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3. Marilou

     LES HEURES avaient défilé, je m'étais tournée, retournée, dans ce lit si vide, et ma gorge si serrée ; j'étouffais mes sanglots, sachant que les gens ne dormaient pas très loin. J'avais eu la chance d'hériter du petit matelas près du lit double partagé par Daphné et Gene. Elles m'avaient assuré qu'on ferait des roulements mais j'étais prête à parier que j'allais me coltiner le matelas grinçant toute la semaine.

J'avais entendu les autres rentrer de boîte, se marchant les uns sur les autres. J'avais entendu leurs petits rires mal déguisés, leurs chut qu'ils tentaient d'étouffer. J'avais le coeur serré. Il s'était amusé, il était sorti, il était allé danser pendant que je m'effondrais dans mon chagrin, dans mes regrets. Je me noyais dans mes souvenirs. Je savais qu'il ne m'avait pas aimée, pas aussi fort que moi, pas assez fort du tout. Je savais qu'il tenait à moi. Mais c'était à peu près tout.

J'avais entendu des embrassades sur le chemin. C'était ça, les rires entrecoupés de silence. C'était des baisers échangés, en secret. Ca allait en faire, un beau scandale. Mon esprit s'entêta, mon coeur se piqua, à l'idée que Charles embrassait quelqu'un, qu'il soit si proche, si vite, d'une autre que moi. Mais je m'apaisais, je savais qu'il n'embrasserait ni Daphné, ni Gene. Et qu'Estelle, même combien il la regardait, avec ses yeux de Bambi, avec ses yeux énamourés, elle ne tromperait pas Augustin, pas pour Charles, pas pour personne. Peut-être était-ce une autre fille, rencontrée sur le chemin, amenée ici, embrassée dans les couloirs, qui partirait avec le lever du jour ?

Mon coeur se serra, lui qui était si lourd, lui qui me noyait déjà. Je n'arrivais plus à respirer. Comment faisait-on, pour survivre, après une rupture ? Je ne me sentais pas capable de sourire, ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais. Je faisais semblant, derrière mes lunettes de soleil, mes mauvaises blagues, ma playlist de Clara Luciani, mais je me sentais de moins en moins capable d'affronter le monde. Je croyais que Charles aimait ça, cette version de moi, un peu plus vulnérable, un peu plus cassée. Mais il était parti. Il n'avait pas aimé trop s'approcher du soleil : il avait peur de ses cicatrices.

Je me demandais, l'espace d'un instant, si ce n'était pas Charles et Estelle qui s'embrassaient de manière si peu discrète. Après tout, Estelle et Augustin se disputaient tout le temps, en ce moment. Elle avait toujours le sourire pincé quand il était là, une espèce d'impatience quand il parlait, quand il l'agaçait. Il l'aimait maladroitement, il lui faisait des remarques qu'elle ne faisait plus semblant de tolérer. Il lui en voulait, de passer plus de temps avec Charles qu'avec lui. Je comprenais, j'en voulais à Charles aussi, de ne pas faire semblant d'essayer de m'aimer, de ne pas se cacher de préférer Estelle. Ce n'était pas la première fois que ça arrivait ; qu'on aime Estelle plus que moi. C'était un schéma que je connaissais, mais ça ne faisait pas moins mal la seconde fois.

Mes interrogations nocturnes furent interrompues par le duo Daphné-Gene qui entrèrent sans grande discrétion. Elles riaient forts, se donnant des petits coups de coude, elles marchaient à peine droit. Elles semblaient avoir passé une bonne soirée, loin de tout les drames, des tensions ambiante, de ma rupture qui me lançinait le coeur. Je me demandais même si elles savaient, si elles s'y intéresseraient ?

Gene, au ventre interminable, buvait goulûment une bouteille d'eau. Sa queue de cheval ondulait, elle portait un de ces crop top minuscules que je n'oserais pas porter, un truc qu'elle aimait bien parce qu'on la regardait quand elle avait : hypnotique. Elle attrapait le regard et elle grattait des clopes comme ça. Parce qu'elle était belle, qu'elle dégageait un truc, qu'elle était joyeuse, pétillante.

Daphné, moins charmeuse, attendait l'eau à son tour. Ses cheveux étaient, comme d'habitude, lâchés le long de son visage : elle n'aimait pas tant être regardée. Elle avait moins besoin de cette validation dévorante. A dire vrai, elle ne cherchait que la validation d'Heidi. Nous ne parvenions pas trop à comprendre pourquoi les deux cherchaient tant à rester amies, pourquoi elles s'obstinaient à rester ensembles dans ce groupe qu'elles ne voulaient pas scinder ; pourtant, il était assez clair, que deux micro-groupes étaient faits. Daphné, Estelle et Charles d'un côté, Heidi, Augustin, Rémy et Gene de l'autre. Avec ma rupture, je ne savais pas trop où j'allais. J'imaginais, loin de Charles.

C'était bien assez compliqué comme ça.

Les deux filles se couchèrent, toujours sans grande discrétion. Elles ne s'étaient pas démaquillées et s'étaient pratiquement glissées dans les draps avec leur sueur collante au corps. Je fermais les yeux, désespérément en quête de sommeil.

Et finalement, la réponse à mes questions. Les bruits de baisers avaient repris, plus nets. Je savais qui s'embrassait. La bombe était posée et les secondes criaient dangereusement jusqu'à la détonnation. Comment allait réagir Heidi ?

Je réussis à gratter quelques maigres heures de sommeil et m'en tirait avec un mal de dos et une fatigue incroyable. Je pensais être la première levée, mais lorsque je sortis de la chambre, je trouvais Rémy qui prenait le soleil.

"Eh, Lou, tu dors pas ? demanda-t-il."

J'haussais les épaules.

"Quand j'me suis fait larguer, je passais mes journées au lit, perso.

- On est en vacances, je vais pas laisser une rupture me saper le moral !"

J'avais cette réputation de joyeux luron, de fille un peu décalée, dans son monde, toujours de bonne humeur, toujours avec un mot réconfortant. J'étais celle qu'on allait voir pour parler, parce que je savais écouter. Je n'étais pas très bonne avec les conseils - c'était plus Heidi, la maman. Mais j'écoutais, patiemment, je donnais des phrases de motivation qui n'avaient pas vraiment de sens et les gens étaient contents.

Notre petite bande était remplie de gens malheureux. C'était l'adage adolescent. Être triste, écouter du Lana del Rey, fumer du shit à sa fenêtre. Estelle était de nature mélancolique et personne ne la laissait mettre sa playlist en soirée pour éviter de déprimer. Heidi était du même acabit : détachée du monde, renfermée sur elle-même, anxieuse sociale. Charles ne le montrait pas tant mais son passé parlait à sa place. Rémy se réfugiait dans ses joints et Augustin le rejoignait. Daphné montrait très rarement qu'elle était heureuse et passait le clair de son temps à grogner sur tout et n'importe quoi.

Quant à Gene, l'autre soleil, personne n'était surpris, qu'elle n'aille pas bien : elle était sensiblement malheureuse, déguisait sa souffrance sous de mauvaises blagues et noyait sa peine dans l'alcool. Mais moi ? Moi je m'efforçais d'avoir un mot de positif pour chaque situation un peu grise, de voir le verre à moitié plein - et même carrément plein. Je n'allais pas m'effondrer maintenant, ils avaient besoin de moi.

"T'es gentil de t'inquiéter, mais ça ira, promis.

- T'as le droit de pas aller bien, tu sais."

Non, je n'en avais pas vraiment le droit.

Je commençais par me servir un café et le boire, les pieds dans la piscine. Heidi ne tarda pas à émerger. Je ne pus même pas soutenir son regard, repassant la scène d'hier dans ma tête. Certes, ça ne m'étonnait pas tant, ça leur planait dessus depuis un moment, mais tout le monde savait que la rupture était compliquée pour les deux et qu'aucune n'avait eu de dates avec quelqu'un d'autre. Personne avant hier soir.

"Ca va, louloute ? demanda Heidi en me rejoignant.

- Tranquille.

- T'as pas les yeux trop gonflés, observa-t-elle, taquine.

- Je te l'ai dit, ça me fait pas tant de peine que ça.

- Si tu le dis, constata la brune."

Elle agita ses orteils dans l'eau turquoise, en proie à la réflexion. Les grillons nous berçaient, nous aidant à émerger du sommeil.

"Moi, à ma rupture, je croyais que le monde allait s'arrêter. Je sais que c'est moi qui l'ai quittée, mais... j'sais pas. Je pensais pas que c'était aussi horrible, de devoir la voir, tout le temps, dans mon groupe de potes. Et en même temps, à chaque fois qu'on s'éloignait, c'était horrible aussi. Je sais pas comment tu fais."

Je savais qu'il ne m'avait jamais aimée. Ca m'aidait. Il s'en moquait sûrement pas mal, d'être ami avec moi, de me quitter au cours d'une conversation ; tout ce qu'il voulait, c'était Estelle.

"Boh, savoir qu'il est sorti en boîte le jour même ça me donne le ton. La vie continue pour nous."

Et si j'étais parfaitement honnête, ça me dévastait de voir avec quelle simplicité il tournait la page, comment il s'en moquait. Mais, malheureusement, il fut le prochain à émerger. L'air déconfit, l'air ailleurs. Il s'en fichait pas mal de moi. Il rejoignit Rémy, il faisait sa vie, il regardait des memes sur son téléphone. Nous fûmes rejoints par Gene et Daphné par la suite. Elles récapitulaient de la soirée avec Charles, elles rigolaient en fumant des clopes, Gene s'était ouvert une bière. La vie était belle pour eux.

"Je te parie tout ce que tu veux qu'elles vont pas faire un seul repas, grogna Heidi entre ses dents, peu concentrée sur son livre."

Et puis, Augustin et Estelle. Elle avait des petits yeux, les cheveux en bataille, un sourire radieux. Il la tenait par la taille. J'étais frustrée, envieuse. Qu'est-ce qu'elle avait de plus que moi ? Qu'est-ce qu'il y avait de si sacré, derrière ses yeux gris, pour qu'ils tombent amoureux d'elle ? Qu'est-ce que je ne voyais pas, qu'est-ce qu'il me fallait ?

J'en venais à tout lui envier. J'appréciais Estelle, je l'avais considérée comme ma meilleure amie, mais elle m'énervait, indéniablement. Je lui en voulais, d'avoir passé tout son temps avec Charles, de l'avoir charmé, de l'avoir séduit, sans rien faire qu'être elle-même. Et en même temps, Augustin était dingue d'elle, envers et contre tout. Les deux garçons que j'avais aimé, ils étaient fous d'elle.

Son rire m'agaçait. Ses pattes d'oie, le front plissé de bonheur, ne réalisant pas tout ce qui lui tournait autour. J'étais infiniment frustrée.

"Ca va ? demanda Heidi.

- Oui, j'ai juste la dalle."

Je mentais, elle le savait, mais je n'avais pas envie de dire la vérité. Elle était là, assise sur ses genoux, il la tenait par la hanche. Qu'est-ce qui m'empêchait d'avoir ça, qu'est-ce qui faisait qu'on me quittait plutôt que d'endurer des disputes et de les résourdre ? J'avais peur, peur de ne jamais être aimée, peur de ne jamais être assez bien.

Je demandais juste à être aimée. Et pourtant. Pourtant on ne m'aimait pas, pourtant je dormais seule.

"J'vais me laver. Et si personne s'y met, faire à manger après."

Sous la douche, j'avais le droit de pleurer. Personne pour me voir et je pouvais cacher mes yeux rouges par du shampoing dans l'oeil. Sous la douche, j'avais le droit d'être moi.

Je me demandais comment j'allais survivre la semaine sans essayer de me noyer. J'étais triste et j'avais l'impression que je ne m'en remettrais jamais. Je ne m'en remettrais sûrement pas avant longtemps. Et puis, comme épitôme de la provocation, je tombais nez à nez avec Augustin en sortant de la salle de bain.

"Bah, salut Loulou."

Je ne répondis pas vraiment, pas d'humeur.

"Eh, ça va ? Tily m'a dit, pour...tu sais... la rupture ?

- Super.

- Eh, c'est un con, tu crois pas ?

- Bien vu, c'est vrai, pourquoi je suis sortie avec ?"

Tout le monde m'agaçait. Je voulais juste m'enfermer dans la chambre, ne jamais en sortir, laisser la vie continuer sans moi.

"J'comprends pas trop pourquoi il a fait ça. T'es super chouette, tu sais ?"

J'avais une idée du pourquoi du comment mais je me gardais bien de lui en parler. Je préférais ne pas faire de vagues.

"Oui, je sais, il va pas me faire penser le contraire !"

Il esquissa un sourire embarassé et fut rejoint par Estelle, une serviette de douche sur l'épaule.

"Ca va, Loulou ? demanda-t-elle, ses grands yeux gris pleins de pitié."

Elle me prit dans les bras. Je m'en voulais, je m'en voulais d'être en colère contre elle alors qu'elle n'avait rien fait : je me trouvais pathétique. Son problème, c'était d'être celle que je voulais être.

Et, pour enfoncer le clou, le jour où ils avaient décidé de se réconcilier entre leurs disputes incessantes, c'était aujourd'hui. Ils passèrent la journée à s'asseoir sur les genoux de l'autre, à se tenir par la hanche ou poser la tête sur l'épaule, à rire et partir s'embrasser en cachette. On aurait dit qu'ils venaient de se mettre ensembles.

Daphné et Gene étaient fourrées ensembles. Rien ne me choqua : c'était leur comportement habituel. Je me demandais alors depuis combien de temps ce petit jeu durait. Pour la première fois, Daphné portait une tresse, changeant de ses cheveux lâchés ou de ses queues de cheval à la va-vite. Gene complimentait son visage dégagé. Heidi regardait de loin, le visage contrit.

"J'sais pas. J'aime bien tes cheveux lâchés, moi, répondit-elle quand Daphné lui demanda son avis."

Toute cette situation me faisait encore plus de peine que ma propre situation. Heidi qui ne se doutait de rien, les deux qui vivaient leur secret. Mais je me promis de ne rien dire. Déjà que les tensions étaient à leur comble, je n'avais pas besoin d'en rajouter.

Charles m'évitait. C'était déjà ça. Quand il me voyait dans la cuisine, il décidait qu'il irait s'ouvrir une bière plus tard. Quand il voulait traîner à la piscine avec Rémy, il vérifiait d'abord où j'étais. Malheureusement pour lui, Estelle était trop occupée à roucouler avec son petit ami pour lui accorder de l'attention.

"Tu penses qu'ils couchent ensembles même quand on est là ? demanda Heidi par dessus son livre, pointant la fenêtre de leur chambre.

- Je pense qu'ils l'ont déjà fait plusieurs fois en soirée, tu sais.

- Non mais... genre, on est . On peut entrer à tout moment. Il est dix-sept heures, c'est l'heure du goûter, pas de baiser.

- Me dis pas que si t'étais en couple, tu le ferais pas aussi.

- Avec cette chaleur ? Ma libido est morte et enterrée."

Gene était bourrée. Elle buvait depuis qu'il était midi et n'avait pas complètement décuvé de la veille.

"Eh, ça va les poulettes ? On vous voit pas beaucoup."

Elle s'allongea à plat ventre à côté de nous.

"Venez faire soirée avec nous, non ?

- Je finis mon chapitre.

- Heidi, on est en vacances, t'as pas d'autres choses à faire ? Je sais pas, moi, vis !

- Y'a Charles avec vous, on viendra plus tard."

Gene me regarda, avec des yeux de chaton.

"Alors c'est ça, le problème, Louloute ? Vous vous parlerez même pas ! Allez, laisse pas une rupture te gâcher les vacances, non ?

- Gene ! appela Daphné. Laisse les tranquille !"

La brune me pinça la joue et se releva.

"Tu veux y aller, toi ? demanda Heidi, ses yeux verts remplis d'inquiétude.

- Pas vraiment, avouais-je."

Je me demandais, finalement, à quoi ça tenait, de forcer un sourire pour tout le monde. Je n'avais vraiment pas envie de passer la soirée avec mon ex. Alors, avec Heidi, nous partîmes, sans rien dire à personne, une bouteille de vin et des chips chipées dans un tote bag. C'était sa dette pour avoir rangé les courses presque toute seule, affirma-t-elle. Nous trouvâmes un parc pas trop loin de la maison de location.

Et, pour la première fois depuis une éternité, je pleurais devant quelqu'un.

Heidi ne me trouva pas de solutions magiques. Elle m'écouta, simplement. Elle m'affirma que j'allais trouver l'amour. Qu'il fallait juste que je change de ville, qu'il me fallait un nouveau départ, un nouveau truc, que je laisse mes interrogations derrière moi. J'y croyais à moitié. Je boulottais les chips.

"J'avais oublié que t'avais été amoureuse d'Augustin, rigola-t-elle,

- Une belle époque, hein ?"

C'était une belle époque. Le groupe venait de se former, tout allait bien, nous croyions avoir le monde à nos pieds. Je n'étais pas habituée à ce que les garçons soient gentils avec moi, alors quand Augustin, plutôt mignon dans le genre maladroit, rigolait à mes blagues et s'intéressait à mes obsessions du moment, j'avais développé un crush sévère pour lui.

Tout allait bien, hormis ça. Augustin et Estelle ne se disputaient pas encore. Ils se tenaient la main sur le canapé en soirée, discrètement. Heidi et Daphné sortaient ensembles, un peu en secret - Daphné n'osait pas vraiment en parler à son entourage. Gene était raide dingue d'une fille de sa classe d'anglais et elles s'échangeaient des messages à trois heures du matin. Charles n'était pas là. Rémy venait de nous rejoindre. Nous ne savions pas où nous allions, mais nous y allions. Il n'y avait pas ces conneries d'orientation professionnelle, de déménagement, de jalousie, de ruptures un peu partout.

Tout allait mieux quand Charles n'était pas là.  

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