Chapitre X - Lumos
Perdue dans un espace blanc je reste statique, des voix m'enveloppent. Elles viennent de droite à gauche, de derrière moi, de devant, elles me traversent, m'évitent, parfois elles se chevauchent, se coupent. Pourtant je sais que c'est lui qui me parle, c'est toujours lui et sa manière de me cracher les mots si violemment.
- Alors, on est toute seule Granger? Il fait froid non?
Je sens mes os se glacer. Des chuchotements incompréhensibles résonnent tout autour de moi, je ne sais pas où je vais ni où je suis mais j'essaye d'avancer pour échapper à ce cauchemar.
- Tu n'iras nulle part, pas si t'es avec moi, tu ne vois pas comme je te freine? Arrête de faire des efforts. Tu poursuis quand même? Très bien.
Sortant du sol, des arbres viennent m'entourer et je me retrouve dans une forêt sombre. J'ai l'impression que tout est en nuances de gris, exceptée la flore très verte.
- Drago? Je suis perdue! Aide-moi!
Je n'ai aucune idée de pourquoi je demande ça, surtout à lui, cherchant toujours de droite à gauche, si jamais le Serpentard décidait de se manifester physiquement. Face à moi se trouve maintenant Ron, pleurant dans un coin. Évidemment, je m'approche de lui et m'agenouille à son niveau.
- Hey, hey.. Qu'est-ce qu'il y a trésor?
- J'ai peur que tu ne m'aimes plus 'Mione.
Mes sourcils se froncent. Comment ça? Bien sûr que j'aime toujours Ron. Mon cœur s'emballe pour lui comme au premier jour dès que je le vois ou le sens proche de moi. Blaise apparaît je ne sais comment, embrassant ma main et mon épaule dénudée. Je ne peux rien faire, je suis comme possédée, incapable d'agir en conscience alors que nous nous mettons à danser. Le monde autour de nous change à nouveau, nous nous retrouvons dans une salle où des centaines de couples exécutent la même danse. Drago me regarde, je crois rougir. Ne cessant de tourner dans tous les sens avec le métissé, je finis par le lâcher et vaciller vers le blond, incapable de marcher correctement. Celui-ci me rattrape avant que je tombe, me remettant sur mes jambes.
- Alors Granger, je suis tant à tomber?
Je ris à cette remarque pourtant vraiment nulle, attrapant ses mains pour danser avec lui car tout tangue toujours autour de moi. À peine quelques pas de danse plus tard, Harry remplace le blond, me regardant d'un air mauvais.
- Ça ne te dérange pas de privilégier un mangemort à tes propres amis? Tu passes tout ton temps avec lui. Il te regarde constamment, c'est terrifiant. Je le vois. On le voit tous. C'est loin d'être un être d'amour, tu devrais le fuir plutôt que le suivre.
- Hermione? Aime moi Hermione, viens te noyer avec moi Hermione. Hermione, Hermione, Hermione?
Je tombe dans le vide alors que tout mon monde s'effondre sous mes pieds et mon nom que répète Drago sans s'arrêter de plus en plus fort me donne mal à la tête, je n'arrive plus à me raisonner.
- Arrête Malefoy!
Je crie en me réveillant, Ginny me regardant d'un air surpris, assise sur mon lit.
- Ça va pas? T'étais vraiment effrayante à gigoter dans ton lit. Et puis tu parlais beaucoup.
Pourvu que je n'aie pas mentionné le maudit Serpentard. Pourtant mon amie poursuit.
- Il a fait quoi Malefoy pour que tu lui hurles comme ça d'arrêter? D'ailleurs j'espère que ça n'a réveillé personne d'autre.
- Euh... Il me criait dessus.
- Malefoy quoi. Répond Ginny d'un naturel déconcertant.
C'est vrai que Drago est une personne qui lorsqu'il n'obtient pas ce qu'il désire, ou si les choses se passent différemment de ce qu'il souhaite, s'énerve facilement. L'éducation Malefoy sans doute, habitué à obtenir tout ce qu'il veut dès que monsieur le demande. La seule fois où j'ai vu un signe de faiblesse assumé chez lui fut à la salle sur demande, lorsqu'il m'a avoué qu'il n'était pas si fort qu'il prétendait être.
Ravagé, paumé, perdant.
Ses mots résonnent en boucle dans mon esprit. Ginny est repartie se coucher, nous sommes en plein milieu de la nuit. En me retournant dans mon lit une bonne dizaine de fois, je trouve difficilement le sommeil. Ce cauchemar m'a beaucoup trop perturbée, je ne sais pas si les messages de chacun sont des choses que je sais inconsciemment, comme le fait que je donne trop d'importance au Serpentard, qu'il m'aveugle complètement par exemple, ou bien si mon cerveau se torture seul lié à mon traumatisme de guerre et le fait de le revoir, lui qui a agi contre nous.
Je me lève finalement, attrapant ma baguette magique.
-Lumos.
Je murmure à voix basse, une douce lumière blanchâtre illumine la pièce. J'essaye d'utiliser le moins possible ma baguette depuis que j'ai tué et blessé avec. L'avoir dans la main m'offre tous ces souvenirs que je déteste plus que tout, à chaque fois. Je me demande si Drago ne possédait pas sa baguette l'autre jour pour les mêmes raisons, ou bien si ce n'était qu'un oubli.
J'ai besoin de sortir, de quitter un peu ce lit plein de cauchemars et me dégourdir les jambes. Vêtue de mon pyjama, je rajoute à cette tenue peu couverte, un plaid qui traînait au pied de mon lit. Evidemment, déambuler dans le château à une heure si tardive est contre le règlement, mais j'ai vraiment besoin de m'aérer l'esprit.
Une fois à l'extérieur de mon dortoir, je marche dans les couloirs sans vraiment savoir où aller. Les personnages des tableaux dorment tous, ce qui est plutôt amusant à regarder. Pourtant ça n'a pas l'air de les faire rire eux, puisqu'ils me râlent dessus pour que je baisse ma lumière, ce que je n'hésite pas à faire pour qu'ils n'élèvent pas trop la voix. Mes chaussons sur le sol de pierre glacial sont à peine assez épais pour m'éviter d'avoir des frissons qui parcourent le long de mon corps.
Après un bon quart d'heure de marche à tourner autour de la cour centrale, j'entends des bruits précipités qui se dirigent vers ma direction. Oh. Ça ce n'est pas bon du tout. Je range précipitamment ma baguette et fais demi-tour. La lumière de la lune éclaire à peine mon passage, je n'ai pas le choix, je dois m'engouffrer dans une tour pour me cacher. Les pas semblent de plus en plus proches et rapides alors je ne perds pas de temps à grimper les marches quatre à quatre du premier escalier qui apparait devant moi. Si je ne me trompe pas, c'est la volière. Je m'arrête au bout de l'escalier, pour écouter attentivement si les pas m'ont suivi, mais il ne semble pas. Je jette un coup d'œil à l'habitacle rempli de chouettes et de hiboux tous plus majestueux les uns que les autres. Certains dorment, d'autres battent des ailes en me voyant. Je manque l'arrêt cardiaque en distinguant une silhouette à peine éclairée par la lune, donnant une lettre à un volatile. Par Merlin, j'ai cru que c'était un professeur, heureusement ce n'est qu'un élève. Avec ma mini-crise cardiaque, j'ai glissé sur la marche du dessous, ce qui a interpellé le sorcier qui se retourne en pointant sa bague. Malefoy?
Rapidement, il reporte son attention sur la chouette, chuchotant quelque chose. Je ne sais pas ce qu'il fait, mais je sens qu'il mijote quelque chose. Etant donné qu'il vient de poster sa lettre et qu'il n'a sans doute rien d'autre à faire ici, je ferais mieux de partir avant de me faire prendre. Je n'ai clairement pas envie de le confronter ce soir et je désire encore moins qu'il pense que je le suis. Je me retourne pour reprendre ma cavale et hurle lorsque mon regard se baisse sur le professeur Flitwick qui me pointe avec sa baguette en avançant vers moi.
- Qui est là?
Drago sort de sa cachette au son de mon cri, sa baguette braquée aussi sur moi. Je lève les deux mains, totalement paniquée d'être visée de part et d'autre.
- Miss Granger! S'exclame le professeur avant de voir le blond sortir sa tête. M. Malefoy! Je suis extrêmement déçu de vous deux, vous savez pourtant qu'il est interdit de déambuler dans le château la nuit! Suivez moi.
Il se met à descendre les marches donc nous faisons sagement de même. Derrière moi le regard de Malefoy est pesant, je serre la petite couverture par pudeur autour de mon corps qui n'a plus tant froid à cause du stress de la sanction. Nous entrons dans la salle de classe du professeur qui ne se trouvait pas loin après quelques instants. Celui-ci grimpe sur ses livres pour passer sa tête au-dessus de son bureau alors que Drago et moi sommes assis au premier rang, ne nous regardant pas l'un l'autre.
- Vous êtes en septième année tout de même, j'attends des explications. Miss Granger? M. Malefoy?
Je joue nerveusement avec mes doigts, bredouillant.
- En fait, je.. J'étais-
- J'ai demandé à Miss Granger de me retrouver dans la volière pour m'aider à envoyer une lettre à ma mère. Je n'ai plus mon hibou. Me coupe Malefoy.
Mon visage se tourne vers lui avec surprise. Pourquoi me couvre-t-il? Le directeur de Serdaigle, connu pour sa sensibilité pose ses mains sur sa tête, semblant complètement décontenancé alors qu'il murmure des choses incompréhensibles dans sa barbe. Après quelques instants à réfléchir avec lui-même il s'adresse à nous.
- Bon. J'aurais pu vous ajouter 10 points chacun pour votre coopération, cependant vous avez enfreint le règlement. Je ne vous retire, ni vous ajoute aucun point. En revanche! Vous allez devoir aider Hagrid à son retour pour faire le tour de la forêt interdite. C'est un cadeau que je vous fais là.
Le visage de Drago semble se décomposer à l'énonciation de la sanction et je me rappelle qu'en première année nous étions contraints aussi d'y aller pour être sortis la nuit. Je me sens tout de même chanceuse car c'est loin d'être une punition pour moi, je n'ai pas beaucoup de peurs et Hagrid est mon ami.
-Merci professeur. Ça ne se reproduira pas. Je confirme en me levant.
Nous retournons à nos dortoirs respectifs avec le professeur, d'abord Drago puis moi, sans qu'il ne m'adresse le moindre regard. Lorsque mon dos se pose contre le matelas, je ne peux m'empêcher de me questionner sur le fait que ces derniers temps partout où je vais, je me retrouve toujours coincée avec Drago Malefoy.
Au petit déjeuné ce matin, je suis heureuse de retrouver mes camarades, dévorant une tartine de beurre. Les hiboux, comme chaque matin, volent au-dessus de nos têtes, déposant les courriers et colis de chacun. J'attrape la Gazette du Sorcier, m'intéressant aux nouvelles du jour.
- Woah, un top dix des meilleurs joueurs de Quidditch 1998? Passe Hermione, je dois absolument lire ça!
Harry s'exclame en me tendant la main. Je roule des yeux et lui donne le magazine alors que des dizaines de prospectus magiques volent jusqu'à chaque élève présent dans la salle. Pour en mettre plein les yeux, ça fonctionne. Sur un fond noir on peut lire en blanc:
- "Vous êtes cordialement invité au bal masqué inter-maison". Qu'est-ce que c'est que ça?
Ron demande en s'asseyant à côté de moi, attrapant une feuille au passage. Sous le titre se trouve un masque blanc joliment ornementé. J'avais oublié que mon petit ami n'était pas invité au club de Slugh et qu'il n'a donc pas eu vent du nouvel événement qui ne tarde pas d'affoler tous les élèves se posant des centaines de questions. Au dos du carton d'invitation se trouvent toutes les instructions que Blaise nous a communiqué la veille.
- Sérieusement? C'est ridicule, je ne veux pas aller à un bal sans ma petite amie, par Merlin, pourquoi voudrai-je aller danser avec quelqu'un d'autre?
Tournant la tête vers Ron, je lui réponds pendant qu'il prépare son petit déjeuner.
- C'est une initiative Serpentard, qui a pour but de créer des amitiés en mélangeant nos maisons non pas dans une compétition comme nous avons d'habitude avec celle des maisons ou au Quidditch, mais avec une activité à faire tous ensemble en s'entre-aidants. Tu pourrais y aller avec Padma qui est notre amie par exemple? Ou même avec Cho Chang, elle est super gentille.
Il fait la tête, posant son visage sur sa main en bougonnant. Ce n'est pas possible d'être aussi têtu.
- Oh aller Ron, ça va être marrant! Ginny l'encourage.
Je lui mime un merci tandis qu'Harry tente aussi de convaincre son ami.
- Tu sais, ça m'embête aussi d'être séparé de Ginny, mais on se fait confiance mutuellement, et puis ça ne nous empêchera pas de danser avec elle aussi.
Soudainement, les différentes discussions s'arrêtent pour laisser place à la tornade Parkinson qui entre en trombe après un vacarme incroyable, suivie de près par l'autre fille et Blaise qui m'offre un regard désolé.
-OU EST HERMIONE GRANGER?! Crie-t-elle à travers la salle.
Mes yeux s'ouvrent en grand à l'évocation de mon prénom et je laisse tomber ma tartine dans mon bol de thé.
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