Le vent frais traversa les cheveux du jeune homme au corps de squelette tandis que sa plume grattait le papier.

L'aube se dessinait à l'horizon de ses couleurs printanières. Mais Nico, lui, n'en prenait pas compte; il écrivait encore, comme si sa vie en dépendait. Il ne sentait même plus la douleur de ses courbatures. Son esprit était concentré sur chaques mots que son stylo faisait apparaitre sur le papier à lignes.

Il écrivait ses doutes, ses peines, ses souvenirs, son amertume. Mais par dessus tout, il écrivait son amour.

Un amour magique qui était né dans le petit salon de thé. Un amour fleuri qui continuerait de grandir. Un amour tout doux et très pur, un amour innocent.. un amour d'enfants.

Du moins, c'était comme ça que notre jeune poète le voyait. Il savait que, quand le soleil serait entièrement levé, il serait trop tard.

La sueur perlait sur son front depuis que minuit avait sonné ce premier jour de printemps.

Il avait juste écrit son dernier mot lorsque les rayons de lumière vives vinrent éclairer son visage.

Essoufflé, Nico di Angelo respira lentement. Il ferma son cahier d'un coup sec et le balança furieusement, dans un geste de rage incontrôlée, vers la pierre tombale en face de lui.

Son regard se posa sur celle-ci. Les yeux du jeune homme parcoururent mélancoliquement le nom qu'il aurait reconnu entre mille; c'était celui de sa sœur aînée.

Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour éclater en sanglots sonores. Il revit le visage de Bianca, son sourire désolé, ses yeux clairs et ses cheveux aux boucles sombres.

Une douleur amer enveloppait son cœur tandis que la douce voix de sa sœur défunte résonnait dans la tête de Nico. Il ramena ses genoux contre lui et y posa sa tête, fixant une feuille un peu fanée écrasée au sol.

Mais au bout d'une centaine de secondes, l'esprit de Nico dériva vers des boucles beaucoup plus clairs. Le sourire fané de Bianca se transforma en une rangée de dents blanches et éclatantes. Le regard glacial de la jeune fille vira au bleu azur, et d'un seul coup, le jeune homme découvrit.. un rayon de soleil sur pattes.

Il suffisait que le visage de Will Solace apparaisse dans l'esprit du noiraud pour que tous ses doutes s'envolent.

Il suffisait qu'une main invisible caresse ses lèvres sèches pour que le jeune poète se sente apaisé.

Will Solace.. cet imbécile était toujours avec Nico, même si ce n'était pas matériellement. Son image ne pouvait pas partir de l'esprit du jeune homme aux cheveux noirs, quoi qu'il fasse! A chaque coin de rue, il avait l'impression que le blond allait apparaître, avec sa blouse de médecine de travers et son sourire bienveillant.

Nico soupira avant d'aller chercher son cahier de poème. Il s'empara d'une fleur qu'il avait dissimulée dans sa veste et la déposa sur la pierre tombale, avant de s'en aller.

Bianca Maria di Angelo.