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Chapitre 8 : Dans la nuit


Alexandre fixait l'obscurité, ses sens en éveil. Il attendait, au repos, prêt pourtant à agir à la moindre menace. Dans leurs fourreaux, accrochés à sa taille, deux lames : une courte et une longue. Maniées par lui, l'une, l'autre ou les deux à la fois, elles tuaient sans discernement.

Il entendit les pas bien avant que la voix ne l'interpelle. « Oï, Alexandre ! On a fini, on va rentrer ! Il commence à faire nuit ! »

Il se retourna. Le garçon avenant qui lui parlait, Florentin, tenait un gros sac sur son épaule, rempli sans doute de conserves ou autres denrées alimentaires. Il se rapprocha en manquant de trébucher sur le sol inégal.

Florentin ainsi que toute une équipe venaient de s'approvisionner dans les vestiges d'un supermarché perdu au milieu d'une ville désormais envahie par la végétation luxuriante. Alexandre était juste là pour protéger le groupe, puisqu'on avait aperçu des créatures sauvages dans les environs. Il n'en avait vu aucune. Pour peu, il n'aurait pas refusé d'en croiser une : il était en manque de confrontation. Ou plutôt, en manque de confrontation qu'on peut régler en tranchant dans le tas.

« Partez devant, je reste un peu.

- Aïe, grimaça Florentin, ça va pas plaire au chef...

- Je me fous de ce que pense Bens, je rentrerai plus tard.

- Mais tu sais qu'il y a des bestioles plus dangereuses durant la nuit ? Des longs-marcheurs ont parlé d'une bête nommée « rodeur nocturne", si t'en croise un, tu fais pas long-feu...

- L'excitée de service sera contente si je lui ramène un sujet d'étude, ça me fera une bonne excuse. De toute façon je fais ce que je veux, point barre. Je vous escorterai jusqu'au camp, ça change rien pour toi.

- Bon bah... »

Florentin sortit un sifflet de sa poche et laissa échapper un long sifflement strident. En quelques minutes, cinq jeunes émergèrent à leur tour, portant eux aussi des sacs de provisions. Après quelques paroles, le groupe se mit en marche, Alexandre un peu à l'arrière pour prévenir d'éventuelles attaques.

Le groupe arriva à la profonde rivière qui garde le camp. « Camp » était un euphémisme qui désignait une véritable communauté, regroupée dans une vieille ville, qu'ils avaient nommé Semîle en raison de sa position, protégée d'un côté par la rivière comme une île et de l'autre par de classiques barricades. Le pont-levis était abaissé, pour permettre au petit groupe de passer. Alexandre resta sur l'autre rive, attendant que tout le monde soit passé avant de s'enfoncer dans la forêt de nouveau.

La nuit était désormais tombée, mais elle ne dérangeait pas Alexandre. Il avait envie d'être seul. Il n'avait pas l'habitude d'être entouré, d'appartenir à un groupe... Trop contraignant. C'était donc pour lui une expérience assez nouvelle, d'autant qu'il avait du mal avec les codes des autres ados. Son père avait toujours pris soin de lui faire mener une vie à part, de le formater depuis sa naissance, dans un monde tout autre que celui des jeunes de son âge.

Il avait un statut particulier au sein du groupe. Il le sentait. Lorsqu'il avait éventré sans sourciller une énorme créature à mi-chemin entre le buffle et le lion qui attaquait les Pans lors de leurs sorties, et qu'il avait simplement essuyé sa lame sans laisser paraître plus de satisfaction que ça sous les regards incrédules des témoins de l'exploit, il avait sans doute acquis cette place particulière. Il faisait peur, on l'admirait. Il suscitait autant de crainte que de fascination. Cela lui donnait, malgré lui, une voix qu'on écoute dans les décisions à prendre, sans qu'il fit partit du conseil de quelques Pans qui dirigeait la communauté. Il ne savait pas quoi penser de cela. Il n'aurait, à vrai dire, même pas su dire si cela l'indifférait ou pas.

Et puis, il y avait Bens. Celui qui, officieusement, dirigeait la communauté. Bens était un problème. Un problème qu'il aurait pu effacer d'un simple mouvement de lame, d'une simple pression de l'index sur la détente d'un fusil, si seulement il n'y avait pas eu le reste. Même si il détestait se l'avouer, Alexandre ne savait pas comment il survivrait sans la communauté Pan. Il n'aurait aucun problème sur le court terme, mais il fallait penser à l'avenir. Penser à dans un an. A dans dix ans.

Alexandre détestait penser à l'avenir. Avant la Tempête c'était déjà le cas. Quand, alors, il tentait d'imaginer sa vie deux ans plus tard, il avait l'impression de se trouver au bord d'un précipice infranchissable. Et derrière le précipice, il ne voyait rien.

C'était inutile. Penser au présent, ne pas voir plus loin que le lendemain, survivre. Dans ce monde-là comme dans l'ancien. Mais que penser du présent ? Parfois, il se sentait désespérément vide. Ni heureux, ni malheureux. A vrai dire, il se sentait vide. Il était incapable d'éprouver quoi que ce soit.

Un cri résonna soudain dans la nuit. Immédiatement, il détermina d'où venait le cri, à quelle distance, s'il était humain. Il l'était.

Alexandre courut en esquivant les branches qui se trouvaient sur sa course sans même les écarter, se déplaçant sans bruit, sautant sur les racines souples. Un nouveau cri résonna, plus proche. A une troué entre les arbres, il aperçut enfin leur origine. Une créature blanchâtre, humanoïde, tentait de s'approcher d'un tronc d'arbre. Une flèche était plantée dans le torse de la chose, d'où coulait un maigre filet de sang noir qui avait l'air déjà sec. Au pied du tronc d'arbre se trouvait l'humain. Ou plutôt l'humaine. De là où il était, Alexandre ne vit que des vêtements, et une tête toute blonde dont il ne distinguait pas le visage. La créature, qu'il avait immédiatement reconnut comme étant un rôdeur nocturne, ne l'avait pas vu. Le rôdeur sauta sur une branche au-dessus de la fille et banda ses muscles, se préparant à lui tomber dessus. La fille brandit machinalement son arc, et tenta d'encocher une flèche. Elle n'aurait jamais le temps !

Alexandre sortit la lame courte de son fourreau et la lança. Elle fendit l'air en tournant sur elle-même et entra en collision avec le monstre, d'une telle force que la bête retomba à quelques mètres de sa proie. Furieux, le rodeur leva sa tête blanche et fixa ses petits yeux noirs sur Alexandre. Sa bouche aux lèvres retroussées prenait un pli furieux, révélant une rangée de crocs pointus. L'épée ne l'avait malheureusement pas endommagé outre mesure. Alexandre dégaina l'autre, la lame longue, mais la bête fit un bond à une vitesse prodigieuse et se retrouva en un instant près de lui. Elle envoya une main hérissée de cinq longues griffes en direction du visage du garçon, qui para le coup à temps. Il fut étonné que la lame ne pulvérise pas les griffes, vraisemblablement résistantes comme du métal, et prit note de l'information. Il abaissa brusquement l'épée et effectua un mouvement latéral, qui laissa une longue estafilade sur le ventre de la chose, sans la blesser grièvement. Elle recula de quelques pas et braqua sur lui ses yeux noirs, sa respiration produisant un sifflement menaçant. Sa peau et ses chairs étaient particulièrement solides, les coups puissants assenés par Alexandre ne laissaient que des plaies superficielles. Elle repartit à l'attaque. Sa rapidité était impressionnante. Alexandre enchainait les mouvements d'épées, parait les coups de griffes du rodeur nocturne, pivotait, abattait la lame, entamait les chairs qui semblaient sèches et mortes, répandant malgré tout des flots de sang noir. Le rodeur se jeta brusquement dans un arbre, sautant de tronc en tronc, si vite qu'Alexandre ne le voyait plus, réapparut soudain derrière lui. Il se retourna un dixième de secondes trop tard, les griffes tranchantes laissèrent de longues plaies sanglantes du coté jusqu'au ventre. Il faillit tomber. Le rodeur se jeta sur son bras gauche. Une formidable gerbe de sang gicla. D'un mouvement serré, il avait laissé une plaie ouverte horizontale sur le visage de la créature, la privant de ses deux yeux du même coup.

Le rodeur nocturne fit un bond de quelques mètres en arrière, pressa ses deux mains aux doigts longs et griffus sur ses yeux en poussant un hurlement sauvage.

Alexandre en profita pour courir saisir la lame courte. Le rodeur se jeta sur lui, à peine handicapé par la perte de sa vue, mais il l'esquiva d'une roulade. Il se releva. Le rodeur était à l'endroit où Alexandre se tenait une seconde plus tôt, la terre ouverte sous l'effet des griffes. Le rodeur eut à peine une seconde de retard. Il tourna la tête, la dernière chose sur laquelle il fixa ses petits yeux noirs crevés et inefficaces, ce fut un adolescent aux allures de démons qui abattit ses deux lames d'un mouvement de rotation, en même temps.

Cette fois-ci les deux coups simultanés furent assez puissants pour fendre la nuque et la colonne vertébrale du rodeur. Sa tête se détacha presque sous l'impact, retenue seulement par quelques centimètres de chairs intactes.

Alexandre resta debout reprenant son souffle en regardant la créature tomber, d'abord à genoux, puis à plat ventre, sa face blanchâtre aux yeux pleurant de sang contre le sol. Le jeune homme avait le souffle court. Il prit une longue inspiration, souffla, et recouvrit entièrement ses esprits.

Chaque fois qu'il se battait, il entrait dans une bulle, un monde à part. Tout son corps se fondait dans le moment, il n'y avait plus de passé, plus d'avenir, plus rien, plus que l'instant présent. Pourtant il s'y était toujours senti bizarrement calme. Comme si tout s'effaçait, se brisait autour de lui, comme si tout n'attendait qu'une chose, qu'il entre dans ce monde où tout disparaît pour disparaître lui aussi. Un peu comme une autre forme d'ivresse. Il avait tenté de combattre cela, d'être distant de tout, comme à son habitude, sans y parvenir. De toutes façons, il n'en avait, auparavant, jamais vraiment eu besoin. Une balle dans la tête, il y excellait tout autant, et il n'y perdait pas son sang-froid, restait neutre, en l'absence de toute exaltation.

Il passa machinalement sa main dans ses cheveux, poisseux de sang, le sien et celui du rodeur. Puis il revint à la fille qu'il avait entendu crier. Pressée contre le tronc d'arbre, elle était enroulée dans une cape verte. Une long-marcheuse, donc. Alexandre s'approcha et elle tourna la tête vers lui. Elle avait de courts cheveux très blonds, des traits réguliers, des yeux d'un bleu transparent, hagards. Elle avait l'air choquée.

« Tu peux te relever ? lui demanda Alexandre d'un ton neutre, voyant qu'elle ne bougeait pas.

- Oui... je crois... souffla-t-elle. »

Elle tenta de se mettre debout, les jambes tremblantes, et Alexandre dût l'aider à se relever. Elle esquissa un pas hésitant, et retomba au sol, presque inconsciente, face contre terre. Alexandre se baissa pour la retourner, et la cape de la jeune fille se décrocha, dévoilant d'importantes blessures. Alexandre aurait préféré ne pas la déplacer pour éviter de les aggraver, mais il ne pouvait pas la laisser là pour aller chercher des secours. Autrement quand il reviendrait, il la trouverait morte. Déjà sa respiration était fragile.

Alexandre cala la jeune fille dans son dos. Il lui recommanda de bien s'accrocher, et elle dût l'entendre dans sa demi-conscience, car elle garda ses mains crispées sur le tee-shirt du jeune homme.

Celui-ci, s'étant assuré de ne rien avoir oublié, comme ses lames par exemple, se lança dans la forêt. Il courait le plus souplement possible, tant pour éviter d'attirer d'autres créatures que pour préserver le corps de la jeune fille des secousses qui pourraient la tuer. A peine essoufflé, il atteignit la rive qui le sépare de la Semîle. Une personne était de garde, dans une minuscule cabane à côté du pont levis. Alexandre vit briller sa torche dans le noir.

« Qui c'est ? appela le guetteur en discernant une ombre en face de lui. Il dût presque crier pour se faire entendre de l'autre côté de la large rivière.

- C'est moi, cria Alexandre sans préciser son nom. Dépêche, on a une urgence ! »

Le guetteur, averti du retour tardif d'Alexandre, abaissa le pont avec empressement, permettant à l'ado de passer. Il courut à sa rencontre, ayant avisé la jeune fille évanouie sur son dos. En quelques paroles, il fut au courant de l'essentiel, et fila aussitôt avertir Bens. Sur son passage, un à un, les ados avertis par la rumeur enflant dans la rue sortaient. On vint prendre la jeune fille en charge. Tous se pressaient autour d'Alexandre, malgré l'appréhension que suscitait sa personne, pour connaître l'exploit. Tout le monde avait déjà entendu parler de ses prouesses au combat, la première, contre le bufflion, ainsi que l'avait baptisé les Pans, mais aussi toutes les autres, celles qu'il avait réellement accomplies comme celles qu'on lui prêtait. Mais de là à tuer un Rodeur Nocturne...

A dater de ce jour, Alexandre, sans le savoir, faisait ses premiers pas sur le chemin des Légendes.


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