Chapitre 3
Lorsqu'Amandine arrive à Landerneau, elle se gare en ville, passe une chaude parka et commence sa déambulation dans les rues aux maisons de pierres. Elle a passé son appareil photo autour du cou, par mesure de précaution. Son reflex est assez lourd et lui a coûté pas mal d'économies. Elle regretterait de le casser maintenant qu'elle commence à le maitriser. Elle est tellement absorbée qu'elle a oublié de prévenir Isabelle de son arrivée. Elle lui envoie un sms. « La ville est magnifique. Je pense me promener encore un peu. Si j'arrive chez vous à 15h, c'est bon ? Amandine. » « Pas de soucis. Philippe, mon frère est à la maison, il pourra t'accueillir. Isabelle. » « Merci J »
***
Maxime et Isabelle sont partis toute la journée pour Perros-Guirec et ses alentours. La jeune femme est heureuse de lui faire découvrir la côte de granit rose, le phare de Ploumanac'h et ses énormes rochers aux étranges formes, les plages de Trégastel et son rocher du Dé. Elle a prévu un panier en rotin pour le pique-nique avec tout le nécessaire pour passer un bon moment au bord de la Manche. Malgré le froid, la journée est superbement ensoleillée. Isabelle éprouve un immense plaisir à marcher main dans la main avec Maxime. Spot gambade tantôt devant eux, tantôt entre leurs jambes, et les emberlificote avec sa laisse, ce qui les fait rire. Sur la plage, comme ils sont seuls, ils ont lâché le chien qui galope en toute liberté dans tous les sens.
Maxime semble émerger de plusieurs mois de morosité, affiche un sourire radieux. Le jeune homme est sur un nuage : se promener aux côtés d'Isabelle est si merveilleux, un délicieux baume sur son cœur meurtri par la disparition de son père. La veille, son beau-frère l'a appelé pour lui annoncer qu'il est « tonton » et qu'il va devoir venir les rejoindre car Caroline et lui désirent qu'il soit le parrain de leur enfant. Son bonheur et sa joie le transportent. Quand Isabelle le regarde, il lui offre un visage si épanoui, qu'elle le trouve beau comme un dieu.
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Philippe ouvre la porte à une jolie rousse aux yeux verts et lui offre un sourire avenant.
« Bonjour, je suis Amandine, je viens de Paris. Isabelle m'a invitée chez vous pour quelques jours.
— Oui, elle m'a averti. Entrez, il fait meilleur à l'intérieur. »
La jeune femme découvre un intérieur douillet, décoré avec soin et surtout chaleureux comme elle aime. Le genre de maison dans laquelle on se sent tout de suite chez soi. Elle suit Philippe à l'étage. C'est un homme grand, aux cheveux noirs bien coupés avec des épaules carrées comme un nageur. Cela doit être un grand sportif, se dit-elle. Il l'introduit dans une chambre dont le couvre-lit et les rideaux, sont faits au crochet de coton blanc. Des tableaux de paysages forestiers ou de lande décorent les murs éclairés par deux appliques de verre et de bois flotté. Un bouquet de fleurs séchées décore le guéridon près du fauteuil gris perle. En s'approchant de la fenêtre, elle découvre la rivière.
« Je vous laisse vous installer. Je vais me préparer un thé. En voulez-vous un ?
— Très volontiers, merci. »
En redescendant au salon, Philippe lit un roman policier. Il invite la jeune femme à s'assoir en sa compagnie et lui propose des sablés réalisés par sa fille Karen.
***
Maxime et Isabelle rentrent tard à Landerneau, admirant le ciel aux nuages orangés dans lequel se pavanent le quartier de lune et l'étoile polaire, couple inséparable de la nuit. Il conduit lentement afin que cette magnifique journée ne se termine pas. Il pose sa main chaude sur le jean's d'Isabelle qui dans un geste de tendresse pose la sienne sur la nuque de Maxime. Il aimerait pouvoir s'arrêter pour l'embrasser, caresser son visage, la serrer contre lui. A la dérobée, il constate qu'elle sourit en regardant la route.
« Coucou ! C'est nous ! »
Karen se jette dans les bras de sa tante pour l'embrasser, puis attrape sa main et celle de Maxime pour les entrainer au salon.
« Regardez mon dessin, il te plait tatie ?
— Il est très joli ma puce. Mais on ne va pas retenir Maxime qui doit récupérer ses valises.
— Il part déjà ? demande l'enfant.
— Non, il va juste aller dormir chez Maël, le père d'Iris, ta copine de classe. Viens dans la cuisine avec moi. »
A ce moment, Amandine revient du jardin où elle est sortie pour fumer. Elle ne réussit toujours pas à s'arrêter et même si elle a diminué sa consommation, elle en grille une de temps en temps.
« Maxime ? Mais que fais-tu ici ? Tu vis en Bretagne maintenant ?
— Je te retourne la question.
— J'ai été invitée par Isabelle. On s'est rencontré à Paris.
— Et bien moi aussi.
— Je t'amène chez Maël, tu t'installes, je vais m'occuper des dernières courses et je te récupère pour que nous mangions tous ensemble, dit Isabelle à Maxime.
Elle s'arrête un instant devant les parisiens, figés comme des poupées de cire et s'approche de la jeune femme.
— Bonjour Amandine, ça va ? Tu sembles avoir vu un fantôme.
— Je suis étonnée de me retrouver ici avec Maxime.
— Ah ! Vous vous connaissez ?
— Oui, répondent-ils ensemble.
— Je prends mon sac et je t'explique dans la voiture. »
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Mathilde, après avoir roulé plusieurs heures, arrive enfin à Pau. Elle cherche d'abord un primeur pour faire quelques achats. Elle trouve de la roquette et de la scarole en vrac, des carottes, poireaux, pommes de terre, chou-fleur, légumes frais difficilement trouvables à Paris à des tarifs abordables. Elle profite du poissonnier et du boucher pour acheter des crevettes et un filet mignon.
Quand elle pénètre dans la vieille maison, le froid la saisit. Le fleuve, le Gave de Pau longe la maison, ce qui la rend certainement humide. Heureusement, elle trouve des bûches bien sèches près de la cheminée dans un panier en rotin. Elle y découvre également des allumettes, de vieux journaux et du petit bois qui vont lui permettre d'allumer le feu plus facilement. Bientôt une belle flambée réchauffe la pièce principale qui fait à la fois office de salon, salle à manger et cuisine. Une table en bois avec quatre chaises, deux fauteuils devant l'âtre garnissent chichement la pièce. Une salle de bain est dissimulée derrière la cuisine, petite mais aménagée astucieusement.
A l'étage, il y a deux chambres simples avec des lits à baldaquins. Mathilde choisit celle qui donne sur le majestueux chêne, y dépose ses bagages avant de descendre se faire chauffer de l'eau. En guise de repas, elle prépare des pâtes et une infusion de camomille pour mieux dormir. Le repas terminé, elle balaye la pièce à vivre, le couloir de l'entrée et le bas des escaliers. Quand la chaleur a inondé la maison, elle monte faire son lit et y glisse une brique chauffée près de la cheminée. Elle s'assoit dans l'un des fauteuils, un livre à la main. Grâce à son enceinte Bluetooth, elle écoute un vieil album de Pink Floyd, Atom Heart Mother. Elle se dit qu'il faudra revoir l'emplacement des meubles et la décoration un peu vieillotte, mais avant tout l'isolation. Gagnée par la sérénité du lieu, la jeune femme se laisse envelopper par le calme de la maison et se décontracte enfin. Elle est soudainement tirée de ses pensées par la forte sonnerie de son téléphone portable.
« Bonsoir Mathilde, c'est Amandine. Tu n'as pas répondu à mon sms. Tu es bien arrivée ? Pas trop de trafic sur la route. Tu aurais dû faire comme moi, prendre le train et louer une voiture.
— Coucou sœurette, ça va. Un peu fatiguée, mais tu sais que je préfère être autonome. Et puis j'ai fait des pauses sur la route. Par contre, il faisait tellement froid dans la maison que j'ai pensé d'abord à m'occuper de la cheminée et à manger que de regarder mon téléphone. Et puis ici, on dirait que le temps s'est arrêté. Je m'assois à peine pour lire un peu avant d'aller me coucher. Je ferai mes gammes demain. Et toi ?
— Moi, je suis bien arrivée aussi mais avec le vent. Il faisait beau et j'ai pu faire des photos. Et puis, j'ai été très bien accueillie par Philippe, le frère d'Isabelle. Et tu ne sais pas quoi ?
— Non, mais tu vas certainement m'éclairer ! »
Amandine hésite. Doit-elle lui dire pour Maxime au risque de lui faire de la peine ou se taire ? Ce ne serait qu'un mensonge par omission, un oubli pour ne pas blesser Mathilde. Elle était revenue toute chamboulée du cimetière. La mort de Charles. Revoir Maxime. Elle avait dû faire preuve d'imagination pour la sortir de sa morosité.
« Alors, tu me dis ?
— Et bien la maison est formidable et Philippe, un bel homme ; Il a une petite fille adorable. Si j'ai bien compris, il est veuf. Nous avons beaucoup discuté en attendant Isabelle et son copain. Il est charmant et intelligent. Il habitait Paris avant et travaillait à l'Opéra Garnier. Tu te rends compte, c'est fou, on aurait pu se croiser !
—Effectivement, si ça se trouve je l'ai croisé à l'Opéra lorsque j'allais voir Sarah danser.
— Peut-être. Cela me fait penser à un film de Claude Lelouch où les personnages se croisent sans pour autant se connaître. Je vais te laisser te reposer. Je t'embrasse.
— Moi aussi. Bonne nuit.
***
Mathéo affronte un fort grain depuis la veille. Il a peu dormi. Il n'a pas le temps de penser et cela lui convient pour l'instant. Depuis son appel à Isabelle, il gamberge. La mer a perdu de son charme, il n'entend plus le chant des sirènes qui l'ensorcelle depuis plus de vingt ans. Naviguer est pourtant sa passion depuis qu'il a partagé avec son oncle, à l'âge de douze ans, ce formidable voyage en mer Méditerranée, comme une expérience mystique. Maintenant qu'il possède son bateau, un sponsor, qu'il a gagné plusieurs régates, qu'il a séduit une femme adorable, belle comme une précieuse et fragile orchidée, au cœur débordant de générosité, il a peur. Non pas de la tempête, mais de perdre Isabelle dont il est follement amoureux. Pour la première fois de sa vie, il a hâte que cette épreuve se termine pour retrouver à Landerneau la femme qu'il chérit.
***
Philippe a décidé de profiter du week-end pour jouer les guides touristiques en charmante compagnie. Il a pu avoir deux jours et entraine Amandine à découvrir le Finistère. Karen est ravie de voir son père sourire et apprécier cette jeune femme qui sait faire du chocolat comme elle n'en avait jamais bu.
Amandine, en plus de photographier de magnifiques paysages marins aux nuages agités ou la brume des sous-bois, en profite pour réaliser des portraits de la petite fille et de son père. Elle est attendrie par leurs relations. D'un regard, ils se comprennent. Elle connait ce sentiment. Sans être jumelles, sa sœur et elle partagent cette connivence. Elle s'en veut de ne pas lui avoir parlé de Maxime au téléphone, mais c'est fait et qui sait ce que l'avenir leur réservera.
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Le jour suivant, Amandine, Maxime et Isabelle emmènent Karen à l'aquarium de Brest. La petite fille est aussi émerveillée que la photographe et elles passent plusieurs minutes devant chaque vitrine. Les deux amoureux, au bout d'un moment préfèrent aller les attendre devant un café. Ils en profitent pour se découvrir encore, se raconter des souvenirs d'enfance. Maxime présente à Isabelle une photo reçue la veille sur son téléphone portable. Elle y découvre Caroline, son mari Fabrice et leur nouveau-né. Isabelle reste sans mot devant le bonheur du couple. Le soleil inonde de joie leurs visages et le bébé dort sereinement. Un voile de tristesse passe devant son visage. Maxime l'attire dans ses bras pour la réconforter. Elle apprécie qu'il ne demande rien. La blessure morale causée par la fausse-couche de l'année précédente est toujours présente, même tapie au fond de sa mémoire. Est-ce pour cela que Mathéo à accepter ce long voyage ? Un besoin de solitude de ne pas avoir pu fonder une famille ? Lui aussi avait été meurtri par la perte de leur futur enfant. Isabelle ferme les yeux pour fermer cette parenthèse de sa vie. Elle n'est pas la première dans ce cas et à trente ans, elle peut encore devenir maman. Passées quelques minutes à se rassurer, elle s'oblige à retrouver un visage allègre et souriant pour l'homme à ses côtés qui la soutient de son amour. Ressasser le passé ne lui servira à rien. Les regrets ne doivent pas dévorer son avenir qu'elle imagine avec Maxime, même si demain il doit déjà repartir. Il ne sait pas encore s'il obtiendra de nouveaux congés car la saison blanche a déjà débuté dans les Alpes et le restaurant aura besoin de lui pour les prochains mois.
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A Pau, Mathilde a bien avancé dans le rangement de la maison. Pour les aménagements, il faudra qu'elle se concerte avec sa sœur mais elles ne pourront faire les peintures que l'été prochain à son avis. Au milieu de la journée, lorsque les températures sont plus clémentes, que le soleil se montre, elle en profite pour débroussailler le jardin. Elle imagine les futurs agencements d'arbustes, de fleurs ou d'arbres.
Le lendemain matin, elle monte à la cabane. Le lieu est tellement apaisant. Le bruit du fleuve, les ramures des arbres. « Comme ce vert est plus beau que les toits parisiens ». Assise, elle écoute les oiseaux, réussit à les repérer dans les arbres, même à les suivre en vol. Elle se promet de revenir avec des jumelles et un livre pour les distinguer. « Demain, j'irai acheter des boules de graisse avec des graines. J'en ai vu à la coopérative où j'ai acheté les outils pour le jardin » se dit-elle à haute voix. Depuis toute petite, quand elle est seule, elle aime se parler à haute voix. Cela la rassure, la conforte dans ses choix ou ses actes. Elle aurait aimé découvrir ce lieu avec Maxime, mais au fond de son cœur, elle sait que leur histoire est terminée. Il est parti jusque dans les Alpes, comme s'il avait fui loin d'elle. « Il faut que j'aille de l'avant, que je me reconstruise, que je m'aère et au plus vite ! »
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Après le départ de Maxime, Isabelle regrette un peu de ne pas être allée au-delà de leurs étreintes amoureuses. Elle aurait pu l'attirer dans son lit, ses yeux, ses mains lui disaient « oui, je le souhaite ». Mais, en même temps, se sentant entre deux hommes, son cœur a retenu ses ardeurs par respect pour Mathéo. Elle veut rompre, mais de vive voix avant de réellement s'engager avec Maxime. La distance va être une nouvelle mise à l'épreuve, elle le sait. Ne peut-elle pas tomber amoureuse d'hommes plus proches ou plus stables ? Heureusement Karen et Amandine la distraient.
« C'est fou comme elles s'entendent comme larrons en foire, dit-elle à Philippe devant un thé.
— Oui et cela me réjouit. Tu crois qu'elle m'apprécie ?
— Qui, demande-t-elle distraite ?
— Et bien Amandine !
— Et si tu l'invitais à la crêperie ce soir ? Tu pourrais te rapprocher d'elle et te faire une idée de ce qu'elle pense de toi.
— Tu es formidable ma sœur », dit-il en l'embrassant sur le front avant de rejoindre leur invitée.
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Le lendemain, en se levant, Karen découvre devant la table du petit déjeuner Amandine et Philippe la main dans la main posées sur la table, partageant un ardent baiser. Sans bruit, la petite fille s'approche et les embrasse de ses petits bras. Le couple, surpris, lui sourit tendrement. Philippe l'assoit sur ses genoux et lui parle simplement de l'attirance, de l'amour, de son bonheur.
La journée se déroule comme un feu d'artifice. Les suivantes également. Les deux tourtereaux profitent d'une balade de Karen et sa tante pour devenir amants. Philippe est heureux comme il ne l'a pas été depuis longtemps. Depuis la mort de Lucie, il n'avait plus eu d'aventure. Pas d'envie, manque d'assurance en lui, peur de n'avoir en tête que l'ancienne danseuse. Peu importe où le mènerait celle-ci, il veut en profiter au maximum et accueillir à nouveau toutes ces émotions comme une libération. Quant à amandine, elle est sur un petit nuage. Elle n'est pas pressée de rentrer à Paris, encore moins de rejoindre Mathilde. L'amour peut rendre si égoïste. Elle est transportée dans un monde de lumières, porte un autre regard sur les êtres et son environnement, plus ouvert, plus libre.
Le moment de partir arrive, la séparation est difficile autant pour Amandine que pour Philippe et sa fille. Mais la jeune femme a promis à sa sœur de la rejoindre et veut absolument lui parler de Maxime de vive-voix sans plus attendre. Lui omettre cette information, c'est la trahir. Elle ne souhaite à aucun prix perdre la confiance de Mathilde. Le cœur lourd, avec la promesse d'au moins un appel par jour et d'une future visite de Philippe dans la capitale, Amandine se résout à prendre la route pour le sud.
***
Isabelle, quant à elle, reprend la route du travail. Son rédacteur lui assigne de nouveaux articles, en particulier sur la poursuite des grèves contre la réforme des retraites débutées le 5 décembre précédent. A Brest, la vie est moins chamboulée qu'à Paris où les franciliens passent encore plus de temps dans les transports qu'à l'accoutumée. Les transports en commun fonctionnent mieux et les travailleurs non-grévistes sont moins agressifs. Il lui a confié également un article à réaliser sur le rassemblement qui sera organisé le 7 mars suivant où doivent se rassembler le plus de personnes déguisées en Schtroumpfs sur Landerneau.
De leur côté, Amandine et Mathilde rentrent ensemble en voiture ce lundi et se retrouvent bloquées dans les embouteillages parisiens, sous la pluie. A Pau, elles ont beaucoup discuté de la maison, de leur avenir avec les hommes. Amandine lui a raconté sa rencontre avec Philippe, son avidité de prendre la vie à pleines dents, ses découvertes de la Bretagne. Puis, après s'être confiée à sa sœur au sujet de Maxime, elle l'a laissée seule afin qu'elle accuse le coup. Elle en a profité pour explorer la propriété et le jardin, puis est montée à la cabane. Elle l'a trouvée charmante, mais à ses yeux rien n'avait plus autant d'attraits que les forêts bretonnes, les rochers battus par les vagues, les cris des mouettes et des cormorans et surtout les yeux, la voix, les mains de Philippe.
Mathilde est allée prendre une longue douche. Elle a laissé l'eau chaude couler sur son corps, son visage. Les larmes se sont mêlées à l'eau pour filer dans les entrailles de la terre. L'eau pour oublier, tourner la page vers autre chose, un nouveau bonheur à construire. Elle a pourtant été heureuse avec Maxime, avant qu'ils ne s'éloignent peu à peu. Elle était si absorbée avec l'ouverture de leur salon de thé qu'elle en a négligé son couple et perdu l'amour du jeune homme. « Paris, Paris, si je te quittais pour la province... Paris, Paris, si je te quittais pour retrouver ma vie... » Se met-elle à chantonner, libérée.
***
La vie parisienne des deux sœurs reprend. Les clients malgré les grèves sont toujours aussi nombreux dans leur salon de thé et le travail, comme la routine s'installe à nouveau dans leur vie. Amandine a cependant le sourire aux lèvres toute la journée, attendant les appels de Philippe et se consolant de ses sms. Mathilde, dès qu'elle a un peu de temps, élabore des plans pour un projet futur. Elle n'en a pas parlé à sa sœur pour le moment, mais cela monopolise ses pensées.
Isabelle est elle aussi accrochée à son téléphone portable. Maxime lui manque et elle commence à redouter le retour de Mathéo. Non pas qu'elle ait des doutes quant à ses sentiments, mais elle a peur de la tristesse qu'il va ressentir quand elle va lui annoncer leur rupture. L'homme avec qui elle vit ces dernières années est sensible malgré le courage et le mental qui le caractérise pour affronter les océans du monde.
Maxime a repris son travail à Briançon. Les services s'enchaînent et il n'a que peu de temps pour songer à Isabelle dans ses journées. Lorsqu'il rentre, il est tellement épuisé qu'il s'endort comme une masse. La neige est arrivée en station avec les touristes, essentiellement le week-end. Il profite de ses lundis avec Spot, et de leur promenade dans la nature pour appeler la femme de ses rêves. Ils se découvrent, se racontent leur travail, échangent sur leurs goûts, leurs futurs voyages, leurs habitudes...
Philippe enchaine les journées de boulot. Il espère pouvoir se rendre bientôt à Paris pour retrouver Amandine, pouvoir l'enlacer et goûter à ses lèvres, se réveiller à ses côtés le matin. Karen lui demande quand la jeune femme reviendra car elle lui manque.
Mathéo est sur le chemin du retour. Il a hâte de retrouver Isabelle. Depuis des jours, il se traite d'idiot de l'avoir quitter aussi longuement, de lâche d'avoir fui, de l'avoir abandonner, comme si une fausse couche n'était que l'affaire d'une femme. Il aurait dû être auprès d'elle pour la soutenir, pour l'aider à regarder vers l'avenir. Mais il est parti, il n'a pas résisté à l'appel du large, à la solitude de l'océan. Que peut-il lui apporter de plus qu'une femme ?
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