Chapitre VI - Pré-au-Lard
- J'étais complètement bourré, mais toi aussi t'étais bourrée, bourrée d'orgueil, bourrée de chagrin. Et puis ne me regarde pas avec ces yeux-là Granger, après tout, tu ne m'aimes que parce que je te déteste. Il y a tellement de gens qui te trouvent fabuleuse, mais toi tu bloques, tu bloques sur moi, c'est comme si tu voulais te noyer avec moi. Viens Granger, viens te noyer dans la profondeur de mes nuits sans fin.
Il me tend sa main. Ma tête tourne, je ne suis pas maître de moi-même, mes gestes sont imprécis, comme si j'étais sous l'emprise d'une substance illicite. Pourtant je sais que ce n'est pas ça qui me fait tourner la tête. Tout bouge mais pas lui, il reste stable, toujours au même endroit, me tendant sa main. Petit à petit, le sol se fissure, créant une faille entre nous qui s'agrandit. Il va s'éloigner, c'est maintenant ou jamais, je dois prendre sa main. Je le sens, je le sais, je ne dois pas rester de ce côté. Grâce à je ne sais quelle force, je réussis à me relever, avançant jusqu'au bord de la falaise. Le trou est si profond que la chute en serait mortelle.
Des hurlements tout autour de nous nous éloignent de plus en plus l'un de l'autre, plus rien n'est contrôlable, le noir autour de nous devient de plus en plus blanchâtre et en à peine quelques secondes il nous enveloppe, détruisant cette falaise et ce monde. Ma dernière vision est celle des yeux de Malefoy et sa main tendue.
Je me redresse d'un coup sur mon lit, toujours dans la pénombre. Les cris ne cessent pas malgré mon réveil et je cherche dans le noir leur provenance. Ginny doit faire un mauvais rêve, encore. Elle n'a pas arrêté de l'été, c'est incontrôlable. Je me lève difficilement et m'installe sur son lit, venant caresser ses cheveux trempés de sueur en chuchotant doucement.
- Ginny, Ginny, c'est fini, ça va, je suis là..
La rousse ouvre les yeux au son de ma voix, la respiration haletante elle tente de s'agripper à mon bras. Je la vois chercher ses mots sans arriver à faire une phrase compréhensible.
- Il-Il était là, tu-tu sais et d'un coup, j'ai enfin, il voulait et Harry, je-je veux dire..
- C'est fini Ginny. Je vais rester avec toi, tu peux te rendormir.
L'idée de dormir dans les draps humides d'un lit une place avec mon amie qui a sans doute de la fièvre ne m'enchante pas, mais Ginny l'a toujours fait pour mes cauchemars. Allongée sur le dos, j'observe notre chambre éclairée par la lune en repensant à ma propre nuit. Je devrais arrêter de penser autant à Malefoy, je ne sais pas pourquoi ça tourne presque à l'obsession. Il a raison. Enfin, Malefoy de mon rêve a raison. Ce qui me plaît vraiment chez lui, c'est le défi de pouvoir le faire changer, de pouvoir être son amie. Dois-je vraiment m'attarder sur l'avertissement de Blaise? Ou est-ce qu'il a dit ça par jalousie, de peur que Drago s'attache vraiment à quelqu'un d'autre que ses amis de Serpentard, qui ne sont peut-être pas une bonne influence pour lui? Mes pensées s'entremêlent, m'accompagnant dans un sommeil plus calme.
•|•|•
- Pré-au-Laaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaard! S'exclame une voix bien trop près de mon oreille.
- Hein? Ouvrant à moitié les yeux, je me redresse pour voir Ginny, déjà assise sur le lit.
- Oh, Hermione, qu'est-ce que tu fais dans mon lit?
Je me laisse tomber à nouveau sur le matelas, lâchant un râle. Aujourd'hui, nous allons à Pré-au-Lard pour boire une bièraubeurre entre amis, puis on ira sans doute faire quelques boutiques. Ce genre de journée me ravit habituellement, mais j'aurai tout de même été plus enchantée par une journée à la bibliothèque.
Ma préparation est assez rapide, se contentant d'un pull un peu trop grand dans une jolie jupe. Je ne change rien de plus chez moi, mes cheveux sont un peu ma "marque de fabrique" depuis que Neville a fait remarquer devant toute la classe en première année qu'ils sont "sacrément épais pour une petite tête". Avec le temps, j'ai réussi à dompter et aimer ma crinière, peu importe leur différence. Ginny passe la porte de la salle de bain sans frapper, offrant comme à son habitude un commentaire.
- T'es vraiment une belle femme Hermione, Ron a beaucoup de chance.
C'est décidé, cette phrase rentre au top de ses remarques, bien loin devant celle sur l'épouvantard (très peu flatteuse). La belle rousse se prépare à son tour donc je décide de quitter le petit espace, la remerciant avant de sortir. Notre journée étant libre, nous nous regroupons tous pour aller à Pré-au-Lard. Je reste près de Parvati, Padma et Ginny qui n'arrêtent pas de s'échanger des potins. Bien évidemment, ça ne cesse pas lorsque nous sommes à la taverne des Trois Balais.
- Vous connaissez la rumeur sur Pansy Parkinson? Poursuit Padma alors que nos regards sont braqués sur elle, attendant la suite impatiemment. Il paraît qu'elle est amoureuse de Drago Malfoy.
- C'est pas un scoop ça Padma, t'as rien de plus intéressant? Questionne Ginny en poussant un soupire.
Je suis un peu dans le même état d'esprit que ma meilleure amie. Les ragots ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. C'est très souvent trop déformé de la réalité et ça fait plus de mal que de bien, pour tout le monde. Padma semble déconcertée par la remarque de la rousse. Son regard parcourt la pièce avant qu'elle nous indique de nous rapprocher d'elle, baissant la voix pour ne pas que des oreilles indiscrètes écoutent la suite.
- J'ai entendu dire qu'elle ferait tout pour retrouver la pétasse qui a pénalisé Drago Malefoy.
Même si je ne crois pas être une "pétasse", j'ai fortement l'impression que cette histoire a un rapport avec notre altercation de la veille. Je reproduis le geste de Padma, vérifiant que personne ne nous écoute pour lui répondre.
- Pénalisé Malefoy? Je.. Je croyais que Parkinson n'était pas une vipère?
Cette fille n'a jamais posé trop de problèmes. Je veux dire, lorsqu'elle a voulu dénoncer Harry, c'était clairement parce qu'elle était en panique et qu'elle avait peur de mourir. Même si c'est très dur à pardonner, je ne pense pas qu'au fond d'elle ce soit une méchante fille. Cependant, Padma et Parvati ne semblent clairement pas de mon avis, s'échangeant un regard étonné de mon propos.
- Il a été viré du poste de chef d'équipe au Quidditch. Ça doit être une énorme sanction pour lui, sachant que ce sont les seuls moments où on peut voir Malefoy un minimum heureux... Enfin vous voyez comment est Malefoy d'habitude, il fait toujours la tête quoi. Bref, tu ne connais vraiment pas Parkinson Hermione. C'est pas contre toi, mais t'es vraiment trop... Naïve. Cette fille c'est un démon lorsqu'il s'agit de Drago, elle le défendrait avec ses griffes s'il le fallait.
- Une dangereuse psychopathe. Renchérit sa jumelle.
- Ouais carrément, c'est pas une vipère mais plutôt genre.. Un basilic, fois mille. L'autre fille n'a clairement aucune chance de survivre à son année.
Elles hochent toutes les deux la tête comme pour valider les propos l'une de l'autre, quant à moi, je me cale au fond de ma chaise, apportant la bièraubeurre à mes lèvres. Si ce qu'elles disent est vrai, je ne tarderai pas à voir les foudres du diable. En parlant du loup, je manque de m'étouffer en la voyant au comptoir commander. Je donnerai tout à Harry pour qu'il me prête sa cape d'invisibilité sur le moment, même mon exemplaire de L'histoire de Poudlard (quoique...). Je remarque que Drago n'est pas à ses côtés contrairement à Blaise et l'autre fille dont je ne connais toujours pas le nom. Le regard du Basilic x1000 parcourt la salle, croisant le mien. Mon cœur s'arrête le temps d'une seconde. Ses sourcils se froncent et prit d'un malaise intense, je lui adresse un sourire crispé, qu'elle me rend plus gentiment. Merlin merci, sa commande arrive et notre contact visuel cesse, permettant à mon cœur de battre à nouveau. Que voulait dire ce sourire? Était-ce un "Je ne sais pas encore ce que tu as fait, bonjour"? Ou plutôt un "Profite bien Granger, cette boisson est ta dernière"? C'est effrayant.
- Hermione? Tu vas bien?
Les filles se sont coupées pendant leur discussion, posant leur attention sur moi après les mots de Ginny.
- Oui, bien-sûr. Je.. Je me demandais qui avait finalement eu le poste de capitaine entre Harry et toi?
Niveau excuse, je m'améliore nettement. La concernée fait une petite moue, jouant avec son verre.
- Harry a été choisi mais il m'a dit qu'il voulait bien me passer la main de temps en temps, d'ailleurs demain il y a les qualifications, vous venez nous voir?
Evidemment je hoche la tête, tentant de rassurer mon amie. L'année prochaine elle sera capitaine, c'est certain. Cette femme est une vraie Gryffondor, courageuse et déterminée. En repensant aux garçons, je me demande ce qu'ils font aujourd'hui à Pré-au-Lard. Je suis toujours un peu fâchée contre Ronald. Tout d'abord il m'accuse de trop m'intéresser à Malefoy, puis me cache les lettres d'amour qu'il reçoit. Je préfère prendre un peu mes distances avec lui, d'autant plus après avoir appris que je vais prochainement mourir sous les doigts de Parkinson. Après tout, qui suis-je face à un basilic démoniaque? Je ne crois pas avoir mes chances. Perdue dans mes pensées, je ne réalise qu'après quelques secondes qu'un regard me fixe intensément. Mon visage se tourne vers cette embêtante personne qui trouble mon fil de pensés, ne découvrant nul autre que Blaise, la tête complètement orientée vers moi, à la table d'à côté. Pansy ne semble pas particulièrement perturbée par son interlocuteur d'en face qui semble nullement prêter attention à ses propos, continuant de déblatérer une histoire sans doute très drôle car elle en rit. Zabini ne me lâche pas du regard, peu importe les signes d'incompréhension que je lui lance.
- Wow, ne me dites pas que Blaise Zabini a un béguin pour Hermione Granger? Padma se tourne vers sa sœur, ouvrant la bouche en grand face à ce qui semble être un nouveau scoop. Qu'est-ce qu'elles racontent encore celles-là. J'en rigole, noyant ma gêne dans ma boisson.
- Non, c'est faux.! Et n'allez pas raconter ça à n'importe qui.
- Nous? Naaaon, jamais! Dirent elles en chœur.
Evidemment, ce n'est pas comme si vous étiez réputées pour être les plus grandes colporteuses de ragots de l'histoire de Poudlard, je manque de rajouter sarcastiquement. Avant tout, ce sont mes amies, puis il s'avère que c'est plutôt pratique de les avoir à mes côtés lorsque j'ai besoin d'informations en tout genre qui concernent les élèves de l'école; je passe bien trop de temps à la bibliothèque pour connaitre chaque personne et leurs secrets contrairement à elles. Ainsi, les jumelles et moi nous complétons. C'est vrai que notre groupe d'amis a été un peu rafistolés à cause de nos camarades partis trop tôt, mais ne dit-on pas que c'est dans les vieux chaudrons qu'on fait les meilleures potions? Le sourire de ces trois filles fait partie du trésor qu'il me reste après la guerre. Je ferais tout pour le préserver. Enfin, si Parkinson me laisse en vie.
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