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Chapitre 69

Je ne bougeai plus d'un cil. Tout dans cette situation me semblait instable. J'avais l'impression qu'un seul petit geste, aussi minime soit-il, déciderait de mon sort. J'avais l'impression que je risquais à tout instant de sombrer dans le gouffre que représentait Jeff pour moi.

Parce que bien que j'aimais m'amuser avec lui, bien que je sois si proche de lui, je n'étais pas décidée à lui faire confiance, je n'étais pas décidée à tout lui offrir de ma personne.

Et là, tout-de-suite, je sentais qu'un seul de ses mots, utilisé à bon escient, me ferait craquer, qu'il aurait raison de moi, qu'il aurait gagné. Et étais-je vraiment prête à faire ce saut ?

À lui laisser le pouvoir ? À assumer mes sentiments et à lui montrer qu'à présent il avait un pouvoir fort sur moi. Et non pas seulement un pouvoir physique, mais un pouvoir émotionnel, psychologique.

Étais-je prête à lui montrer que je tenais à lui ? Alors que je n'étais même pas sûre de la sincérité de ses sentiments à mon égard ? Bon sang... j'étais paumée ! J'avais envie de l'entendre parler, envie de tout lui donner, mais j'avais peur... Tellement peur que cela en devenait presque insoutenable.

Aussi, je fis ce qui m'allait si bien, je fis ce qu'hélas je faisais presque toujours : je fuis. D'un coup de hanche, je le poussai puis ouvris la porte pour sortir de sa chambre et rejoindre la mienne. Je me mis même à courir, de peur qu'il me rattrape et me fasse changer d'avis.

J'étais dans un drôle d'état d'esprit. Aucune logique, aucune lucidité ne parvenait à mon cerveau. Seule subsistait cette envie de lui échapper, seule restait cette angoisse profonde que je ne comprenais que trop bien.

J'avais tellement peur qu'il me brise ! J'avais perdu très peu de personnes dans ma vie. En fait, je n'en avais réellement perdu aucune.

Mais une personne m'avait bel et bien abandonnée. Et même si je ne l'avais pas perdue puisque je ne l'avais jamais connue, elle était tout de même partie sans regarder derrière elle, elle avait tout de même décidé de m'oublier. 

Oui, ma mère. 

On peut penser que ce genre d'évènement ne marque pas, ne touche pas. Et peut être que chez certains, c'est le cas. Mais je n'étais pas de ceux qui acceptent si facilement leur condition. Petite, j'avais toujours cherché à rencontrer ma mère.

Ne comprenant pas pourquoi je devais lui parler au travers d'un foutu ordinateur, ne comprenant pas pourquoi les seules choses que j'attribuais à ma mère étaient des phrases sans amour, des caractères d'imprimerie qui se mélangeaient quand je fermais les yeux.

Et chaque année, quand à l'école les maîtresses nous demandaient de dessiner ou de présenter nos parents, la seule chose que je pouvais faire pour montrer ma mère aux autres c'était photocopier un mail ou dessiner une fausse maman. Parce que c'était exactement ce qu'elle était : une fausse maman. 

Quand on était à l'école, quand on était au centre de loisir, quand je lisais, on me disait qu'une maman, c'était quelqu'un qui nous aimait. Avoir une maman, c'était avoir un ange gardien au dessus de notre tête.

Une maman ça devait faire des câlins et la cuisine. Ça devait jouer aux jeux de sociétés et venir me chercher à l'école. Une maman ça devait raconter des histoires et chanter des berceuses avant de dormir. 

Une maman devait toujours être présente dans la vie de ses enfants. Mais la mienne n'était pas là. Ma maman à moi, elle m'avait forcée à apprendre à lire plus tôt que la norme parce que c'était le seul moyen de communication qu'elle acceptait. Ma maman à moi, elle ne m'avait révélé son nom que lorsque j'avais six ans. Ma maman à moi, elle ne se souvenait pas toujours de mon anniversaire. 

Et ma maman à moi, elle n'avait décidé de me voir que parce que j'étais en danger de mort dans un internat qui s'apparentait plus à un asile de fous qu'à un lieu d'enseignement et d'étude.

Cette maman en question ne s'était pas présentée à moi, m'avait mentit jusqu'au bout pour que jamais je ne connaisse son identité. Elle ne voulait sûrement pas avoir une ado dans les pattes alors qu'elle était en mission !

Parce que oui, elle était en mission, c'était une agent de la CIA. Tous les agents de la CIA étaient-ils comme ça face à leur famille ? Les abandonnaient-ils parce qu'il préféraient leur job ? Putain, peut être que j'étais égoïste, parce qu'il est vrai que son travail était important, mais j'aurais tellement aimé qu'elle décide de me garder moi plutôt que son poste dans cette agence.

Alors que j'étais en train de monter les escaliers pour atteindre l'étage des filles, la douleur se réveilla soudain dans ma jambe droite et je loupai la marche. Je m'écrasai par terre sans pouvoir me rattraper et me recroquevillai en position fœtale par réflexe sous le coup de la souffrance.

J'avais vraiment mal. J'étais crevée. J'étais triste et j'étais seule. Le combo gagnant pour tomber dans une petite dépression nerveuse. 

Et au lieu de me relever pour finir le trajet qu'il me restait, je demeurai immobile, au milieu du chemin, priant pour que personne ne passe et me trouve ici.

J'avais besoin de reprendre mes esprits et ma blessure à la jambe me lançait trop pour que je puisse me déplacer. Il me fallait un peu de temps. Je respirai lentement, cherchant à calmer le martèlement de mon cœur qui battait à la chamade. 

Soudain, dans le silence des lieux, résonna un bruit de pas. Cela aurait pu sembler normal, tout le monde pouvait venir ici, ce n'était pas un escalier privé ou une autre connerie du genre. Seulement ces pas n'étaient pas normaux.

Peut-être étais-je paranoïaque, mais quelque chose me dérangeait dans leur démarche. Ils étaient trop doux, trop réguliers, trop lents. Comme si la personne ne voulait pas qu'on l'entende, comme si elle voulait passer inaperçue.

« tu es en danger »

« nous sommes tous fous ici »

Mon sang se glaça dans mes veines et la tête me tourna. Quelqu'un s'approchait et je n'étais pas en mesure de me défendre. J'étais exposée, comme une proie facile, affalée au milieu de ces escaliers. Ces escaliers VIDES.

Je me redressai d'un coup, tous les sens aux aguets, et pris appui sur mes main pour tenter de me soulever. Cependant, à peine mon pied toucha le sol que je m'écroulai de nouveau sur les marches, incapable de tenir debout. 

Merde, j'étais foutue. J'arrêtai tout mouvement, reteins même ma respiration et me concentrai sur les bruits, les bruits de ces pas qui – à coup sûr – désiraient ma mort. Tout d'abord, je crus que je les avais imaginés ou qu'ils étaient partis. Je ne les entendais plus.

Ce qui me soulagea énormément. Malheureusement, ce soulagement fut de courte durée car je finis pas les discerner. Ils étaient encore plus discrets que tout à l'heure, allant plus lentement et étant plus légers, mais ils étaient bel et bien là. 

Et le doute n'était plus permis : la personne qui montait les marches voulait me prendre par surprise. Peut-être voulait-elle venger celui que j'avais tué, qui sait ?  Quoi qu'il en soit, elle s'approchait et je ne pouvais pas m'enfuir.

Tout d'abord paniquée, je forçai ma respiration à s'apaiser puis me concentrai : je devais rester lucide, trouver une arme. Autour de moi, il n'y avait rien d'autre que des marches d'escaliers et une rampe. Cela ne me serait d'aucune utilité. Je n'avais même pas de chaussure à lui balancer à la figure putain !

J'étais fichue ! J'allais mourir ! Je n'avais aucun moyen de lui faire face, je n'étais pas de taille à l'affronter et ma blessure me rendait presque inoffensive ! Restait plus qu'à me résigner et attendre la mort !

Putain Avri, CALME TOI ET RÉFLÉCHIS !

Je soufflai puis me reconcentrai, scrutant les alentours à la recherche de quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait m'aider. Mais... rien. Rien. Il n'y avait RIEN ! Je me mis à fouiller dans mes poches, dans l'espoir que le dernier détenteur de ce Jeans y ait laissé quelque chose d'intéressant. J'en sortis des écouteurs et un mouchoir usagé. 

Super ! Je vais le lui lancer à la figure comme ça il attrapera un gros rhume et il ne pourra plus m'attaquer !

J'étais foutue. 

Quoique... les écouteurs... Pouvait-on étrangler quelqu'un avec des écouteurs ? Si oui, il fallait quand même que je les dissimule, pour miser sur l'effet de surprise ! Oui, c'est ça ! Je devais les cacher, lui faire croire que j'étais morte de trouille et sans défenses et au moment où il serait tout proche, sortir les écouteurs et l'étrangler avec. Ce n'était sûrement pas le meilleur des plans mais je n'avais pas d'autre choix. 

J'attendis donc, mes écouteurs enfermés dans le poing et les dents serrées, que l'individu arrive jusqu'à moi. Et plus il se rapprochaient, plus je perdais mon calme. La vérité, c'était que bien que j'ai un plan, j'étais terrorisée.

J'avais déjà tué quelqu'un et ça avait été la PIRE expérience de toute ma vie. Je ne voulais vraiment pas recommencer. Je ne voulais pas tuer cette personne ! Mais si je n'avais pas le choix ? 

Mon cœur battait tellement fort dans ma poitrine que j'avais l'impression que ce taré qui venait était en train de l'écouter. Mes mains étaient toutes moites et un voile de sueur glissa sur mon dos. Il arrivait. Il n'était plus loin du tout. J'allais bientôt voir son visage... 

Une porte s'ouvrit en contrebas dans un claquement si violent que je sautai presque au plafond.
–    AVRIL ! S'écria Jeff.
Je restai muette, ne comprenant pas ce qu'il se passait.

–    AVRIIIL !
Quelqu'un monta les escaliers. Mais ce n'était plus le psychopathe, c'était un éléphant. Un éléphant qui faisait trembler la terre tellement il tapait fort les pieds sur les marches. 

–    Avril !

Jeff eut un soupir de soulagement en lâchant pour la troisième fois mon prénom, il arriva à mon niveau et souffla comme s'il se débarrassait d'une tension insoutenable. 

–    Ne repars jamais comme ça ! J'ai cru que tu étais descendue ! Tu ne peux pas te permettre de te balader seule la nuit, ici et en ce moment, alors que... l'accident est encore récent.

Je ne répondis pas, ne réagis pas, mes yeux fixant un point invisible dans le sol.
–    Avri ?
Jeff s'accroupit à mon niveau et me prit par les épaules. Son visage entra enfin dans mon champ de vision, ses beaux traits tirés par l'inquiétude :

–    Eh... ça va ?

Et là, j'éclatai en sanglots. Tout sortit. Ma peur, ma tristesse, ma surprise, tout. Je pleurai pour ma mère qui n'avait même pas pris la peine de se présenter à moi, je pleurai pour mon père qui m'avait certainement envoyée ici en tout connaissance de cause, je pleurai pour mes amis qui étaient sûrement en fait mes ennemis et je pleurai pour moi, moi qui était la cible de tout le monde.

–    Non... non ça ne va pas Jeff... murmurai-je.
Puis il colla ma tête contre son torse en posant son menton sur mon crâne. Il me serra très fort contre lui, comme s'il voulait partager ma détresse, comme s'il voulait s'en emparer pour souffrir à me place.

–    Chut... tout va s'arranger... chuchota-t-il pour me consoler, tout va s'arranger...
Et il répéta cette phrase encore et encore, comme pour s'en persuader. Seulement je savais que c'était faux. Je savais qu'il avait tord, rien n'allait s'arranger !

J'étais en plein milieu d'une guerre opposant CIA et psychopathes et croire que tout s'arrangerait en un claquement de doigts serait me voiler la face. J'étais en danger, ma vie ne tenait qu'à un fil et personne ne pouvait changer ça.

–    Je vais me faire tuer Jeff, je vais me faire tuer, soufflai-je en pleurant, sentant mon cœur être comme broyée sous ces paroles n'énonçant que la stricte vérité ;
–    Non, je ne laisserai personne te faire ça. Je te protégerai. Gronda-t-il en embrassant mon front.

Comme j'aurais voulu pouvoir le croire en cet instant...

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