Chapitre 18
Suite au départ d'Azraël, je me suis sentie confuse quant à ce que je devais faire sur le moment. Habituellement, je me prépare et pars en vadrouille toute la nuit jusqu'au lever du soleil et me repose jusqu'à dix heures, ou onze grand maximum.
Sauf que là, j'ai l'interdiction formelle de ne pas sortir et je dois dire que je me sens perdue. Cela fait longtemps que je n'ai pas eu une nuit entière rien que pour moi et rien que pour dormir. Cependant, je me connais si bien que je sais pertinemment que je ne vais pas réussir à fermer l'œil de la nuit. Ma vie est façonnée de façon à ce que je vive la nuit, cela ne va pas être facile d'aller à contre-courant de ma nature actuelle.
Quoiqu'il en soit, je n'ai guère le choix.
– Gaïa, il est l'heure d'aller te mettre en pyjama, de te faire un petit thé et au lit !
Me dire ça me fait grimacer. J'ai horreur d'aller dormir aussi tôt dans la soirée, même s'il est bientôt une heure du matin. Dans tous les cas, je vais passer une nuit blanche, c'est certain.
Je me demande ce que me concocte Azraël, s'il avait déjà une petite idée derrière le crâne sur l'aide qu'il pourrait m'apporter ou s'il attend d'en discuter avec ses homologues, si je puis dire, et qu'ils se décideront tous en cœur. Toutefois, j'espère avoir un retour positif à l'unanimité. Cela confirmerait aussi l'importance que je suis pour eux et surtout pour mon ange. Cela en va de mon avenir professionnel.
– Tu n'en fais pas un petit peu trop par hasard, Gaïa ?
Je soupire, agacée par cette soirée avortée, mais aussi parce que je me parle seul comme si j'étais en présence de quelqu'un. Certes, j'ai l'habitude de faire ça, peut-être sous les yeux des badauds quelques fois, mais moi, je sais que je parle à Azraël sans que personne ne puisse le voir et comme il est souvent en ma compagnie, cela devient un réflexe.
Une nuit et mon boulot me manque déjà !
De nouveau chez moi, j'enlève ma tenue de travail et m'affale sur mon lit, désemparée.
Je n'aurais jamais su avant aujourd'hui que le fait de ne pas passer la nuit dehors à chasser aurait un tel effet négatif sur mon moral. J'ai fait l'impasse sur celle-ci, mais ce sera la dernière ! Il est impossible pour moi de rester à ne rien faire dans mon lit alors que je pourrais vaquer à d'autres préoccupations beaucoup plus affriolantes et extasiantes. Un moment de défouloir inégalable !
Rien que d'y penser, j'en ai des palpitations au cœur et une envie irrépressible de ne pas obéir aux ordres d'Azraël. Cependant, une autre part de moi me raisonne en me remémorant le souhait que j'ai partagé à ce dernier.
Que faire ? M'abstenir ou suivre mon instinct de chasseuse ?
– Si seulement Azraël était là pour m'occuper l'esprit afin de calmer cette ardeur qui brûle en moi.
– Tu as juste à m'invoquer et je serais là, répond ce dernier, me prenant par surprise, je suis lié à toi par le sang qui coule sur le pacte que nous avons tous les deux scellé. Souviens-toi.
– Moi, je pense que tu es ici seulement parce que tu as eu peur que je ne t'écoute pas.
– C'est l'autre raison qui m'amène, en effet. Non pas que je n'ai pas confiance en toi, toutefois, je dois admettre que je me faisais du souci concernant ta nuit de congé, ajoute-t-il un brin moqueur.
– C'est ça ! Paye-toi de ma tronche, lancé-je en me laissant de nouveau retomber en arrière sur mon lit
– Je suis aussi venu te rendre visite, car je me suis concerté avec le reste des dieux.
Son annonce a eu l'effet d'une bombe. En une demi seconde, je me suis redressée, la tête légèrement vacillante, j'attends le reste avec hantise.
– Déjà ? En si peu de temps ? Il s'est écoulé à peine une heure !
– Le temps chez nous est bien différent du temps de ton monde, Naya. Il ne se compte ni en heure, ni en jour.
Angoissée quant au résultat de cette concertation, je le fuis du regard et me ronge les ongles. Cela peut paraître anodin, mais j'attends beaucoup de ce dénouement et de ce qui va s'ensuivre.
– Nous avons discuté des efforts que tu as fait jusqu'ici et de ton souhait d'être aidé comme il se doit. Il a été décidé que tu méritais cette chance afin que tu puisses démontrer davantage que nous pouvons avoir foi en toi à long terme. J'ai donc le privilège de t'annoncer que ta demande est favorable.
C'est ce que je voulais entendre, or, je reste sans voix. Pourquoi je n'arrive pas à sauter de joie ? Sûrement parce que je me demande ce qu'ils vont m'offrir et ce que je vais devenir.
– Es-tu prête, Gaïa ?
– Attends ! Juste une chose, Azraël ? Cela n'entachera en rien ce que je fais depuis que nous nous sommes serré la main ?
– Absolument pas.
– Et comment vais-je savoir me servir de ce dont tu vas m'offrir ?
– Je ne le sais pas. Toi seule le sauras au moment venu.
– Ça veut dire que tu ne sais pas ce que tu vas me donner ?
– C'est exact.
Me jeter dans la gueule du loup sans réellement savoir ce qui m'attends au bout du tunnel me fait froid dans le dos. Est-ce que je vais savoir m'en servir ? Est-ce que je vais réussir à le contrôler ? Tout un tas de question m'oppresse l'esprit, au point que je me demande si ce n'est pas une erreur finalement de lui avoir quémandé une telle chose.
– N'aie pas de crainte. Tu ne ressentiras aucune douleur physique. Tu percevras très vite si le don que je te fais est en symbiose avec toi ou non.
– Qu'adviendra-t-il s'il ne l'est pas ?
– Il ne restera pas en toi.
– Et s'il l'est ?
– Alors tu n'auras aucun souci à te faire.
– Tes réponses sont vagues, Az, je t'ai connu plus bavard, le taquiné-je, à cran.
– Es-tu prête ?
Je dois me conditionner, prendre sur moi et foncer vers l'inconnu. C'est ce que j'attends depuis longtemps, alors il ne faut pas tout foirer à cause d'une crainte apparue de nulle part.
J'inspire et expire longuement, comme pour évacuer ce trop-plein de stresse. Les poings serrés, j'ouvre de nouveau les yeux déterminée, et agrippe ceux d'Azraël, dont le néant ne fait plus aucun doute.
– Plus prête que jamais.
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