Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

XVI - Se trouver d'autres buts


La seconde semaine de janvier, Marinette fut engagée pour un stage de six mois. Elle remplaçait une personne qui avait dû abandonner son poste pour des raisons de santé. Elle allait assister une équipe de stylistes qui créaient des modèles pour une marque de vêtements pour enfants. La paye n'était pas mirobolante, mais ses tâches diverses et intéressantes. Son travail consistait à assister une équipe de stylistes dans l'élaboration des dossiers techniques, à faire le suivi des approbations couleurs, matières et accessoires et à garantir le respect du planning. Elle assurait dans ce cadre les relations de l'équipe avec un gestionnaire achats et un chef de marché. Très vite, son niveau d'anglais se révéla problématique. Elle avait eu un bon niveau pour une élève de troisième, mais avait perdu six ans d'enseignement. Heureusement, une grande partie des contacts étaient par écrit et on trouvait sur internet des outils de traduction suffisamment élaborés pour la tirer d'affaire. Au bout d'un moment, elle constata que, comme ses autres acquis, sa mémoire consentait à lui restituer ses anciens apprentissages, au fur et à mesure de sa pratique. Pour accélérer cette réappropriation, elle prit l'habitude de lire des articles sur la mode en anglais et s'abonna à une chaîne vidéo anglophone qui s'intéressait à son milieu professionnel.

En parallèle, Adrien et elle suivaient avec passion les articles du Ladyblog qui retraçait les combats auxquels se trouvaient confrontés leurs homologues coréens.

— Ils sont nettement plus âgés que nous l'étions quand nous avons endossé ce costume, remarqua rapidement Marinette à Adrien alors qu'ils visionnaient les premières vidéos des batailles menées.

— Tu dis ça parce qu'ils ont une carrure plus impressionnante que la nôtre ?

— Pas seulement. Ils ont une manière de gérer les combats qui est bien plus aboutie que celle que nous avions au début.

— Ils pratiquaient sans doute des arts martiaux avant d'être choisis.

— Y'a des chances, vu leur manière de se mouvoir, convint-elle. C'est beaucoup plus posé que nous. L'économie de leurs mouvements est impressionnante. Mais c'est plutôt leur stratégie qui me fait dire ça. À nos débuts, on mettait du temps à trouver l'akuma et mettre au point une manière de l'atteindre. Eux, ils n'ont pas d'akuma à purifier, mais un point faible à trouver, et ils s'en tirent drôlement bien. Tu as vu comment ils se coordonnent ?

— Je pense qu'ils se connaissent, tous les deux, estima Adrien.

— Peut-être, admit Marinette.

— Ils partent toujours ensemble, dans la même direction, une fois le combat terminé, lui fit-il remarquer. Nous, on se séparait pour ne pas risquer de se voir sans costume.

— Ah, oui, c'est vrai. Tu veux dire qu'une fois qu'on a su qui on était, on repartait ensemble ?

— Pas du tout. Déjà, on n'était pas toujours au même endroit quand il fallait y aller, et on revenait le plus vite possible là où on était supposés être. Et surtout, tu ne voulais pas que le Papillon sache qu'on connaissait nos identités. Donc on continuait à faire comme si on était toujours des étrangers l'un pour l'autre. Je peux te dire que je n'avais pas intérêt à me montrer trop entreprenant quand on était en costume. C'était le râteau assuré !

— J'étais si méchante que ça ?

— Oui, tu es cruelle avec les chats, affirma Adrien d'un ton piteux, mais l'œil pétillant.

— Tu es en train de te plaindre pour avoir un câlin ?

— Mais pas du tout ! Par contre, si tu y tiens, moi je ne suis jamais contre un petit bisou.

Marinette éclata de rire et se serra contre son compagnon.

— Je t'aime, mon minou, souffla-t-elle.

— Je suis content que tu ne l'aies pas oublié, murmura-t-il en l'embrassant dans le cou.

oOo

Trois semaines après l'apparition des nouveaux héros, quand Marinette rentra de son travail, Adrien lui dit :

— Viens voir. Il y a un message pour nous sur le Ladybog.

— Comment ça ?

— Viens lire par toi-même.

Marinette ôta son manteau et vint près de l'écran d'ordinateur. Effectivement, le dernier article n'était pas de la main d'Alya.

Message à l'attention de Ladybug et Chat Noir.

Pourriez-vous me contacter à l'adresse suivante : bunny_du_present (a) courrier. fr. J'aimerais savoir ce qu'est devenu mon terrier.

Bunny

Marinette regarda Adrien.

— Je n'ai jamais donné de Miraculous à Alix ? se fit-elle confirmer.

— Non. Tu n'as eu aucune raison de le faire. Il n'y a pas eu de second Papillon. Le futur que nous a prédit Bunny n'est jamais arrivé.

— Mais... cela veut dire qu'Alix attend son Miraculous depuis six ans ? Nous ne lui avons jamais dit que finalement elle ne l'aurait pas ?

— Pas à ma connaissance. Je suppose que tu ne pouvais pas être sûre que cela n'arriverait jamais. Ce n'est que depuis que tu as cédé la Miracle Box que nous sommes certains que ce futur-là ne peut plus se présenter.

— Je vois. Mais elle a bien dû le comprendre, non ? Pourquoi nous contacter maintenant ?

— Elle a peut-être besoin de comprendre pourquoi nous l'avons disqualifiée.

— Je suppose que tu as raison. Tu crois qu'il faut qu'on lui réponde ?

— C'est toi la gardienne, ma libellule.

— On peut décider ça tous les deux.

— Eh bien, si tu veux mon avis, je n'ai rien contre. Ce serait mieux pour elle. Je vote pour.

— Il va falloir faire attention de ne pas en dire trop, songea tout haut Marinette.

— Je te fais confiance pour ça, assura Adrien. Il faudra quand même mettre assez d'éléments pour prouver que c'est bien nous. Elle va sans doute recevoir beaucoup de messages. Tu sais comment sont les gens sur internet.

— Pas trop, mais j'imagine que c'est tentant.

Ils mirent plusieurs jours à élaborer une réponse. En parallèle, Marinette fit remarquer à Alya quand elles se parlèrent au téléphone :

— Le message que tu as fait passer sur ton blog, il y a deux jours, est très intrigant.

— Je ne te dis pas le nombre de demandes de contact que je reçois, abonda Alya. La plupart des gens pensent que je connais l'identité de Ladybug et Chat Noir. Pour des personnes qu'on n'a pas vues depuis des années, ils ont un courrier de ministre. Il n'y a pas que des demandes de contact. Il y a eu énormément de remerciements après leur disparition et puis j'ai encore régulièrement des demandes d'aide. Cela va de l'objet perdu, à la personne disparue, en passant par les demandes de vengeance ou d'intervention pour sortir d'une situation difficile. Pour tout te dire, il y en a que j'ai fait suivre à la police, tant les situations exposées étaient sordides. Il vaut mieux que nos anciens héros ne voient pas tout ça. Cela les rendrait dingues.

Marinette, qui allait demander si elle pouvait jeter un œil sur les mails en question, décida de s'abstenir.

— C'est fou, dit-elle sincèrement. Je n'aurais jamais pensé que les gens leur écrivaient encore après tant de temps.

— On en a parlé, il y a deux ans, lui apprit Alya. Tu m'as dit que c'était très triste, tous ces messages qui n'auraient jamais de réponse. Ça t'avait vraiment fait de la peine.

— J'imagine, reconnut Marinette. Dis, si tu reçois beaucoup de demandes de contact, pourquoi tu as publié celle-ci, et pas les autres ?

— Parce qu'elle était accompagnée d'un message pour moi, qui me donnait des détails très précis sur la manière dont marchent les Miraculous. Je pense que l'expéditeur est sincère, ou qu'il est un ancien porteur. Ce n'est pas juste quelqu'un qui veut se rendre intéressant.

— La Papillon ou Mayura l'étaient aussi, remarqua Marinette.

— Je sais. Mais les anciens Ladybug et Chat Noir ne sont pas obligés de répondre si le contenu du message ne leur dit rien. La phrase sur le terrier a sans doute un sens caché. Et puis, qu'est-ce qu'il peut leur arriver ? On ne peut pas leur voler leur Miraculous, ils ne les ont plus.

— Ils savent peut-être qui les détient maintenant, avança Marinette.

— Je n'en sais rien. Mais Ladybug a toujours été la prudence même. Je ne m'en fais pas pour eux.

— Je suppose qu'on ne saura jamais qui est l'expéditeur de ce message ni si quelqu'un a répondu, commenta Marinette en laissant volontairement pointer une intonation de regret.

— Ouais, je sais. Et je peux te dire que c'est très frustrant ! grogna Alya.

— J'imagine, compatit son amie.

oOo

Finalement, après quelques heures de discussions et plusieurs jours de réflexion, Marinette et Adrien répondirent :

..

De : 458F45rgu65FfR (a) secretmail. net

Pour : bunny_du_present (a) courrier. fr

Objet : réponse à message

Bonjour

Je suis l'ancienne Ladybug. Nous avons toutes les deux rencontré une certaine Bunny qui t'a emprunté ta montre et t'a révélé des éléments sur ton futur. Tu as assisté au combat qui a suivi.

Je suppose que, depuis ce jour-là, tu attends de recevoir un Miraculous. Je ne veux pas te donner de faux espoirs : le futur dont Bunny nous a parlé ne s'est pas réalisé. Les Miraculous ont quitté la France et il est peu probable que leurs nouveaux gardiens fassent appel à toi.

Je n'ai pas d'explication à te donner sur ce qui a pu se passer. Le plus probable, c'est que Bunny elle-même en soit l'origine. J'espère que c'était volontaire et qu'elle l'a fait pour la bonne cause. Ce que je constate, c'est que nous avons mis fin aux agissements du premier Papillon et qu'il n'y en a pas eu de second. Cette situation est bien meilleure que celle qu'elle nous avait décrite.

J'espère que cela te consolera. J'en suis certaine, d'ailleurs. Tu es de l'étoffe dont on fait les héroïnes, et tu ne peux que te réjouir de savoir nos concitoyens en sécurité.

Tu ne seras donc pas celle que tu pensais devenir. Mais les qualités qui auraient fait de toi une partenaire sur laquelle nous aurions beaucoup compté, et qui ont peut-être permis qu'il n'y ait plus de Papillon aujourd'hui, sont les tiennes à présent. Je ne doute pas que tu sauras te trouver d'autres buts et accomplir de grandes choses.

Je te souhaite beaucoup de chance et de bonheur dans ta vie.

Ladybug

..

Adrien aurait bien aimé associer Chat Noir à ce message, mais il se rendit aux arguments de Marinette : Alix n'avait pas besoin de savoir que les anciens héros étaient encore en contact.

Ils se sentaient tous les deux un peu coupables et désolés pour leur camarade. Ils imaginaient bien qu'elle avait espéré être un jour appelée, qu'elle avait dû se poser beaucoup de questions quand ils avaient disparu, et que leur message serait été le coup de grâce. Ils décidèrent d'inviter Alix à dîner la semaine d'après pour voir comment elle allait.

Ils la trouvèrent un peu plus éteinte que d'habitude, mais elle leur parla de ses études qu'elle appréciait – elle étudiait l'histoire. Elle avait des projets pour l'année suivante : elle ferait une pause dans ses études et voulait faire un tour de l'Europe pour voir les lieux où s'étaient déroulées des batailles décisives.

— J'ai des idées de romans historiques, que j'aimerais commencer à documenter, expliqua-t-elle.

Elle demanda ensuite à Marinette comment cela se passait de son côté.

— Plutôt bien, répondit la jeune fille. Je me sens maintenant bien à l'aise dans ma vie, même si j'ai parfois encore des trous qui sont gênants. J'ai la chance de travailler dans une équipe qui est assez sympa pour me mettre sur la piste quand je ne comprends pas ce qu'on me demande.

Marinette n'exagérait pas. Comme lors de son stage à l'atelier Agreste, commencer une nouvelle activité la mettait en confiance, car tout le monde tenait pour acquis qu'elle devait apprendre comment fonctionnait l'entreprise et prendre ses marques. On ne s'étonnait pas trop de ses manques. Toutes les personnes qu'elle fréquentait étaient des inconnues, et elle n'avait donc pas à cacher son effacement de mémoire.

D'un point de vue plus personnel, les discussions qu'elle avait eues avec Adrien à la fin d'année les avaient rapprochés et elle se sentait maintenant à l'aise dans sa vie de couple. Elle s'habituait à l'intimité qu'elle partageait avec son compagnon et appréciait davantage les réactions de son corps quand elle était dans ses bras.

Quand leur amie partit, Adrien et elle se sentirent un peu rassurés. Ils étaient persuadés qu'Alix saurait rebondir et trouver un sens à sa vie.

oOo

Un mois plus tard, Marinette eut une expérience moins réjouissante. Durant sa pause de midi, elle se fit héler dans la rue par une jeune femme qui lui était totalement inconnue.

— Hé, Marinette !

— Euh... Bonjour.

— J'ai cru que tu allais passer sans daigner me reconnaître ! Comment tu vas ?

— Euh, bien. Et toi ?

— C'est toi qui nous as lâchées. Je disais justement à Elaine l'autre jour que c'était bizarre que tu aies abandonné, alors que tous les profs te pensaient si douée.

Marinette détecta une intonation qui lui fit douter que cette fille soit une amie. D'ailleurs, elle ressentait l'envie de s'en aller, ce qui n'était pas le signe d'un lien positif entre elles.

— Je n'ai rien abandonné du tout, précisa-t-elle. J'ai eu une bonne opportunité de stage et je l'ai saisie. Je reprendrai l'année prochaine.

— Tu as raison, faut pas forcer après un burnout, dit son interlocutrice avec une fausse douceur.

— De quoi tu parles ? s'étonna Marinette.

— Tu disais toujours combien tu étais épuisée par tous nos projets à rendre. Tu as craqué, tout le monde le sait.

Marinette hésita. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle avait pu dire à ses camarades de classe avant de perdre la mémoire. Mais des années à se défendre contre Chloé et Lila l'avaient habituée aux déformations volontaires des faits. Et elle n'imaginait pas qu'elle se soit plainte de sa charge de travail auprès de quelqu'un qui ne lui était sans doute pas très proche.

— Je pense que tu as mal interprété mes paroles, répondit-elle froidement. Je vais très bien, j'ai juste voulu avoir une vision moins académique de notre futur métier et je reprendrai les études l'année prochaine. Et je pense que les notes que j'obtenais prouvent que je n'avais aucun mal à suivre. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je dois y aller.

Son interlocutrice la regarda avec mépris – ni avec étonnement ni gêne, nota Marinette. Non, ce n'était pas une amie.

— À d'autres, cracha-t-elle. Tu es juste rentré te cacher chez toi, car tu as réalisé que tu n'étais pas capable de suivre le rythme.

Marinette hésita. Elle n'avait jusque-là pas vraiment eu l'intention de se prévaloir de son premier stage, car elle avait l'impression qu'elle l'avait obtenu de manière irrégulière. Cependant, elle ne pouvait pas laisser se répandre sur elle des calomnies. Elle recroiserait sans doute les élèves de son école dans le monde professionnel. Et puis, elle connaissait le genre de personne qui était devant elle. Il ne fallait ni s'écraser ni faire preuve de modestie si on voulait s'en débarrasser.

— Si tu veux tout savoir, précisa-t-elle, j'ai eu une proposition de stage dans l'atelier principal de la maison Agreste. Dois-je produire mon certificat pour te convaincre ?

— Tu bluffes.

— Je ne m'abaisserais sûrement pas à te mentir pour me faire mousser, répliqua Marinette de son ton le plus froid. Mais si tu ne me crois pas, tu peux t'adresser à Madame Bernette, première d'atelier pour Gabriel Agreste. Maintenant, tu m'excuseras, mais j'ai à faire.

Elle avait réussi à garder son sang-froid pendant la confrontation, mais Marinette se sentit très mal le soir et raconta tout à Adrien, à peine rentrée :

— Mais qu'est-ce qu'on raconte sur moi, à l'école ? s'inquiéta-t-elle.

— Marinette, cela n'a aucune importance. Tu auras tes attestations de stage qui prouveront que tu n'as pas perdu ton temps. Et toi, tu sauras que tu as surmonté un handicap, et pas des moindres. Sincèrement, je ne me fais aucun souci pour ton avenir.

— Je ne suis pas certaine de pouvoir tout rattraper.

— Mais si. Marinette, tu as été choquée par cette rencontre, parce que la personne était malveillante et que tu t'es trouvée en infériorité à cause de ta mémoire. Mais ce problème va petit à petit se résorber. Dans un an ou deux, tu auras retrouvé l'essentiel. Et puis, tout le monde n'est pas aussi insupportable que cette fille.

— Le monde de la mode est très compétitif, Adrien, tu le sais sans doute mieux que moi.

— D'accord, alors de deux choses l'une : ou bien tu acceptes l'idée que tu devras te battre pour arriver au sommet, à savoir devenir une styliste reconnue, qui a ses propres collections avec son nom dessus. Tu peux y arriver. Tu as le don, tu as la capacité de travail nécessaire et tu as prouvé que tu sais te battre. Ou bien, tu penses que cela ne vaut pas le coup de dépenser autant d'énergie pour passer devant les autres et, dans ce cas, tu redéfinis tes ambitions.

Marinette en resta muette. Elle regarda fixement devant elle, tellement plongée dans ses pensées qu'elle ne remarqua pas qu'Adrien se levait pour aller mettre le dîner en route. Elle le rejoignit dans la cuisine alors qu'il terminait de mettre la table. Elle s'appuya sur le montant de la porte et s'enquit :

— Avons-nous déjà eu cette discussion ?

— Non, je ne crois pas, lui apprit Adrien.

— Je n'ai jamais remis ma vocation en cause ?

— Tu ne m'en as jamais parlé, en tout cas.

— Est-ce que tu penses que je faiblis ? Que c'est à cause de ma mémoire ?

Adrien réfléchit à la question :

— Je ne peux pas dire que tu n'as pas changé. Tu réfléchis sur plein de choses que tu tenais pour acquises avant. C'est normal, puisque tu te trouves confrontée à des situations dont tu n'as pas accompagné la mise en place. Ça te donne une vision que tu ne pouvais pas avoir quand tu étais plongée dedans.

— Ah.

— Il y a autre chose. Tu n'es pas revenue remontée à bloc après ta conversation de cet après-midi en disant que cette fille allait bien voir ce dont tu étais capable. Tu es moins... moins guerrière, en fait. Désolé, ce n'est sûrement pas le bon terme, mais je n'en ai pas d'autres sous la main. Je pense...

Adrien s'assit, pour se donner le temps de la réflexion.

— Peut-être que c'est de ne pas te souvenir de toutes tes batailles. Du fardeau écrasant qu'a dû représenter pour toi le fait de devenir gardienne à quatorze ans. Tout cela a dû t'endurcir et te convaincre que lorsqu'on se fixe un but, on doit s'y tenir. Aujourd'hui tu es celle que tu aurais été si on s'était débarrassés du Papillon plus tôt et que Maître Fu n'avait pas dû te transmettre sa charge.

Marinette médita un moment ces paroles puis elle vint s'asseoir en face de son amoureux. Elle demanda :

— Tu me préfères comme ça ?

Il haussa les épaules :

— Je n'avais pas l'impression d'être à plaindre avant. Je dirais plutôt que je t'aime autant qu'avant, même si c'est différent. Moi non plus je ne remettais pas en cause tes choix ou notre manière de fonctionner. Mais maintenant que c'est sur le tapis, je trouve plutôt bien qu'on réfléchisse à tout ça. Qu'on ne continue pas simplement sur notre lancée. Certains de nos choix seront les mêmes – enfin je l'espère, surtout en ce qui concerne notre vie commune – mais au moins, on saura que c'est parce que cela nous convient, pas parce que les autres attendent ça de nous ou qu'on n'a pas pensé à le remettre en question.

— Pour ce qui est de notre manière de fonctionner, il faudra prendre l'habitude d'y réfléchir de temps en temps, songea-t-elle. Nous allons forcément changer. Là, pour moi, ça a été particulièrement abrupt, mais cela m'a aussi fait prendre conscience que tu n'étais plus celui que j'avais connu. Quand nous allons tous les deux travailler, que nous aurons des enfants, il faudra qu'on sache se remettre en question pour nous adapter à nos nouvelles vies.

— Oui, je suis d'accord avec ça.

— Pour mon futur travail..., je pense que cela mérite que j'y réfléchisse vraiment. Cette histoire d'année sabbatique pour faire des stages est une bonne occasion. Tu vois, je n'avais jamais pensé travailler dans la mode enfant, mais je réalise que c'est super intéressant, car tu peux te lâcher dans les motifs et les couleurs bien plus que pour les adultes. Il y a d'autres contraintes, bien entendu, liées à l'âge, aux couches-culottes et autres, mais ça m'intéresse plus que j'aurais pensé.

— C'est bien que ton univers s'élargisse, approuva Adrien. Garde bien deux choses en tête : la première, c'est que, l'important, ce n'est pas de se faire un nom, mais d'être fière de ce que tu fais. Je pense que tu as davantage besoin de te sentir utile, plutôt que d'être célébrée. C'était le cas de Ladybug, en tout cas. Et la seconde, c'est que tu n'es pas obligée de faire un choix pour toute ta vie. Tu peux vouloir évoluer, tu as le droit de te tromper et de modifier ta trajectoire, tu peux toujours découvrir une nouvelle vocation dans dix ans.

Marinette regarda Adrien avec tendresse. Elle prit sa main qui reposait sur la table qui les séparait et la porta à ses lèvres. Elle l'embrassa et dit :

— Tu sais quoi ? L'avenir me paraît bien moins effrayant, maintenant.

oOo

Dans le courant du mois d'avril, Marinette était dans le métro, à consulter son téléphone, quand quelque chose à la limite de son champ de vision attira son attention. Elle leva le nez et vit, à l'autre bout du wagon, une personne qui la regardait avec insistance. Elle eut un coup au cœur. C'était Luka.

Quand il vit qu'elle l'avait repéré, il la salua de la tête et détourna les yeux après qu'elle en eût fait autant. Elle comprit qu'il n'avait pas l'intention de venir lui parler. Elle ne savait pas si c'était par délicatesse ou parce qu'il pensait qu'ils n'avaient rien à se dire. Elle jugea que ce serait lâche de sa part de faire comme si de rien n'était. Elle se leva et se dirigea vers lui.

— Bonjour, Luka.

— Bonjour, Marinette.

Elle sentit la gêne la rattraper. Elle ne savait pas comment engager la conversation.

— Tu vas bien ? demanda Luka.

— Euh, oui. Et toi ?

— Ça va très bien. Tu es en stage, m'a dit Juleka. Ça te plaît ?

— Oui, beaucoup. Cela me forme.

— Je te trouve très courageuse. Mais, cela ne m'étonne pas. Tu es une battante, je le sais.

Marinette ne put s'empêcher de rougir.

— Oui, il paraît.

Luka hocha la tête.

— Tu n'es pas obligée de me parler si cela te gêne. Je peux le comprendre.

— Tout le monde m'a dit que j'étais bien quand nous étions ensemble, Luka. Je n'ai pas l'intention de te snober. Je suis désolée d'avoir oublié tout cela. Pas seulement pour toi. Pour moi aussi. J'espère que nous étions restés amis.

— Oui, c'est le cas. Tu es heureuse avec Adrien ?

— Oui.

— Alors c'est bien. Moi aussi, je suis heureux de mon côté.

— Je suis contente de l'apprendre. Tu en es où, dans tes études ?

Ils parlèrent encore un moment, échangeant sur leurs formations et stages respectifs. Puis, Luka constata :

— Je crois bien que j'ai raté ma station depuis un moment.

— Moi aussi, avoua Marinette.

Ils se sourirent.

— On descend à la prochaine et on se trouve un endroit pour boire un verre ? proposa Luka.

Marinette accepta. Dix minutes plus tard, ils étaient sur la terrasse d'un café. Luka vérifia que personne ne pouvait les entendre avant de demander :

— Tu ne regrettes pas ta vie d'avant ? Je veux dire...

Il fit un geste qui pouvait être un lancer de yoyo.

— Au début, cela m'a fait bizarre, reconnut Marinette. C'est surtout la disparition de mon kwami qui a été douloureuse. J'ai l'impression de ne pas avoir pu lui dire au revoir, même si je sais que je l'ai sans doute fait. Heureusement, j'avais Adrien pour me confier et m'aider à prendre des décisions. Ensuite, avec tout ce que j'avais à régler, je n'ai pas trop eu le temps de regretter de ne plus avoir à partir au débotté pour faire ce que j'avais à faire.

— Du coup, cela ne te manque pas trop.

— Non. J'ai besoin de toute mon énergie pour prendre ma vie en main. Beaucoup de choses ont été remises en cause.

— Dans quel sens ?

— Apparemment, le fait que j'ai oublié une partie de mes combats et mes responsabilités me font voir la vie autrement. Je pense que je suis plus attentive à mes proches. Je revois mes choix de vie aussi.

— Oh, c'est à ce point ?

— Oui. Tu sais, ça fait peur de réaliser à quel point avoir été choisie a changé ma vie et mes objectifs.

— Avoir été choisie ou d'en avoir oublié une partie ?

— L'oubli me fait réaliser combien j'ai été influencée par ce que j'ai vécu avant.

— Quand je t'ai connue, tu manquais cruellement de confiance en tes capacités. Je t'ai vue t'affirmer de plus en plus. Ce n'était pas une mauvaise chose.

— Je pense que c'est allé trop loin. Je suis devenue trop autoritaire et trop sûre de moi, au point de ne plus assez écouter les autres.

— Ce n'est pas l'impression que j'en avais.

— Ça a peut-être continué à évoluer après toi. Vraiment, Luka, j'ai eu des retours sur moi qui ne m'ont pas plus.

— Et tu te sens davantage en paix avec toi-même, maintenant ?

— Oui, je crois. En tout cas, j'aime la vie que j'ai maintenant.

— C'est l'essentiel. J'aimerais te poser une question, mais je comprendrais que tu ne veuilles pas y répondre : est-ce que ta perte de mémoire est liée à l'apparition de nouveaux héros en Corée.

— Oui.

— Tu les connais ?

— Je ne sais pas. La perte de mémoire protège leur identité.

— C'est ça, la raison ? Mais pourquoi est-ce remonté si loin ? Ou bien, à l'inverse, pourquoi tu n'as pas tout oublié à propos de ton rôle ?

— Je ne peux pas répondre à ta question, Luka.

— Tu n'en as pas le droit ?

— C'est ça.

— D'accord. Je me demandais aussi s'il n'y avait aucun espoir que ta mémoire revienne.

— Cela m'étonnerait. D'ailleurs, mes souvenirs ne sont pas effacés. Je n'y ai plus accès, par contre.

— Comment ça ?

— Je n'ai pas totalement oublié les techniques de couture que j'ai apprises à mon école de stylisme, par exemple. Il suffit qu'on me les montre et mes mains les retrouvent. De la même manière, si je me sens à l'aise avec toi, c'est que tout s'est bien passé entre nous.

— Tu veux dire que tu n'aurais pas eu envie de me parler si les souvenirs auxquels tu n'as plus accès avaient été négatifs ?

— Exactement.

— Ils sont assez présents pour te donner des indications, mais pas assez pour que tu te souviennes, résuma Luka.

— C'est ça.

— Ça doit être déconcertant.

— Disons que je suis contente d'avoir des échos qui me guident. Cela me permettra de continuer mes études sans tout reprendre au début. Ce sera seulement davantage de travail pour tout réactiver. C'est pour ça que j'ai pris une année sabbatique. Pour me remettre à niveau. Ce n'est pas si cher payé.

— Tu veux dire que c'est un prix dont tu as eu à t'acquitter pour avoir été ce que tu as été ?

— Je le pense.

— Et Adrien, il a payé aussi ? s'enquit Luka

— Oui, lui aussi a dû surmonter une épreuve, s'entendit répondre Marinette.

Cette idée – un souvenir flou que la question avait fait remonter – la laissa stupéfaite, tout comme les émotions qui l'envahirent : tristesse et colère mêlées. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.

— Marinette, ça va ? s'inquiéta Luka. Je suis désolé, je ne voulais pas te bouleverser.

— Non, ce n'est pas de ta faute, je... ça va aller.

Elle inspira profondément pour se calmer sous le regard soucieux de son ami.

— Je n'imaginais pas que c'était si dur, dit-il.

— C'est derrière nous, maintenant, assura courageusement Marinette. Mais cela répond à ta question sur les regrets. Je suis vraiment contente, maintenant, d'avoir une vie normale et de ne plus avoir à mentir à ceux que j'aime. Enfin, presque plus. Je plains ceux qui ont hérité des Miraculous. J'espère que je les ai bien prévenus de ce qui les attendait.

— Je suis certain que tu as fait au mieux, dit Luka. Tu as toujours fait les choses honnêtement. Je te le dis d'expérience.

— Comment peux-tu dire ça, alors que je t'ai caché ce que j'étais pendant qu'on était ensemble ?

— Vu que j'avais deviné, cela n'aurait rien changé. Je sais que tu as réellement tenté que ça marche entre nous. Nous n'étions pas faits pour rester plus longtemps en couple, c'est tout. Ta place était avec d'Adrien. Je considère comme une chance de t'avoir eue auprès de moi durant cette période.

Marinette dévisagea Luka. Son regard franc et chaleureux. Elle sentit son corps se détendre.

— Luka, dit-elle lentement. Moi aussi, je pense que j'ai eu de la chance d'avoir été avec toi.




------------

Dans le prochain chapitre, on verra Marinette tenter de Se fabriquer des souvenirs.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro