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43. Charles

CHARLES

Charles entendit un bruit suspect au niveau de la porte de sa chambre et l'ouvrit immédiatement.

« Qu'est-ce que...

— Oh, Charles ! C'est donc votre chambre ! »

Le révolutionnaire s'étira, encore un peu endormi. Oh, déjà eux, dès le matin...

« Philémon ? Anna ?

— Le maître des lieux ne vous avait pas encore réveillé ? lui demanda Philémon.

— Si, mais je suis un peu... »

Il n'osa pas leur dire la vérité. À son réveil, il n'y avait eu personne, pas même B. Il était resté allongé quelque temps sur son lit en s'efforçant de ne penser à rien. Le maître des lieux avait fini par arriver en s'excusant de son retard et avait remanié sa chambre. Il lui avait proposé un tableau de Louis à accrocher au-dessus de son lit, croyant bien faire. Charles l'avait laissé faire. Je ne peux pas résister à ce type de cadeaux, mais... ça me rend horriblement triste de le voir.

« Vous avez les yeux un peu rouges, Charles, remarqua Anna.

— Ce n'est rien, j'ai dormi trop longtemps. Vous vouliez me donner quelque chose ? »

La jeune femme le scruta avec attention tandis que Philémon ramassait le morceau de papier qu'il avait glissé sous la porte. Oui, madame l'aristo, j'ai pleuré parce que je vais passer ma vie ici sans jamais revoir celui que j'aime. Tu veux plus de détails ? Tu veux me voir en larmes pour savoir ce que ça fait ? Il prit une grande inspiration et attendit la réponse de Philémon. Je ne dois pas m'énerver. Elle n'a rien à voir là-dedans.

« Nous vous avons rédigé un programme de la semaine, afin de nous occuper pour éviter les conflits.

— Je vois, dit Charles. C'est une bonne idée. Est-ce qu'on commence par Primidi ?»

Philémon eut un toussotement gêné et le révolutionnaire reprit :

« Non, ne dites rien. Le calendrier républicain n'est pas resté en vigueur après la Révolution, n'est-ce pas ?

— En effet, nous avons repris le calendrier grégorien... Vous en souvenez-vous quand même, Charles ?

— Oui, bien sûr. J'ai bien appris le calendrier républicain car c'était vital, on n'est jamais à l'abri d'un sale type qui vous demande la date et vous dénonce si vous répondez oh, le 5 juillet, monsieur !

— Je ne connais pas ce fameux nouveau calendrier, admit Anna. Philémon avait commencé à m'expliquer tout cela, mais il fallait écrire le programme donc...

— Je vais faire vite, accepta Charles. Les jours de la semaine sont Primidi, Duodi, Tridi, Quartidi, Quintidi, Sextidi, Septidi, Octidi, Nonidi et Décadi.

— C'est très étrange, mais je comprends le principe. De un à dix et vous ajoutez le suffixe... D'accord. Et les mois ?

— C'est un peu plus long à lister...

— ... et nous le ferons plus tard, intervint Philémon, ne vous inquiétez pas. Vous aurez tout le temps d'en discuter. Nous devons distribuer les programmes aux autres avant qu'ils ne se perdent on ne sait où dans notre nouvelle habitation... À plus tard, Charles ! »

Ils disparurent en coup de vent, laissant le morceau de papier au révolutionnaire.

« Lundi, lut-il, agriculture, pêche, chasse... Je ne sais rien faire !

Charles, voulez-vous continuer à aménager votre chambre ? »

Le révolutionnaire sursauta violemment.

« J'avais complètement oublié que..., bafouilla-t-il. Je ne sais pas, laissez-la comme ça. J'aurai peut-être une meilleure idée plus tard.

Bien. »

Le maître des lieux se tut. Charles jeta un regard vers le couloir, hésitant entre rester dans sa chambre et sortir. Allez, tu ne peux pas rester là toute la journée. Malgré sa réticence à prendre part aux événements violents parisiens, il n'aimait pas rester inactif. Mais les décapitations, les procès expéditifs, les discours sans fin de Louis sur son estrade de bric et de broc, tout cela était terminé. Fini. Il n'arrivait pas à y croire. Son quotidien serait paisible... à l'exception de ce qu'il allait devoir faire après le repas. Mince, comment je vais pouvoir tuer quoi que ce soit ? Courir après des animaux ? Il fallait absolument qu'on lui donne le rôle de préposé aux carottes et aux tomates.

Il referma la porte derrière lui et s'aventura dans le couloir. Il se retrouva rapidement dans une grande pièce agrémentée de canapés où étaient installés Lemnos, Camille et Julius. Mince, c'est bien ma veine... Il aurait largement préféré tomber sur Nok.

« Bonjour, lança-t-il, s'efforçant d'être poli.

— Bonjour... Charles, c'est bien ça ?

— Oui, et toi c'est Camille. »

La jeune femme acquiesça. Voilà, ce fut une discussion palpitante. Charles réfléchit à un nouveau sujet de conversation. Il ne pouvait décemment pas les saluer à nouveau et partir ! Lemnos et Julius le regardaient en silence, arborant un air qui commençait à l'agacer. Ce n'est pas parce que vous ne comprenez rien que vous devez avoir l'air aussi stupides ! Il avait bien envie de leur mettre des gifles. Surtout à Lemnos, qui restait bouche bée devant lui.

« Lemnos a une toge ? demanda-t-il, sachant pertinemment que c'était le cas.

— Oui, il aime bien être habillé comme un riche. Toi aussi, je vois. »

Charles sentit son cœur s'emballer. Être considéré comme un riche était une catastrophe ! Puis il se rappela que tout cela n'avait plus aucune importance. Il avait enfilé une chemise plus précieuse que d'habitude, certes. Et un bracelet en or. J'ai vraiment fait n'importe quoi, ce matin...

« Je ne sais pas du tout pourquoi je me suis habillé comme ça, avoua-t-il à Camille.

— Mais c'est très bien, il faut en profiter ! J'ai un peu bâclé ma tenue, mais dès demain je mettrai quelque chose de plus original, voilà. »

En profiter.

« Est-ce que tu as vu le programme de la semaine, Camille ? lui demanda-t-il en lui montrant la feuille qu'il tenait toujours.

— Non, qu'est-ce que c'est ?

— Tu as dû le recevoir aussi. Philémon et Anna en ont mis sous toutes les portes il y a quelques minutes.

— Oh... Mince, j'ai la flemme de retourner là-bas. Est-ce que je peux le voir ? »

Charles lui donna le morceau de papier.

« Bientôt le repas, commenta Camille. Il est onze heures.

— Comment le sais-tu ? s'étonna le révolutionnaire.

— Il y a une pendule, là-bas. »

Charles suivit des yeux le doigt qu'elle pointait vers la cheminée et vit l'horloge ronde fixée contre le mur. Ah oui, c'est vrai... Camille lisait le programme avec avidité.

« C'est une bonne idée de faire notre propre nourriture. Je cultivais des fraises, chez moi, donc je pourrai m'occuper d'autres fruits ! Alors après... Loisirs collectifs, apprentissage du français... »

Elle se tourna vivement vers Lemnos et Julius et leur baragouina quelque chose en grec ancien.

« Ce sera génial de pouvoir tous se comprendre... Ensuite, tourisme, sports collectifs. Tourisme ? Qu'est-ce que c'est ?

— Je ne sais pas du tout, répondit Charles. Il faudra demander à Philémon, il avait l'air content.

— À part le sport que je n'aime pas du tout, c'est un bon programme ! J'ai hâte de commencer.

— Où est Stanislas ? » demanda soudain Charles.

Camille cilla plusieurs fois. Je crois que j'ai changé de sujet un peu trop rapidement.

« Je crois qu'il dort, dit-elle. Ou alors B s'occupe de sa chambre. Pourquoi, vous avez faim ?

— Atrocement. » confirma-t-il en souriant poliment.

Camille considéra sa moue comme une autorisation à éclater de rire, ce qui le vexa un peu. Est-ce qu'elle se moque de moi ?

« Je pensais être la seule à avoir aussi faim ! Sans même parler de Lemnos. J'entends son ventre d'ici...

— Il faut croire que nous avons passé une vraie nuit, pour une fois.

— C'est ça. J'ai toujours mal à la tête quand je dors peu, et je peux confirmer que toutes nos autres nuits ont duré environ cinq heures. »

Charles hocha la tête, même s'il ne savait pas combien de temps il dormait en règle générale. Il faisait plutôt des siestes réparties sur toute la journée. Impossible de prévoir à quel moment Louis aurait de nouvelles lubies...

« Charles, vous n'avez pas l'air dans votre assiette. »

Le jeune homme se hérissa. Il détestait qu'on le questionne sur son humeur. Seul Nok avait le droit de le faire, et encore.

« Je ne suis jamais dans mon assiette, répliqua-t-il d'un ton acerbe. Je n'ai pas envie de parler de tout ça, désolé.

— Excuse-moi..., dit Camille, penaude. C'est un nouvel endroit, une nouvelle vie, tout se passera bien ici ! Je n'ai pas à vous demander ce genre de choses.

— Sans rancune. »

La tension redescendit d'un cran mais Camille fixait toujours le sol. Charles se demanda si elle allait être aussi susceptible pendant toute la durée de leur séjour. Si chaque remarque lui donnait cet air de chien battu... Attends... je suis peut-être en tort, cette fois.

« Est-ce qu'il y a autre chose à voir, ici ? demanda-t-il pour faire diversion. D'autres pièces ?

— Je n'ai pas trop regardé, pour être honnête... Allez voir, si vous voulez ! Je vais parler du programme de la semaine à Lemnos et Julius. »

Le Romain lui adressa une moue légèrement agacée. Garde ton calme, Charles, garde ton calme... Il les salua brièvement et se dirigea vers la première porte qu'il vit. Ses trois comparses exhalaient la déprime et l'asociabilité, bien qu'il ne soit pas un modèle de joie lui-même... Il y avait quelque chose en Camille qui le rendait triste, comme si elle ne faisait rien de son plein gré. Je pense que j'aurai tout le temps du monde pour savoir ce qu'elle a vécu et qui elle est vraiment.

Lorsqu'il comprit qu'il venait d'entrer dans une bibliothèque, il referma prestement la porte. Voilà de quoi m'occuper... Charles se précipita vers la première étagère pour décrypter les tranches des livres proposés.

« La Préhistoire, l'Antiquité, le Moyen-Âge... »

C'est très vaste, je ne vois pas comment ça pourrait tenir en si peu de pages ! Pour en avoir le cœur net, Charles alla chercher le volume consacré à la Révolution française. Quel bouquin minuscule ! Il doit être rempli de bêtises et d'ellipses. Pourtant, malgré son a priori, Charles était curieux. Les remarques un peu sèches et sarcastiques de Nok à propos de son époque ne lui avaient pas suffi : il lui fallait voir la réalité objective dans ce livre. Il l'ouvrit avec des mains tremblantes, craignant de voir un dessin de sa propre tête coupée brandie par le bourreau.

Une voix, comme sortie du livre, résonna alors dans la pièce.

« Vous avez ouvert la puce 213-B. Mise en place de l'écran. »

Avant que Charles ne puisse réagir, une image bleutée de plusieurs pieds de côté apparut devant ses yeux. Il recula et lâcha le livre. Est-ce que c'est un livre du futur ?

« Écran mis en place. » récita la voix de la puce.

D'accord, donc on appelle ça un écran. Charles déglutit, de plus en plus anxieux. Est-ce que j'ai vraiment envie de voir ça ? Un tableau apparut alors devant lui, représentant des hommes dans une grande salle. L'un levait la main vers le plafond et les autres le regardaient. Charles déchiffra le titre de l'œuvre écrit en bas de l'écran.

« Le Serment du jeu de paume, par Auguste Couder (1848) d'après une esquisse de Jacques-Louis David. »

Vraiment ? Je ne reconnais personne... Il se souvenait du Serment, bien sûr. Louis ne tarissait pas d'éloges sur cet événement. Tous les députés du tiers état promettant de rester unis jusqu'à la mise en place d'une Constitution... c'était bien son genre de combat. Charles, quant à lui, avait envie de vivre libre, mais surtout de vivre tout court. Il aurait suivi Louis n'importe où pour ne pas se faire accuser de monarchisme et finir la tête dans un panier.

« Sélectionnez l'information qui vous intéresse. » annonça la puce, le sortant de ses réflexions.

Charles lut tous les titres et s'attarda sur l'avant-dernier : La Grande Terreur, 1794. Pas de doute, il s'agissait précisément de son époque. Je crois que je dois dire le titre à voix haute.

« La Grande Terreur, 1794, marmonna-t-il sans conviction.

— Information prise en charge. »

Je dois être en train de faire une bêtise. Je devrais faire comme si rien ne s'était passé, vivre tranquillement entre les jeux et les repas... L'écran afficha une gravure de guillotine qui lui donna la nausée. La voix énonça sans la moindre émotion :

« La Grande Terreur est le nom donné aux dernières semaines de la Terreur. Dans son ensemble, la Terreur aura fait environ 100 000 victimes, dont 17 000 guillotinés. 2500 de ces exécutions par tête coupée ont eu lieu à Paris. »

Tant que ça ? Charles n'en revenait pas. Son sentiment de voir les charrettes remplies de condamnés passer devant lui en permanence n'était donc pas infondé... Il prit une longue inspiration pour écouter la suite.

« Voulez-vous une liste de décapités connus ?

— Euh... oui ? dit Charles d'une voix hésitante.

— Nicolas de Condorcet, 29 mars 1794. Georges Jacques Danton et Camille Desmoulins, 5 avril 1794. Antoine Lavoisier, 8 mai 1794.

— STOP ! »

La voix se tut instantanément. Charles respirait avec difficulté. La mémoire lui revenait : il avait assisté à l'exécution de Danton et Desmoulins.

Il avait vu les charrettes amenant les deux hommes à l'échafaud. Le calme farouche de Danton était presque effrayant. Tous ses amis avaient rencontré la guillotine avant lui ce jour-là. Camille Desmoulins pleurait sans interruption en criant le nom de sa femme. Charles n'avait plus trouvé le sommeil après le 5 avril. Et Louis qui assistait à la scène avec une joie insupportable... Il considérait Robespierre comme son seul guide, puis s'était un peu éloigné de lui. Charles ne l'appréciait pas outre mesure. Trop extrémiste pour lui. D'ailleurs...

« Informations sur Maximilien de Robespierre, s'il-vous-plaît, demanda-t-il.

— Retour à la liste des sujets. Figures célèbres. Maximilien de Robespierre. » récita la voix.

Des tableaux représentant Robespierre apparurent à l'écran tandis que la voix expliquait :

« Maximilien de Robespierre naît le 6 mai 1958 à Arras...

— Maximilien de Robespierre, 1794, réclama Charles, peu intéressé par l'enfance du révolutionnaire.

— Recherche d'informations sur Maximilien de Robespierre, 1794. Le 26 juillet 1974, Robespierre reconnaît dans un discours qu'il a une part de responsabilité dans la Terreur, mais pas dans ses excès. »

Je ne m'en souviens pas. Ça doit faire partie de mon amnésie sélective, ou alors je suis arrivé ici avant cet événement. Charles admit qu'il ne trouverait pas d'indication plus précise sans connaître sa propre histoire, ce qu'il n'avait pas envie de faire.

« Une dispute éclate entre la tribune de Robespierre et son audience. En effet, il propose d'épurer le Comité de sûreté générale de ses ennemis. Pierre Joseph Cambon, seul membre de la Convention nommément accusé par Robespierre, se défend et contre-attaque : "Il est temps de dire la vérité tout entière : un seul homme paralyse la Convention ; cet homme c'est Robespierre.". Son attaque provoque un revirement de l'Assemblée. Pierre Louis Bentabole déclare alors qu'il est hors de question d'envoyer le discours de Robespierre dans chaque commune de France car le peuple pourrait croire que la Convention tout entière adhère à ses propos. La proposition de Robespierre est annulée. Louis Antoine de Saint-Just n'intervient pas pour le soutenir. »

Pas même Saint-Just ? Charles était surpris. Il ne quittait jamais Robespierre d'une semelle et le soutenait en toute circonstance. Avait-il entendu la voix de la raison ? Le révolutionnaire était maintenant certain de vouloir connaître la suite. La chute de Robespierre ? C'était inespéré.

« Le soir venu, Robespierre s'exprime devant le club des Jacobins. Georges Couthon, le seul à l'avoir soutenu lors du vote de sa proposition, proclame l'exclusion du club de chaque membre ayant voté contre lui. Les Jacobins présents sur la liste des opposants sont chassés avec grand fracas et menacés d'exécution. Robespierre se fait ainsi encore plus d'ennemis. Saint-Just s'attelle à écrire un discours visant à calmer l'Assemblée le lendemain. »

Ah non, tiens, moi qui pensais qu'il avait abandonné Robespierre.

« Une conspiration contre Robespierre s'organise après la réception d'un message de Saint-Just : "L'injustice a fermé mon cœur ; je vais l'ouvrir tout entier à la Convention nationale.". Bertrand Barère et Lazare Carnot promettent de soutenir l'opposition et de tout faire pour empêcher Robespierre et ses partisans de s'exprimer. Le 27 juillet 1794, connu comme le 9 thermidor de l'an II, le discours de Saint-Just est interrompu par Jean-Lambert Tallien. Le député s'insurge contre les discours individuels prononcés à la tribune et provoque un tumulte dans l'Assemblée. Jacques-Nicolas Billaud-Varennes s'étonne que Saint-Just soit à la tribune sans lui avoir fait lire son discours au préalable, ce qui était prévu. Saint-Just se mure définitivement dans le silence. »

Il ne s'est même pas défendu ? Charles était abasourdi. C'était pourtant Saint-Just qui avait été le plus virulent contre Louis XVI, énonçant des discours violents contre la monarchie... Est-ce qu'il a compris qu'il était fichu ? Est-ce que c'était sa dernière intervention à la tribune ? Charles avait l'impression d'écouter quelqu'un lui résumer un livre et non la réalité. Tout semblait si surréaliste.

« Robespierre est sans cesse interrompu durant le reste de la séance. Le député Louis Louchet demande son arrestation. Un décret est voté. Huit députés sont arrêtés avec Robespierre, son frère, Saint-Just et Couthon. Les prisonniers sont transférés en divers endroits. Robespierre est mené à la prison du Luxembourg. Les tentatives de libération venant de la Commune et d'insurgés finissent par aboutir. Barère fait décréter la mise hors la loi des députés rebelles et des insurgés, ce qui les dispense de procès au Tribunal révolutionnaire. Robespierre est prévenu de cette décision et, arrivé à l'Hôtel de Ville où siège la Commune, demande l'arrestation de plusieurs députés. Son ordre arrive cependant trop tard. »

Les images continuaient de défiler sur l'écran. Charles était hypnotisé par la vitesse à laquelle arrivaient les informations.

« La Convention finit par écraser la Commune et entre dans l'Hôtel de Ville sans résistance. Robespierre reçoit une balle dans la mâchoire ou s'inflige lui-même ce coup de feu, selon les versions. La première semble être la bonne. Le 28 juillet 1794, Robespierre, son frère, Saint-Just et 21 de leurs partisans sont guillotinés. 71 membres de la Commune insurrectionnelle sont exécutés le lendemain. Le corps de Robespierre est ensuite jeté à la fosse commune.

— Et c'est tout ? murmura Charles, abasourdi.

— Fin de rubrique. »

L'image était maintenant un gros plan d'un moulage du visage de Robespierre. Charles n'osait pas croire ce qu'on venait de lui raconter. La fin de Robespierre avait été si simple après tant d'années de suprématie ! Il se demanda si Louis avait assisté à cette exécution, et quelle avait été sa réaction.

« Informations sur Louis Loguend, demanda-t-il sans réfléchir.

— Retour à la liste des sujets. Figures célèbres. Louis Loguend non trouvé.

— Informations sur Louis Loguend dans... figures non célèbres ?

— Figures non célèbres, Louis Loguend. Louis Loguend est né le 14 janvier 1770...

— Non non NON, STOP ! cria Charles en enfouissant son visage dans ses mains. Fermez la puce ! Fermez tout ! Arrêtez tout ! »

Il vit l'image disparaître et tomba à genoux. En reniflant, il referma le livre et le jeta violemment sur le sol. C'était une très mauvaise idée... Il mourait d'envie d'entendre la suite mais ses réflexes avaient pris le pas sur ses pensées. Non, il n'était pas prêt pour ça.

« Charles ? »

Le révolutionnaire se remit vivement sur ses pieds et s'essuya les yeux avec sa manche. Évidemment, revoilà Nok.

« Hm ? fit Charles, privilégiant les phrases courtes pour que sa voix ne tremble pas.

— Tu as vu toutes ces puces d'infos ? s'exclama Nok en embrassant la pièce du regard. C'est avec ça que je m'instruisais. Quand j'en trouvais une dans une ville abandonnée, je la gardais et je l'apprenais par cœur. Qu'est-ce que tu as pris ? »

Nok attendit sa réponse. Charles resta muet, incapable de lui montrer le livre. Il avait le sentiment que son ami allait le réprimander.

« Non, laisse tomber, je sais ce que tu as regardé, soupira Nok en saisissant la puce. La Révolution française... Est-ce que tu as cherché des informations sur toi-même ?

— Non, grommela Charles en secouant la tête.

— Sur Louis, alors ?

— Oui, mais je n'ai pas voulu écouter. J'ai fait partir l'image.

— L'image ? Oh, tu parles de l'écran. Ça s'appelle un écran. »

Charles le toisa avec irritation.

« Je ne connais pas tous ces mots...

— Ça n'existait pas du tout à ton époque, c'est pour ça. Mais honnêtement, Charles, écoute-moi bien. »

Nok se plaça face à lui et son sourire s'évanouit.

« Tu pourras revenir ici pour écouter cette puce, tu as tout ton temps pour ça. Mais d'abord, vis ta vie avec nous. Quand tu te seras habitué à cet endroit, tu apprendras ton passé, et tu auras l'impression que ce n'est pas ton histoire. Tu auras pris du recul, tu comprends ?

— Je comprends, répéta Charles. Tu penses que les puces vont plus loin que ton époque, d'ailleurs ? »

Nok écarquilla les yeux et bafouilla :

« Je... je n'ai pas regardé, je vais voir ça ! »

Tandis que Nok se précipitait vers les étagères, Charles reposa la puce sur la Révolution à sa place. À plus tard, toi. Il entendit alors une exclamation déçue et comprit que son ami n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait.

« Les puces s'arrêtent en 5032 ! cria-t-il. B ! Venez ici, B ! Je veux mes puces du futur ! Nous allons tous rester ici, de toute façon !

Il n'y a pas de futur après 5032, expliqua le maître des lieux.

— Quoi ?

Il n'y a rien. Plus rien à écrire. »

Abasourdi, Nok ne tenta même pas de répliquer. Charles se mordit la lèvre avec nervosité. Quelque chose dans le ton de leur hôte le dérangeait. Il ment aussi mal que moi ! Et pourtant, Nok l'a cru. Son ami était-il si naïf ?

« Nok, ce n'est peut-être pas vrai, tu sais. Il veut sans doute nous cacher des choses.

— Nous cacher quoi ? »

Charles prit quelques secondes pour réfléchir et proposa :

« Peut-être que tu as fait quelque chose de génial en 5037 et que ça te donnerait envie de rentrer chez toi ! Il veut éviter que tu cherches à partir d'ici. »

Charles ne lisait que le doute dans les yeux de Nok. Après une pause interminable, son nouvel ami finit par dire :

« D'accord. Je veux bien accepter cette réponse.

— C'est vrai ? s'étonna Charles.

— Oui. Je n'ai pas tellement le choix, après tout. Je suis sûrement devenu maître du monde, pas vrai ?

— Évidemment ! »

Nok lui sourit avec reconnaissance. Il semblait avoir besoin d'un peu de réconfort. Après tout ce qu'il avait fait pour Charles, le révolutionnaire pouvait bien lui donner une petite dose d'optimisme ! Entre ses pertes de mémoire et cette nouvelle déconvenue... La vie de Nok en ces lieux n'allait pas être plus simple que celle des autres. J'ai été trop discret, jusqu'à maintenant. Nok ne peut pas être obligé de jouer éternellement au chef de groupe !

« Tout va bien se passer, lui dit Charles en posant maladroitement sa main sur son épaule. Est-ce que tu as reçu le programme de la semaine ?

— Oui, j'ai croisé Anna et Philémon dans le couloir. J'ai frappé à ta porte mais tu étais déjà parti, ce qui m'a fait oublier ce papier... Il y a une activité par après-midi, c'est ça ? Tu peux me les rappeler ?

— Gestion de nos ressources alimentaires, jeux collectifs, apprentissage du français à ceux qui ne le connaissent pas, tourisme, sports collectifs et rien le samedi et le dimanche.

— Du tourisme ? s'étonna Nok en fronçant les sourcils. Comment ça ? »

Charles haussa les épaules.

« Je ne sais pas. C'est encore une lubie de Philémon. »

Nok rit doucement et levant les yeux au ciel. Charles insista :

« Non mais sincèrement, Nok, cet homme est une girouette. Il nous rassemble tous pour prendre un repas dans les règles de l'art et discuter de fuite, puis il nous réunit encore pour nous faire promettre de rester ici... C'est du grand délire ! Je me demande s'il s'en rend compte lui-même.

— Je pense qu'il faut le comprendre, ce n'est pas facile du tout pour lui. Tout le monde l'a plus ou moins accepté comme meneur du groupe alors qu'il n'en avait pas envie... Il ne faut plus lui donner de responsabilités et le laisser tranquille.

— Je lui ficherai la paix, pas de problème.

— Je crois que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Au fait, en parlant de repas dans les règles de l'art, ce n'est pas l'heure de manger ? »


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