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44. Eric

ERIC

Le chevalier déserteur s'était déjà attablé. Il avait troqué les vestiges de son armure pour son costume favori : un pourpoint jaune à épaules bouffantes, une ceinture en cuir, des chausses non semellées noires et des chaussures grises. Il avait croisé à plusieurs reprises le regard amusé de Camille, qui détournait les yeux en dissimulant sa bouche. Eric comprenait qu'elle pût trouver ses vêtements anachroniques, mais il avait eu la politesse de ne pas se moquer de sa coupe au bol qui la faisait ressembler à un champignon.

« Camille, ma petite ! l'appela-t-il. Venez voir. »

La jeune femme grimaça furtivement et se sépara de Julius et Lemnos pour s'approcher de lui. J'ai un peu de temps pour lui inculquer la politesse avant l'arrivée de Charles et Nok. Ses deux premiers amis étaient introuvables, mais il fallait bien admettre que personne ne les avait cherchés. Camille s'attabla avec le chevalier, l'air contrit.

« J'ai vu que vous riiez de mes vêtements, ma petite.

— Ils sont très... représentatifs de votre époque, monsieur.

— Appelez-moi Eric. Vous trouvez mes habits drôles ? Mon pourpoint vous amuse ? Il a coûté une fortune et ne mérite pas le moindre sourire sarcastique.

— Je suis désolée si vous avez cru que je me moquais de vous, Eric ! s'excusa Camille, les larmes aux yeux. C'est juste que... vous êtes habillé comme les images dans mes livres d'Histoire... Ce sont des choses que je n'imaginais pas voir de mes propres yeux...

— Pourtant, vous n'avez jamais ri de mon armure.

— On a porté des armures bien plus longtemps que des pourpoints. »

Eric hocha la tête. Cette petite est très forte. Vraiment très forte et rusée. Il lui tendit la main pour serrer la sienne et déclara :

« La paix est donc effective entre nous !

— Bien sûr ! affirma Camille. Par contre, vous me broyez les phalanges...

— Oh, excusez-moi, parbleu, j'oublie souvent que mes mains sont celles d'un géant ! s'exclama-t-il en éclatant de rire.

— Vous avez bien fait de vous raser, ça vous va mieux. »

Eric s'était taillé la barbe de près avec une lame après avoir fait apparaître des tapisseries magnifiques dans sa nouvelle chambre. Il ne prenait pas soin de son apparence lorsqu'il partait au combat. Quand son menton retrouvait sa douceur, cela signifiait qu'il était enfin de retour chez lui. En vie.

« Merci du compliment ! »

Il entendit un soupir à l'autre bout de la pièce et vit Agnès se lever de sa chaise. Il avait presque oublié sa présence tant elle était restée silencieuse depuis son arrivée.

La jeune femme avait conservé ses lunettes noires et son chignon très serré, au grand dam du chevalier qui désespérait de voir ses yeux. Ses vêtements étaient plus classiques : elle était habillée comme Camille. Cette dernière marmonna un salut poli et retourna vers Julius et Lemnos en voyant Agnès s'approcher de la table. Manifestement, personne n'apprécie cette bonne femme. Mais c'est vrai qu'elle a agressé Stanislas sans raison, à lui crier dessus gratuitement ! Elle est un peu étrange.

Agnès s'assit en face de lui, sans un mot. Eric attendit quelques instants pour voir si elle avait quelque chose à lui dire. Lorsque le silence devint trop pesant, il s'éclaircit bruyamment la voix.

« Que se passe-t-il, mademoiselle ? Avez-vous un problème ?

— T'es bien poli, dis-moi, répliqua-t-elle. Rien de spécial, je me mets à table parce que les deux dépressifs se ramènent enfin. »

Elle fit un geste de la main en direction de l'une des portes. Eric se tourna vers les derniers arrivants et ne put s'empêcher de remarquer leur air déconfit. Qu'ont-ils encore fait, sacrebleu ? Charles et Nok avaient un talent incroyable pour se faire souffrir par la seule force de leur cervelle. Le jeune homme basané repéra immédiatement Eric et le rejoignit avec son ami.

« Eric, le salua-t-il. Est-ce que tout va bien, ici ? Je vois que tout le monde est déjà là...

— Oui, nous vous attendions pour déjeuner ! répondit le chevalier. Enfin, attendre est un bien grand mot. Stanislas s'est déjà mis au travail, on ne peut pas l'en empêcher. Ce bougre passera tout son temps dans la cuisine, c'est certain !

— Ça fait au moins quelqu'un d'heureux, marmonna Charles. Et... qu'est-ce qu'il nous prépare ?

— Il a dit qu'il allait faire un buffet chaud. Chacun pourra choisir ce qu'il veut ! »

Nok hocha la tête, satisfait. Un par un, tous les autres vinrent s'attabler. Philémon et Anna semblaient extatiques. Brisant soudain les conversations de tout le monde, Agnès s'exclama :

« J'ai une question ! »

Ils se turent. Agnès remonta ses lunettes sur son nez et déclara :

« C'est une question pour ceux qui ont établi le super programme de la semaine.

— Le programme ne vous plaît-il pas, mademoiselle ? s'inquiéta Philémon.

— Si, si, il est sympa. J'aime bien fabriquer des trucs, donc ça pourrait être cool que je fasse des pièges pour chasser le lundi. C'est pas ça, le problème. C'est quoi, cette histoire de tourisme ?

— Nous avions l'intention de vous en parler, répondit le jeune homme. Ne voulez-vous pas attendre que Stanislas soit parmi nous ?

— Ouais, si, comme d'habitude je suppose, grommela Agnès en baissant la tête. En attendant, on pourrait patienter avec un petit apéro, non ? Je vais vous ramener des trucs marrants. »

Elle se leva de table et se rendit au garde-manger sans un mot de plus.

« Apéro, répéta Juka.

— Je crois qu'elle parle d'amuse-gueule, expliqua Philémon à Anna. Je ne sais pas comment vous pourriez lui représenter cela en dessin, cependant...

— Je vais plutôt attendre qu'Agnès apporte ce à quoi elle pense.

— Vivement le mercredi pour les cours de français ! » lança Maurice.

Philémon lui sourit avec reconnaissance. Il a l'air soulagé que Maurice soit aussi calme et sympathique, pensa Eric. Il fait des efforts... Le scientifique n'avait certainement toujours aucune envie d'habiter ici avec eux, mais il avait la politesse de ne pas le montrer.

Eric était rassuré : sa fin de vie serait très agréable ! Il était entouré de personnes saines et pacifiques... C'était devenu si rare dans sa vie !

Agnès revint avec des paquets colorés et les posa sur la table, attisant la curiosité de chacun.

« Allez-y, ouvrez-moi tout ça. C'est super bon !

— Ce sont des chips ? demanda Camille.

— C'est un peu le même genre, mais pas tellement. Goûte, tu vas voir. »

Camille se pencha en avant et brisa le haut du sachet avant d'hésiter.

« Quoi ? fit Agnès. Je te jure que c'est mangeable, fais pas cette tête.

— Non, c'est juste que... j'avais commencé un régime. »

Agnès la regarda en silence avant d'éclater d'un rire tonitruant.

« Oh non mais Camille, j'hallucine. Est-ce que tu veux absolument moins manger ? Juste pour le fait de moins manger ?

— Euh... non, c'est pour être moins grosse.

— Est-ce que tu vois des gens ici qui vont se foutre de toi si t'es grosse ? »

Camille jeta un regard autour de la table et murmura :

« J'espère que non...

— T'as regardé Maurice, je t'ai vue ! s'exclama Agnès en le pointant du doigt. Maurice, est-ce que tu t'es foutu d'elle pour son poids ?

— Euh... je..., bafouilla le scientifique en croisant les bras, comme pour se protéger. Non, je ne crois pas...

— Il ne m'a rien dit du tout, Agnès, tout va bien ! dit Camille précipitamment. Il n'y a aucun problème. »

Eric fit la moue. Décidément, Agnès n'avait aucun talent pour interagir socialement. Il allait falloir l'aider un peu, sinon l'ambiance serait insupportable. Camille retrouva sa contenance et goûta ce qu'Agnès avait apporté. Elle fronça les sourcils en mâchant avec application. On dirait bien que cela croustille... La jeune femme rendit son jugement :

« C'est du paprika. C'est exactement comme les chips au paprika.

— Ma pauvre Cam, soupira Agnès, je crois que personne ici ne sait ce que sont des chips, voire du paprika.

— Si, moi, s'indigna Nok. Faites-moi passer un paquet ! »

Ils piochèrent tous dans le sachet. Eric goûta le mets avec circonspection. La saveur de l'aliment atteignit directement sa langue et lui donna envie de tousser. Il grimaça, désagréablement surpris.

« C'est vraiment... mauvais ! se plaignit-il en donnant le paquet à Anna.

— C'est épicé, lui dit Nok. Tu n'es pas habitué à ça, à ton époque.

— Et c'est tant mieux ! Il me faut du vin. Stanislas ! rugit-il. Du bon vin, cuistot ! »

Le cuisinier trotta vers lui en portant quatre bouteilles.

« J'ai terminé de préparer le buffet !

— Parfait, soupira Eric. Donne-moi donc cette bouteille. »

Le chevalier saisit le vin qui l'inspirait le plus et secoua la tête.

« Cuvée 1414... C'est trop jeune !

— Cela dépend à quelle date il est bu, intervint Philémon.

— Certes, mais quelle est la date d'aujourd'hui ? »

Philémon écarquilla les yeux et émit un petit rire sans joie.

« Voilà une excellente remarque.

— Goûtons-le, nous verrons bien ! » s'exclama Maurice.

Tous se servirent, à l'exception de Juka qui retroussait les narines en humant le breuvage par le goulot. Le vin n'existait pas à son époque, sans doute. Son palais n'est pas prêt pour cela ! Eric vida la moitié de son verre, satisfait du goût de cette fameuse cuvée 1414. Il vit Agnès se lever pour aider Stanislas à apporter le reste des plats et croisa le regard de Julius. Le Romain avait les yeux exorbités.

« Julius ? demanda-t-il, inquiet.

— Je crois qu'il trouve le vin dégoûtant..., expliqua Camille. C'est peut-être trop fort pour lui... »

Le Romain pivota sur son siège pour recracher discrètement le vin dans son verre. Eric éclata de rire avant de se rappeler, honteux, de son expérience avec les chips au paprika. Chacun ses goûts. Le chevalier se perdit dans la contemplation des tableaux accrochés au mur d'en face en sirotant la fin de son verre. Il devait s'agir de fruits... ou peut-être de légumes. Voire même d'un paysage champêtre. Eric ne voyait plus nettement au-delà d'une vingtaine de pas, de toute façon. Peut-être que quelqu'un ici pourra m'aider. Les savants de l'avenir doivent être capables de soigner les yeux...

« Chaud devant ! s'exclama soudain Stanislas, le sortant de ses pensées.

— J'apporte le reste ! » ajouta Agnès.

Eric s'éloigna le plus possible de la table pour laisser Stanislas poser les immenses plats qu'il portait avec difficulté. Comment un si gros bonhomme pouvait-il être si exempt de muscles ? On pouvait aimer la bonne chère et s'exercer pour être en forme ! Mens sana in corpore sano... avec de bons repas en plus de tout cela ! Et il allait être servi, pour ce qui était de la nourriture : le plat qui l'attendait dépassait de loin ses espérances.

« Une magnifique pièce de bœuf ! lança Eric, fou de joie.

— Je savais qu'elle vous plairait, dit Stanislas. Je récapitule, écoutez bien. »

Le cuisinier se racla la gorge sans gêne et attendit les assiettes apportées par Agnès.

« J'ai préparé un bœuf presque entier farci aux... patates, n'est-ce pas ?

— Pommes de terre, intervint Camille. C'est plus joli que de dire patates.

— C'est pareil, grommela Agnès en croisant les bras.

— Je disais donc... Bœuf aux pommes de terre. La farce n'est pas salée au cas où la viande le serait trop à votre goût, Je propose aussi une soupe avec différents choux.

— Hmmmm, fit Maurice en souriant jusqu'aux oreilles.

— Un assortiment de poissons frits aux carottes et haricots verts, des crêpes au jambon et gruyère, et pour finir... une tarte chaude à l'oignon. Bon appétit ! »

Stanislas fit une petite révérence et s'assit. Son ventre souleva la table et il attrapa son verre de vin à la volée avant qu'il ne se renversât. Maurice siffla d'admiration en se servant de la soupe.

« Jolis réflexes, le cuistot.

— Le vin coûte cher, dit Stanislas en faisant la moue.

— Mais... tout est gratuit, ici ! Détends-toi ! Allez, prends un peu de viande chez Eric avant qu'il ne bouffe tout. »

Le chevalier ne prit pas la peine de nier – il avait déjà commencé à avaler des bouchées entières de bœuf. Il mâcha avec application avant de parler, ne souhaitant pas passer pour un sauvage.

« C'est délicieux, Stanislas ! Un régal ! Je ne sais pas ce qu'est une pomme de terre, mais c'est exquis !

— Je suis aussi intriguée que vous, dit Anna en terminant sa crêpe. Puis-je avoir un peu de légumes pour goûter ?

— Je vais d'abord vous donner de la viande.

— Euh..., hésita-t-elle. Non merci, je n'aurai jamais assez d'appétit pour pouvoir manger de tout !

— Vous ne goûterez pas tout si vous ne prenez pas de bœuf ! insista Eric en lui découpant une part minuscule.

— Bien, bien, je capitule. »

Anna tendit son assiette pour se faire servir et mangea un morceau de pomme de terre. Elle grimaça, trop surprise pour apprécier le légume.

« C'est inhabituel et mou !

— On lui fera des patates sautées, à la princesse. » commenta Agnès, approchant de ses lèvres deux crêpes transpercées au bout de sa fourchette.

Le repas se poursuivit dans le calme. Eric écoutait d'une oreille distraite Anna parler d'organiser un bal digne de Fontainebleau lorsqu'Agnès fit tinter son verre en le frappant avec son couteau.

« La verrerie..., s'offusqua Stanislas en rougissant.

— On s'en fout de ça, Stan ! répliqua-t-elle. Je voulais juste vous rappeler à tous que j'avais une question, à la base.

— C'est exact, dit Philémon en essuyant sa bouche avec une serviette délicatement brodée. Le tourisme ! »

Les conversations prirent fin et certains posèrent leur fourchette dans leur assiette. Tout le monde attendait son explication.

« J'ai demandé à B, notre hôte, s'il était possible de recréer les époques où nous habitions. Je pensais que certains aimeraient passer quelques instants chez eux, même s'il ne s'agit que d'une reconstitution. »

Maurice acquiesça en marmonnant quelque chose à propos de Moscou.

« Au-delà du simple plaisir d'être chez soi, poursuivit Philémon, je me suis dit que chacun pourrait présenter son époque à tous les autres. Nous irions dans chaque lieu du passé ou du futur tous ensemble. Cela ne représente aucun danger, je vous rassure, car rien n'est réel ! B a même proposé de placer dans chaque époque des personnages qui pourraient discuter avec nous. Qu'en pensez-vous ?

— Ce serait un peu comme un musée grandeur nature, c'est ça ? demanda Camille.

— Tout à fait. Qui souhaiterait commencer, si nous conservions cette idée ? »

Charles, qui semblait nerveux, prit la parole.

« Qui aurait envie de voir Paris à la Révolution ? C'est infect, on meurt de faim et les charrettes amènent en continu des condamnés à mort vers la guillotine... Cette pièce à elle seule est plus agréable que tout ce qui existait à mon époque, je vous assure !

— Moi, ça m'intéresse, affirma Nok. Je veux savoir, je veux essayer de comprendre ce que tu as vécu. L'ambiance, le décor, je veux voir tout ça !

— Nok a raison, intervint Philémon. Ces visites ne seraient pas qu'un divertissement. Nous pourrions tous mieux nous connaître en voyant où nous vivions. »

Charles acquiesça et reporta son attention sur son plat. Il n'avait pas l'air très convaincu.

« Bien, déclara Philémon. Qui voudrait commencer ? »

Ils attendirent que les diverses traductions se fassent, puis Maurice leva la main.

« Ça ne me dérange pas d'être le premier.

— Très bien. Nous déciderons des époques suivantes la semaine prochaine, si cela ne vous dérange pas. »

Plusieurs hochèrent la tête. Il n'était pas si simple de présenter sa vie à des gens qui ne pouvaient pas la comprendre... 

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