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22. Anna

ANNA

La jeune noble était plutôt intimidée par cet inconnu. Je dois en apprendre un maximum sur lui. Tant qu'on ne sait pas qui il est, on ne peut pas sortir de cette pièce. Il serait bien trop inquiété par ce que nous risquons de voir. Anna s'approcha du lit sur lequel il était resté assis, drapé dans sa toge, l'air revêche. C'est le moment de ressortir toutes tes connaissances en latin, Anna.

« Bonjour ? hésita-t-elle, sentant le regard pesant de ses amis dans son dos.

— Vous ne savez tous dire que ça, soupira l'homme en haussant les épaules. À croire que vous vous moquez tous de moi. Et je parle, je parle, sans aucun but...

— Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. Nous allons sortir d'ici. »

Il la considéra avec étonnement.

« Tu parles toutes les langues ?

— Non, uniquement la vôtre et la mienne.

— Bien entendu. Je n'en attendais pas plus d'une femme. »

Anna haussa les sourcils, prise au dépourvu. Il me tutoie, et maintenant... cette remarque !

« Seriez-vous en train de m'insulter ?

— Je n'aime pas les femmes. » fit-il avec légèreté.

On dirait que c'est la chose la plus normale possible. La jeune aristocrate se tourna vers les autres et murmura :

« Il déteste les femmes.

— Je savais bien qu'il avait l'air mentalement diminué. » lâcha Agnès en secouant la tête.

Oui... ça lui va bien de dire cela. Elle avait trouvé Agnès très étrange depuis leur rencontre. Anna reporta son attention sur le Romain et rassembla son courage.

« Bon, que ce soit clair... Si vous êtes désagréable, je cesse de vous parler.

— Et ? la brava-t-il.

— Eh bien... Vous ne comprendrez rien. Absolument rien. Personne d'autre ne parle votre langue, ici. Je suis votre seule interprète, aussi vous serai-je gré de m'être sympathique. »

Il la toisa en silence, surpris. Je n'aime pas me faire marcher dessus.

« Bien, dit Anna en retrouvant son calme. Commencez par vous présenter.

— Je ne t'aime pas beaucoup.

— Dois-je retourner avec mes amis ? le menaça-t-elle en faisant mine de se lever.

— Non..., dit-il à contrecœur. Je suis Julius Cornelius Glorius. »

Anna réprima un sourire en coin. Le troisième nom des Romains était en réalité un surnom, et Glorius pouvait signifier prétentieux. Oh, comme cela lui va bien !

« Je possède un domaine viticole qui me fait vivre très confortablement. J'ai des domestiques, une grande villa...

— Et pas de femme ni d'enfants, devina Anna.

— Si, j'ai des enfants. Il se trouve que, par une erreur de jeunesse, j'ai eu le malheur de procréer... La prostituée concernée voulait supprimer les deux jumeaux à la naissance, mais j'ai préféré les recueillir.

— Finalement, vous avez bon cœur, commenta Anna en souriant.

— Je l'aurais bien entendu laissée noyer des jumelles. »

Ne réagis pas... C'était manifestement une provocation sans aucune sincérité. Elle s'éclaircit la voix et demanda :

« Et... quel âge ont-ils ?

— Quatre ans.

— Ils doivent être adorables, dit-elle, de plus en plus mal à l'aise à cause de la tournure désinvolte de la discussion – il s'agissait d'un inconnu d'une autre époque !

— Tu aimes bien les enfants ?

— Pas particulièrement, mais ils sont mignons. »

Anna n'avait aucun d'instinct maternel. Elle jalousait secrètement Camille lorsqu'elle chaperonnait Lemnos, car leur relation lui semblait sincère et rassurante, mais cela n'allait pas plus loin. J'aimerais qu'il me fasse confiance à ce point. Il n'empêchait que Lemnos n'était plus un enfant, même s'il ne faisait pas son âge. C'est assez incroyable comme l'esclavage peut ruiner un corps. On l'a forcé à s'accroupir pour frotter le sol, et aujourd'hui il se fait inconsciemment tout petit et discret.

Elle émergea de ses pensées et reprit sa posture habituelle en s'apercevant qu'elle s'était presque affalée sur le lit.

« Nous allons sortir de cette pièce et visiter l'extérieur.

— J'ai faim, décréta Julius, renfrogné. Je veux manger avant tout.

— Il n'y a pas de nourriture dans cette chambre. Nous devons nous rassembler et partir. »

À sa grande surprise, Julius ne se plaignit pas et se leva prestement. Il accepte la logique sans rechigner, ce n'est pas un capricieux !

« Dois-tu tout expliquer à tes... amis ? lui demanda-t-il.

— Nous verrons cela plus tard. Je dois dire que je suis également affamée ! »

Elle se tourna vers Philémon, qui discutait avec Maurice.

« C'est bon, déclara-t-elle.

— Comment s'appelle-t-il ? l'interrogea Philémon en lustrant sa si belle moustache.

— Julius Cornelius Glorius. Il est propriétaire d'un domaine viticole, a deux enfants et pas de femme.

— Il paraît que le vin romain était un désastre, commenta Camille.

— Est-ce qu'on peut y aller ? » s'impatienta un jeune homme basané qu'Anna ne connaissait pas et qu'elle n'avait pas eu le temps d'aller voir.

Anna acquiesça et se tourna vers Julius, qui semblait soucieux.

« Que se passe-t-il ? lui demanda-t-elle avec inquiétude.

— Je ne connais pas ton nom, femme.

— Anna.

— Anna comment ?

— Anna de Viandreux, mais appelez-moi par mon prénom.

— As-tu vu cette créature blanchâtre qui provoque des réminiscences ? »

Il doit parler des fantômes.

« Oui. Que vous a-t-elle montré ?

— La joie de mes fils. Et puis du sang. »

La détresse lisible dans les yeux du Romain lui brisa presque le cœur. Anna tenta de le rassurer.

« Les fantômes nous montrent peut-être de faux souvenirs. Vos fils sont vivants !

— Oh... Oui, mes fils vont très bien... Le sang était le mien. »

Anna fit la moue, le cœur battant la chamade. Il pense comme Camille... Il pense que nous sommes tous morts !

« Suivez-moi. » fit-elle d'une voix blanche.

Ils firent leur lit en silence. Anna brûlait de poser des questions aux autres nouveaux venus. Leur nom, leur époque, leur vie, leur avis sur ce manoir... Le terme venait de Philémon, d'ailleurs. Anna aurait préféré nommer cet endroit le château.

Mais elle n'eut pas le temps de faire connaissance avec les inconnus car déjà, Philémon avait ouvert la porte. Un gros bonhomme passa près d'elle en frôlant sa robe avec ses immenses bourrelets. Intriguée par sa morphologie hors du commun, elle ne put se retenir de lui demander :

« Bonjour ! Quel est votre nom ? Je suis Anna.

— Je m'appelle Stanislas, répondit-il d'un ton jovial, comme si rien de tout cela n'était étrange à ses yeux. Est-ce que vous pensez qu'il y aura à manger de l'autre côté ?

— Je vous avoue que je n'en ai aucune idée.

— Alors... allons-y ! » s'exclama-t-il avec impatience.

Enfin quelqu'un de sympathique ! La jeune femme en blanc à ses côtés – Agnès –, au contraire, ne lui inspirait absolument pas confiance. On dirait qu'elle aime provoquer... Ce n'était pas un comportement de dame, assurément. Anna adressa un sourire chaleureux à Juka, espérant la rassurer après les événements de la matinée, mais la sauvageonne ne lui rendit qu'un faible signe de la tête. Bon. C'est déjà ça.

Lorsque Stanislas franchit la porte, il poussa une interminable exclamation de joie.

« Incroyable ! Magnifique ! Sublime ! C'est un rêve éveillé !

— C'est... » balbutia Anna, émerveillée.

La pièce adjacente au dortoir était... une cuisine. De taille gigantesque, elle semblait contenir tous les dispositifs de cuisson ayant jamais existé. Anna ne savait même pas comment utiliser la moitié d'entre eux. Au centre de la pièce trônaient une table ouvragée et douze chaises.

Stanislas ouvrait tous les placards à la volée et criait d'allégresse en les découvrant pleins à craquer de victuailles fraîches.

« C'est fantastique !

— Et attends un peu de trouver un frigo, ça va être épique. » plaisanta Agnès.

Frigo ?

« Il est là ! » s'exclama Camille en montrant une sorte de grosse boîte blanche.

Elle avait l'air plus éveillée que jamais. La joie collective la galvanise ! Stanislas ouvrit le frigo et s'arrêta net. Il s'assit pesamment devant le curieux meuble et murmura devant l'amoncellement de nourriture :

« C'est frais. C'est de la magie.

— De la science, corrigea Maurice. Et ferme cette porte, tu fais sortir le froid !

— Pourquoi penser au gaspillage ? » rétorqua Camille en se frottant le menton.

Maurice se tourna vers elle et fit :

« Hein ? Il faut toujours y penser. Je sais que je suis en avance sur mon temps, mais on a éradiqué ça, en 2012 ? »

Anna sut alors qu'elle ne comprendrait rien à leur discussion scientifique. Elle saisit une poire posée dans un joli panier de fruits sur la table.

« Eh bien, expliqua Camille, il n'y a pas d'installations électriques. Les murs bougent, ils auraient donc cassé des fils et il y aurait eu un incendie, non ? Donc c'est bien magique. On peut laisser le frigo ouvert, ce n'est pas de la vraie énergie précieuse.

— Très juste, gamine, et je ne pensais pas te le dire un jour ! Mais qu'il laisse quand même cette porte fermée, on ne meurt pas tellement de chaud ici. »

Anna hocha la tête en silence. Mieux vaut avoir l'air de comprendre ce qu'ils disent, j'aurai l'air moins stupide. Elle se remit à picorer sa poire, prenant garde à ne pas faire couler de jus sur son menton. La jeune femme leva les yeux vers Philémon, espérant croiser son regard, mais il ne se tourna pas vers elle. Tant pis. Peut-être aurai-je de nouveau l'occasion de le regarder dormir, au moins.

Soudain, Philémon s'éclaircit la voix et déclara :

« Bon. Nous devons nous organiser. Je pense ne pas me tromper en affirmant que nous avons tous faim, n'est-ce pas ? »

Tous ceux qui comprenaient le français acquiescèrent sauf le jeune homme basané, un bonhomme imposant en cotte de mailles et un blond assez pâle. Le premier d'entre eux prit la parole.

« Nous avons mangé juste avant de nous réveiller dans le dortoir.

— Mais il nous reste bien un peu de place pour un bon cuissot ! dit le chevalier en souriant de toutes ses dents, dont certaines manquaient.

— Vous prendrez ce que vous voudrez, conclut Philémon. Mangeons et présentons-nous pendant le repas. Ainsi, tout sera clair et nous pourrons aller de l'avant sans être des étrangers les uns pour les autres ! Que chacun se prépare ce qu'il désire, et–

— Non ! »

Tout le monde se tourna vers Stanislas qui venait de crier. Anna sursauta et posa discrètement son trognon de poire dans le bac sous la table.

« Je vous servirai tous ! déclara le cuisinier. Je ne sais faire que ça !

— Vous ne pourrez pas contenter tout le monde, le stoppa Philémon en levant les mains.

— Je vais faire beaucoup de plats différents. Un festin.

— Et ces machines ? Vous ne savez pas les utiliser... Moi non plus, d'ailleurs, et je me renseigne étroitement sur les avancées technologiques.

— Si c'est juste un problème de micro-ondes, intervint Agnès, je peux lui apprendre à s'en servir. »

Philémon lui jeta un regard sceptique qui disparut rapidement de ses yeux. Il est si poli !

« Très bien, acquiesça-t-il. Régalez-nous, mon cher... quel est votre prénom ?

— Stanislas, l'aida Anna avec un léger sourire.

— Stanislas, très bien. Au nom de tous, Stanislas, je vous remercie.

— Je crois plutôt que c'est un cadeau, pour lui, ricana Maurice. Il ne parle que de ça ! Manger, faire à manger... »

Stanislas et Agnès partirent s'affairer aux fourneaux et revêtirent des tabliers rangés dans l'un des placards. Les autres s'assirent autour de la table. Tous échangeaient des regards suspicieux en essayant de rester polis. Anna se demanda ce qu'elle était censée dire, à présent.

« Bonjour à tous. » annonça-t-elle avant de baisser les yeux.

C'était une très mauvaise entrée en matière. Maurice marmonna un « bonjour » en même temps que les autres et poursuivit :

« Il vaudrait mieux attendre les deux autres pour nous présenter, sinon on perd l'intérêt du truc. Je ne raconterai pas ma vie un million de fois, aussi admirable soit-elle !

— C'est vrai. » lâcha simplement le jeune homme basané.

Maurice leva le nez précipitamment, comme s'il s'était attendu à une agression.

« Pas de sarcasme sur la Guerre Froide ?

— Pas à chaque fois. » sourit le jeune homme.

Le silence retomba. C'en deviendrait presque gênant. De plus, je ne sais pas ce qu'est la Guerre Froide. Je ne peux faire aucune plaisanterie sur ce sujet. Lorsqu'elle eut mal au ventre à force d'attendre que quelqu'un prît la parole, Anna décida d'intervenir.

« Pensez-vous que nous soyons tous réunis ? Nous serions donc douze ?

— Je le crois, oui, répondit Philémon. Ce lieu semble être une nouvelle étape dans notre parcours.

— Où cela nous mènera-t-il... » murmura-t-elle en tirant machinalement sur les épaules bouffantes de sa robe.

En face d'elle, Juka observait les autres convives. Son regard se tournait parfois vers Agnès qui sortait des produits du frigo et les montrait à Stanislas. En la voyant si inquiète, Anna demanda :

« Comment va-t-on faire pour que Juka comprenne de quelle époque nous venons ?

— À quoi ça pourrait lui servir ? dit Maurice en croisant les bras.

— À rien, admit l'aristocrate. Elle est la plus ancienne d'entre nous... Je dessinerai les métiers de chacun sur son carnet, mais je ne pourrai pas faire plus. »

Elle tourna la tête pour voir qui s'était assis à sa droite. Julius. Il était si discret qu'elle ne lui avait pas adressé la parole depuis leur entrée dans la cuisine.

« Tout va bien, Julius ? s'enquit-elle en latin.

— Je pensais que tu m'avais oublié.

— Absolument pas, mentit la jeune femme. Est-ce que vous avez compris ce que nous allons faire ?

— Manger. Ce gros bonhomme cuisine, là-bas, avec la femme étrange.

— Exactement. Pendant le repas, nous allons nous présenter, et je vous traduirai tout. Il faudra également que j'aide Juka en lui représentant nos nouveaux amis par des dessins. Personne ne parle sa langue, vous comprenez que quelqu'un doive s'occuper d'elle, n'est-ce pas ? »

Julius acquiesça lentement et soupira. Ses mèches frisées blond foncé tombaient sur son front en désordre et sa peau laiteuse semblait ne jamais avoir vu le soleil. Toutes mes amies tueraient pour un teint pareil. Il est évident que cet homme ne travaille jamais.

« Voulez-vous savoir autre chose, Julius ?

— Que va-t-on manger ?

— Ce que Stanislas préparera. Il est cuisinier de métier et voulait absolument nous faire un festin ! Vous étiez affamé, mais ce ne sera bientôt plus le cas.

— À la bonne heure. » dit le Romain, visiblement rassuré.

Agnès surgit derrière eux pour déposer des assiettes en porcelaine devant chaque convive ainsi que des couverts richement décorés.

« L'entrée va arriver ! Il est comme un fou, le Stan. » annonça-t-elle en retournant aux fourneaux.

Anna risqua un regard vers Philémon. Ce dernier jouait pensivement avec sa fourchette, les yeux dans le vide. Il se sépare souvent de la réalité. Anna fronça les sourcils. Il a aussi peur que nous tous, mais il refuse de le montrer.

« Philémon ? l'appela-t-elle, espérant le réconforter.

— Oui ? répondit-il un peu trop fort, trahissant sa surprise en sortant de ses pensées.

— Je voulais juste savoir si vous alliez bien. »

Philémon écarquilla sensiblement les yeux.

« Eh bien...

— Chaud devant ! » l'interrompit Stanislas en déposant quatre plats différents au centre de la table.

Anna fit la moue, mais Philémon lui adressa un sourire amical.

« Plus tard. Ne vous inquiétez pas. »

Ce n'était pas à lui de me rassurer... mais il l'a fait, comme toujours.

Stanislas écarta les bras et annonça :

« Alors ! Salade verte simple avec des noix, des dés de fromage et des tomates. Ensuite, farandole de crevettes avec une sauce de mon cru. Après, je vous propose un hurtz au melon.

— Un quoi ? glapit Maurice en considérant d'un œil torve l'espèce de grosse graine qui trônait au centre du plat.

— Agnès dit que c'est une plante créée dans les années 2120 afin de nourrir l'Afrique. Enfin, c'est ce qu'elle a dit.

— C'est ce que j'ai dit. » confirma-t-elle.

Le jeune homme basané siffla et s'exclama :

« Je pensais ne jamais en manger ! Tous les champs ont brûlé 2000 ans avant ma naissance !

— C'est une excellente idée de proposer des plats de plusieurs époques, dit Philémon en se penchant vers le mystérieux hurtz. Et quel est ce potage que vous avez posé à côté des crevettes ?

— La soupe de ma maman. » répondit Stanislas avec fierté.

Tout simplement !

« Hmmm, érek zo ! s'exclama Juka en s'emparant de la soupière.

— Non, attends ! la stoppa Agnès. Il faut prendre des bols, pas tout le potage... Stan, va en prendre une douzaine, ils ont la dalle et surtout la sauvage ! »

Le jeune homme basané réprima un commentaire assassin. Il semblait déjà attaché à Juka et ne supportait pas qu'on se moquât d'elle de la sorte.

« Et voilà ! dit Stanislas en servant à la louche de la soupe dans un bol. Bon appétit, Juka ! »

Elle le regarda fixement en entendant son prénom, ce qui fit rougir le cuisinier. Il est charmé ! C'est adorable ! Anna avait toujours adoré les histoires d'amour. Mais la mienne commence mal.

Un frisson la parcourut lorsqu'elle crut se souvenir de l'homme blond qui la terrorisait dès qu'elle croisait un fantôme. Qui est-ce ? Anna n'était pas curieuse de le savoir. Qu'allait-elle dire lorsque son tour viendrait ? Je suis Anna, je ne me souviens de rien, et je n'y tiens pas.

« Je vais préparer le plat de résistance ! s'exclama Stanislas, la tirant de ses pensées.

— Non, s'interposa Philémon en secouant la tête. Restez avec nous pour les présentations ! Vous cuisinerez plus tard. »

Stanislas fit la moue et frotta ses mains gluantes sur son tablier blanc cassé.

« Chacun parlera de son plat préféré ! » ajouta Anna pour l'encourager.

Le visage fermé du cuisinier se transforma sur-le-champ en un large sourire. Il invita Agnès à s'asseoir avec eux et prit place à table, impatient.

« Il veut goûter l'hurtz au melon, affirma Agnès avec une moue amusée. Je ne sais pas s'il a déjà mangé du melon dans sa vie, d'ailleurs, mais c'est l'hurtz qui le botte.

— À table ! » conclut le cuisinier en se saisissant du plat en question.

Anna le regarda découper la grosse graine en rondelles puis le melon en morceaux. Il a une adresse incroyable. Même si elle savait qu'il était cuisinier de métier, elle était surprise par sa précision. Un si gros bonhomme ! La jeune aristocrate prit l'assiette qu'on lui tendait et fronça les sourcils. Elle avait déjà mangé du melon, bien sûr, mais cet... hurtz ? La nourriture du futur porte un nom d'une laideur impensable.

Ignorant les convenances, elle goûta sa rondelle d'hurtz avant que les autres convives ne fussent servis. C'est exactement comme de la carotte. Elle jeta un coup d'œil à Stanislas qui goûtait son plat avec une concentration infinie. Il reposa sa fourchette et déclara :

« Un mélange de carotte, maïs et haricot ! »

Il a un meilleur palais que moi... Étonnant, avec tout ce que j'ai pu manger de raffiné dans ma vie ! Tous mangèrent avec application, sauf Juka qui commença par la soupe. Elle a l'air de trouver ça délicieux. Tant mieux !

Anna passa ensuite à la salade, n'aimant pas tellement les crevettes. Ce fut au détour de son troisième morceau de tomate qu'elle sentit le regard insistant de Philémon. Elle leva les yeux et l'interrogea en silence.

« Je propose que nous commencions à nous présenter. Notre nom. Notre passé. » dit Philémon en ne la quittant pas des yeux.

Non, pas moi. Tout mais pas ça.

« Je ne passerai pas en premier. » déclina-t-elle.

Constatant que tous la fixaient avec suspicion, elle ajouta :

« Je n'ai que très peu d'éléments ! Peut-être pourrai-je vous parler de moi dans quelques minutes, après vous.

— Très bien, acquiesça Philémon. Dans ce cas, monsieur ? »

Il s'était tourné vers le jeune homme aux longs cheveux blonds qui n'avait même pas touché aux plats. Si je me souviens bien... Il a dit qu'il avait mangé juste avant avec les deux autres, donc c'est normal qu'il n'ait pas faim.

« Oui ?

— Présentez-vous, monsieur. » lui demanda Philémon.

Le jeune homme se mordit les lèvres et croisa les bras en s'enfonçant dans sa chaise.


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