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61. Camille

CAMILLE

« Je voudrais d'abord vous prévenir... vous allez voir des choses qui vont vous faire peur. »

Tous les habitants du manoir étaient rassemblés devant Camille, à quelques mètres de la porte menant vers son époque.

« J'étais étonnée de ne pas en voir chez Maurice, mais il faut croire que les rues étaient désertes ce jour-là. Je parle bien évidemment des voitures.

— Oh, acquiesça Maurice, bien sûr. Il n'y avait pas de voitures parce que j'ai demandé à B de les retirer. Je trouve ça moche. Désolé d'avoir rendu mon époque un peu fausse.

— Ce n'est pas grave, le rassura Camille. Ce que vous devez savoir, c'est que les voitures font beaucoup de bruit. N'ayez pas peur. Je pense surtout à toi, Juka, et aussi Lemnos. Vous n'êtes pas habitués à ça. »

Camille savait que Julius était plus familier du bruit qu'eux, puisqu'il assistait souvent à des courses de char. Il n'y avait rien d'aussi fracassant pour les tympans que plusieurs chars lancés à pleine vitesse au milieu d'un stade extatique. Camille ne s'attendait pas à ce qu'Eric et Stanislas soient particulièrement rassurés non plus, mais ils avaient un minimum de sang-froid. Lorsqu'elle ouvrit enfin la porte, des bruits de moteur parvinrent jusqu'à leurs oreilles.

« Restez bien derrière moi. » recommanda-t-elle au petit groupe avant de montrer du doigt ce qu'elle avait voulu leur faire visiter depuis le début.

Tous oublièrent le bruit infernal des voitures en voyant la cathédrale de Strasbourg.

« C'est... c'est..., bégaya Stanislas. C'est beaucoup mieux que mon église !

— Non mais ton église est un tas de cailloux, Stan, répliqua Agnès. Je peux te dire qu'avec une cathédrale comme ça, t'aurais pas passé la messe à rêver de rôti de porc ! Ça se respecte, un truc aussi cool ! »

Camille les invita à se rapprocher de la cathédrale, mais le charme finit par se rompre. Anna poussa un cri suraigu et Camille entendit un bruit peu rassurant. Elle se tourna vers l'aristocrate et comprit qu'elle était restée en face d'une voiture jusqu'à ce qu'elle se cogne contre elle.

« Anna ! s'exclama Camille en courant vers elle. Est-ce que vous allez bien ?

— Je n'ai pas mal ! l'assura-t-elle. Mais quelle est cette chose ? Y a-t-il quelqu'un dedans ?

— C'est une voiture, ça sert à se déplacer sans devoir marcher... Il ne faut pas se mettre sur leur chemin, on peut en mourir ! Heureusement qu'elle n'allait pas trop vite ! »

Camille expliqua au groupe que les voitures pouvaient aller extrêmement vite et provoquaient plusieurs milliers de morts par an. Eric décréta qu'un moyen de transport ne servait à rien s'il était dangereux. Agnès fit une blague de mauvais goût sur les chevaux embourbés de la bataille d'Azincourt. Pour couper court à la discussion, Camille les mena devant le portail central de la cathédrale.

« Regardez bien le porche, indiqua Camille. Les statues au-dessus du portail. Ce sont des statues qui n'ont miraculeusement pas été détruites pendant, euh... la Révolution.

— Ben bravo, Charles, le railla Nok. Vous avez tout cassé avec tes potes !

— Je n'avais pas le temps de cogner dans de la pierre, protesta Charles. Je n'ai rien détruit, je le jure !

— On vous croit, ne vous inquiétez pas, le rassura Camille. Je pense que personne n'était violent, parmi nous. »

En entrant dans la cathédrale, plus personne n'osa parler. Une telle solennité se dégageait du lieu sacré que même Agnès ne trouva rien de sarcastique à dire. Camille les laissa se promener dans la nef et regarder les vitraux. B avait placé dans la cathédrale quelques touristes étrangement silencieux. En temps normal, on entendait des enfants crier ou des guides parler beaucoup trop fort.

Soudain, Camille entendit un visiteur parler de l'horloge astronomique.

« C'est bientôt l'heure ! Elle va sonner ! »

Non, il n'est pas du tout midi... songea Camille en jetant un coup d'œil à ses amis. Ils étaient partis après avoir pris leur petit-déjeuner !

« J'ai fait quelques petites modifications temporelles, intervint B. Il est maintenant midi et vingt-cinq minutes. Allez voir l'horloge ! »

Camille lui en fut reconnaissante. J'aurais eu la flemme de leur faire visiter la ville et de revenir pour l'horloge astronomique... Ils se rassemblèrent tous devant l'automate et attendirent. Charles fit remarquer qu'il n'avait jamais vu des personnages aussi bien taillés. À midi trente, des automates d'angelots se mirent à faire tinter des cloches.

« Regardez bien, expliqua Camille. Il y a plusieurs étages sur cette horloge. Le squelette va sonner les heures. »

Un automate de vieil homme passa lentement devant le squelette représentant la Mort avec sa faux, laquelle frappa douze fois sur une petite cloche.

« Regardez au-dessus, maintenant. Les douze apôtres vont passer devant Jésus.

— C'est très bien. » marmonna Lemnos, hypnotisé.

Lorsque le premier apôtre s'avança lentement devant Jésus Christ, Eric s'exclama bien trop fort :

« Il pose sa main sur sa tête !

— Il le bénit, chuchota Camille. Un coq va chanter aux quatrième, huitième et douzième apôtres.

— Dis pas tout ! » protesta Agnès, subjuguée.

Lorsque l'automate de coq se fit entendre, Julius marmonna :

« C'est comme fils tristes.

— C'est vrai, on dirait un cri de bébé en colère. » s'amusa Camille.

Lorsque tous les apôtres furent passés, Lemnos demanda si l'automate de garçon allait lui aussi défiler devant la Mort.

« L'homme à plusieurs âges défile tous les quarts d'heure. Ça commence par l'enfant, ensuite le jeune homme, l'adulte et le vieil homme que tu as vu au début. Les apôtres ne défilent qu'à midi trente, et tout s'éteint à six heures du soir. »

Lemnos hocha la tête. Ses progrès en français étaient impressionnants. Julius comprenait très bien ce qu'on lui disait mais faisait sa mauvaise tête. Quant à Juka, elle était trop imprévisible pour définir son véritable niveau. Peut-être qu'elle comprenait tout mais n'était pas assez intéressée pour répondre. D'ailleurs, elle semblait terrifiée de se trouver dans un bâtiment au plafond aussi haut.

« Ça va, Juka ? lui demanda Anna, qui avait également remarqué son comportement de biche traquée.

— Grand, c'est grand, répondit-elle. En plus, ça gratte. »

Elle désigna sa paire de jeans en grimaçant. Les vêtements du XXIème siècle n'étaient pas faits pour une fille aussi mobile qu'elle... Anna s'était habillée de la même manière et marchait en canard. C'est ça de ne jamais porter de vêtements serrés ! Ici, c'est différent. Bienvenue chez moi.

« Aller dans maison ? Chez toi ? proposa Juka.

— Aucun problème, suivez-moi ! »

Camille refusa de se demander à quoi ressemblerait son appartement. Manifestement, B se permettait de rendre son époque plus réaliste et dangereuse que lorsqu'elle y était retournée seule pour le plaisir. Quand elle avait voulu visiter le marché de Noël, aucune voiture ne l'avait dérangée. Et là, Anna a failli se faire écraser. Peut-être que sa chambre contiendrait des objets compromettants qui lui rappelleraient son passé. Elle frissonna à cette idée.

Camille mena la petite troupe à son appartement.

« B, l'appela-t-elle, mes parents sont un peu trop collants. Est-ce qu'il y aurait moyen de... ne pas les mettre ?

À vos ordres. » répondit le maître des lieux.

Camille savait en effet que, même virtuels, ses parents seraient capables de les suivre dans toutes les pièces en leur posant beaucoup trop de questions.

« Voici le salon, annonça-t-elle en leur présentant une petite pièce très simplement meublée. Mes parents vivent ici aussi. Je voulais trouver un logement pour être toute seule, mais la fac est juste à côté... Montez, ma chambre est au-dessus ! »

Ils se suivirent à la file indienne. Agnès fut la première à pousser une exclamation de surprise.

« Camille, c'est abusé ! Bordel, c'est quoi cette chambre de conspirationniste à deux balles ?

— Je ne me souviens de rien, s'excusa Camille. Mais... de quoi tu parles ?

— C'est quoi ces bouquins de Nostradamus jusqu'au plafond, là ? poursuivit Agnès en posant son index sur les tranches de chaque livre composant sa bibliothèque. Regarde ! Nostradamus aura-t-il raison ? Franchement... Les Centuries, texte intégral, non mais j'hallucine !

— B m'avait donné un livre de Nostradamus quand on a joué aux dames spatiales..., réfléchit Camille. Je ne comprends pas pourquoi je lisais autant de livres là-dessus. Je ne m'en souviens pas.

— C'est plutôt inquiétant. » commenta Philémon.

Camille changea immédiatement de sujet en montrant à Maurice sa console de jeu. Il avait l'air de bien aimer jouer à ça il y a quelques jours, au manoir... Elle était consciente de ne pas être courageuse en évitant de parler de son obsession pour Nostradamus.

« Génial ! s'exclama Maurice en attrapant la manette. Qui veut jouer ? »

Ils se relayèrent pour avancer dans le jeu que Camille leur avait proposé – assez longtemps pour oublier Nostradamus. Camille regardait autour d'elle avec anxiété, remarquant de plus en plus de détails troublants. La moitié de sa chambre était dédiée aux prophéties du Moyen Âge et même aux Mayas. Un grand poster montrant un calendrier maya trônait au-dessus de son bureau. Elle devait le voir chaque jour en faisant ses devoirs. Bizarre. Camille avait presque l'impression que cette chambre ne lui appartenait pas. Sa propre vie lui était étrangère. Je ne sais pas qui j'étais, mais je ne peux pas dire que ça me plaise. Elle se trouvait bien plus intéressante au manoir que dans cette chambre, à éplucher des prophéties ancestrales sans aucun intérêt.

Dans la bonne humeur générale, Eric dénicha la guitare sèche de Camille, bien rangée dans son placard à vêtements. Lorsqu'il se mit à jouer n'importe comment, Maurice lâcha sa manette et s'exclama :

« Eh, c'est n'importe quoi ! Tu joues comme un pied !

— Je pensais que les cordes étaient les mêmes que sur un luth ! s'excusa le chevalier. Puis-je la garder pour apprendre à en jouer ? »

Camille regarda le très large Eric serrant contre lui sa guitare décorée de stickers de fleurs. Elle se retint de rire et l'encouragea à garder l'instrument et à persévérer. Décidément, ils allaient avoir beaucoup de musiciens au manoir. En parlant de musiciens, Philémon s'était plongé dans la lecture de quelques-uns de ses livres. Après avoir lu tout Jules Verne, il va s'attaquer à Nostradamus...

« Est-ce que les prédictions de Nostradamus se sont vérifiées ? demanda-t-il sans lever les yeux des pages.

— Beaucoup disent que oui, répondit Camille. Apparemment, j'y croyais aussi.

— Et ce livre sur les Mayas ? dit Philémon en soulevant un énième ouvrage sur les prophéties anciennes. Qu'ont fait les Mayas ? Je ne sais même pas qui ils étaient.

Sont, rectifia-t-elle. Il y en a encore, ils vivent vers le centre de l'Amérique. Ce sont des précurseurs en astronomie.

— Ah ? fit le gentleman, soudain intéressé. C'est pour cela, tous ces calendriers... »

Camille se souvint alors d'un détail qui avait certainement son importance.

« Ils auraient prévu la fin du monde, ou du moins d'énormes changements. L'un de leurs cycles s'arrêtait le 21 décembre 2012.

— La fin du monde ? répéta Philémon. J'espère que ce n'était pas vrai !

— Ben... non. Agnès, Nok... Ils ont vécu après 2012.

— Oui, c'est vrai, j'ai dit quelque chose de stupide. Et donc ? Pourquoi cette passion pour les prophéties et l'apocalypse ? »

Camille haussa les épaules, confuse. Pourquoi avait-elle voulu savoir si le cycle maya finissait bien le 21 décembre ou deux jours plus tôt ? Combien d'euros dépensés pour ces bêtises ? Au moins une vingtaine par ouvrage. Quelle tristesse. Camille ne se comprenait vraiment pas.

La jeune fille commença à se sentir de plus en plus gênée que ses amis empiètent sur son territoire. Ils voyaient tout le contenu de son ancienne vie alors qu'elle-même était incapable de l'expliquer.

« On peut rentrer ? demanda-t-elle d'une voix trop faible à son goût.

— Maintenant ? geignit Maurice ? On a à peine visité dehors ! Je veux voir le XXIème siècle !

— Je me sens mal..., dit-elle, soudain prise de nausées. C'est oppressant... j'ai mal au cœur ! »

Elle vit alors les murs disparaître et l'extérieur luire d'un blanc aveuglant. Camille se protégea les yeux en criant. Lorsqu'elle les ouvrit à nouveau, sa chambre avait disparu ainsi que ses vertiges.

« Je vous ai emmenés dans un endroit plus paisible mais toujours au XXIème siècle, annonça B. Bonne promenade ! »

Anna regarda autour d'elle avec curiosité.

« C'est magnifique, regardez ! Tous ces pétales roses sur le sol...

— C'est un jardin japonais, comprit Camille. Les cerisiers sont en fleurs...

— Un jardin de pierres blanches ? s'étonna Philémon.

— Un jardin japonais, quoi. » répliqua Agnès.

Quelle bonne idée de B..., songea Camille. On peut continuer de visiter, mais sans parler de moi... Ils s'allongèrent sur des bancs, même si ce n'était pas autorisé. Après une sieste bien méritée au rythme des chants d'oiseaux, Eric proposa de se baigner dans le lac qu'ils apercevaient à quelques pas de là.

« C'est à peu près le truc le moins poli qu'on puisse faire, dit Agnès. Du coup, je pense qu'on devrait totalement aller y faire un plongeon ! »

Camille éclata de rire. Agnès avait beau lui faire peur, elle était très drôle. Ils demandèrent à B de les vêtir de maillots de bain et de leur donner de quoi se sécher plus tard. Anna et Juka n'osèrent pas retirer les serviettes qui les recouvraient intégralement.

« Ce n'est pas dans mes habitudes, se plaignit l'aristocrate. On ne montre pas son corps de la sorte !

— Vous sauterez très vite dans l'eau et nous ne vous regarderons pas. » promit Philémon, qui était beaucoup moins musclé que Camille ne l'avait imaginé.

Maurice et Lemnos étaient aussi rachitiques qu'ils en avaient l'air. Quant à Agnès et Julius, ils ressemblaient à des mannequins de magazines. Nok était trapu et musclé avec un dos couvert de cicatrices. Sans doute des ernaques... Charles était maigre, ce qui confirmait ses propos sur le manque de nourriture. Eric était incroyablement large, mais pas plus que Stanislas. Le gras du cuisinier débordait de tous les côtés. Un simple maillot de bain ne pouvait pas contenir tant de bourrelets. En le voyant si heureux d'aller dans l'eau et pas une seconde honteux de son apparence, Camille se débarrassa de sa serviette et se précipita vers le lac.

Après une bonne demi-heure de batailles d'eau et de tentatives de faire boire la tasse à Eric – bien trop puissant pour se laisser couler –, ils s'emmitouflèrent dans leurs serviettes et se laissèrent dorer au soleil. Des pétales de fleurs de cerisier tombaient sur eux et restaient collées sur leur visage. Camille ferma les yeux et ne les rouvrit que lorsque la température se fit plus fraîche. Ils retournèrent au manoir, secs et reposés. Stanislas s'attela directement au dîner en traînant des pieds. Il était le seul à être fatigué.

« C'est difficile de rester dans l'eau, se plaignit-il.

— T'as dû perdre huit kilos en te baignant, se moque Agnès. T'inquiète, on va te faire faire du sport ! Au fait, qui s'y colle, après-demain ? Non, j'ai choisi. Ce sera Nok. »

Ce dernier haussa les épaules, indifférent.

« J'allais le faire tôt ou tard... Pas de problème ! »

Camille dîna en souriant, mais ses pensées étaient tournées vers un certain Michel de Nostredame.


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