Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

39. Maurice

MAURICE

L'ennui teinté d'angoisse avait fait place à la colère. Eric avait demandé au maître des lieux l'autorisation d'obtenir son livre préféré pour passer le temps. Maurice s'était attendu à quelque chose de classe, mais il ne s'agissait que d'une histoire d'amourette et de chevalier. Pas très original. Eric lui avait affirmé que Lancelot ou le Chevalier de la charrette était un chef-d'œuvre, mais le scientifique n'avait pas voulu qu'il lui raconte toute l'histoire à voix haute. On ne me fait pas la lecture comme à un enfant, merci bien !

À la place, Maurice s'était enfermé dans ses pensées et récitait mentalement toutes les étapes de création de son rotor. Mais au fur et à mesure, les minutes défilaient et sa frustration augmentait. Il en avait assez d'être pris pour un imbécile. Eric, de son côté, tournait les pages de son imposant manuscrit avec un peu trop de brusquerie.

« Veuillez m'excuser pour l'attente, déclara soudain le maître des lieux. Vous allez rejoindre vos amis, à présent.

— Enfin ! s'exclama Eric en lâchant son livre. Je commençais à avoir faim. »

Maurice éclata de rire. Ils avaient beau être dans un sacré pétrin, le chevalier était affreusement sympathique et le mettait de bonne humeur.

« Vous aurez l'occasion de déguster une soupe à l'oignon.

— Ah, parbleu, j'ai hâte ! se délecta Eric.

— Moi aussi, admit Maurice. J'ai toujours eu un faible pour la soupe en général. »

Sans prévenir, le maître des lieux les fit changer de pièce. Les murs devinrent noirs et furent remplacés par une immense salle médiévale. Les autres étaient déjà là – ou presque.

« En voilà encore deux ! s'écria Camille en se détournant de Julius et Lemnos.

— C'est... surprenant, comme endroit. » commenta Maurice avant de bâiller sans pouvoir se retenir.

Maintenant qu'il se trouvait dans un endroit plus rassurant, avec une bonne odeur de soupe à l'oignon, il prenait conscience de son niveau de fatigue. Il s'assit sur l'un des bancs, près du révolutionnaire qui semblait complètement éteint. Ça ne s'arrange pas, lui.

Dès qu'il fut bien installé, Maurice s'étira longuement en soupirant d'aise. Rester devant une paillasse était une chose, courir partout et devoir retenir l'histoire personnelle d'inconnus en était une autre. C'est vraiment plus de mon âge !

Après quelques minutes à écouter Camille discuter en grec ancien avec Julius et Lemnos, Maurice se tourna vers Nok. Ce jeune homme était le plus sain d'esprit et digne de confiance. Je pensais à Philémon à la base, mais il est un peu fébrile ce garçon. On avait bien besoin de mécènes scientifiques... mais il ne lui apparaissait pas comme stable. Était-il traumatisé ou un peu dérangé ? Mon instinct est peut-être à la ramasse totale, mais il a l'air bizarre...

« Nok, c'est ça ? préféra-t-il vérifier.

— Oui ? Oh... Est-ce que ça va, Maurice ? lui demanda-t-il en souriant poliment.

— On fait aller. On a joué au cache-cache le plus nul de l'humanité et on a attendu une plombe sans rien faire, et vous deux ?

— Charles et moi, on était dans un musée. Chaque salle était dédiée à quelqu'un d'ici, mais on n'en a vu que deux. Je ne sais pas ce que ça donne pour les autres, par contre... Lemnos avait l'air de parler d'une salle d'illusions...

— Ça ne veut pas dire grand-chose. Mais j'imagine que chaque binôme s'est retrouvé dans une pièce avec un truc inintéressant à faire...

— Pas forcément, le coupa Nok, le musée était pas mal ! On a dû associer des objets à chacun d'entre nous. Vous avez vraiment une brosse à dents en bois ?

— Oh euh... oui, c'est un cadeau de mon père. »

Maurice mentait. Il avait acheté cette brosse à dents miteuse à une mamie aux gants rapiécés dans les rues de Moscou pour la faire sourire. Le scientifique n'aimait pas passer pour quelqu'un de trop gentil, encore moins avec des inconnus. Nok serait trop embarrassé d'avoir ravivé de douloureux souvenirs à propos de son père, paix à son âme, pour poser plus de questions.

« Dis-moi, Nok, enchaîna Maurice. Tu sais que je suis inventeur, n'est-ce pas ?

— J'ai cru le comprendre, acquiesça le jeune homme basané. Je m'y connais très mal sur la Guerre Froide, il n'y a pas beaucoup de puces d'infos là-dessus. J'aimerais bien en savoir plus...

— Eh bien... Euh, des puces d'infos ?

— Ce sont des..., commença Nok avant de se rétracter. Non, ce serait vraiment trop long, et ça nécessite quelques dessins. On verra ça plus tard, si tu veux bien !

— D'accord, gamin, mais je vais te harceler jusqu'au bout ! le prévint Maurice, amusé. J'ai créé le rotor Lalie, pour ton information.

— Comme je l'ai dit, je m'y connais mal... Mais c'était certainement un truc militaire, c'est ça ? »

Maurice était satisfait. Il est bien renseigné sur son passé, même s'il est très lointain.

« Je travaille pour l'armée, c'est vrai, mais mes recherches sont aussi tournées vers le civil.

— Je vois. C'est un rotor... pour les bateaux ?

— Exact ! confirma Maurice, de plus en plus enjoué. Je travaille pour... Oh, attends. »

L'inventeur écarquilla les yeux.

« Attends une seconde, gamin. J'ai déjà eu cette conversation avec toi et tu t'es foutu de moi, d'ailleurs.

— Vraiment ? fit Nok, visiblement sincère dans sa surprise.

— Bien sûr ! Je t'ai même dit que... Non mais... »

Maurice ne trouvait plus ses mots pour exprimer son désarroi.

« J'ai le droit de radoter, à mon âge, mais t'es un peu trop jeune pour ça, gamin !

— Je suis un peu distrait..., s'excusa Nok en détournant l'œil.

— Non, c'est trop facile ! Regarde-moi. »

Le jeune homme basané se mit à fixer les mains de Maurice posées sur la table. Bon, c'est mieux que rien.

« Est-ce que tu es sujet à des pertes de mémoire ?

— Un peu. Des fois. Non, en fait c'est quelque chose qui m'arrive souvent, admit-il.

— Même chez toi, en 5032 ?

— Oui. Charles me l'a fait remarquer, aussi.

— Euh..., dit le révolutionnaire. Non, je ne crois pas...

— Vraiment ? »

Nok semblait de plus en plus gêné, et même coupable. Son ami lui posa une main sur l'épaule.

« Ce n'est pas une honte, dit Charles.

— La blonde a raison, ajouta Maurice, et ça me fait mal de le dire.

— Tu vois, Nok, ce n'est pas si grave, murmura Charles en décochant au scientifique un regard assassin.

— Est-ce que tu veux qu'on demande un carnet pour que tu puisses tout noter sur nous ? »

Nok se redressa, souriant timidement aux deux hommes.

« Pas besoin d'aller aussi loin. Je n'ai pas ce problème si on me répète plusieurs fois les choses.

— Ça me rassure, gamin, intervint le scientifique. Je comprends mieux pourquoi tu ne connais pas mon rotor. »

Nok rit doucement, un peu plus à l'aise. Je plains ce petit gars, ça doit être très stressant de ne pas savoir si on est censé connaître telle ou telle information, surtout ici. Il ne s'était pas attendu à un handicap pareil chez le jeune homme. Il le cachait vraiment bien ! Maurice regarda avec curiosité Charles tenter de rassurer son ami. On dirait qu'il lui doit quelque chose, c'est marrant.

Il décida de transformer le cours de leur conversation. Le gamin n'a pas envie d'entendre parler de la Guerre Froide si ça le déprime.

« Est-ce que vous en avez appris un peu plus sur votre passé, vous deux ? Moi, rien de rien.

— Pas grand-chose, avoua Nok. Je ne me souviens pas des événements les plus récents, et le cadeau qu'on m'a donné ne m'a pas beaucoup aidé... Je l'ai même laissé là-bas. Et Charles savait déjà tout ce qu'il a vu. »

Le révolutionnaire acquiesça avec lenteur, silencieux. Alors ça, mon garçon, c'est un beau mensonge ! Maurice n'était pas dupe. Charles était trop perturbé pour discuter de sa propre histoire. En même temps, chez lui, ça ne rigolait pas. Nok semblait soucieux.

« Maurice, est-ce que tu penses aussi que ces activités en binôme n'étaient qu'un prétexte pour gagner du temps ?

— Non, répondit subitement Agnès en remontant ses lunettes sur son nez. C'était un prétexte pour nous refiler ces trucs, là, nos soi-disant cadeaux ! Ils essaient de nous mettre en dépression, c'est tout !

— Pourquoi voudrait-on nous faire du mal ? » fit Charles.

Son regard était plus vide que jamais, comme s'il était passé sous un tank avant de débarquer ici.

« On est punis, je vois que ça ! répliqua Agnès. On a fait des trucs illégaux et on est punis !

— Je n'ai rien fait d'illégal, se récria Maurice. Je ne suis qu'un scientifique !

— Un traître à ta nation ! cracha la jeune femme.

— On se calme ! » cria Nok en tapant du poing sur la table.

Tous se turent, à l'exception de Julius qui marmonna quelque chose en latin en se détournant d'eux.

« Arrêtez de vous battre ! s'exclama Nok. Ça ne sert à rien !

— Tu m'as aussi fait le coup du traître à la France, lui rappela Maurice avec amertume. Enfin, toi...

— C'était certainement pour te charrier, compléta-t-il, merci, c'était assez évident j'imagine. Agnès, dit-il en se tournant vers elle, je sais que tu es à cran, mais c'est le cas de tout le monde ici. Par pitié, calme-toi !

— Je suis très calme, répliqua-t-elle en soupirant de lassitude.

— Tant mieux, alors. Vivement le retour de Philémon et Anna, qu'on puisse organiser quelque chose, parce que là ça devient pathétique. »

Maurice cligna plusieurs fois des yeux, décontenancé. Décidément, Nok n'y allait pas de main morte. Ses colères étaient mesurées mais impressionnantes – peut-être que sa largeur d'épaules y était pour quelque chose. Mais il a raison. On va peut-être passer beaucoup de temps ensemble, alors il vaudrait mieux bien s'entendre avec tout le monde ! Il allait commencer par se rabibocher avec Camille, car Agnès lui semblait sans espoir. Je n'ai pas été très sympa avec la gamine.

« Camille ! l'appela-t-il. Viens voir, ma petite. »

La jeune fille le regarda avec étonnement et le rejoignit, suivie de près par Lemnos. L'esclave la collait comme un petit chien. De son côté, Julius avait décidé de les ignorer.

« Julius dit qu'il a déjà passé assez de temps comme ça avec une femme, expliqua-t-elle en s'asseyant près de Maurice. Il est très misogyne.

— C'est dommage pour lui, commenta le scientifique. Il n'a pas l'air d'avoir la lumière à tous les étages, si tu veux mon avis.

— Vous vouliez me demander quelque chose ? s'enquit la jeune fille, passant sur sa remarque.

— Oui, en fait. Nok et moi, on essaie de voir si on est à la bourre question souvenirs ou si c'est juste normal.

— Oh ! comprit-elle. Eh bien, je crois que personne n'a été surpris par son objet. Agnès pourra confirmer que ce n'était pas clair ni intéressant. »

Agnès ne daigna même pas hocher la tête, boudeuse. Un peu gênée, Camille poursuivit :

« Personnellement, je ne comprends pas ce qu'on veut de moi. On me parle de Nostradamus maintenant, on me parle de Nostradamus dans le labyrinthe... J'aimerais bien savoir pourquoi, c'est agaçant. Une idée, Nok ?

— Je ne sais pas qui c'est, déplora le jeune homme basané. Est-ce que c'est un philosophe romain ?

— Non, c'est un astrologue, apothicaire, enfin... un peu tout. Il a rédigé un très grand nombre de prophéties, et beaucoup se sont réalisées. Il a vécu au XVIème siècle, un peu comme Anna en fait...

— Je vois le genre. Eh bien d'accord, je ne connaissais pas du tout ce monsieur.

— J'ai l'impression que je suis bien au courant à son sujet, mais encore une fois... je fais des études littéraires. Les livres épais m'intéressent, c'est comme ça. »

Nok acquiesça et Maurice pencha la tête. Ça se tient.

« Et pour Lemnos et Julius ? demanda l'inventeur. Niveau passé ?

— C'est la même chose. Lemnos a reçu un torchon sale, ce qui ne l'a pas surpris car il sait qu'il est esclave. Julius a eu un cheval miniature, et j'ai cru comprendre qu'il adore les courses de char.

— Alors c'est plutôt un souvenir sympa, dans son cas !

— Peut-être que ce n'est pas forcément un cadeau déprimant, en effet, convint Camille. Je n'ai rien contre Nostradamus, par ailleurs. »

La jeune fille se leva.

« Je vais demander à Juka et Stanislas ce qu'ils ont reçu.

— Bonne idée. »

Maurice regarda Camille s'éloigner et se demanda comment meubler la conversation. Il n'avait rien à dire. Le seul truc qui me chiffonne, c'est la réaction du Danton du pauvre, là. Il a l'air complètement à la ramasse et il va nous claquer dans les doigts, si ça continue. Il jeta un coup d'œil au révolutionnaire, qui semblait se morfondre en silence. Eh ben mon cochon.

« C'est bien qu'on puisse manger un peu, fit remarquer Maurice, faute d'un meilleur sujet de discussion.

— J'avoue que c'est le seul moment où il ne nous arrive rien de fâcheux, dit Nok. Je n'ai jamais mangé d'oignons, je ne sais pas tellement quel goût ça peut avoir...

— C'est génial ! Il nous faut des croûtons et du fromage, par contre. On en réclamera en temps voulu, le maître des lieux est sympa pour ce qui est de nous refiler des trucs. »

Nok haussa les épaules et rit doucement. Mais le scientifique n'eut pas le temps de lui demander pourquoi il se moquait de lui car Camille revenait déjà.

« Juka et Stanislas n'ont rien reçu ! Leur épreuve était de se sortir d'un faux incendie et de faire cuisiner Juka. Peut-être qu'on leur donnera quelque chose plus tard...

— C'est pas faux.

— En attendant on pourrait p– »

Camille ne put pas terminer sa phrase. Un grand sac était apparu au milieu de la table. Maurice s'éclaircit la voix.

« Bien, qui veut ouvrir ç– »

Un grand bruit résonna derrière lui. Non mais il faut sérieusement arrêter avec ces trucs qui tombent de nulle part ! Il se retourna et tomba nez-à-nez avec deux visages familiers.

« Tiens, voilà les retardataires ! »


Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro