Chapitre 11
À écouter durant la lecture "Heartbeats" d'Atis Freivalds!
Chat Noir perdit l'équilibre et se sentit tomber. Ses mains se tendirent devant lui pour amortir la chute et une partie du pont fut réduite en cendre. Papillon avait aisément évité l'attaque. Il s'attendait à ce que son fils l'attaque. Adrien ne sut ce qui était pire ; le fait que son père ait prévu qu'il ne parviendrait pas à le convaincre ; ou qu'il avait réussi à lire en lui comme un livre ouvert. Tous les événements de la soirée défilèrent sous ses yeux. Son pire cauchemar, la noyade dans son chagrin, le secret concernant sa mère... Adrien ne souhaitait plus être la marionnette de son père. Comment avait-il pu supporter sa façon de le traiter durant toutes ses années ? Comment avait-il pu chercher l'affection d'un homme sans cœur ? Tout comme Gabriel avait réduit son existence à une lente agonie, Adrien le réduirait en cendre cette nuit. Lâchant un hurlement de rage, Chat Noir repartit à l'attaque, se relevant brusquement, main tendue vers son père. Gabriel évita une nouvelle fois. Le héro se rattrapa de justesse et lança une nouvelle offensive. Ses gestes étaient instinctifs, avec pour seul but de toucher Papillon, n'importe où, du moment qu'il finissait en poussière. Cependant, aucune ne toucha la cible visée, cataclysmant le décor autour d'eux.
Plus loin, Ladybug regardait la scène, ébahie. Jamais elle n'avait vu son partenaire se déchaîner autant sur l'un de leurs ennemis. Chat Noir marchait en pilote automatique. Ses gestes, bien que rapides, étaient prévisibles si elle en croyait la facilité avec laquelle Papillon les évitait. Il fallait qu'elle lui vienne en aide, maintenant ; avant qu'une erreur lui prenne la vie ou son miraculous. Ladybug courut alors jusqu'à eux, traversant le grand pont qui menait jusqu'au cercueil. Elle jeta rapidement un coup d’œil vers l'endroit où se trouvait Mayura et Rena Furtive pour découvrir qu'il ne restait plus que cette dernière, évanouie au sol. Mayura avait disparu. Les poils sur son échine se redressèrent alors qu'elle tournait la tête derrière elle, durant sa course. Elle eut à peine le temps de voir Mayura dans son dos, qu'elle esquiva une attaque de justesse. Tombant, elle se rattrapa au rebord du pont d'une main.
Dans le vide, Ladybug puisa dans ses forces pour poser ses avants bras sur le pont et se redresser. Le bleu électrique de la tenue de Mayura devant ses yeux lui fit lever la tête. Mayura était penchée au dessus d'elle. Sans un mot, elle se pencha et sa main effleura l'oreille de la jeune fille. Aussitôt, Ladybug se débattit du mieux qu'elle pouvait, les pieds encore dans le vide, et secoua la tête. En appui sur un avant bras, elle donna un coup de poing dans les jambes de Mayura en face d'elle. Cette dernière répondit par un coup de pied qui fit perdre l'équilibre à Ladybug. L’héroïne de Paris grimaça, ne tenant plus que par la force de ses doigts pour ne pas chuter. Le pied de Mayura vint alors écraser le bout de ses doigts et Ladybug ne pu retenir un cri de douleur, mêlé à la peur. Chat Noir, aussitôt alerté, se concentra sur la provenance du cri et découvrit Nathalie penchée au dessus de Ladybug qui ne tenait plus qu'à une main dans le vide. Le souffle fort, Chat Noir fut tétanisé.
- Tu n'as plus le choix Adrien. Ou nous prenons le miraculous de ta coéquipière par la force, quitte à la laisser tomber ; ou tu vas le chercher toi-même et elle est saine et sauve.
Mayura se tourna vers Chat Noir et lit dans ses yeux la terreur. La terreur de perdre à nouveau quelqu'un qui lui est cher, de souffrir à nouveau et de sombrer dans la solitude. Son cœur se tordit, elle se détestait en cet instant. Détester devoir faire du mal au petit garçon dont elle s'était toujours occupée. Détester lire la trahison dans ses yeux quand il avança jusqu'à elle, sa décision prise. Mais ce qu'elle détestait encore plus, c'était le fait qu'elle trouve encore une excuse au dilemme qu'imposait Gabriel.
Chat Noir arriva au niveau de Nathalie, grave, et ne lui accorda qu'un regard empli de haine et d'incompréhension. Comment pouvait-elle prétendre vouloir son bien-être alors qu'elle menaçait la personne la plus chère dans la vie du garçon ? Mayura fit un pas en arrière quand le héro s'accroupit et tendit sa main. Il s'attendait de voir de la tristesse, de la résolution sur le visage de sa partenaire, de la douleur aussi et peut-être même de la déception. Après tout, il lui demandait son miraculous pour la sauver d'affaire, pour la protéger ; et il savait pertinemment que cette dernière aurait préféré se sacrifier plutôt que donner l'objet de son engagement pour la sécurité de Paris. Cependant, Chat Noir n'était pas prêt, et ne le serait probablement jamais. Il ne pouvait se résoudre à sacrifier sa moitié pour cet idéal de justice. Ladybug avait peut-être juré de délivrer la capitale de l'injustice de Papillon ; mais Chat Noir ne combattait qu'avec un seul objectif : protéger la population et ce, incluant l'akumatisé en question. Protéger les personnes qui lui étaient chères : ses camarades, ses amis et sa Lady. Il vivrait avec la trahison que ressentirait Ladybug en son égard car au moins, elle serait toujours en vie.
Cependant, le visage de Ladybug n'exprima aucune de ses hypothétiques réactions. Son visage exprimait la détermination. Dans le vide, elle s'accrochait tout de même. Il lit dans ses yeux l'ombre d'un plan. Ils n'abandonneraient pas leur miraculous. Sans échanger une seule parole, les deux partenaires communiquèrent. Le regard de la jeune fille glissa sur la moitié de bâton encore accrochée à la taille de Chat Noir tandis que sa main libre agrippait son yoyo. La haine et la rage du héro furent bientôt remplacées par l'espoir, une faible lueur dans la noirceur des sentiments qui l'habitaient. Le jeune garçon avait failli être englouti par les émotions négatives, comme son père l'avait voulu. Il rompit le contact visuel avec sa Lady pour admirer un papillon violet se poser sur sa bague. La main tendue dans le vide, vers sa partenaire, les deux jeunes héros observaient avec curiosité et horreur l'akuma. Ils prirent quelques secondes à réaliser qu'ils avaient beau eu à en combattre une année entière ; jamais ils n'avaient prix le temps d'admirer cette créature aussi démoniaque que fascinante. Sa couleur violette le rendait à la fois d'une beauté surnaturelle et menaçant. Et l'irréalisme de la scène leur faisait prendre conscience qu'il était tout aussi inoffensif. Posé ainsi sur la bague de Chat Noir, il battait des ailes.
Gabriel dans son dos s'exclama, incapable de comprendre pourquoi son pouvoir ne faisait pas effet sur son fils. Il était assez en colère, assez détruit, déçu et acculé pour qu'il puisse être akumatisé. Personne n'avait encore résisté à la puissance que donnait un akuma quand ce dernier touchait sa cible ; alors pourquoi cela ne fonctionnait-il pas ?
Chat Noir partagea un dernier regard avec sa Lady, confiant, et feinta de l'attraper pour qu'elle ait le temps de lancer son yoyo. Cette dernière s'exécuta et se lança dans les airs. Papillon et Mayura furent pris de court et cela permit aux deux héros de prendre une longueur d'avance sur leurs ennemis. Adrien élança alors son bâton qui s'étendit puis visa Nathalie qui esquiva de justesse. Les deux coéquipiers maintenant séparés, la menace était moindre. Sans autre moyen pour cesser le combat, Chat Noir lança son cataclysme en plein dans le miraculous du paon et ce qu'il se produisit le déstabilisa. Le corps de Mayura se volatilisa en une plume bleue. Un sentimonstre. Quelque chose clochait depuis le début du combat ; Adrien se rendit compte que ce qui le dérangeait était le comportement de cette dernière. Nathalie était porteuse du miraculous du paon ; cela signifiait qu'elle aurait pu largement aidé Papillon au combat. Elle aurait pu créer de nombreux sentimonstres, empêchant ainsi la possibilité de s'approcher ne serait-ce qu'un peu de Gabriel ; cependant, elle était malade et ce plan lui aurait coûté certainement la vie. Son père avait beau être sans cœur, il ne se permettrait pas de perdre une autre personne qui lui est chère. Alors, elle avait préféré se matérialiser elle-même, dans une copie presque parfaite pour maintenir l'illusion ; que tout était maîtrisé. Chat Noir n'avait jamais eu aussi tort. Il y a quelques heures, il pensait être au plus bas et était prêt à renoncer devant la puissance et la terreur que faisait régner son père sur son existence. A présent, Adrien comprit que Gabriel n'était pas dans une meilleur état que lui. Au contraire, il venait d'apprendre que son propre fils était l'ennemi contre qui il se battait et n'avait d'autres choix que d'enlever deux de ses amis pour négocier ; sans compter que sa partenaire ne pouvait se tenir à ses côtés -à contrario du duo que formait Chat Noir et Ladybug- et qu'elle était souffrante. Son père était désespéré.
La plume vola dans les airs et Chat Noir la suivit des yeux avant d'être attiré par une silhouette rouge à points noirs. Ladybug était en équilibre sur le bâton qu'avait lancé un peu plus tôt son compagnon. Le héro fut aveuglé une seconde tant la réalisation était concrète et claire à présent. Ils avaient peu de temps et ils devaient s'en servir précieusement, c'est pourquoi Chat Noir alla droit au but.
- Ladybug, lance ton Lucky Charm !
Ladybug fut prise de court et lui partagea un regard empli de confusion et d'incompréhension. Personne n'était akumatisé, comment son pouvoir pouvait-il marcher ? Pourtant, son hésitation fut de courte durée quand son partenaire lui adressa un sourire confiant. Tous ses doutes furent balayés, elle faisait une confiance aveugle à Chat Noir ; et, face à son père, il était fort probable qu'il ait compris quelque chose pour le vaincre. Lançant son yoyo dans les airs, Ladybug appela son Lucky Charm. Une cascade de coccinelles tourbillonna et un anneau lui tomba dans les mains. Sa particularité fut qu'il était dépourvu de la couleur rouge et des points noirs qui ornaient tous les Lucky Charm que l’héroïne invoquait. Cet anneau ressemblait en tout bon point à une bague de fiançailles, l'or ressortant à la lumière. Ladybug baissa les yeux pour découvrir Papillon reculant jusqu'au cercueil vitré, les mains levées devant lui, en signe de défense. En face de lui, Chat Noir le visait avec un cataclysme. Ladybug atterrit avec souplesse, dans le dos de ce dernier, et s'approcha de lui. Il était calme, ses épaules étaient décontractées, il n'était plus emprunt à l'instinct primaire de la colère. Il savait ce qu'il faisait. Ladybug comprit alors que son Lucky Charm avait marché car, l'akuma qui s'était posé sur la main de Chat Noir n'était pas la matérialisation de ses émotions négatives, mais plutôt celles du Papillon. Même sans être akumatisé, le père d'Adrien avait été emprunt à tant de désespoir et de souffrance, que le Lucky Charm avait fonctionné comme s'il était déjà akumatisé.
Ce dernier était en panique total et n'arrêtait pas de supplier Adrien de l'épargner. En même temps, il s'accrochait au cercueil. Il ne comprendra alors jamais son fils, pensa Ladybug. Cette dernière posa une main réconfortante sur l'épaule du jeune garçon et ouvra sa paume devant lui. Sans jamais arrêter de le viser, Chat Noir baissa la tête et reconnut immédiatement la bague de fiançailles de sa mère. Son visage se tordit un instant sous le chagrin avant qu'il ne se reprenne et souffle. Il baissa sa main tendue, fit disparaître son cataclysme et récupéra le bijou. Avançant jusqu'à son père, il serra fort la bague entre ses doigts. Gabriel fut déconcerté et chercha immédiatement le piège, quittant des yeux son fils pour inspecter les alentours.
- Père, l'appela calmement Adrien. Vous ne pourrez pas faire revenir maman. Elle nous a quittés pour de bon et je ne peux me résoudre à sacrifier la vie d'une personne innocente pour ramener à la vie quelqu'un qui ne fait déjà plus parti de ce monde. Et vous savez qu'elle n'aurait jamais accepté ce dilemme.
Sans même qu'il ne s'en rende compte, la vision du héro devint floue et sa voix s'enroua. Il déclarait réellement adieu à sa mère en s'adressant à son père de cette façon. Ce dernier le dévisagea et secoua vivement la tête.
- Père, je vous en supplie... Maman aurait détesté nous voir nous battre à cause d'elle.
Sa voix craqua et même Gabriel ne put retenir le tremblement de sa bouche face à la sincérité de la douleur du blond. Chat Noir souffla et s'arrêta en face de son père. Sa main s'ouvrit sur la bague de fiançailles et Gabriel en fut déboussolé à sa vue. Il avait cru l'avoir perdue pour toujours...
- Vous pouvez mettre fin à tout cela. Elle aurait voulu que vous arriviez à avancer... Papa, je vous en supplie...
Il n'avait pas fait exprès de terminer sa phrase en chuchotant ; pourtant il se rendit compte de la peur qui écrasait son cœur. L'appeler d'une manière bien moins formelle était terrorisant mais il souhaitait lui montrer qu'il le comprenait. Qu'il comprenait pourquoi son père avait voulu s'emparer des miraculous. Il ne l'accepterait jamais ; cependant, d'une façon un peu tordue, Adrien compatissait. Il aurait pu être à la place de son père, se laisser submerger par l'absence, la douleur et la solitude et penser que l’égoïsme serait sa seule lueur d'espoir. Heureusement, il avait été entouré de bonnes personnes. Ses camarades de classe, ses meilleurs amis -Nino et Marinette-, sa coéquipière -Ladybug- et surtout sa mère qui ne l'avait jamais quitté, même après sa disparition.
Sa main était parcourue de tremblements quand il l'approcha de celle de son père et qu'il y déposa le bijou au creux. Sans un mot, Chat Noir se détransforma et ne put retenir les larmes qui sillonnaient maintenant ses joues. Gabriel leva lentement la tête pour découvrir son fils, aussi brisé que lorsqu'il lui avait annoncé le décès d'Emilie ; seule la force dans ses yeux fit réaliser au Papillon qu'il ne gagnerait jamais. Il avait perdu et tout au fond de lui, malgré sa fierté et son ego blessé, il savait qu'Adrien avait raison. Le blond se jeta dans les bras de son père, pleurant à chaudes larmes et pour la toute première fois, Gabriel répondit sans l'ombre d'un doute à cette embrassade. Naturellement, ses bras l'entourèrent comme si c'était la première fois qu'il prenait son fils dans ses bras. Ils pleurèrent tous les deux, une main posée sur le cercueil vitré, dans un dernier geste d'adieu.
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