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34. Philémon

PHILÉMON

Philémon et Anna avaient enfin cessé de dériver dans le vide. Même si le gentleman n'aimait pas être perdu au milieu de nulle part, il était soulagé d'être quelques minutes au calme. Leur situation dans le manoir empirait à chaque seconde. Ils avaient à présent touché le sol mais étaient toujours dans le noir. Anna se dégagea doucement de son étreinte et regarda autour d'eux.

« Il n'y a pas de lumière ! Pourtant, je vous discerne bien...

— C'est vrai, c'est sans doute un nouveau tour de notre hôte. »

Anna acquiesça en soupirant.

« Et maintenant ? Est-ce terminé ?

— Je pense qu'il va nous parler. »

C'est toujours ce qui arrive, dans ces cas-là. Il lui semblait que le maître des lieux les observait en permanence et les hélait lorsqu'ils se sentaient perdus. Philémon ne rêvait que d'une chose : une explication. Une explication précise de leur situation. Il lui semblait s'être posé cette question des milliers de fois depuis son arrivée et le mystère ne s'était qu'épaissi ! Il avait bien pensé à quelques hypothèses, mais aucune ne trouvait réellement grâce à ses yeux.

« VOUS ÊTES ARRIVÉS. »

Philémon sentit Anna sursauter à ses côtés. Les interventions de leur hôte étaient paradoxalement prévisibles et surprenantes. Sa voix gutturale leur glaçait le sang... Le gentleman ajusta son haut-de-forme et demanda :

« Pourrions-nous avoir plus d'informations sur la raison de notre présence en ces lieux ? »

Il y eut quelques secondes de silence. Anna jeta un coup d'œil à Philémon, semblant penser la même chose que lui. Avaient-ils enfin réussi à poser la question de la bonne façon ?

« NON. »

Anna lâcha le râle désespéré le moins féminin que Philémon eût jamais entendu mais se força à rester concentré. Essayer de piéger le maître était un défi de chaque instant.

« Est-ce que nos amis vont bien ?

OUI.

— C'est une bonne nouvelle. »

Le silence retomba, pesant. Philémon ne savait pas s'il devait continuer de parler dans le vide ou non. Pourquoi nous a-t-il parlé en premier ? N'a-t-il rien d'autre à nous dire ?

« Allons-nous recevoir nos présents ? hésita-t-il.

C'EST EXACT. VEUILLEZ M'EXCUSER, J'ÉTAIS AILLEURS.

— Ailleurs ? répéta Anna. Vous ne pouvez pas parler à plusieurs personnes en même temps ?

NON.

— Je vous pensais plus fort que ça. » répliqua-t-elle, ce qui fit tressaillir Philémon.

Le gentleman la saisit doucement par le bras et lui chuchota à l'oreille :

« Pourquoi le provoquez-vous ?

— N'avez-vous pas remarqué qu'il est très sensible à notre état d'esprit ? Dès que nous lui disons que nous nous sentons mal, il réagit. Quand nous l'insultons, il nous répond. Il s'agit de quelqu'un de conscient, certainement un être humain car ses réactions sont assez banales. »

Philémon la regarda, étonné.

« C'est un très bon raisonnement.

— Cela vous étonne ? le nargua la jeune femme avec un sourire satisfait. Attendez donc de voir ce qu'il va nous dire. »

Elle s'éclaircit la voix.

« Maître des lieux ! Vous êtes ridicule ! Vous ne nous faites pas peur. Vous êtes même pathétique. Cependant, si vous nous renvoyez chez nous, nous aurons un minimum de respect pour votre personne. C'est à cette seule condition que vous aurez la moindre valeur à nos yeux.

JE NE CHERCHE PAS VOTRE RESPECT.

— Et zut, soupira Anna en baissant la tête.

JE NE CHERCHE QUE VOTRE COMPRÉHENSION. »

Anna releva le nez et interrogea Philémon du regard. Enfin un nouvel élément ! Ils acquiescèrent tous les deux en silence, sachant enfin par quoi commencer.

« Maître des lieux, reprit Anna, nous sommes prêts à être compréhensifs.

VOUS NE L'AVEZ PAS PROUVÉ.

— Faut-il que nous fassions quelque chose en particulier ? »

Anna semblait bien décidée à lui faire croire qu'ils acceptaient enfin de jouer son jeu. Philémon avait cependant peur qu'il ne pût entendre leurs pensées. Et s'il savait que ce n'était qu'une ruse ?

« EXCUSEZ-MOI, JE DOIS D'ABORD EXPLIQUER QUELQUE CHOSE À VOS AMIS... AILLEURS. »

Non, il ne doit pas faire attention à ce que nous avons en tête, il est trop occupé ! Six binômes à gérer un peu partout dans le manoir, c'est trop pour lui. C'était peut-être le meilleur moment pour discuter de leur plan. Philémon se pencha à nouveau vers Anna et lui murmura :

« Qu'allons-nous faire s'il propose de nous faire rentrer chez nous sans concessions ?

— Que feriez-vous, Philémon ?

— J'accepterais, bien sûr. »

Anna fit la moue. Le gentleman remarqua sa grimace malgré l'obscurité.

« Pensez-vous que nous ayons un avenir ici, mademoiselle ? Dans ce manoir où tout nous est donné puis arraché ?

— Je ne vis pas ici depuis assez longtemps pour me faire une opinion précise, répondit-elle en croisant les bras.

— Sincèrement, ne voudriez-vous pas reprendre votre vie d'avant ? Voir Sa Majesté François Ier chaque jour, porter des robes magnifiques et vous amuser ?

— Ce n'est pas mon quotidien récent et vous le savez ! s'énerva Anna. Il nous est arrivé quelque chose à tous avant notre apparition ici ! Quelque chose d'affreux que notre esprit a préféré effacer ! Je vous l'ai déjà dit : je ne suis pas certaine de vouloir y retourner si c'est pour souffrir. »

Philémon sentit alors le doute l'envahir, pour la première fois depuis qu'il avait posé les pieds sur le sol de ce manoir. Certes, il avait eu quelques hésitations et peur d'avancer, mais rien de bien méchant. Il n'avait pas beaucoup de raisons d'être rassuré par ce qu'il voyait, après tout : des fantômes, des mauvais souvenirs, on l'assommait sans prévenir, on le jetait dans le vide...

Mais en cet instant, il était dans la plus grande incertitude. Devait-il se battre pour rentrer chez lui ou attendre de voir ce qu'il allait se passer ? Peut-être que le maître des lieux leur réservait quelque chose d'agréable. Peut-être fallait-il lui faire confiance.

La jeune femme était terrorisée par son passé, même sans s'en souvenir avec précision. Charles, le révolutionnaire, restait prostré et triste les trois-quarts du temps. Juka ne voulait plus s'exprimer. Nok leur cachait peut-être des choses. Agnès leur mentait du plus profond de son âme. Eric, le chevalier, n'avait pas l'air si choqué – mais il semblait de bonne constitution physique et psychologique. Lemnos souffrait beaucoup de son passé, Julius était discret, Stanislas insouciant. Camille était angoissée et Maurice trop fier pour se plaindre.

Personne ici ne semblait vouloir retourner chez lui lorsqu'il savait à quoi s'attendre. Philémon lui-même hésitait autant que les autres. À quoi bon rentrer et être confronté à son père du matin au soir ? Il utilisait tout l'argent familial pour financer des inventeurs... et alors ? Cela lui rapporterait sûrement une fortune, un jour. Personne ne le croyait et il recevait l'opprobre familial à chaque nouvelle dépense. Sa vie n'était qu'une suite de bas, malgré son excellente situation ! Sans même parler d'Amélie qui lui avait menti... Tout est si confus !

Anna, de son côté, le regardait avec attention.

« Je connais cette expression, Philémon.

— Vous avez compris, n'est-ce pas ? avoua-t-il avec un sourire triste. Il me semble que nous ferions mieux d'obéir au maître des lieux, et...

— ...de lui demander de ne pas nous ramener chez nous. »

Philémon se mordit la lèvre inférieure, indécis. Devait-il laisser Anna constater sa détresse et son absence totale d'espoir quant à leur passé à tous ? Oui. Elle m'a fait part de ses angoisses, c'est donc mon tour. Le gentleman soupira et acquiesça.

« En effet, nous devrions rester ici. Le temps de comprendre la raison de notre présence en ces lieux. Plus de tentatives de fuite, plus de provocations. Nous ne sommes sûrement pas ici pour rien, il faut sans doute faire confiance à... celui qui en a décidé ainsi. »

Anna pencha la tête sur le côté, posture sceptique qui lui fit penser à sa vieille tante maternelle.

« Je ne pensais pas que vous changeriez d'avis aussi vite.

— Avons-nous vraiment le temps de le prendre ? »

Anna leva les yeux au ciel, agacée mais amusée par son mot d'esprit.

« Non, nous n'avons peut-être pas le temps de nous battre contre ce qui nous dépasse. Je ne sais pas où nous sommes, mais nous devrions sûrement l'accepter. Avez-vous peur de votre passé, finalement ?

— Disons que..., hésita Philémon. Ce qui me fait vivre, c'est la science. Maurice est un scientifique et nous pourrions discuter sans fin de mécanismes et d'inventions. Chez moi, tout avance à pas de souris et on me reproche mon mécénat ! Si nous demandions à notre hôte de nous fournir ce que nous voulions par magie pour nous occuper, peut-être l'accepterait-il. Nous pourrions rester ici avec tout ce qui nous plaît en évitant le monde extérieur... »

Anna lui sourit.

« C'est ce que j'espérais vous entendre dire.

MOI DE MÊME. »

Philémon sursauta.

« Seriez-vous... d'accord ? lui demanda Anna, surprise mais soulagée.

BIEN SÛR. JE NE VEUX QUE VOTRE SÉCURITÉ.

— Et si les autres n'acceptent pas ? Que ferions-nous ?

VOUS DEVREZ LES CONVAINCRE. »

Philémon hocha la tête, conscient de la tâche qui les attendait. Ce ne sera peut-être pas si compliqué, à vrai dire, étant donné que j'étais le plus motivé à rentrer... Il avait cependant une dernière question.

« Si jamais nous vivons tous sereinement en ces lieux mais que la curiosité se fait trop grande... Disons, dans quelques années... Accepterez-vous de changer d'avis et de nous proposer de rentrer chez nous ? »

Il y eut un silence. Philémon craignit d'avoir tout gâché.

« SEULEMENT SI C'EST VOTRE DÉCISION. »

Philémon déglutit. Cela signifie que nous nous rendrons compte sur le long terme que nous sommes bien mieux ici... Il pense que nous sommes immatures en voulant rentrer chez nous.

« EXACTEMENT. »

Le gentleman frissonna.

« On ne peut pas penser tranquillement ! essaya-t-il de plaisanter.

VOUS N'AVEZ AUCUNE RAISON DE VOUS INQUIÉTER. JE SAIS QUE VOUS ÊTES SINCÈRE. À PRÉSENT, LAISSEZ-MOI VOUS DONNER VOS PRÉSENTS. »

Anna fronça les sourcils en remettant son ruban en place.

« Pourquoi donc ?

JE CONFIE DES PRÉSENTS AUX BINÔMES QUI RÉUSSISSENT LEURS ÉPREUVES RESPECTIVES. JE CONSIDÈRE QUE VOUS AVEZ EXTRÊMEMENT BIEN RÉUSSI.

— Il est inutile de nous rappeler un bon moment de notre passé, à présent..., répliqua Anna. Nous avons décidé de nous en séparer !

CE NE SONT PAS DE BONS SOUVENIRS. ACCEPTEZ-LES COMME CONFIRMATION QUE VOUS AVEZ PRIS LA BONNE DÉCISION. »

Philémon n'était pas spécialement rassuré par ce que leur hôte venait d'avouer. Chacun aurait donc reçu un mauvais souvenir de son passé ? Ils doivent tous être traumatisés... Il pensa à Juka, inquiet. Avait-elle déjà reçu son présent ?

« JE VAIS VOUS DONNER VOS OBJETS, ET NOUS ATTENDRONS QUE LES AUTRES AIENT TOUS TERMINÉ LEURS ÉPREUVES. ENSUITE, JE VOUS RASSEMBLERAI DANS VOTRE NOUVEL HABITAT. »

Philémon acquiesça, quelque part entre l'inquiétude et l'espoir de revoir ses nouveaux amis. Anna le regardait avec attention, tout comme lui incertaine de leur avenir. C'est une nouvelle étape de notre voyage ici. Peut-être la dernière, mais si nous pouvons demander ce que nous voulons...

« Nous serons peut-être heureux. » souffla Anna, comme si elle l'avait entendu.

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