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Chapitre 13 : L'art de se venger sans se compromettre


La nuit avait apporté trois choses à Bens : des cernes, de la colère et des idées. Il avait longtemps refusé d'écouter cette voix en lui qui lui hurlait et lui susurrait tout à la fois de tuer Alexandre. Par n'importe quel moyen. Maintenant il l'écoutait, il l'accueillait à bras ouvert, il ne demandait pas mieux que de suivre ses ordres.

Et ses ordres lui dictaient de tout mettre en place, de s'en débarrasser le soir même.

Dans la clarté matinale, il passa dire quelques mots à plusieurs personnes dont il aurait besoin.

Ceci fait, il reprit ses tâches de gérant de la communauté, tout en ruminant ses sombres pensées, un rictus aux lèvres, fredonnant, s'impatientant de la venue du soir comme un gamin attendant Noël.

La journée s'écoula avec une lenteur insoutenable, il revenait toujours à ses idées pour calmer son impatience. "Il ne sait pas, oh, il ne sait encore rien ! Je vais lui rendre, je vais l'humilier, à l'endroit même où il m'a tourné en ridicule ! Ils l'aiment, qu'il en profite ! Ça va pas durer !"

L'après-midi, puis le soir, finirent par arriver. Bens, ayant fini ses tâches de gouverneur, était allongé sur son canapé à l'étage d'une grande maison qu'il s'était choisie. On frappa à sa porte. Will, Jason, et les autres mecs de sa bande de potes apparurent les uns derrières les autres et entrèrent dans sa chambre.

Tous les pions étaient désormais en place.

"Salut ! Allez, entrez ! On se gèle dehors. Enfin, pas tant que ça, on est en Juillet, mais... bref.

- C'est moi ou tu dis vraiment que d'la merde ?

- Oh, c'est bon, chipote pas..."

Il alla dans une pièce attenante pendant que la bande (quatre garçons) se mettait à l'aise dans la vaste chambre.

Il revint, des bouteilles à la main et un grand sourire aux lèvres. "Bah, si il fait pas si froid, vous n'avez pas besoin de vous réchauffer, je peux ranger ça...

- C'est de l'alcool ? demanda l'un.

- T'es sérieux ? Espèce de grand malade ! dit un autre en riant.

- Oh, ça va, on a durement bossé pour la communauté, on peut bien se faire un peu plaisir, nan ? " Il ouvrit l'une des bouteilles, et versa le liquide ambré dans des verres qu'il avait disposés sur une table basse.

"Par contre, vous gardez ça pour vous OK ? Pas besoin qu'un grand justicier vienne nous déranger durant nos petites soirées..."

Ses comparses ricanèrent à l'allusion et les cinq adolescents prirent leurs verres et les vidèrent d'une traite. Ils avaient déjà tous goûté au moins une fois à l'alcool, durant des fêtes de l'Ancien Monde, et deux d'entre eux avait déjà participé aux "petites soirées" de Bens.

Puis ils reposèrent leurs verres avec fracas, s'avachirent sur les canapés et les fauteuils entourant la table basse. Certains remplirent leurs verres tout de suite, d'autres non, et ils se mirent tous à discuter de choses et d'autres, d'un intérêt si limité qu'il n'est pas nécessaire de le relater ici.

La soirée s'écoulait, la nuit était noire dehors. Les garçons, qui avaient bu comme des trous, étaient déjà plus ou moins ivres (plus que moins ceci dit). Jason était déjà dans une position indescriptible, sur un pouf, complètement saoul. Will avait la tête dans ses bras, sur la table basse, le nez presque collé au bois. Seul Bens avait pris soin de ne pas se retrouver dans leur état. Ce soir, il avait plus important à faire, il fallait rester conscient.

Les quatre compères (Jason n'était plus de la partie) avait dût cesser de chanter comme des ivrognes quand Bens avait craint qu'on ne les entendent. Ils avaient donc fait tomber la conversation sur les filles de la Semîle.

"Moi, s'exclama Bens en affectant d'être un peu éméché, la p'tite long-marcheuse, j'dirais pas non si elle avait plus de nichons, clairement !"

Il passa un bras autour du cou de Will autant qu'il put, celui-ci étant affaissé sur la table, et lui demanda d'un ton taquin :

"Et toi, Willy, y'en a pas une qui t'plaît ?

- Si... répondit-il d'une voix trainante. Cela inquiéta un brin Bens, il avait peur que ce dernier soit trop aviné pour être en état d'agir. Mais tout irait bien, il avait déjà bu avec Will et pour peu qu'on le pousse un peu, il pouvait passer de l'alcool mollasson à l'alcool colérique.

- C'est qui, c'est qui ? demanda t-il, encouragé par ses deux comparses.

- Ça sert à rien de vous le dire, elle est trop intelligente pour moi... Elle me voudra jamais..."

Ce soir, il avait plus l'alcool triste que l'alcool mollasson.

" Allez, dit, on a tous dit nous !

- Axelle... C'est Axelle. Vous voyez que je suis pas assez... hips ! pas assez bien pour elle...

Bens se raidit (ou plutôt fit mine de se raidir). Intérieurement, il exultait. Tout se passait exactement comme il l'avait prévu ! Il prit un ton dramatique pour déclarer :

"Mon pauvre Will...

- Tu vois, même toi tu le penses...

- Non, tu aurais toutes tes chances, seulement...

- Seulement ? demanda le grand gaillard avec une lueur d'espoir dans les yeux.

- Je suis désolé, ça me fait mal de te le dire, mais... Elle en aime un autre.

- Qui ? demanda t-il en se redressant soudain avec fureur. Qui ose ?..

- Hélas, on peut difficilement rivaliser avec lui... Il s'agit d'Alexandre.

- Alexandre ? Ce... Ce... Ce sale petit...

- Oui, celui-là. T'inquiète, moi non plus j'ai jamais pu le sentir. J'me demande ce qu'Axelle peut lui trouver ! Peut-être son côté "Ouah, j'suis trop un héros regardez-moi !"... Sérieux, c'est juste qu'il a tué deux bestioles ! Pas de quoi se vanter !

- T-tu es sûr qu'ils sont vraiment ensemble ?

- Franchement, tu n'as jamais rien remarqué ? Ca crève les yeux, ils sont toujours fourrés ensemble ! Il fait tout pour l'impressionner, et elle ça lui plaît ! D'ailleurs, ça se voit qu'il se comporte différemment avec elle qu'avec les autres."

Les deux autres garçons, qui n'avaient pas suivi la conversation, ne manquèrent pas d'approuver leur chef. En réalité, si Will avait été sobre, il n'aurait sans doute pas cru à ses affabulations, mais l'alcool parasitait son esprit et altérait son raisonnement.

Il avait déjà les yeux injectés de sang, l'air fou. Bens hésitait à aller plus loin, pourtant il choisit d'aller jusqu'au bout, pour être certain que Will ne manquerait pas d'aller au front.

"D'ailleurs... commença il à lui susurrer, puis il se reprit. Non, je peux pas te dire, ça se fait pas pour toi...

-Si si, va-y, dit... Au point où on en est...

- Et bien... la dernière fois, je rentrais chez moi le soir, je suis passé juste devant chez Alexandre. Et j'ai entendu des bruits. Des bruits du genre... tu vois lesquels.

-Tu veux dire que... commença Will, les yeux écarquillés d'horreur.

- Oui, on peut affirmer avec certitudes qu'à l'heure actuelle, Axelle n'est plus vierge. Grâce à notre ami Alexandre."

Will se mit debout, un peu chancelant, les poings si serrés que ses jointures en devenaient blanches. Sa mâchoire, elle aussi, était si crispée qu'il semblait une représentation de la Haine à l'état pur.

"La prochaine fois que je le vois, je le... je le..."

Bens jeta un coup d'œil à la montre qu'il avait pris soin de ne pas oublier. 23 heures. Il ne devrait plus tarder.

Une silhouette se profila dans le noir, au coin de la rue. Les lèvres de Bens se crispèrent en un sourire cruel. Il était pile à l'heure.

***

Alexandre remontait les rues désertes jusque chez lui. Il ne comprenait pas pourquoi il avait été retenu aussi longtemps par Xavier, un subordonné de Bens. Il l'avait abordé une demi-heure plus tôt, et ne le lâchait que maintenant. Alexandre l'aurait volontiers planté là, si il n'avait pas été question de trouver un moyen de contrer les adultes le plus efficacement possible, sujet où il était naturellement le premier vers qui on se tournait pour demander l'avis et à peu près le seul qui semblait donner un avis cohérent.

Mais cette fois ci, il avait trouvé Xavier bizarre, comme inquiet, se répétant, regardant sans cesse sa montre sans mettre fin pour autant à la conversation. C'était plus que suspect. En marchant dans la nuit, Alexandre regretta de ne pas avoir ses lames sous la main. Tous les voyants rouges de son cerveau étaient allumés, cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas ressenti ainsi un danger, confus, pouvant jaillir de nul part. C'était naturel en lui, une sorte d'instinct, affuté au fil des années jusqu'à devenir un sixième sens.

Ce n'était pas de la peur, plutôt un état de tension, qui le rendait prêt à réagir promptement.

Les pas sur la chaussé s'entendirent bien avant qu'Alexandre ne l'aperçoive. Il était désormais figé, en position d'attente, les muscles bandés comme un animal.

La silhouette apparut. Massive, colossale il était cependant impossible de dire à qui elle appartenait dans la nuit. Un éclat brilla dans sa main, sous la lune. Il avait donc un couteau. Alexandre resta immobile jusqu'au dernier moment.

La silhouette fonça sur lui à toute allure, lame en avant, mais il l'esquiva sans peine. Il se retourna, la silhouette était maintenant juste derrière lui. Dans la lumière blafarde et diffuse de la lune, il put discerner les traits de Will. Celui-ci, ne perdant pas de temps, balança un coup de poings, la lame entre les doigts, vers le visage d'Alexandre. L'ado se recula, et saisit le poignet massif. Il le tordit, et l'assaillant lâcha le couteau. Mais avant qu'Alexandre ait pu l'envoyer rouler au loin, Will lui faucha les jambes et se jeta sur l'arme. Alexandre, en tombant, s'agrippa à la chemise de Will et plaqua une main contre son dos, le poussant vers le sol, l'entrainant dans sa chute. Mais celui-ci avait déjà le couteau au bout des doigts, et tenta à nouveau de poignarder son ennemi. Alexandre avait déjà bondi hors de portée de son adversaire. Il le fixa d'un air glacial, d'un regard signifiant qu'il relevait le défi. Ce regard bleu si glaçant sous les mèches noirs et la cicatrice ne fit que déchainer davantage Will.

Il se jeta à nouveau vers Alexandre, perdant le peu de raison qui lui restait, en hurlant.

Tout se passa très vite. Le sol bascula sous Will. Alexandre venait de se servir de son élan pour le mettre à terre violemment. Il sentit un genou se caler brutalement sur son dos, ou plutôt sur le bras de Will qu'il avait immobilisé dans son dos. Le tout dans un craquement sinistre. Une main s'abattit sur sa nuque, cognant son front contre le sol.

La main de Will, qui tenait encore le couteau, se vit délester d'un poids. Alexandre retira sa prise sur la nuque et le força à relever sa tête en l'agrippant par la chevelure. Il glissa son couteau contre la gorge de Will et la trancha d'un coup.

Une gerbe de sang gicla. Will n'avait même pas eu le temps de crier.

Tout le combat avait duré moins d'une minute.

Un cri résonna. Peut-être celui que Will n'avait pas pu pousser avant sa mort ? Toutes les fenêtres s'ouvrirent, les Pans portaient des bougies qui jetaient une lumière accusatrice sur Alexandre, encore penché sur le corps, qui relevait la tête vers eux, le visage tâché du sang de celui qu'il avait égorgé de ses mains.

Il n'avait pas l'air paniqué, il savait très bien ce qui allait arriver, il se contentait de regarder les Pans à leurs balcons, l'air de dire "Venez-y, je suis encore prêt à me battre !"

Des hordes d'adolescents en armes surgirent des coins de chaque rue, entourant Alexandre, lui coupant toute retraite. Intérieurement, celui-ci fulminait. Il s'était fait avoir comme un gamin ! Toute la milice de Bens attendait probablement ce moment pour intervenir. Le dirigeant avait trouvé un moyen de le tuer en toute légitimité, en faisant de toute la communauté son alliée. Et Alexandre se traitait d'imbécile, se détestait d'être tombé si facilement dans le panneau ! Il aurait pu simplement mettre Will en état de nuire, et rentrer chez lui sans rien avoir à se reprocher, mais non. Ses vieilles habitudes, ses putains de vieilles habitudes, étaient revenues au pire moment qui soit. La simple continuité de son geste. Jauger l'adversaire, se battre, mettre en état de nuire, tuer. Une suite logique qu'il avait appliquée sans discernement. Et le résultat était sous ses yeux.

Il se releva, serrant le couteau dans sa main, puisque c'était la seule arme dont il disposait, et fit face aux regards haineux. Le groupe avait gonflé, des Pans, sans doute galvanisés par la soif d'héroïsme, avaient grossi la meute de mercenaires improvisée de Bens.

L'un d'entre eux lança le signal d'assaut par un simple cri rageur, et tous, de tous côtés, foncèrent en même temps. Bientôt Alexandre se retrouva au cœur d'une mêlée sans nom, assailli de tout côté.

Il se battait sans voir les visages de ses ennemis, se sachant vaincu d'avance, déterminé à se battre malgré tout jusqu'au dernier instant. Il se battait comme si tout son corps était une arme, comme un démon, fauchant les jambes, envoyant des coups de genou dans le ventre d'un agresseur, sachant précisément où frapper, coup de poing dans le plexus solaire, le tranchant de la main sur la nuque, tailladant avec son couteau les bras qui tentaient de le saisir... Il semblait à la fois méthodique et déchaîné, la vision obscurcie par les coups reçus, ne sentant pas la douleur pourtant. Ce n'était pas du sang qui coulait dans ses veines, c'étaient des flots d'adrénaline pure. Il retournait dans le monde où il n'y a pas de passé ni d'avenir, le monde sauvage et primitif de la lutte pour la survie.Il ne pensait même plus au fait qu'il menait un combat perdu.

Un instant. Un instant suffit pour le perdre. L'espace d'un instant, d'une traîtresse seconde, une voix insidieuse se glissa en lui pour lui murmurer avec fiel et douceur : «A quoi bon ? A quoi bon tout cela ? Pourquoi te bats-tu encore ? Ne vois-tu pas comme ce combat, tout comme ta vie, est vain, inutile ? Ne préfère-tu pas céder, une bonne fois pour toute ?»

Cette seconde de découragement suffit pour offrir une ouverture aux adversaires, qui s'engouffrèrent dedans. Il fit taire la voix en se déchaînant en coups obstinés et rageurs, toute sa détermination retrouvée, mais le mal était fait. Il se sentait flancher, faillir, maintenant il frappait au hasard, il sentait que le monde devenait plus assourdi, refusait pourtant de lâcher. Au fond de lui, la flamme ne vacillait plus, au contraire, s'enflait d'orgueil et de rage. Il n'allait pas mourir maintenant, il ne pouvait pas mourir maintenant ! Pas comme ça, pas après être tombé dans le piège d'un gamin de seize ans ! Ils n'étaient plus que des ombres, autour de lui, toujours plus près, toujours avançant et gagnant du terrain sur sa vie.

Il ne sut pas d'où vint le coup, il sentit seulement la douleur, sourde d'abord, puis fulgurante, déferler en lui, ses jambes qui le lâchaient, se dérobaient sous lui.

Game over. La vie n'avait jamais eu aucun sens de toute façon.

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