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Chapitre 19 : Reste éveillé


Pour la troisième fois, les paupières d'Alexandre tombèrent lourdement sur ses yeux alors qu'il tentait de se forcer à rester éveillé. Il ne voulait pas s'endormir, laisser ainsi le campement de fortune sans surveillance, mais c'était plus fort que lui. Les longues nuits passées à se livrer au même exercice, les journées à cheval presque exemptes de repos depuis des jours, depuis qu'ils avaient laissé derrière eux la Meute, avait fini par entamer sa résistance. Swann avait beau juger inutile ces veilles, il sentait qu'à la moindre défaillance de sa part, un ennemi, une créature, pouvait surgir. Et alors, s'ils n'étaient pas en position de riposter...

Pourtant, il ne se souvenait plus depuis combien de temps il n'avait pas dormi plus de deux heures et demi d'affilé. S'il ne se reposait pas, il ne parviendrait pas à tenir le rythme déjà éprouvant de la vie de long-marcheur.

Il était assis contre un arbre, et fixait le feu qu'il maintenait allumé. A côté de lui, Swann était endormie à même le sol, dans une couverture. Son visage prenait des reflets ardents, à la proximité du feu. Alexandre, l'esprit embrumé par la fatigue, remarqua une des courtes mèches de cheveux blonds qui retombaient sur son front, entre ses yeux. Il eut envie de la remettre en place. D'un geste un peu engourdi, il la prit entre ses doigts, si délicatement qu'il frôla à peine le front tiède de la long-marcheuse, et la glissa avec le reste de sa courte chevelure.

Elle avait l'air d'être si bien, dans son... sommeil... Si bien... Il ne parvenait plus... à... lutter...

Sans même s'en rendre compte, il s'endormit.

Une impression bizarre. De malaise. De danger. Alexandre dormait, pourtant, il le ressentait. Il ne rêvait pas - il rêvait rarement. Il entendit une sorte de grognement.

Cette fois, il se réveilla tout à fait. Il sut immédiatement. Il avait failli au rôle qu'il s'était imposé. Ça allait lui coûter cher -non, leur coûter cher-.

Il ne les voyait pas. Ils se tenaient hors du cercle de lumière projeté par les flammes. Vu leurs respirations, ils étaient une dizaine. Ils les avaient encerclés. Comme quoi, ils n'étaient pas si bêtes qu'on le disait.

Il réveilla Swann immédiatement, en lui tapotant le visage. Elle émergea difficilement.

« Hmm, quoi ?...

- Chut. Ne fais aucun mouvement brusque qui leur donne un signal. On est encerclés. Par des Gloutons, à priori. »

Elle n'ajouta rien, mais un éclair de panique passa dans ses yeux. Elle se redressa lentement, et avec la même lenteur étendit la main vers son arc. Alexandre, lui, avait saisi ses deux épées et s'était mis debout. Il inclina sa lame courte, qui projeta un reflet métallique de la lumière du feu. Un instant, on put deviner la silhouette d'une tête difforme, et l'éclat de deux yeux inquiétants. Il se tenait à moins de dix mètres. Swann s'approcha de quelques pas de la périphérie du cercle de lumière projeté par le feu, mais Alexandre lui intima d'un geste de ne pas aller plus loin. Elle recula, son arc à la main, une flèche déjà encochée, pour venir se positionner près d'Alexandre. Tous deux se tenaient dos à dos, faisant face au cercle d'ennemis qui les entouraient de toute part. Alexandre tenait fermement la poignée de ses deux épées tandis que Swann tendait la corde de son arc brandi droit devant elle, prête à décocher.

Il leur semblait que les silhouettes diffuses des Gloutons gagnaient lentement en précision. Indubitablement, ils approchaient. A présent, ils voyaient luire leurs yeux féroces. Le cercle se resserrait toujours sans que quiconque ait encore esquissé le moindre geste agressif. Leurs corps étaient aussi tendus que la corde de l'arc de Swann. Ils les voyaient distinctement, maintenant, ils avaient franchi la barrière des ténèbres pour entrer dans le halo de lumière brûlante, toujours avec leur lenteur et leur cohésion de prédateurs. L'assaut devenait plus imminent à chaque seconde.

Un Glouton brisa le cercle parfait pour s'approcher un peu plus que ses congénères. Des filets de bave luisante dégoulinaient aux coins de sa bouche dentue. Il fit deux pas lentement, sembla se ramasser sur lui-même, et bondit en direction de Swann. Une flèche se planta entre ses deux yeux, et il s'affala au sol. Ce fut le signal tacite.

De toutes parts, une dizaine de Gloutons se jetèrent sur Alexandre et Swann. Si certains avaient des mains nues, d'autres brandissaient des gourdins primitifs ou bien s'étaient armés de grosses pierres qu'ils tentaient de fracasser sur le crâne des adolescents. Une mêlée indescriptible s'ensuivit. Alexandre et Swann, submergés, s'étaient trouvés coupés l'un de l'autre. Ils se battaient avec l'énergie du désespoir, Alexandre maniant ses armes, tranchant, découpant, cisaillant les chairs difformes, du sang plein les yeux, se contentant d'abattre ses lames sur tout ce qui passait à sa portée, touchant à chaque coup tant les assaillant étaient nombreux autour de lui. Les corps tombaient, le sang éclaboussait ses vêtements, chaque Gloutons tué était remplacé par deux autres sortis de nulle part, ils arrivaient toujours plus nombreux, cela n'avait pas de fin. Swann entourée également, avait presque abandonné son arc inutile en combat rapproché, usant de tout son corps pour affronter l'ennemi. Coups de pieds, de genoux et de coudes, elle enchaînait les parades et les attaques avec une vivacité comme elle en avait rarement employée, tentant de mettre à profit ce qu'elle avait appris durant sa formation de long-marcheuse. Elle avait aux mains deux flèches dont elle se servait comme de poignards. Un Glouton qui s'approcha trop près eut la trachée percée, un autre les deux yeux crevés. Elle plantait tout ce qui approchait de trop près, mais perdait le rythme, ils étaient trop nombreux pour ses deux malheureuses flèches, non, même pas deux, plus qu'une, elle venait de casser celle de sa main gauche. Ils se laissaient tomber pour s'accrocher à ses jambes, bondissaient par derrière pour s'agripper à ses bras. Elle hurla quand deux rangées de crocs se plantèrent dans son avant-bras découvert. Elle martela le visage plissé de la créature avec sa flèche, à chaque coup son sang giclait et il resserrait l'étau de sa mâchoire. Ça y est, elle venait de briser sa deuxième flèche. Elle cria : « Alexandre ! Une lame ! » en balançant en pur perte des coups de pieds déchaînés dans le ventre du Glouton qui tenait bon.

Alexandre, toujours à son combat, trancha le ventre d'un assaillant pour dégager l'espace qui le séparait de Swann. Il la vit, à quelques mètres, aux prises avec plusieurs Gloutons. Il lança sa lame courte qui tournoya verticalement à toute vitesse, sans que rien ne la dévie de sa ligne droite, et se planta dans le dos d'un des assaillants qui s'effondra à plat ventre devant Swann. Alexandre eut à peine le temps de la voir arracher la lame du tas de chair inerte, et fendre la tête de celui qui la mordait, et il paya cher sa défaillance : une masse s'abattit sur son épaule droite avec une violence incroyable. Il en lâcha son épée et ne parvint pas à la reprendre. Son épaule devait être démise. Il se laissa tomber au sol au moment ou un Glouton plus malin que les autres tenta de lui faucher la tête avec sa massue. Il se glissa entre les Gloutons, dérapant sur le sang répandu au sol, pour tenter d'atteindre son arme. Il sentit la douleur exploser dans ses membres en recevant plusieurs coups qu'il ne parvenait pas à éviter. Des Gloutons se jetaient sur lui, le mordaient, il les écartait d'un coup de coude autant qu'il pouvait, en tenant son bras droit contre lui et parvint, enfin à récupérer son épée avec sa main gauche. Il la brandit tout en se redressant, éventrant au passage une créature et sectionnant le bras d'une autre. Il se fraya un chemin jusqu'au feu qui brûlait au milieu des combattants. Il arracha un gourdin de bois des mains d'un Glouton et le plongea dans le feu, le transformant en torche. Il appliqua les flammes contre le premier qui s'approcha de lui. Le Glouton s'embrasa immédiatement, à tel point que c'en aurait été impressionnant, si Alexandre n'avait pas été dans cet état où son sang était remplacé dans ses veines par de l'adrénaline. Ces animaux étaient donc très inflammables. Alexandre se rua sur les autres assaillants, sa torche dans la main gauche, enflammant tout sur son passage, laissant dans son sillage des brasiers aux silhouettes humaines qui tentaient de le stopper en mugissant quand ils ne se calcinaient pas sur place.

Il avait oublié la douleur, il était puissant, bien plus puissant que toutes ces créatures difformes, il était invincible, personne ne pouvait l'arrêter, il avait l'air d'un Dieu guerrier, le visage éclairé de flammes, sur lequel dansait les ombres, la lumière et le sang, un bras inerte et pourtant debout, terrible.

Bientôt, les Gloutons ne furent plus qu'une poignée encore, tentant d'approcher Swann qui se défendait brillamment avec la lame d'Alexandre, et puis eux même finirent par fuir, sous la menace de la torche et de la lame.

Le calme retomba brusquement sur la clairière nocturne, tandis que crépitaient les feux allumés par Alexandre à même les corps de ses adversaires. Lui et Swann étaient debout à plusieurs mètres l'un de l'autre, au milieu de ce champ de cadavres, réalisant qu'à peu de chose près le corps de l'un d'entre eux aurait pu gire avec les autres, ou, pire encore, que tout deux pourraient être tombés, impuissants, désarticulés, dévorés vivants par les Gloutons. Le sang dégoulinait sur leurs membres, imprégnait leurs cheveux, brouillait leur vue, l'adrénaline se dissipait, laissant la place à la douleur aigüe des morsures et celle, plus sourde, des coups. C'est seulement à cet instant qu'ils se rendirent compte de l'odeur abominable, proche de la chair humaine grillée.

A l'étonnement de Swann, se fut Alexandre qui flancha le premier. Il se laissa tomber sur les genoux, vidé de ses forces. « Alexandre ! » s'exclama Swann, traversée d'une soudaine panique en se précipitant vers lui.

« Ça va... répondit-il en serrant un peu les dents et en tentant de se remettre debout, les jambes faibles. Coup de fatigue, c'est tout. »

Swann l'aida à se relever, et il ne répondit que par un regard un peu étonné, presque circonspect, mais se laissa faire. Ils parvinrent à rejoindre les sacs, qui avaient été épargnés par l'assaut. Ils s'assirent, ou plutôt se laissèrent tomber au sol côte à côte. Swann remarqua qu'Alexandre tenait son bras droit contre lui.

« Ça va, ton bras ?

- Je crois que l'épaule s'est déboîtée.

- Il faut la remettre en place.

- Tu sais le faire ?

- Je crois.

- Alors vas-y. »

Swann déglutit, posa ses mains avec appréhension sur l'épaule d'Alexandre et d'un coup sec, la remit en place. Alexandre serra les dents mais mis un point d'honneur à ne pas laisser échapper de plainte. La vague de douleur se dissipa très vite.

« Et toi, tu es blessée ?

- Quelques morsures, c'est tout je crois. On devrait s'occuper de ça immédiatement, avant que ça ne s'infecte.

- T'as raison.

- Je m'occupe de faire tes bandages, et toi des miens ? Ce sera plus pratique.

- Ça me va. »

Si Alexandre répondait à contre-cœur ou au contraire avec enthousiasme, ou bien avec indifférence, Swann aurait été bien en peine de le dire. Il ouvrit le sac, en sortit du désinfectant, des lingettes, des pansements et des bandes de gaze dans un plastique qu'il posa par terre. Puis il demanda à Swann : « Je commence ?

- Si tu veux. »

Elle retira son tee-shirt déchiré de partout pour révéler son corps mordu sauvagement en de multiples endroits. Elle croisa les bras devant elle, un peu gênée de se retrouver en brassière devant le garçon avec lequel elle vivait seule depuis plusieurs semaines et qu'elle connaissait encore trop peu à son goût pour cela, mais elle était trop fatiguée et avait trop mal pour s'en formaliser plus que ça.

Alexandre, avec une indifférence appliquée, désinfecta avec un linge imbibé les nombreuses marques en forme de croissant de lune qui marquaient son corps. Puis il lui demanda de se tourner, et effectua la même opération dans son dos. Aucune plaie ne saignait à flot, mais certaines continuaient de suinter du liquide rouge. Sur sa demande, Swann tendit le bras droit, puis le gauche, qu'Alexandre pansa méticuleusement aux endroits où elle avait été mordue. Il effectua la même opération sur son flanc, qui avait été entaillé profondément.

« Tu fais ça bien, constata Swann. Qui t'a appris ?

- J'ai appris, répondit Alexandre, concentré, sans lui apporter de réponse. »

Une fois son travail fini, il déclara : « J'ai fini, tu peux te rhabiller. »

Swann ne se le fit pas dire deux fois et enfila un tee-shirt pris dans son sac. Celui qu'elle portait auparavant était maintenant inutilisable. En tant que long-marcheurs, ils n'avaient pas beaucoup de change, il faudrait qu'elle en trouve un autre pour le remplacer la prochaine fois qu'ils croiseraient une colonie, pour des raisons d'hygiène.

Puis ce fut au tour d'Alexandre. Il retira son tee-shirt, collé par le sang poisseux qui avait commencé à sécher. Son torse nu révéla une musculature bien développée qu'en d'autres circonstances Swann aurait trouvée assez attrayante. En d'autres circonstances. Mais là, son esprit était accaparé par la multitude de cicatrices qu'elle découvrit avec stupeur, inscrites sur sa peau. En approchant la lingette pour désinfecter les morsures, elle s'y attarda avec une curiosité mêlée... d'autre chose. Quelque chose qu'elle ne savait pas dire, quelque chose qui lui nouait la gorge en les voyant, qui lui gonflait le cœur d'une tristesse inexplicable. Les cicatrices étaient multiples et nombreuses, certaines semblaient très anciennes, fines lignes blanchâtres, d'autres, aux bords déchiquetés, avaient l'air d'être l'œuvre d'une lame crantée. A certaines, on devinait les coutures. Il y en avait même quelques-unes, au moins deux, qui ressemblaient à s'y méprendre à des... impacts de balles. Ainsi donc, la balafre sur l'œil droit d'Alexandre n'était que la partie émergée d'un iceberg de souffrances silencieuses. C'était toute une histoire inscrite à même ce corps, mais quelle sorte d'histoire sanglante pouvait s'écrire de telle façon ? Quelle sorte de vie avait pu laisser de telles marques sur le corps, et quelles marques avait-elle laissée dans l'âme ? Swann ne dit rien, ou plutôt n'osa rien dire. Lui ne remarqua même pas son trouble, se contentant de lui laisser accomplir son travail, le regard fixé sur un point au loin. Quand elle eut fini avec le torse et les bras, elle lui demanda de se retourner. Il s'exécuta.

Dans l'ensemble, son dos était presque exempt de cicatrices. Si l'on exceptait le niveau des omoplates. Des lettres y étaient inscrites. En haut de son dos, des traits gravés dans la chair, qui semblaient l'avoir été à de multiples reprises, taillaient des lettres blanchâtres. Du côté de la main, Swann effleura doucement les huit lettres qui formaient un mot.

H A W K H U R T.

Hawkhurt. Elle sentit Alexandre se raidir un peu. Ils avaient rarement ce genre de contact physique entre eux. Ou alors c'était pour autre chose. Swann ne releva pourtant pas le mot gravé dans la chair, pas plus qu'elle n'avait relevé les cicatrices couvrant son torse. Elle finit son travail en silence et murmura un simple : « J'ai fini » en rangeant les produits dans le sac. Alexandre lui répondit un « merci » et ce fut tout. Les brasiers étaient éteints, seul le feu de camp continuait de luire faiblement.

« Tu avais raison, je vais veiller cette nuit. A partir de demain, on fera ça à tour de rôle. Dors. »

Elle prit une couverture, s'en couvrit et s'assit contre l'arbre auquel était adossé Alexandre avant l'attaque des Gloutons. Il ne rétorqua pas et s'allongea sur le sol avec une couverture. De là où elle était, Swann ne voyait pas son visage.

Le silence se prolongea dans la nuit, brisé seulement par le feu qui crépitait encore faiblement.

Swann, sans à propos, lâcha : « Je suis contente d'être encore en vie. Je suis contente de l'être avec toi. » Et elle replongea dans le silence.

Alexandre ne répondit pas. Il devait être endormi.

Au bout d'une éternité, il brisa le silence, et répondit : « Moi aussi, Swann. Je suis content qu'on soit encore en vie. »

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