Chapitre 3 : Faut pas t'en faire
14 décembre 2020, 5000 lectures et je pense que ce chapitre vaut mieux qu'un long discours. Merci pour votre présence, votes et commentaires. Avec eux, vous me faîtes réaliser ce rêve dans lequel je pense que l'écriture et la lecture ont toujours de la valeur. Amusez-vous bien en oubliant pas d'aimer pendant ces fêtes de fin d'années. Cependant, restez vigilants. Bien à vous, Marianne <3
« Je n'arrive pas à croire que nous arrivons quasiment à la fin de ce marathon de six mois. Ainsi, ce soir, je vais lever mon verre pour notre aventure, et surtout toi Eddy et ton quart de siècle. ». Elle prononçait un petit discours après qu'Eddy le lui avait demandé et avant qu'ils n'entament le gâteau.
Elle, Tarik, Nabil, Ken, Jason, Fabrice, Théo, Mikael, Mohamed, Alpha, Eddy, Roméo, Antoine et les frères Ordonez étaient de nouveau réunis autour des tables dépliées du camping qu'ils avaient installées dans le carré formé par les tours-bus. Cette atmosphère ne les avait jamais quittés. En effet, le matin même, tous étaient retournés dans l'entrepôt dédié du garage qui stockait leurs bus. Chacun y avait rapidement installé ses affaires, comme si rien n'avait changé.
Elle et les hommes avaient retrouvé ces lieux communs de vie, de joie et d'euphorie en se sentant comme des enfants à déballer leurs valises et commencer des batailles de coussins qui finissaient en fou-rire dans les coulisses de la scène. Même si Tarik garderait en lui jusqu'à la fin de sa vie un fond réservé, cela ne l'empêchait pas de se sentir apaisé et heureux, surtout quand il la voyait s'amuser avec Nabil. Avec les frères Andrieu, elle entretenait une relation absolue.
« Sympa cette séquence émotion mais maintenant, on peut grailler ? C'est quoi la diff entre chocolat et chocolat ? ». A la voix de Nabil qui essayait un ton humoristique alors qu'en réalité, cette dernière cachait une inquiétude à remonter sur scène, Tarik ne put s'empêcher d'esquisser un sourire du coin des lèvres. Nabil était si prévisible, Tarik le connaissait par cœur.
Puis, après avoir observé son frère, Tarik se tourna vers elle : « Alors, celui-ci est un gâteau, l'autre un moelleux et le dernier un fondant, accompagnés bien sûr de glaces vanilles. Tarik, tu peux s'il-te-plait me resservir du champagne ? ».
Toujours sans un mot mais à jamais accompagné d'un geste, Tarik agit. Il se leva et la rejoignit. Après avoir dévisagé sa femme dans toute sa concentration, Tarik regarda le groupe, le clan, la bande. Une fraternité s'était tissée, celle qu'un être attend toute une vie. Ils étaient devenus une famille. Dans les bons comme dans les moments de profonde dépression. La confiance était capitale.
Tout était prêt. C'était officiel, bien qu'elle, Tarik, Nabil, Ken, Jason, Fabrice, Théo, Mikael, Mohamed, Alpha, Eddy, Roméo, Antoine et les frères Ordonez n'osaient pas se l'avouer. Encore une fois, ils étaient fiers. Le lendemain, les rappeurs allaient revoir leur public, leur sourire, entendre leur voix, sentir cette foule unie, passionnée et vraie. Le collectif était convaincu de ce qu'il allait proposer. Le concert était millimétré et il ne manquait plus qu'eux pour faire vriller les cœurs.
Étonnamment, Tarik se sentait serein. A ses côtés, il avait son frère, elle et cet environnement du rap qui lui permettait d'avoir des pensées raisonnables. Il ne fallait pas qu'il se déconcentre.
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Les retrouvailles avec la scène avaient été magiques, féériques, remplies d'amour et de passion. Ademo l'avait ressenti, même s'il devenait difficile de délimiter la frontière avec Tarik. La rage et la haine avaient élevées Ademo, mais depuis peu, c'était Tarik qui rappait.
Ses mots lui provoquaient un autre effet, celui de la plus belle des fiertés de se reconnaître résilient à la douleur qu'il avait vécue. Il se sentait en paix, notamment parce qu'il possédait tout ce qu'il avait toujours souhaité obtenir, c'est-à-dire un toit, de la nourriture et le confort pour sa famille.
Cependant, le plus majestueux et pure détail que Tarik ignorait était l'adoration des siens. Elle, Nabil, Ken, Jason, Fabrice, Théo, Mikael, Mohamed, Alpha, Eddy, Roméo, Antoine et les frères Ordonez l'admiraient chacun pour une raison différente. Tarik Andrieu était un homme avec une aura, mais aussi une carrure et une posture, une façon unique de se comporter et s'exprimer.
Alors que pour sa femme et ses frères Tarik était tout, il se considérait actuellement comme pas grand-chose dans ce costume deux pièces. Il se regardait à travers l'unique grand miroir du bus. Avec elle, ils se préparaient pour un ballet. Il n'y avait qu'elle pour organiser une telle soirée. Au départ, Tarik avait été réticent mais tous avaient fini par le convaincre d'un argument qui avait fait toute la différence, à savoir de la voir, l'admirer et la faire tournoyer en robe longue.
Tenue de soirée, coiffée, maquillée, sortant d'un livre comme princesse pour reprendre les paroles de Ken. Tous se tenaient impatients de la découvrir, ils patientaient donc en bas du bus qu'occupaient elle, Tarik et Nabil. Juste par leur présence, Tarik pouvait sentir la hâte qu'ils avaient. Personnellement, ce comportement l'agaçait quand bien même qu'au fond, il comprenait leur attente. Elle devait être gracieuse.
Afin de se détendre une dernière fois, Tarik réajusta sa cravate. Le nœud papillon avait été non négociable, de même que les chaussures en cuir. Fidèle à lui-même, il avait gardé ses baskets et ses lunettes. Ces détails lui permettaient d'apporter une touche personnelle et originale à la tenue conventionnelle. Puis, il déboutonna sa veste et mit les mains dans les poches. Il se plaisait mieux, surtout en se rappelant qu'il ressemblait à Tony Montana. « Ouais ma petite gueule. »...
Ce soir-là était la trêve accordée après trois concerts assurés. Heureusement, il n'était pas tard, seulement vingt heures. Elle et lui avaient déjà grignoté quelques biscuits apéritifs. Après la représentation, Tarik savait que l'élément qui la comblerait de satisfaction serait d'emporter une glace vanille au nappage chocolat et noisettes que proposait une célèbre enseigne américaine de restauration rapide.
Tarik savait son sourire. Enfin, c'est ce qu'il croyait jusqu'à ce qu'elle apparaisse devant lui. Robe rouge aux épaules dénudées, maquillage de soirée, gants, pochettes... Il rêvait de s'unir à elle.
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« Chut !!! Posez ça ici. Là, doucement. Voilà parfait ! Le premier qui balance, je le défonce. ». C'était l'un des cadeaux les plus précieux que Tarik pouvait lui offrir pour ses vingt-quatre ans. Vingt-six mai. En réalité, il avait attendu cette date plus que toutes les autres de ses concerts.
Tarik avait profité qu'elle remonte dans le bus pour soigner Ken - qui avait trouvé l'excuse de se faire faussement mal -, afin qu'il installe sur la table la surprise dont il avait toujours eu l'idée. Du moins, surtout depuis qu'il avait remarqué qu'elle imprimait ses photographies.
Les murs de leur appartement en étaient remplis, sauf curieusement ceux de la deuxième chambre qui faisait en réalité plus office de bureau. Tandis qu'elle avait toujours eu l'habitude d'y travailler, elle ne s'y rendait plus depuis quelques mois. Sûrement parce que cette pièce pouvait leur rappeler cette attente d'un enfant qui ne s'installait pas en elle. Cette situation la faisait souffrir pour une seule bonne raison, à savoir celle de ne pas pouvoir combler le désir de Tarik. De son côté, lui se sentait au contraire plus que confiant car il savait que l'avenir ne pouvait leur réserver que des surprises. Quoiqu'il se passerait, il se tiendrait toujours à ses côtés.
Ainsi, depuis que Tarik l'avait rencontré, il s'était toujours demandé quelle intention pourrait la surprendre et la marquer. Dans ce cas-là et logiquement, il fallait se plonger dans ses passions. Tarik et tous les gars en avaient longuement parlé... Jusqu'à ce qu'un jour, Tarik passe à tout hasard devant une boutique d'un artisan menuisier qui fabriquait ses propres cadres. Donc, dans un élan d'énergie qui le caractérisait si bien, il avait décidé d'en acheter de différentes tailles, formes et couleurs, en étant plus que jamais certain de sa façon de son attention.
Ensuite, Tarik les avait distribués à chacun des gars afin que personnellement, ils placent leur photographie favorite qu'ils avaient avec elle. Comme Tarik s'y attendait, le résultat fut éclectique. Portrait, paysage, couleur, sépia, noir et blanc. Ils s'y étaient vraiment impliqués.
« Ken ou Pierre Richard comme je devrais t'appeler, je t'avais pourtant bien dit de faire... ». Elle était précédée d'un fennec tout fier et vigoureux. Elle et Ken venaient de descendre les marches du bus. Semblable à chacun des événements importants que tous vivaient ensemble, un silence se fit d'abord entendre. Assourdissant qui hurlait mille maux. L'expression qu'elle affichait était juste fantastique.
Devant elle se tenaient les hommes qu'elle chérissait le plus. Elle n'avait pas pensé qu'ils allaient lui fêter son anniversaire. En effet, toute la journée, les uns comme les autres lui avaient murmuré au creux de son oreille la fameuse expression.
Tarik aussi, le premier. Pour ne pas plus faire durer le suspense de ce moment, il lui glissa à l'oreille : « On t'aime, faut pas t'en faire. ».
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