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74. Camille

CAMILLE

Ils touchaient enfin au but. Camille marchait avec difficulté, ses jambes tremblant au lieu d'avancer de manière automatique.

Le groupe atteignit la forêt en quelques minutes et s'arrêta devant un arbre.

« Alors ? demanda Nok. Qu'est-ce qu'on fait, on y va ?

— Pourquoi attendre ? dit Anna. Je suis prête. »

Camille jeta un coup d'œil à Charles. Ça m'étonnerait fortement qu'il le soit, lui. Le révolutionnaire regardait fixement ses pieds mais ne protesta pas. Finalement, c'est possible qu'il ait envie de savoir ce qu'il fait ici. Peut-être pas ce qu'il s'est passé à son époque, mais son présent ! Nok s'avança dans la forêt. L'espace entre les arbres était suffisant pour Stanislas, donc suffisant pour tout le monde.

Ils marchèrent dans un silence pesant jusqu'à apercevoir une minuscule clairière. Quelqu'un était assis sur une sorte de trône de bois, dos à eux. Camille était pétrie d'appréhension et d'impatience, mais elle trouva la scène cocasse. B est théâtral... Malgré tout ce qu'il nous a fait subir, il ménage son suspense ! Philémon fut le premier à oser lui parler.

« B ? Est-ce vous ?

— Oui. » répondit-il.

Et cette fois-ci, sa voix ne résonnait pas au-dessus de leur tête mais venait bien d'un individu présent devant eux. B se leva. Il n'avait pas l'apparence à laquelle s'attendait Camille.

Une peau mate, des cheveux bruns, des vêtements bleu marine... Est-ce qu'il est comme nous ? Non, impossible... B ne pouvait pas être humain ! Il avait des pouvoirs surnaturels, pouvait contrôler leur esprit et le décor, les arracher à leur vie terrestre pour les placer dans ce manoir. Totalement à l'opposé de ses nombreux talents, B se tourna vers eux avec hésitation. Lorsqu'elle put enfin le voir de face, Camille écarquilla les yeux, choquée.

B n'était qu'un adolescent maigre, plutôt petit. Son regard était angoissé mais fixe. Malgré son sourire crispé, le maître des lieux avait une certaine prestance. Il passa une main dans ses cheveux, gêné, et demanda de sa voix grave :

« Alors ? »

Maurice laissa échapper un rire sans joie.

« C'est une blague ?

— Pourquoi ?

— Mais tu t'es vu ? Tu n'es qu'un gosse !

— J'ai 24 ans, se défendit B en fronçant les sourcils.

— Allez, avoue que c'est un déguisement de plus. Après le cafard et les fantômes !

— Ainsi que les tableaux et le chien, ajouta B en regardant ses chaussures.

— C'était vous ? s'étrangla Charles. Quand je me suis réveillé, c'était vous le chien ? »

B acquiesça. Il ne semblait pas être vexé par les remarques condescendantes de Maurice. Camille, quant à elle, ne trouvait pas son apparence ridicule. Il ressemble un peu à Nok, physiquement. Pourtant, il n'est pas aussi trapu... Ce n'est certainement pas quelqu'un de sa tribu.

« Ceci est ma véritable apparence, assura B en écartant les bras. Je me suis habillé pour aller en cours, c'est mon uniforme.

— En cours ? s'exclama Agnès. Va falloir nous expliquer clairement ce délire, mon gars. Et je vais pas y aller avec des pincettes, vu comme tu m'as lâchée comme une vieille chaussette tout à l'heure !

— Je vais commencer par me présenter. »

Camille était de plus en plus inquiète. Quelque chose lui disait que l'explication de B n'allait plaire à personne. S'il était un dieu, ce serait plus simple à accepter... Mais là, il ne ressemble à rien de spécial ! Ils avaient tous envie de croire qu'ils avaient été élus par une puissance supérieure, et voilà qu'ils se trouvaient face à un jeune homme à l'allure adolescente dont les genoux tremblaient.

« Je m'appelle... mon nom commence par B, mais ce serait trop compliqué à expliquer. Je me suis lancé dans des études d'Histoire à l'université, et à ce titre j'ai dû apprendre un grand nombre de langues mortes. Dans cette liste, je citerai le français, l'anglais, plusieurs dialectes préhistoriques, le chinois, le grec de vos époques et l'ancien, le latin, le merrouan, le–

— Le merrouan ? le coupa Camille.

— Il s'agit de la langue parlée par la plus grande tribu au septième millénaire.

— Oh. C'est après Nok, ça...

— Donc... de quelle époque êtes-vous, en fait ? demanda Anna.

— Je vais vous expliquer. »

Juka s'assit en tailleur comme si elle allait écouter une histoire au coin du feu.

« Quand on suit des études d'Histoire, chez moi, on se dirige vers un emploi dans un laboratoire d'Histoire. Notre travail consiste à observer le passé et à noter un maximum d'informations sur chaque personne, chaque événement, chaque pays, chaque seconde du monde. C'est un travail titanesque ! Pour qu'il soit réalisable, chaque chercheur reçoit une liste de personnes de la même famille et enquête sur eux.

— C'est vraiment très bizarre, dit Nok, mais ça a du sens.

QUOI ? » s'écria Anna.

Camille avait failli crier, elle aussi.

« Nous sommes tous de la même famille ? s'exclama Anna, horrifiée.

— Je vais vous expliquer ! répéta B. Lorsque nous avons une famille à étudier, il arrive souvent que nous ne sachions pas pour quelle raison quelqu'un a fait quelque chose. Nous ne pouvons pas entendre leurs pensées, ce n'est que visuel et auditif.

— Mais comment pouvez-vous voir le passé ? s'émerveilla Philémon.

— C'est une technologie basée sur la physique quantique. Personnellement, je n'y comprends rien. Donc, lorsque nous avons un doute ou une question, nous pouvons créer une représentation réaliste de la personne dans un lieu de notre imagination et lui parler. »

Camille commençait à comprendre.

« Vous pouvez faire ça ? s'étonna Lemnos, plus impressionné par la technologie quantique que par le fait qu'ils étaient peut-être tous liés par le sang.

— Oui, c'est le laboratoire de Physique qui s'en charge pour nous. Nous pouvons ôter quelqu'un de sa chronologie une seule fois avant de le renvoyer chez lui sans aucun souvenir de ce qu'il s'est passé. J'avais des questions à vous poser, mais je crois avoir quelques réponses, maintenant... »

B soupira. Une ombre passa sur son visage.

« Ce que je vais vous dire ne doit surtout pas vous choquer. Je vis dans votre futur lointain, bien après l'époque de Nok, où les Hommes ont réussi à rebâtir une société stable. Vous comprenez donc bien que, pour moi, vous êtes tous décédés depuis très longtemps. »

Camille retint sa respiration. Elle ne savait pas si elle voulait entendre la suite. Oui, bien sûr, ils étaient tous morts pour lui... et donc ?

« Lorsque j'ai observé vos vies, dans le cadre de mon stage de fin de troisième année, poursuivit B, j'ai eu des questions à vous poser sur vos actions, vos décisions. Mais, surtout... j'ai trouvé que vos morts étaient stupides.

— On ne choisit pas, intervint Stanislas d'une voix fatiguée.

— J'ai fait une erreur ! En vous faisant apparaître ici pour vous poser des questions chacun de votre côté, dans des parties séparées du manoir, j'ai eu une idée stupide qui me vaudra sans doute d'être renvoyé de l'université... J'ai cru que j'allais pouvoir vous garder ici pour toujours, vous laisser entre vous. Que vous puissiez vous amuser tous ensemble et profiter un peu de votre vie qui a été si brusquement interrompue... Je pensais que vous passeriez un excellent moment ensemble, ici pour toujours ! Je serais venu vous surveiller jusqu'à vous avouer la vérité et vous proposer de rentrer chez vous pour affronter la réalité.

— Mais personne n'était content d'être ici ! s'exclama Maurice. Pourquoi ne pas nous avoir expliqué directement que c'était pour notre bien ?

— Je l'ai fait ! se récria B. Je vous ai envoyé des fantômes qui vous redonnaient assez de souvenirs pour savoir que vos vies étaient tristes et qu'elles finissaient très mal ! À ce propos, Philémon, je ne vous ai pas laissé toucher l'armoire car c'est là que je rangeais tous mes fantômes. Est-ce que vous vous en souvenez ?

— Euh..., hésita le gentleman.

— Tant pis. Je vous ai montré des objets représentant un événement terrible de votre existence pour vous en dégoûter ! poursuivit B. Je vous ai empêchés de mourir, sinon vous seriez retournés directement à votre époque sans aucun souvenir et vous auriez affronté la mort sans pouvoir vous défendre !

— Comme Eric ? comprit Agnès, rouge de honte.

— Comme Eric.

— Alors il est bien mort ? s'enquit Nok. Il est retourné chez lui et est mort de la même façon qu'avant ?

— Je suis désolé de vous le dire, mais il n'a pas pu être sauvé. Comme je ne peux pas ôter quelqu'un de sa chronologie plus d'une fois, je ne peux plus rien faire pour lui. Quand quelqu'un meurt contre son gré dans un environnement virtuel quantique, il ne conserve pas sa mémoire. »

Ils baissèrent tous les yeux, attristés.

« Et les cauchemars ? demanda soudain Nok. C'était aussi pour nous dégoûter ?

— Non. Ça, c'était un effet secondaire créé par les physiciens pour rendre notre tâche plus rapide. Nous devons faire notre travail le plus vite possible donc au bout de cinq jours vous subissez des cauchemars de plus en plus désagréables. À la fin, votre esprit disparaît purement et simplement.

— Mais pourquoi ? demanda Camille.

— C'est passionnant de pouvoir parler avec des personnes du passé ! Beaucoup passeraient des années avec le même morceau de lignée et ne feraient même pas le quart du travail qui leur est demandé. Je pensais que cette histoire de cauchemars n'était qu'une fausse menace, pour être honnête... »

B soupira longuement.

« J'avais tort. Vous avez souffert à cause de moi...

— Effectivement, dit Anna avec colère. Vous nous avez fait passer des nuits et des journées infâmes ! Mais ce n'est pas le pire de nos soucis. »

Camille retint sa respiration. La bombe qui avait menacé d'exploser pendant toute la discussion allait enfin faire des dégâts.

« Nous sommes tous de la même famille ?

— Oui, répondit B sans ciller.

— Eric serait donc mon aïeul, par exemple ? Camille serait mon arrière-petite-fille alors que, d'après vous, je suis morte avant d'avoir eu la moindre aventure amoureuse ?

— Vous n'êtes pas des parents directs, expliqua-t-il. Vous êtes des cousins très éloignés, des arrière-grands-tantes. Parmi vous, seul Julius a eu des enfants. »

Le Romain acquiesça avec fierté avant de perdre son sourire.

« J'ai laissé mes enfants seuls après ma mort... Je ne suis pas digne d'être père !

— Je voulais vous voir vivre ici avec eux, murmura B. Jouer avec eux, encore et encore...

— Mais le but de tout ça, l'interrompit Nok, qu'est-ce que c'est ? Juste avoir beaucoup d'informations ?

— Nous faisons tout cela pour comprendre qui nous sommes et ne jamais détruire notre planète une seconde fois. »

Nok hocha la tête. Camille comprenait pourquoi ce genre d'initiatives devait lui plaire. Il avait découvert que le monde ne s'était pas arrêté après sa mort... Que des gens fassent un effort pour tout remettre en ordre, c'est tout ce dont il pouvait rêver. Puisque de toute façon ils ne pouvaient plus rien faire pour changer l'avenir, autant garder le sourire. Après des semaines d'angoisse, tout prenait sens. Camille prit Lemnos par l'épaule et ne put retenir un petit rire.

« Je vais t'appeler le vieux, ou alors grand-père.

— Je suis ton ancêtre, tu me dois le respect ! » répliqua Lemnos.

En le regardant rire, Camille prit brutalement conscience de l'âge auquel ils étaient morts. À l'exception de Maurice et Eric, ils avaient tous rendu l'âme avant la trentaine. Même moi... et je ne sais pas pourquoi. Sa vie lui semblait lointaine, étrangère à ce qu'elle était à présent. Aurait-elle pu mourir d'un accident de voiture ? Non, elle n'avait pas son permis et ne sortait pas assez pour se faire renverser par un chauffard. Une maladie ? Elle ne collectionnait que les rhinopharyngites.

Mais elle n'eut pas le temps de proposer ses théories.


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