PDV Externe

La journée était passée, et Aya devait désormais rentrer chez elle. Lorsque vingt heure et trente minutes sonnèrent, elle se leva précipitemment et se mit à parler à toute allure.

- Du calme. Qu'est-ce-qu'il se passe ? demanda calmement Ban, les ayant rejoint une fois les provisions rangées.

- Je dois absolument rentrer, Haruto va encore m'engueuler autrement ! paniqua-t-elle.

- Y s'passe quoi ? demandèrent Sachi et Penguin, ne comprenant pas un seul des mots prononcés.

- La Miss doit rentrer chez elle où elle risque la punition, expliqua Law. Je la raccompagne. Les gars, retournez au sous-marin.

Le capitaine des Heart prit son Nodachi, replaça son bonnet Nordique sur ses cheveux de jais et prit sa patiente par le bras pour lui indiquer de se lever et la guider. Ils sortirent sous les regards intrigués des curieux.

Le début du trajet se passa dans le silence.

- Ban, merci beaucoup pour votre présence aujourd'hui, cela fait longtemps que je ne m'étais pas confié à quelqu'un. Si je peux faire quelque chose pour vous remercier ... lâcha-t-elle alors qu'ils s'enfonçait dans la forêt.

Law sourit. Elle ne savait pas à qui elle parlait, et surtout, les informations qu'elle lui donnait.

- Ainsi donc, tu t'es confiée à mon subordonné ... Puis-je savoir de quoi vous avez parlé ?

La jeune femme hoqueta.

- Mon-Monsieur Law ?! Mais, je croyais ...

- Être avec Ban, je m'en suis rendu compte. Maintenant, puis-je être mis au courant ?

- Non.

Un non froid et sec. En l'occurence la jeune femme n'aimait pas qu'on se mêle de ses affaires... Qu'importe, Law aimait la femmes au caractère difficile. Leur soutirer des informations n'en était que plus glorifiant. Et puis, les jeunes filles faciles n'avaient généralement pas autant de détails croustillant que celles voulant se faire désirer.

- Ce n'est qu'un détail, mais d'où connais-tu mon nom ? demanda-t-il pour la rouvrir au dialogue.

- Ban me les a donné. Le votre, ainsi que celui de vos trois autres compagnons. Mais apparement, votre équipage pirate est nombreux...

- Je vois. Mais ce n'est pas pour savoir ce dont vous avez parlé que c'est moi qui te ramène. Ton père a refusé que je t'apprenne à maîtriser tes pouvoirs...

Ses cheveux passèrent au bordeau.

- Mais, il ne voulait pas que vous me soigniez ? Je veux dire ...

- Tu as l'air plus ouverte sur le sujet désormais Miss...

Elle baissa la tête.

- J'ai réfléchi, je ne suis pas qu'une jeune femme têtue vous savez ? Je pense qu'il est inutile de me braquer dès qu'on évoque ce sujet, c'est juste que ... je le vis avec une sorte de frustration et de colère envers moi-même ... J'aurais tellement aimé que ça ne m'arrive jamais... Et en plus ... comme je l'ai dit à Ban ... Je n'aurais pas du naître, alors, d'un autre côté, je l'ai mérité ...

Face à ces mots empreints d'amertume, Law se plaça face à la jeune femme et lui prit les poignets.

- Tu n'as que ça à faire ? rugit-il. Te plaindre et ressasser ce qu'on te reproche ?! Regarde-toi merde ! Tu es d'une puissance inimaginable, plus de la moitié de la planète tuerait pour la posséder !! Regarde la chance que tu as ! Tu as un foyer, une famille qui t'a aimé et qui t'aime encore, de quoi vivre convenablement et dignement, sans avoir à tuer quelqu'un. Tu ne crains pas que la Marine ou un chasseur de prime soit à tes trousses, tu ne te demandes pas chaque jour si tu as pris une mauvaise décision qui mènera tes amis à leur perte, ou si tu vas rencontrer un adversaire que tu ne pourras pas battre. Et regarde-moi, regarde les hommes de mon équipage, regarde les pirates qui parcourent les mers, les Marines à leur suite et ses chasseurs de prime écumant les flots ! A côté d'eux, tu es plutôt chanceuse non ? Oui tu es aveugle, et c'est horrible, je te l'accorde !! Mais dis-toi que, même si tu viens de perdre ta mère, même si tu es infirme, il y a des esclaves obligés de travailler jusqu'à la mort, des prisonniers torturés chaque jours !! Alors, qu'as-tu à me répondre ?

Sa patiente resta silencieuse, quelques mèches dissimulant son visage.

Afin d'éviter d'être remarquer par les habitants de la ville, Law les avaient amené dans une petite ruelle et la maintenait contre un mur de briques, les poignets au-dessus de la tête.

Une douleur fulgurante le prit au niveau du bas-ventre et il lâcha la jeune femme pour porter les mains à ses bijoux meurtris par un puissant coup de genoux.

Elle enchaîna par un coup de coude à la tête et il tomba à genoux.

- Qu'est-ce que j'ai à te répondre, Trafalgar Law ?! As-tu déjà eu peur DE TA PROPRE MÈRE ?! Peur qu'elle ne vienne te tuer dans ton sommeil ?! As-tu déjà été victime de rumeurs dégradantes et sales sous prétexte qu'on ignore tout de ta vie ?! Pardon, j'avais oublié que Monsieur était un pirate ! Toutes les rumeurs courant sur toi vante ta cruauté, ton charisme et ton sex-appeal !! Ca doit te convenir non ? Figure-toi que ma vie n'a pas été si rose que tu le penses !! Ma mère ne m'aimait pas !! A ses yeux, je n'étais que le souvenir d'un amour qu'elle a continué à chérir jusqu'à sa mort ! Haruto n'est pas mon père, je suis fille d'un pirate connu uniquement de ma mère !! Pour ce père adoptif, il m'aime comme on aime un poème, avec une distance et un froid saisissant !! Je ne pouvais que lui rappeler que malgré leur mariage, sa femme en aimait un autre !! Alors ne me juge pas si tu ne me connais pas !! Chaque jour je crains que la Marine, un pirate ou un chasseur de prime ne découvre mes origines et celles de ma mère, et ne vienne pour utiliser cette puissance que tu admires !! Pareil pour le fruit de l'île de Fara !! Ce qui c'est produit ce matin n'a fait que confirmer mes craintes !! Alors, vous autres qui écumez les mers ou je-ne-sais-quoi, FOUTEZ-MOI LA PAIX AVEC VOS SERMONS A LA CON !!

Elle reprit son souffle, car essoufflée, et attendit un signe de Law.

Le brun se releva doucement, en grimaçant.

- Reprenons notre route, lâcha-t-il durement.

Aya hocha la tête et tendit ses bras pour trouver son accompagnateur.

Ses mains se posèrent précautionneusement sur son torse, plus précisément sur ses abdominaux. Il frissonna sous ses fins doigts qui remontaient sa cage thoracique à la recherche d'un de ses bras.

Law attrapa les mains de la jeune femme alors qu'elle glissaient le long de ses épaules. Il s'accroupit devant elle et la prit sur son épaule, le retenant par son bras autour de ses cuisses.

- Hé !! Qu'est-ce-que vous ...

- On arrivera plus vite chez toi.

Il prit le chemin de la maison de sa patiente sans rien dire jusqu'à ce qu'ils soient sortis de la ville.

- Je compte bien t'entraîner si tu veux que je te soigne. Alors, si tu choisis de suivre mon traitement, je veux qu'à minuit pile tu allumes la lumière à ta fenêtre, et on viendra te chercher pour t'entraîner. Compris ?

- Mais comment je mettrais ...

- Je vais m'en charger, la coupa-t-il en devinant sa question.

Elle se tut alors pour le reste du trajet.

~

L'étrange duo arriva à la maison des bois. Law toqua et attendit impatiemment que Haruto lui ouvre. Après tout, c'était lui qui avait demandé à ce que le pirate lui ramène sa fille.

Le battant de bois s'ouvrit en un grincement et le père soupira de soulagement à la vue des deux jeunes gens.

- Merci beaucoup, Mister Law, je vais prendre le relais ... dit-il d'une voix neutre.

- Non, merci, je me charge de l'amener à sa chambre, j'aimerai profiter des dernières minutes qu'ils nous restent à partager, je ne compte pas revenir vous importuner tous deux, répondit le brun avec un sourire aimable, qui signifiait plutôt : laisse-moi passer ou je te transforme en petits cubes à la gelé.

Si l'homme en avait été contrarié, il n'en avait rien montré. Il les laissa passer sans un mot, indiquant simplement la chambre de sa fille d'un mouvement de tête.

Law déposa la jeune adulte sur la moquette après lui avoir ôté ses chaussures. Elle s'installa sur son lit et enleva également ses chaussettes pour enfin laisser ses pieds nus au contact du sol moelleux. Il l'observa évoluer aisément dans cet espace qu'elle connaissait par coeur, ranger ses chaussures et chaussettes, déposer son gilet sur une chaise, effleurer un tas de feuilles rangées proprement sur son bureau, écarter un rideau pour sentir une dernière fois la chaleur du soleil sur sa peau en attendant le lendemain.

Il ne put s'empêcher, en la voyant ainsi, évoluer comme un poisson dans l'eau dans un univers qu'elle avait elle-même façonné, et pourtant figer à l'époque de ses douze ans, de la trouver belle. D'une beauté pure, limpide et non façonnée ou pervertie par la pourriture du monde réel. D'un autre côté, son infirmité lui avait permis de conserver cette innocence qui est celle des enfants encore rêveurs. Telle un diamant brut fossilisé dans une carapace d'ambre, on avait emprisonné son charme et son être tout entier sous une amertume et un dégoût d'elle-même venues des révélations sur sa famille et sa cécité. Law avait l'impression qu'en se rendant compte de tout cela, en en prenant conscience, il portait la première fissure qui permettrait de libérer celle qu'elle était réellement.

Aya le tira de ses pensées en tapotant une lampe.

- Je pense que celle-ci fera l'affaire. Son câble est assez long et elle est suffisamment lumineuse...

Il hocha la tête et déplaça la lampe sur le rebord de la fenêtre et prit la main de la jeune femme dans la sienne pour lui indiquer l'emplacement de l'interrupteur.

Il repartait vers la porte quand elle lui saisit le poignet.

- Qu'y-a-t-il ? demanda le beau brun, étonné.

- C'est un peu embarrassant mais ... je ne peux pas m'entraîner dans cette tenue ou en chemise de nuit ... Il doit y avoir des survêtements dans mon armoire, pourriez-vous me les sortir ?

Il sourit, de son sourire en coin qui faisait tomber les femmes.

- Uniquement si tu me tutoies, je ne suis pas beaucoup plus vieux que toi...

Elle hocha la tête et le laissa se diriger vers son armoire. Alors qu'il écartait les t-shirts et les pantalons pour trouver quelque chose qui conviendrait, elle demanda :

- Quel âge as-tu ?

- 24 ans, 1 mois et 8 jours.

- Tu es du genre précis, rit-elle. Vu que nous sommes le 14 novembre, j'en déduis que tu es né le 6 Octobre...

- Tu es vive d'esprit ... Et toi, quel âge as-tu ?

- J'aurai 22 ans le 17 décembre.

- Donc dans 33 jours pile...

- Toi aussi, tu es un rapide, plaisanta-t-elle.

- Oui. Voilà ta tenue.

Il lui prit de nouveau la main pour lui indiquer l'emplacement de ses affaires.

- Je les ai placé de sorte à ce que quand tu les prennes, tu pourras directement les enfiler, expliqua-t-il alors qu'elle le raccompagnait vers le couloir.

- Merci beaucoup pour aujourd'hui, Law-sama, fit-elle avec un grand sourire. Pourras-tu remercier tes compagnons de ma part également.

Le brun ne sut comment, mais il savait que ce sourire était sincère.

- Je n'y manquerais pas, assura-t-il avant de se diriger vers la porte d'entrer.

Alors qu'il allait l'ouvrir, un bras vain barrer sa route.

- Je n'approuve pas ta sympathie envers Aya, Trafalgar, mais je te suis reconnaissant : c'est la première fois que je la vois sourire ainsi depuis qu'elle a perdu la vue. Alors merci.

Sur ses dernières paroles, Haruto le poussa dehors et claqua la porte avant de la verrouiller.

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Alors ? Que pensez-vous de ce 4eme chapitre ? J'espère qu'il vous aura plus, j'ai hâte de pouvoir vous retrouver pour le cinquième en tout cas *^*J'y ai ajouté un petit passage tout en délicatesse, vous m'en direz des nouvelles...

Kiss kiss

Clelie