur soudaine envie de sommeil. Agnès, elle, l'avait fait – mais elle n'avait pas autant de problèmes que certains. Et merde... Je n'ai aucune excuse. Elle s'écroula dans un fauteuil, son assiette toujours à la main.

Agnès se réveilla en sursaut et poussa un hurlement de rage et d'angoisse en se jetant sur la première forme humaine dans son champ de vision. Au secours ! Elle lui enfonça violemment sa cuillère au fonde de la gorge, mue par une colère inhumaine. Au secours, je fais encore une connerie, je crois ! Agnès n'entendit pas les cris horrifiés de sa victime ni ceux des infirmiers qui n'arrivaient pas à lui faire lâcher prise. Aaaaaaaaah ! Après plusieurs minutes de folie meurtrière, Agnès reprit possession de son corps et lâcha la cuillère en haletant.

Tout le monde la regardait avec effroi. Manon gisait sur le sol. Du sang coulait de sa bouche et Agnès vit qu'elle lui avait cassé plusieurs dents. Oh non. Dans le silence et l'hébétement général, Lucie arracha une autre cuillère des mains d'un psychotique en état de choc et s'élança dans sa direction.

« Ma seule amie ! hurla-t-elle. Connasse ! »

Agnès se prit la cuillère dans le nez et sentit le cartilage craquer bruyamment. Elle n'arriva pas à se défendre lorsque Lucie l'étouffa à son tour avec le couvert.


֍


« Quelle violence, murmura Anna, sonnée.

— Tout était très silencieux, commenta Philémon, et d'un seul coup... deux mortes.

— Je réfléchis beaucoup, dit platement Agnès.

— Tu n'as pas dit un mot de toute la vidéo, en fait, fit Nok. C'était impressionnant, je ne sais pas si tu t'en es rendue compte. Et tu vis avec tous ces patients ? Tu n'as pas l'impression d'être différente d'eux ?

— Je suis pire qu'eux, tu l'as bien vu. »

Nok secoua la tête.

« Tes deux pseudo-amies ne te ressemblent pas. Elles sont retorses, alors que toi... les gens te trouvent bizarre parce que tu es très prudente. Tu es bien consciente de tes problèmes et tu y fais attention.

— Arrête, tu vas me rendre prétentieuse, répliqua Agnès avec un sourire.

— Ne prends pas la grosse tête, tu as été un sacré boulet en mangeant ce gâteau plein de somnifères !

— Tu savais qu'ils étaient piégés ? s'étonna Agnès. Mais comment ?

— Je l'ai entendu quelque part... Une puce sur les hôpitaux, je crois. »

Agnès voulut lui faire remarquer qu'il avait sans doute fait ses petites recherches personnelles derrière son dos, au manoir, mais le timing n'était pas réaliste. Ben non, ça marche pas. Juste après avoir découvert qu'elle avait vécu dans un hôpital psychiatrique pendant des années, ils étaient venus dans cette clairière. Nok n'aurait pas pu chercher quoi que ce soit entre-temps ! Ce mec a une culture complètement dingue, en fait.

Maurice bougonna qu'il avait cru qu'Agnès était une scientifique à cause de sa blouse blanche. Ouais, je sais, mais nan. Ignorant complètement sa remarque, Juka s'énerva comme après la mort de Stanislas, ce qui surprit Agnès. Depuis quand mon cas l'intéresse ? La dernière fois qu'elle m'a parlé, c'était pour me mettre un poignard sous la gorge, ou un truc comme ça.

« Je veux tuer la méchante fille aussi ! affirma Juka.

— J'aurais bien aimé éviter de la défoncer comme ça, mais c'est vrai que c'était carrément une garce. Elle s'est foutue de moi tous les jours en essayant de me faire dormir ! C'est crevant de se retenir de sombrer... J'avais encore plus l'air d'un cadavre que d'habitude, après.

— Vous avez eu une vie très spéciale, commenta Camille. Cet hôpital, votre maladie... Je m'en veux de vous avoir jugée et d'avoir eu peur de vous.

— T'avais bien raison de flipper, pourtant. Heureusement que j'ai pas trop démonté Philémon la dernière fois ! Je suis aussi dégoûtée d'avoir renvoyé Eric chez lui.

— Nous aurions pu vous éviter bien des angoisses si nous avions eu le courage de vous parler sérieusement, soupira Philémon. La responsabilité de la mort d'Eric est partagée. »

Agnès n'eut pas envie de protester. Pour une fois qu'on lui proposait de ne pas être la méchante de l'histoire ! Elle n'allait pas se priver d'un peu de tranquillité. Sans blague. Un coup d'œil en direction de Lemnos lui fit savoir que le calme ne serait cependant que de courte durée. Super, il a pas l'air à l'aise...

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