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23. Charles


CHARLES

Il fallait que ce soit moi. Dire que l'autre s'était défilée ! Il n'avait plus le choix, maintenant. Avec sa robe vieillotte, en plus... Est-ce que c'est la mode de son époque ?

« Je m'appelle Charles. Je ne me rappelle pas de mon nom de famille... Mais il était simple. Je suis né en 1769.

— Dites-nous-en plus, Charles, l'encouragea Philémon.

— J'ai 25 ans...

— Que faisiez-vous avant d'arriver ici ? »

Charles fit la moue. Je n'aime vraiment pas parler de moi.

« Je me... cachais. La vie n'est pas simple, en 1794. Je vois que certains ont le temps d'apprendre à cuisiner au lieu de travailler...

— Il parle de moi ? glapit la femme en blanc en remontant ses lunettes noires sur son nez.

— Aucune importance, s'interposa Philémon. Parlez-nous de tout ce qui vous revient à l'esprit.

— Encore ? soupira Charles.

— Succinctement. »

Le révolutionnaire humecta lentement ses lèvres.

« Je ne sais pas par où commencer, posez-moi plutôt des questions. Ma mémoire est un peu...

— C'est pareil pour tout le monde, affirma le vieil homme qui avait discuté avec Nok un peu plus tôt. On ferait mieux de demander des trucs précis, des trucs qui pourraient nous redonner des souvenirs inattendus. Est-ce que tu te souviens de ton enfance, gamin ? »

Charles se renfrogna. Gamin ? J'ai 25 ans...

« Je ne sais rien de mon enfance.

— Ta famille ?

— Non plus. Si ! s'exclama-t-il. J'ai peut-être un frère, mais il s'est éloigné de moi.

— D'accord. Et pourquoi ?

— ...

— Bien. Où vis-tu ?

— Chez les parents de mon meilleur ami, Louis Loguend. »

Ça, je le sais. J'en suis sûr. Le vieil homme se gratta pensivement le menton et demanda :

« Et qu'est-ce que tu fais de ta vie ? De ton quotidien ? Ce n'est pas très original... mais ça peut servir.

— J'écris des tracts politiques et je les lis à Louis. Je sors rarement, mais parfois je porte des messages à l'imprimerie. Je vis à Paris, un peu loin du centre-ville car c'est bien trop dangereux en ce moment.

— Pourquoi tu penses être ici ? intervint Nok en posant ses coudes sur la table.

— Je... »

Charles déglutit et s'enfonça dans sa chaise, regardant les autres avec appréhension. La jeune femme en robe bleue dessinait frénétiquement ce qu'il avait dit sur un carnet à l'attention de la sauvageonne rousse, tout en marmonnant des phrases en latin à son voisin. De son côté, la fille enrobée traduisait ses réponses en grec ancien. Ils ne doivent pas savoir à quel point je suis pessimiste.

« Je ne sais pas.

— Menteur ! » s'exclama Nok.

Le jeune homme basané s'empara d'une cuillère à soupe et la pointa dans sa direction, manifestement soupçonneux.

« C'est la deuxième fois que tu me réponds ça après une énorme hésitation. Lâche le morceau !

— Je n'en sais rien ! répéta Charles avec colère. Peut-être que ça me reviendra !

— Tsss. »

Nok soupira d'agacement.

« Je ne te comprends pas, Charles. Qu'est-ce que tu as à cacher ? Est-ce que tu as tué quelqu'un ? »

Le révolutionnaire sentit le regard inquisiteur de tous les convives sur lui et ferma les yeux.

« Je n'ai tué personne. Laissez-moi tranquille, lâcha-t-il, désemparé.

— Charles, peut-être que ça pourrait nous aider à fuir d'ici.

— Et comment ? s'énerva-t-il en se servant un verre d'eau pour occuper ses mains – gifler Nok devenait une option de plus en plus envisageable.

— L'hôte veut nous empêcher de connaître la vérité ! Réfléchis ! Dès qu'on a une occasion d'en apprendre un peu plus, elle disparaît ! Il faut qu'on sache tout de notre passé tant qu'on le peut encore et on pourra... le combattre, je n'en sais rien. »

Charles siffla son verre en deux gorgées.

« Je vais vous expliquer mon problème, d'accord. J'avais des certitudes sur mon passé en me réveillant ici, mais tout a changé. Je confonds mon histoire avec celle de mon meilleur ami, voilà pourquoi je ne peux pas encore en parler.

— Ah bon ? s'étonna le vieil homme en haussant les sourcils si haut que son front se plissa.

— Oui. Je ne sais pas si ce sont des souvenirs qui me concernent moi... ou lui.

— Je comprends mieux, alors, fit Nok, songeur. Tu avais l'air fou de rage au début et tu t'es subitement calmé. »

Soulagé d'être écouté, Charles fit une tentative de sourire qui se transforma en grimace lorsqu'il croisa le regard de la jeune femme aux lunettes noires. Celle-là... Elle n'est pas dupe. Elle sait que je cache quelque chose. Il était néanmoins tranquille pour les quelques heures à venir. Faites qu'elle n'intervienne jamais sur le sujet...

La jeune femme en robe bleue s'éclaircit la voix et demanda :

« Philémon ? Peut-être pourriez-vous vous présenter à votre tour.

— Bien sûr, répondit l'homme à la moustache. Je m'appelle Philémon Marsanguet, et–

— Philamo, décréta la sauvageonne – Juna ? Juga ? Comment s'appelle-t-elle, déjà ? – avec un hochement de tête.

— Oui, Juka, confirma Philémon avec une pointe d'amusement. Anna, faites-lui comprendre que je la remercie pour sa gentillesse à mon égard, s'il vous plaît. »

Cette sauvageonne est incompréhensible... mais adorable. Il jeta un coup d'œil au cuisinier qui fixait Juka sans réserve, une crevette décapitée à la main. Décapitée... Charles frissonna.

« J'ai 25 ans, poursuivit Philémon. Je suis né en 1827. Je n'ai aucun souvenir après l'année 1852, aussi ne me tromperai-je pas en affirmant que je me suis éveillé ici à cette date. Je suis un mécène scientifique, c'est-à-dire que je finance des inventeurs pour qu'ils créent de nouvelles technologies. Récemment, j'ai décidé d'aider Henri Giffard à construire un dirigeable.

— Un type intelligent, ce Giffard, commenta le vieil homme pendu à ses lèvres.

— En effet. Je crois..., hésita Philémon, je crois que j'ai dépensé beaucoup trop d'argent, à vrai dire.

— Et vous ne travaillez pas pour en gagner ? s'étonna Charles.

— Non. »

Le révolutionnaire croisa les bras, maussade. Un rentier, hein... Il n'avait jamais pu accepter que quiconque puisse vivre confortablement sans produire le moindre effort. On a fait la Révolution pour ça, aussi...

Philémon ôta son chapeau et le tourna entre ses mains.

« J'aurais dû reprendre l'empire immobilier de mon père dans dix ans, environ, mais je n'en avais pas l'envie. Je voulais être mécène, rien de plus.

— Comment comptiez-vous faire sans revenus personnels ? s'enquit Anna.

— J'étais prêt à jouer. »

Charles baissa les yeux, mal à l'aise. C'est bien trop dangereux de prévoir sa vie sur une chose pareille. Il devait être sacrément feignant pour en arriver là...

« L'avez-vous fait ? demanda Nok en découpant sa salade en bouchées minuscules. Jouer, je veux dire ?

— Non. » répondit Philémon en remettant son haut-de-forme sur sa tête, et Charles se demanda s'il mentait.

Il jeta un regard autour de la table et comprit que tout le monde croyait l'homme moustachu. Après tout... c'est peut-être le cas. Il n'est pas tombé aussi bas que possible. Juka laissa tomber sa cuillère dans son bol de soupe vide avec un tintement bruyant. En entendant cela, le cuisinier se redressa et s'exclama :

« Je devrais préparer le plat de résistance ! Mais... personne ne m'a parlé de son plat préféré.

— Nous allons donc faire un tour de table. » proposa Philémon.

Lorsque Charles vit que tous se tournaient vers lui, il soupira.

« Bon. Alors... Je ne mange que des pommes de terre, c'est le lot des Parisiens, donc je dirais... de la viande. De la vraie viande bien cuite et sans pommes de terre.

— Très bien, dit Philémon. Personnellement, j'ai un faible pour les courgettes !

— Je veux bien n'importe quoi, affirma Nok. Tout a l'air bon, ici...

— Du cuissot ! s'écria Eric avec force. Du bon cuissot dégoulinant de graisse ! »

Philémon sourit, amusé, puis se tourna vers Anna.

« Et vous, mademoiselle ?

— J'aime beaucoup le poisson. »

Elle dessina quelque chose dans son carnet et attendit la réponse de la sauvageonne. Lorsque cette dernière lâcha son crayon, Anna regarda ce qu'elle avait gribouillé et annonça :

« Juka veut également du poisson, mais sans... parasites.

— Je n'avais pas l'intention d'en rajouter, s'étouffa Stanislas en rougissant.

— Non, fit Anna, excusez-moi, je crois que c'est du sang, pas des insectes !

— Du poisson cuit ou séché, donc. » dit le cuisinier, le regard dans le vague.

Stanislas demanda à voir le dessin et haussa les sourcils. Il pinça les lèvres jusqu'à ce qu'elles disparaissent dans ses bourrelets et décréta :

« Je ferai les deux. Agnès ? Les autres ?

— Je préparerai ma portion, répondit la jeune femme aux lunettes noires. Ce serait trop long de t'expliquer le fonctionnement du four à V.U.T.

— Très bien ! dit Stanislas, une pointe d'intérêt dans la voix. V.U.T... Et les autres ?

— Julius accepte n'importe quel légume et veut du vin, traduisit Anna. Et vous, Camille ?

— Du fromage fondu avec des pommes de terre !

— C'est comme la patate, intervint Agnès. Deux mots pour dire la même chose.

— D'accord, fit Stanislas en acquiesçant.

— Lemnos a simplement faim, poursuivit Camille, il veut goûter aux plats des autres par curiosité.

— Bien ! lança Philémon en joignant les mains. Il nous reste donc... Maurice.

— Une soupe aux choux me plairait bien, dit l'inventeur. J'aimais ça, en URSS. »

Charles avait la nausée. Stanislas ne pourra jamais se souvenir des choix de chacun ! Pourtant, le cuisinier hocha la tête et se dirigea vers les fourneaux. Agnès débarrassa les assiettes sales en silence. L'ambiance devint vite pesante, les tintements de vaisselle résonnant dans la pièce. Nok renifla.

« On va encore les attendre, du coup. Les présentations seront pour plus tard. »

Il jeta un regard circulaire et s'arrêta net en fixant le mur.

« Est-ce que quelqu'un veut aller voir avec moi ce qu'il y a derrière cette porte, là-bas ? »

Camille pinça les lèvres et s'inquiéta :

« Je ne sais pas si c'est bien prudent, avec tout ce qui nous est déjà arrivé...

— Vois ça comme une aventure, l'encouragea Nok. On va juste voir à quoi ça ressemble et on revient. Allez ! »

Je pensais que Nok faisait toujours attention à tout... Il a l'air un peu trop surexcité, je trouve.

« C'est risqué, dit Anna. Pourquoi ne pas attendre la fin de–

— Imaginez que la sortie soit derrière ! la coupa-t-il. Est-ce que vous voudriez encore manger si c'était le cas ?

— Parbleu oui ! s'exclama Eric. Vous m'êtes tous très sympathiques et je désire vous connaître autour de délicieux plats. Ce repas est jouissif ! »

Nok fit la moue.

« Ça ne m'intéresse plus. Je veux absolument savoir ce qu'il y a là-bas, ne le prenez pas mal. Si je pouvais juste, juste...

— Un simple coup d'œil ! le prévint Philémon. Et je vous suis. »

Mais ils furent pris de vitesse.


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