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Partie X : Cyborg - Chapitre 1 : Humanoïde

Aujourd'hui, le 14 novembre 2020, je tiens à vous publier en surprise ce chapitre qui fête les 4000 lectures. Sachez que votre présence provoque en moi un espoir indescriptible, une joie inqualifiable et surtout une émotion unique. Encore une fois, je voudrais honnêtement vous remercier pour l'aventure que vous me faîtes vivre. Chaque pilier qui célèbre un millier de plus représente pour moi une revanche sur les personnes qui ont injustement jugées comme moyenne mon écriture ou celles tout simplement qui croient que la lecture et les rencontres humaines qui en découlent seraient désuètes. Prouvons leur le contraire. Je vous souhaite une excellente lecture, Marianne

Premier décembre. Noël se fêterait dans vingt-quatre jours ; et le lendemain l'anniversaire de Tarik. Trente-trois ans, ou l'âge du Christ. Tarik ne savait pas d'où il savait cette croyance populaire.

Comme d'habitude, il s'était perdu dans ses pensées alors qu'elle était à deux doigts d'exposer le calendrier de la tournée à tout le collectif. Elle, Tarik, Nabil, Ken, Jason, Fabrice, Théo, Mikael, Mohamed, Alpha, Eddy, Roméo, Antoine et les frères Ordonez étaient entassés dans le salon du couple et elle avait tenu à tirer un grand drap blanc sur le mur pour exposer sa présentation.

Le trente mai à Lyon, le lendemain à Nice, le deux juin à Nantes, le quatre et cinq à Toulouse, le dix et onze à Lille, le douze au Luxembourg, le quatorze à Strasbourg, le seize à Dijon, le vingt-sept à Nîmes et le cinq et six juillet à Paris. Treize dates, toutes les plus délirantes les unes que que les autres. Cette tournée imposait un sacré rythme qu'elle avait bien sûr planifié avec son équipe. Elle était d'une personnalité très dynamique.

« Décembre. Les organisateurs m'ont enfin répondu pour confirmer que dès la semaine prochaine et bien sûr avant la pause de fin d'année, nous pourrons faire les premiers repérages dans les salles. Nous conclurons ainsi les derniers détails qui peuvent nous tracasser. Antoine, je n'ai pas oublié tes vingt-neuf ans pour le quatre. Janvier. Je ne vais pas vous apprendre que son premier jour fête le passage à la nouvelle année mais ce mois sera surtout pour vous la reprise du travail sur vos voix et vos physiques, même si je ne m'inquiète absolument pas sur ce dernier détail. Le onze, nous fêterons l'anniversaire de Théo, le douze celui de Mohamed et le vingt-deux celui de Florian. Enfin, je partirai avec Tarik et Mohamed une semaine au Maroc. Sneazzy va notamment m'y apprendre à faire du surf. Février, le début des répétitions. Fabrice, je suis déjà op pour le quatre. Puis, je partirai toujours avec Tarik sept jours en Tunisie où nous serons accompagnés de Théo et les suivants en Égypte par Mikael. Mars. Nous débuterons notre tour de France en jet privé messieurs ! Vous testerez votre première scène à Lyon puis dans toutes les autres salles. Encore avec Tarik, je finirai le mois en Guinée où nous irons avec Alpha réaliser des actions humanitaires qui ne feront pas de mal. Avril. Les choses sérieuses se concrétisent puisque toutes les semaines, vous commencerez les générales car ces répétitions sont le détail le moins négligeable. De plus, nous les jonglerons entre trois anniversaires qui sont prévus le trois pour Ken, le dix-neuf Olivio et le vingt-cinq pour Nabil. Avec Tarik et Eddy, nous n'avons pas encore décidé la date de notre départ pour la Réunion. Mai. Le trente... J'ai envie de dire Inch'Allah. En début du mois, nous reprendrons progressivement la vie dans les tours-bus, et le deux, nous fêterons la naissance d'Eddy. Voilà, il me semble que j'ai tout dit. », conclut-elle en soufflant un bon cou, remettant en ordre ses feuilles et fermant le diaporama.

Tarik savait qu'elle allait demander s'ils avaient des questions ; mais avant qu'elle ne put le faire, il déclara de voix haute : « T'as oublié quelque chose. ». Même s'il avait pris un ton grave, il essayait tant bien que mal de garder un regard sérieux. « Ton anniversaire le vingt-six mai. ».

Chacun d'entre eux aurait pu prévoir la réaction qu'elle allait faire, à savoir de rougir légèrement sur les pommettes, baisser avec embarras la tête et tortiller ses mains. Elle détestait à ce que toute l'attention soit portée sur elle. Elle était plus une femme de l'ombre, donc droite et efficace : « Tarik, c'est un détail ça. Ne commencez pas à vous chauffer sur une soirée surprise, des gâteaux et cadeaux parce que je n'ai besoin de rien de plus que vous. Que la Famille. », essaya-t-elle de s'extirper de cette situation qui la mettait mal à l'aise. Il n'y avait pourtant pas de quoi.

Elle n'avait pas conscience de ce qu'elle était et représentait pour eux. Une sœur à protéger, une princesse à choyer et une femme à aimer.

Tour à tour, elle dévisagea tous ses hommes dont certains s'étaient déjà levés pour organiser au mieux la table pour qu'ils n'y soient pas trop serrés lors du dîner. Certes collés mais plus heureux que jamais. Cependant, à peine ils commencèrent à manger qu'elle sembla déjà être ailleurs.

Ken s'en aperçut le premier et la fixa tendrement lorsqu'il s'assit en face d'elle : « Tu as le comportement d'une personne qui aimerait écrire, alors que pour ce soir, ton cerveau refuse de le faire. ».

« Je déteste quand je n'ai pas d'autres choix que de m'adresser à Nekfeu, mais te souviens-tu encore de ce que tu éprouvais quand tu as écrit Humanoïde ? Eh bien si en ce moment je pouvais comparer la manière dont je me sens, elle se rapprocherait plus que jamais à ce son. », lui répondit-elle pendant qu'elle tournait la tête vers lui. Elle le regarda avec doutes et égarement.

Puis, ce fut au tour de Nabil à tenter de la rassurer du mieux qu'il le pouvait : « T'as le bourdon cousine. Arrête de douter de toi car tout ce que tu fais, tu le fais bien et surtout de façon unique. Je sais que c'est un long travail qui prend du temps mais tu finiras par être fière. ». Puis, il lui passa son bras consolant autour de ses épaules avachies. En se laissant tomber contre son torse, il l'embrassa sur le front.

Tout à coup, le cadet des frères Andrieu se mit à marmonner l'une des phrases d'un couplet de la chanson California de Mylène Farmer : « C'est le blues, l'coup d'cafard. ». Cet hymne qu'elle écoutait souvent représentait un tel art de vivre que les rappeurs s'en étaient finalement confondus.

Puis, à force d'entendre cette chanson lors des répétitions, ils n'eurent aucune honte à suivre Nabil dans sa démarche.

« Franchement, regardez ce que j'ai fait de vous... Des rappeurs sensibles. », dit-elle avec un sourire malgré les larmes dans ses yeux. Elle était pure, une femme à fleur de peau... Jusqu'à ce qu'elle décide de lancer un son bien connu pour se revigorer : « On s'doit d'avoir les reins solides dans un monde de fou. Roule avec Dieu avant d'rouler un oinj ». ». Comment avait-elle pu tomber sur ces vidéos tandis qu'elle n'était encore qu'une adolescente ?

///

Trois soirs plus tard. Elle et Tarik se préparaient pour se rendre à l'anniversaire d'Antoine qu'il avait tenu à organiser en comité réduit. Du moins, avec une partie de sa famille, une grande majorité de ses potes skateurs et bien sûr tout le collectif des rappeurs. Antoine, avec l'aide de Roméo, avait réservé une salle pour se retrouver, papoter, grailler et surtout danser, rapper...

Même si Tarik détestait ces rassemblements bruyants puisqu'ils étaient synonymes d'un grand nombre de personnes, cette fête avait plusieurs avantages, dont celui d'avoir redonné le sourire à sa femme. Depuis le début de l'après-midi, elle l'embêtait à essayer de le faire danser.

D'abord, elle avait réquisitionné Tarik pour qu'il l'aide à réaliser deux tresses collées. Bien sûr, il n'avait pas été très réceptif en premier lieu à l'idée, jusqu'à le souvenir de ce fameux matin dans le tour-bus lui avait traversé l'esprit. Il ne fallait jamais oublier la raison pour laquelle l'Homme tombait amoureux. Alors, il avait accepté de tenter quelque chose parce qu'il lui devait bien ça. Puis, dans les entretemps, son frère était arrivé. Finalement, ils avaient bien serré la coiffure et Tarik devait reconnaître qu'elle était radieuse.

Ensuite, elle avait occupé une partie de la table du salon en y installant un miroir qu'elle calla à l'aide de livres, surtout pour y déballer tout le matériel esthétique qu'elle s'était achetée. Lors de ses séances de soin, elle avait également eu l'intelligence de se payer quelques cours pour apprendre un maquillage de jour ou de soirée, à la fois habillés mais toujours élégants et chaleureux.

Bien que Tarik grognait qu'elle n'avait pas besoin de tous ces produits pour être belle, il assistait malgré lui à la naissance d'une princesse. A présent, elle venait de clipser à ses oreilles des longues créoles couleur or et se dirigea vers leur chambre pour finaliser le reste de sa tenue.

Tarik regarda son frère. Il était fier car Nabil était très bien habillé. Cela faisait trop longtemps que les frères Andrieu se s'étaient pas rendus en soirée ensemble. Il ne manquait plus qu'elle.

Pendant que Nabil fumait une dernière cigarette, elle se rapprocha discrètement de son homme, resté dans l'entrée à pianoter sur son téléphone car Yanis leur avait envoyé des photos d'Adam. Au son inhabituel de talons sur le parquet, Tarik releva la tête.

Elle se tenait devant lui, la main droite positionnée en hauteur sur l'encadrement de la porte et l'autre entre ses hanches et sa taille. Elle était habillée d'une tenue entièrement noire mais plus chic que jamais. Elle avait enfilé un haut à manches longues qu'elle avait retroussées sur ses coudes, accompagné d'un long collier assorti à la teinte de ses boucles d'oreilles et surtout avait enfin osé mettre son short en velours. Cependant, l'élément qui faisait toute la différence était la haute paire de cuissardes aux talons épais qui dévoilait la beauté de ses jambes dissimilées de manière prude par des collants opaques.

Elle était magnifique, parce qu'elle ne tombait jamais dans la vulgarité. Pourtant, même si au premier regard, sa posture pouvait traduire une certaine confiance, elle n'en menait pas large devant le regard de son homme. En effet, jamais elle n'avait joué l'aguicheuse avec lui : « Alors, qu'est-ce que tu en penses ? Attends ! Je n'ai finalement pas besoin de connaître ton avis, je pense déjà le savoir : Tu sors pas comme aç ! Sinon, les mecs que je connais aps vont te mater. », s'approcha-t-elle de lui dangereusement. Elle était séduisante, attirante, ravissante.

« Wesh ma reus, c'est quoi cette tenue ? J'adore, le look fait sexy et raffinée ! Quand les autres te verront aussi fraîche, ils vont d'abord faire une syncope pour finalement pas te laisser entrer. ». Malgré qu'elle ignorait encore l'avis de Tarik, elle avait au moins le soutien de Nabil. « Frère, tu te bouges ou quoi ? Fais-lui un compliment, elle est très belle ! », continua le cadet des frères Andrieu en donnant un coup de coude à son aîné. « Allez, arrête de faire ton timide. ».

Tarik était subjugué. Jamais une femme ne lui avait fait un tel effet de fierté. Elle s'assumait telle qu'elle était, et ainsi ne l'avait encore jamais vu aussi jolie. Elle ne pouvait qu'être sienne.

« Merci, je suis heureuse que ça te plaise. Bon, après, je me disais que j'allais prendre ce manteau pour sortir. Je ne veux pas que vous vous énerviez avant le début de la soirée. », répondit-elle à Nabil en lui présentant de la penderie son long manteau noir qui lui arrivait aux chevilles. Tarik adorait ce pardessus qui mettait parfaitement sa taille fine en valeur.

Tarik n'avait toujours pas bougé puisqu'il était littéralement cloué sur place. Il n'y avait pas intérêt que n'importe quel mec n'appartenant pas à la bande ne l'approche. Il tenait à l'exclusivité.

« Tu crois que si je lui disais que je conduirais sa voiture pour ce soir, ça va le faire réagir ? ». Elle le connaissait vraiment bien car à ses paroles, Tarik tourna la tête vers les deux inséparables. Lorsqu'elle et Nabil retrouvaient rapidement leur complicité, ils pouvaient devenir de vraies commères.

« Tu vois, je t'avais ienb dit qu'il risquait de tenir à sa caisse plus qu'à toi. En plus, je vois vraiment aps pourquoi au vu de ta beauté. », lui rétorqua Nabil alors qu'ils s'engageaient déjà dans le couloir pendant que Tarik fermait la porte à clé. Bien qu'il ne leur répondit rien, il les observa avec tendresse se chamailler dans la cage d'escalier.

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« Frère, laisse-moi là. J'ai aps envie de marcher car j'ai bien l'intention d'exploser tous les paris sur le dancefloor. », indiqua Nabil à son frère en désignant l'entrée de la salle.

Durant tout le trajet, elle et Nabil n'avaient cessé de se lancer des défis sur les chorégraphies qu'ils savaient danser. Je danse le Mia, Earth Wind and Fire... Ils avaient vraiment pris le temps de réviser tous leurs classiques. Or, à parier sur l'un des deux, Tarik miserait quand même sur elle, même s'il portait à son frère une admiration sans faille.

« Si tu veux, y'a une place libre à droite Tarik. », lui indiqua-t-elle de son index. Toutefois, les yeux de Tarik ne suivirent pas la direction de son doigt. Au lieu de cela, son regard descendit vers la fente de son manteau. Rien de plus délectable que de prendre du temps à la dévisager.

Alors, Tarik se gara le plus vite possible et ils descendirent dans le froid. Tout de suite, elle compléta son attirail par une capeline et des gants. Elle ressemblait à une dame, et quand ses yeux rencontrèrent ceux amoureux de l'homme qu'elle chérissait et admirait, ce fut elle cette fois-ci qui se sentit défaillir. Il vint rapidement la rejoindre pour l'embrasser follement, entourant son visage de ses mains. Tandis que lui ouvra les yeux dans l'instant, elle préféra prendre son temps.

« Quand tu me surprends comme aç, je me sens vraiment con de aps pouvoir te dire tout de suite que tu es vraiment belle. Crois-le ou non mais tous les jours, je remercie Allah. », déclara Tarik à sa femme en serrant fort la main. De plus, avant de ne plus pouvoir réfléchir, il aurait voulu lui parler des prochains mois intenses qu'ils allaient vivre mais ils se retrouvèrent déjà devant l'entrée. Même quand elle enlevait son pardessus, elle pouvait réaliser un geste chorégraphié. Antoine était encore dans le vestibule à accueillir les invités et Nabil échangeait quelques mots avec lui.

« Si on m'avait dit que tu te ferais aussi belle pour mon anniversaire, je ne l'aurais pas cru. », l'admira Antoine en la faisant tourner sur elle-même. Comment pouvait-elle être aussi à l'aise ?

« Vous n'êtes donc pas prêt pour ce qui va suivre dès la semaine prochaine. », rétorqua-t-elle en les dévisageant tous les trois avec un sourire malicieux.

Naturellement, ils furent étonnés de sa révélation mais aucun ne put enchaîner. En effet, elle était déjà partie dire bonjour à la plupart des rappeurs qui dansaient sur la piste. Dans les enceintes passait l'inégalable Michael Jackson.

Du bar où il s'installa, Tarik la regarda danser. Elle n'appréhendait aucun regard, si bien qu'il y en ait. Aucun des gars ne l'avait encore vu en talons et ce détail ne l'empêcha pas de virevolter avec chacun des rappeurs. A présent, elle riait avec Nabil. Puis, quand Hugz balança le slow sur Every Breath You Take, elle et Nabil revinrent vers le bar où elle commanda un cocktail sans alcool. Après l'avoir siroté, elle entraîna Tarik sur le côté : « Danse avec moi, s'il-te-plaît. ».

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« Selon les plans qui ont été réalisés en étroite collaboration entre votre équipe et la mienne, la régie est prévue d'être installée ici. La disposition que vous avez conçue pour la scène vous permettra d'avoir la salle quasiment comble. D'ailleurs, pour le public, vous nous avez indiqué qu'au dehors, vous ne souhaitez qu'une seule file mais dès que les portes seront franchies, les agents d'accueil et de surveillance devront diriger les spectateurs selon l'emplacement assis ou debout indiqué sur le billet. Enfin, conformément à vos directives, aucun employé ne tournera pour vendre votre marchandising qui sera uniquement disponible auprès des stands. ». Le responsable de l'organisation présentait schématiquement la Halle Tony-Garnier à Lyon.

Tous les rappeurs étaient présents, ainsi qu'elle. Logique infaillible, notamment puisque son badge indiquait le sésame dont la plupart des étudiants en évènementiel rêvaient, celui d'organisateur. Sur le terrain, elle n'avait pas mis longtemps à prendre ses marques. Elle ne cessait d'impressionner le groupe, surtout parce qu'elle anticipait tout ce qu'elle faisait. Par exemple, elle avait poliment refusé le porte-bloc que lui tendait l'assistante, ayant déjà le sien. Aujourd'hui, qui écrivait encore sur du papier ? Elle bien sûr. De plus, qui le faisait avec un stylo à encre hors-de-prix ? Encore elle, toujours. Comble de l'élégance, elle n'avait pas choisi par mégarde de se vêtir une jupe crayon noire qui lui donnait l'air d'une femme d'affaire. Avec des Nike SB aux pieds, et c'était ce genre de détail qui faisait la différence entre elle et les autres femmes. Elle était sympathique, avenante, ouverte et bien dans ses baskets. Elle ne se prenait jamais au sérieux mais ce qui ne l'empêchait pas de proposer un travail irréprochable.

En cette mi-décembre, le planning de la tournée était officiellement lancé. C'était le temps d'un premier tour dans les zéniths de France, où pendant que les uns découvraient ces espaces clos, les autres revoyaient les souvenirs de leurs anciens concerts défilant sous leurs yeux. Ce voyage permettait de mettre en perspective la grandeur de leur projet et le travail qu'elle avait réalisé jusqu'à là. Il n'y avait rien à redire ou critiquer car elle aussi était sensible à chaque détail. Cette exigence qu'elle partageait avec les hommes de sa vie leur permettait d'exiger le meilleur. Ces artistes savaient déjà qu'ils se différenciaient dans leur art. Alors, autant poursuivre leur but sur scène. Ces nouveaux rappeurs ne vivaient que pour l'adrénaline car en réalité, ils en étaient nourris.

Durant les derniers temps, Tarik l'avait sentie changée. Plus que d'habitude, elle semblait ressentir le monde qui l'entourait jusqu'au plus profond de ses viscères. Effectivement, elle espérait que Tarik devienne son époux.

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« Du coup, pour la flûte de champagne... ». Depuis onze heures ce matin, elle l'embêtait à vouloir tremper ses lèvres dans le plus délicat des nectars. Néanmoins, Tarik savait encore lui résister.

« Non, pas avant que je sois sûr que... », tu sois enceinte eut-il eu envie de poursuivre. Depuis leur dernière conversation, ils n'avaient plus abordé cet aspect-là. Or, cela n'empêchait pas Tarik de penser chaque semaine qu'à tout moment, elle pouvait porter son enfant.

Après tout, pourquoi ne pas espérer un miracle ? De fait, pour la première fois de sa vie - et comme la plupart des rappeurs du groupe qui étaient de confession musulmane -, Tarik allait fêter Noël dans la pure tradition chrétienne. Ce rassemblement tenant à cœur à sa femme, elle ne leur avait donc pas laissé le choix. De plus, pour quelles raisons refuser ? La chrétienté et l'islam partageaient énormément de valeurs communes.

« Tarik, si... Crois-moi, je le saurais... Mais pour toi, je veux bien me sacrifier pour la science. », lui dit-elle en prenant le test de grossesse de ses mains avec son regard mi-agacé, mi-charmeur.

Évoquer ce sujet était pour eux une difficulté, alors qu'ils pouvaient librement parler de n'importe quoi d'autre.

En entendant sa femme s'enfermer dans les toilettes, Tarik commença à faire les cent pas dans l'entrée. C'était long. Cependant, lorsqu'il entendit le verrou se débloquer, il fit feinte de vérifier la dinde et le gigot qui cuisaient dans le four. L'odeur qui s'en dégageait était délectable, exquise, délicieuse. Il s'en laissa emporter, au point de notamment pas faire attention quand elle se mit à côté de lui.

Sans un mot mais avec une expression froide, fermée et impénétrable qui traduirait à jamais son énervement, elle fit un effort pour ne pas balancer brutalement l'objet dans l'évier. Elle ne comprenait pas la cause de la persévérance de Tarik.

Le test était négatif, percutant, tranchant. Tarik ne préféra pas renchérir parce que cejour n'était pas le bon pour se disputer. La seule chose sensée qu'il pouvait faire était de la prendre dans les bras et de l'embrasser sur le front. Il savait qu'à son contact, elle se détendait. Pas manqué, « Tu vois, j'te connais par cœur. ». Il ne chercha pas à comprendre la raison pour laquelle la voix de Nekfeu résonna dans ses oreilles.

Soudain, elle et Tarik durent délier à contrecœur leur étreinte car Nabil tapait contre la porte. Il n'y avait que lui pour le faire, même s'il possédait déjà le double des clés : « Joyeux Noël !!! Barak allahou fik, les treize desserts ! C'est négociable que j'en goûte au moins un avant que les autres arrivent ? Promis, je ne leur dirai rien, tu me connais. », dit le cadet des frères Andrieu à sa belle-sœur en plaçant un paquet dans ses bras et bien sûr l'autre dans ceux de son frère. Avant même de savoir ce qu'il lui avait offert, elle l'enlaça chaleureusement par l'épaule.

Puis, comme d'habitude, tout s'enchaîna. Les rappeurs, la musique, l'ambiance, les discussions... Ce fut le meilleur vingt-cinq décembre qu'ils vécurent.

...

« Ne m'souhaite pas mon anniv' gros ça sera l'plus beau d'mes cadeaux. ». Vingt-six décembre, minuit. En même temps que Nabil, elle marmonna l'une des punchlines que Tarik avait rappé dans l'un de ses premiers sons. Ademo s'en rappelait comme si c'était hier, même si Tarik devenait de plus en plus influent dans ses sons. En sept ans, il avait l'impression d'avoir vécu l'entièreté de ce qui le composait, c'est-à-dire le zoo, Mowgli, Simba, la bicrave, le trou, le rap et l'amour de sa vie.

Attitude rare, Tarik se tenait face à sa femme et son frère. En réalité, il l'était devant tout le monde. Ainsi, ce ne fut qu'à ce moment qu'il comprit la raison pour laquelle son frère et elle avaient tant insisté pour qu'il représente la banque dans l'immense partie de Blackjack qu'ils jouaient.

« Mon reuf, je le crois aps que tu approches de tes trente-cinq ans... T'imagine, il y a vingt-ans, on traînait déjà dans en bas en se demandant ce qu'on allait devenir. J'avoue qu'au début, on a merdé mais franchement, quand tu vois ce soir où on en est arrivé. », avoua Nabil en se penchant sur sa chaise. Il regardait toujours son frère avec un amour indéniable.

« Par contre, tu ne croyais quand même pas que tu n'allais pas recevoir de cadeaux ? », annonça-t-elle à Tarik pendant qu'elle lui indiquait de la tête le grand emballage rectangulaire posé contre le mur.

Bien que Tarik faisait tout pour cacher l'effervescence qui agissait en lui comme des décharges d'énergie, il ne put s'empêcher de se diriger vers cette surprise. A cet instant précis, il était en train de se poser mille questions en se rendant surtout compte de la chance d'avoir une telle équipe. Tous avaient actuellement le sourire aux lèvres, sans pour autant avoir explosé de joie dans l'appartement. Tarik appréciait la certaine pudeur qui se dégageait d'eux tandis qu'il ouvrait l'immense paquet.

Une photo, d'un mètre trente sur un, les représentaient tous radieux sur scène. Soudainement, ce souvenir remonta dans l'esprit de Tarik. C'était lors de la dernière répétition et le responsable de l'évènement avait tenu d'immortaliser cette minute unique avec les rappeurs. Les premiers s'étant instinctivement assis en tailleur, d'autres les avaient rapidement rejoints en s'agenouillant à leur côté et les restants s'étaient tenus debout derrière.

Tarik ne le montrait pas mais il était heureux de ce cliché, notamment parce qu'elle y était présente en plein milieu. Puis, autour d'elle, tous sans exception rigolaient. Cela faisait vraiment chaud au cœur de voir qu'ils étaient proches les uns des autres avec des regards complices et des gestes fraternels. Après avoir observé les expressions de chacun, Tarik releva les yeux.

Tarik n'hésita pas une seconde. Sur le mur principal du salon, étaient accrochés deux drapeaux - France et Algérie -, qui représentaient leurs origines. Cependant, au milieu, elle et lui n'avaient pas réussi à se mettre d'accord pour la décoration. Alors, sans hésiter et avec fierté, Tarik accrocha le cadre sous les applaudissements de l'équipe.

///

« Je vous préviens, si je suis en retard dans le décompte de cette nouvelle année à cause de vous, ça va très mal se passer. Et ne commencez pas à sourire, je sais très bien comment m'y prendre. », râlait Eddy. Même s'il était tout à fait sérieux, il n'attira pas pour autant l'attention.

Elle, Tarik, Nabil et Jason étaient les finalistes du grand tournoi de poker qui avait été improvisé durant cette soirée du tout dernier jour des trois cent soixante-quatre autres. Logiquement, auraient dû se tenir qu'elle, Tarik, Nabil et Jason autour de la table de camping minuscule. Sauf qu'en réalité, chacun avait choisi son joueur en se plaçant derrière lui.

Dans la salle à manger régnait une certaine nervosité, notamment parce que cette dernière était alimentée par les spéculations de chacun. Entre la fumée et l'odeur de la weed, les bouteilles d'alcool dans la pièce et surtout un rap américain sale en fond sonore, l'ambiance n'aurait pas pu être plus parfaite. Subitement, Nabil coucha son jeu et Tarik fut déçu de son comportement car à présent, seuls désormais lui et elle représentait la famille Andrieu.

Nouveau tour. Ils n'avaient jamais été aussi concentrés. « Jason, que fais-tu ? », la voix peu assurée de Fabrice - dont son nom avait été tiré au sort pour distribuer les cartes -, fit malheureusement douter son frère qui décida lui aussi d'abandonner.

A présent, plus personne n'osait respirer et ainsi faire du bruit, sauf Eddy qui commençait à taper frétillement du pied pour exprimer son mécontentement et impatience.

« J'ai un carré. », révéla Tarik. Il espérait voir les gars qui se tenaient à côté d'elle émettre une réaction. Son espérance se réduit à néant car depuis le début du jeu, elle était restée impassible.

« Et moi une suite couleur Tarik. », déballa-t-elle alors qu'elle prenait vicieusement du temps à poser ses cartes sur la table. Elle venait de gagner. Seule femme du clan, la sienne.

Instantanément, Nabil, Eddy, Roméo, Antoine, Florian et Olivio hurlèrent de joie. Jusqu'au bout, elle était allée chercher la victoire pour elle et surtout son équipe. Même à 23h58, chaque réussite se devait d'être fêtée.

Pourtant, le collectif n'attendit plus pour enfiler en guise d'écharpes les guirlandes de Noël, même celles qui scintillaient, et surtout se resservir des coupes de champagne. La pression tombée, ils étaient redevenus pétillants.

Afin de ne surtout pas rater le passage pour les douze mois suivants, tous formèrent une ronde autour de la table basse. Les bras les uns au-dessus des autres, les clopes à la bouche et pour les croyants, un remerciement à Dieu pour la miséricorde qui leur accordait.

« Trois, deux, un... Bonne année !!! ». Les hurlements d'Eddy furent rapidement rejoints par ceux de tout le monde. En effet, la cité s'enflamma immédiatement de feux d'artifice. Alors que tous s'entassaient devant les baies-vitrées, Tarik entraîna sa femme vers la chambre d'ami. Une fois dedans, il l'enlaça et l'embrassa longuement. L'amour ne se prouvait que par les actes.

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