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VIII - Donner sa version


La semaine suivante, Marinette fut affectée à une couturière chevronnée, une femme d'une cinquantaine d'années. Celle-ci était une passionnée, qui ne demandait pas mieux d'expliquer toutes ses astuces à Marinette, qui avait l'impression cette fois de découvrir de nouvelles techniques.

— Ça fait du bien aussi de me dire que j'apprends de nouvelles choses, que je ne suis pas seulement à pédaler pour rattraper mon retard, expliqua Marinette à Adrien le soir.

Elle tentait toujours de reproduire chez elle ce qu'elle avait appris dans la journée, et Adrien avait bien du mal à la convaincre d'aller au lit.

Le samedi, après leur séance de courses, travaux ménagers et cuisine, Adrien proposa :

— Si tu es d'accord, aujourd'hui, j'ai envie de te montrer les cadeaux que tu m'as faits au cours des années, de t'expliquer les circonstances et de te raconter pourquoi c'est important pour moi.

— Les copines m'ont parlé d'un paquet de chewing-gums et d'un parapluie.

— Pour notre anniversaire de rencontre, sourit Adrien.

— Et là, j'avais la référence, dit Marinette avec satisfaction. Pour la semaine d'escalade aussi, même si, elles, ne l'avaient pas.

— Quand on a échangé nos cadeaux, c'était très émouvant, précisa-t-il en la regardant avec douceur. On a ressenti à quel point on était complices. Et tu vois, ce qui me rassure, c'est de me dire qu'aujourd'hui, on s'offrirait les mêmes choses.

— C'est vrai, reconnut-elle attendrie. Et quand on a fait la semaine d'escalade, t'es-tu retrouvé ficelé la tête en bas, comme pour notre première rencontre en superhéros ?

— Nous n'avons pas été nostalgiques à ce point. Il faudra qu'on le refasse, tu vas adorer.

— Pourquoi pas ? s'écria-t-elle ravie de pouvoir faire des plans pour le futur avec Adrien. Et qu'est-ce que je t'ai offert d'autre ?

— Pas mal de vêtements, tu t'en doutes. Tu me vois les porter, d'ailleurs.

— Oui, c'est vrai.

— Mais mon préféré, c'est ce chapeau.

Il lui montra un bob informe, qu'il vissa sur sa tête. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'était pas seyant.

— J'étais ivre, endormie ou j'avais 40 de fièvre, quand j'ai conçu ça ? demanda-t-elle d'une voix horrifiée.

— Tu étais en pleine possession de tes moyens et très fière de toi.

— J'avais quatre ans, alors !

— Non, c'est plus récent que ça. Quand j'ai annoncé que je prenais ma retraite de mannequin, cela a fait un certain remous parmi mes fans. J'ai commencé à avoir des paparazzi qui me suivaient pour tenter d'en savoir plus sur moi et les raisons de mon retrait – visiblement, que ce soit pour faire des études ne faisait pas assez vendre. Du coup, tu m'as conçu toute une tenue de camouflage. Il y a un T-shirt infâme et une espèce de bermuda difforme qui complètent la tenue. Quand j'avais une barbe de trois jours, on me donnait l'aumône dans la rue.

— Tu as dû adorer.

— Tout à fait. On ne m'avait jamais offert de vêtements qui m'aient donné autant d'amusement. J'avais aussi adopté une démarche spéciale. Personne ne m'a jamais reconnu. J'en ai profité pour sortir avec toi et les copains, pas une demande d'autographe. De vraies vacances.

— Je me pardonne presque d'avoir conçu quelque chose d'aussi laid.

— Pour te rassurer, tu veux voir tous les vêtements que tu as faits pour moi ? Allez, viens visiter ma garde-robe !

Ils allèrent dans la chambre et il sortit de son placard les vestes, pantalons, chemises, T-shirts qu'elle avait confectionnés à sa taille. Il les lui montra par ordre chronologique et ils parlèrent non seulement des circonstances du cadeau (Noël, anniversaires, occasions diverses), mais aussi de l'évolution qui était visible, au fur et à mesure qu'elle assimilait les cours de son école de stylisme.

— J'ai encore beaucoup à rattraper, estima-t-elle quand ils eurent fait le tour.

— Oh, tu vas y arriver ! affirma Adrien. Pour le reste de la visite, c'est dans le salon, dans mes tiroirs de bureau.

Ils retournèrent dans l'autre pièce et Adrien lui fit voir des croquis, biscuits secs personnalisés qu'il avait préféré garder plutôt que manger, tickets de théâtre ou carte de restaurants et bars qu'ils avaient découverts ensemble. Il y avait aussi des fleurs séchées et des cailloux qui symbolisaient des lieux particuliers pour eux. Tout était soigneusement rangé. Dans l'ensemble, ils aimaient se faire des petits cadeaux pour les anniversaires, les fêtes, une réussite ou une célébration.

— Il y a aussi des cadeaux qui ne laissent pas de traces, comme le crumble aux pommes ou d'autres petits plats de ta spécialité.

— Et toi, tu m'offres quoi ?

— Je récupère ce que je peux d'invitations pour des défilés. C'est ce que tu préfères. Pour certaines occasions, je t'ai emmené dans de grands restaurants. On échange aussi des moments privilégiés comme des massages ou simplement une soirée pour nous, sans téléphone ou autre interruption extérieure.

— On a eu beaucoup d'événements heureux, remarqua Marinette.

— C'est vrai. Bon, des fois, c'est aussi après une dispute qu'on s'offre des choses.

— On se dispute souvent ? s'inquiéta Marinette.

— C'est variable. On a eu un pic quand on s'est installés ensemble, forcément, le temps que les choses se mettent en place. Mais rarement sur des sujets graves.

— C'est quoi des sujets graves, pour toi ?

— La famille.

Marinette hocha la tête.

— Et les amis et nos études, ce ne sont pas des sujets graves ? demanda-t-elle.

— Ce sont rarement des sujets. On gère nos amis, nos loisirs et nos études chacun de notre côté. Sauf ceux qu'on a en commun, évidemment.

— Quels sont nos sujets de dispute ?

Adrien se donna quelques secondes pour réfléchir avant de révéler :

— Eh bien, le fait que tu sois souvent en retard a tendance à m'agacer. Je n'aime pas les emplois du temps rigides, j'en ai assez soupé quand j'étais jeune. Mais à partir du moment où on s'est mis d'accord sur un horaire, la moindre des politesses est de s'y tenir.

— D'accord, je note.

— C'est toujours ça, commenta-t-il comme s'il ne pensait pas que ce serait suffisant. Sinon, comme tu as dû le remarquer, j'apprécie que la maison soit propre et rangée. Je fais largement ma part pour y contribuer, je trouve parfois que tu ne fais pas la tienne. Tu affirmes que je suis maniaque.

— Tu l'es ?

— C'est un terme subjectif. Cela veut surtout dire que nos curseurs ne sont pas encore alignés sur le sujet.

— Ou bien ça veut dire que tu l'es, mais que tu ne veux pas le reconnaître, décoda Marinette.

— C'est toi qui le dis, protesta-t-il en souriant.

— Autre chose sur laquelle nous ne serions pas alignés ?

— J'aime manger à une heure décente. Donc quand c'est toi qui dois faire le repas, sache qu'après 20h30, je commence à grogner et j'envisage sérieusement de débrancher ta machine à coudre pour que tu te décides à nous nourrir.

— Pareil quand tu as décidé que je dois aller me coucher ?

— Disons que, jusqu'à maintenant, j'avais des arguments solides pour te donner envie de m'accompagner dans la chambre. Heureusement que tu es plus raisonnable en ce moment.

— Je vois, dit-elle en rosissant. Et moi, qu'est-ce qui m'agace au point de démarrer une dispute avec toi ?

— Tu as du mal à comprendre ma relation avec mon père et tu penses parfois que j'en fais trop ou pas assez. De mon côté, j'estime que c'est à moi de décider la manière de gérer ça.

— Ça a du sens, convint Marinette.

— Sauf que ta famille fonctionne de manière tellement différente, que cela n'en a pas toujours pour toi. Enfin bon. Sinon, de manière générale, comme tu es têtue comme une mule et que tu penses avoir raison, on peut se disputer pour des broutilles, juste parce que tu en fais une histoire de principe ou que tu n'aimes pas être dans ton tort.

— Aïe.

— Mais par ailleurs, sur les petites choses, tu n'es pas rancunière et, si on te laisse un peu de temps, tu arrives à reconnaître que tu t'es peut-être un peu emballée pour rien, ce qui fait qu'on arrive le plus souvent à régler nos conflits rapidement.

— C'est déjà ça. Et comment ça se traduit quand on se fâche ?

— Toi, tu déclames tes grands principes en faisant des allers-retours dans la pièce. Moi, je n'ai pas envie de discuter longtemps, alors j'ai tendance à me barrer et attendre qu'on soit plus calmes pour échanger des arguments. Tu dis que je boude.

— Ça me paraît répondre à la définition, dit Marinette d'un ton pincé, un peu vexée par l'image qu'il donnait d'elle.

— Peut-être. Mais je ne vois pas l'intérêt de se crier dessus et de dire des choses qu'on regrettera sans doute plus tard. Je te rassure, on arrive parfois à se limiter à quelques réflexions un peu désagréables, sans que cela parte en vrille.

— Et quand j'ai déclamé et que tu es parti bouder, on fait comment pour se réconcilier ?

— Le premier qui craque va chercher l'autre.

— Et qui craque en premier ?

— C'est variable. Ça dépend des moments, du sujet de la dispute et de qui avait raison. Ensuite, on tranche en fonction des torts de chacun et de l'importance qu'on donne au sujet. Parfois on ne tranche pas, parce que c'est tellement peu important qu'on se demande comment on a pu se disputer pour ça.

— Ça nous est arrivé de rester fâchés longtemps ?

— Une fois, on ne s'est pas parlé pendant deux jours. Mais on a tellement détesté ça tous les deux qu'on s'est ensuite arrangés pour ne plus en arriver là.

— C'était quelque chose de grave ?

— Même pas. On a juste été trop têtus.

— Mhum, j'ai quand même l'impression en t'écoutant que c'est souvent de ma faute, nota Marinette. Tu ne serais pas un peu partial ?

— Je donne ma version de la situation, justifia Adrien, les yeux pétillants. Ce n'est pas de ma faute si tu as du caractère.

— Version très personnelle et sûrement orientée, insista Marinette. Quelque chose me dit que, toi non plus, tu n'aimes pas reconnaître tes torts.

— Qui aime ça ? contra Adrien.

Marinette leva les yeux au ciel, le faisant rire.

— N'empêche que tu es quand même une championne en la matière, insista-t-il.

— N'importe quoi !

— Mais si. Tiens, du temps où on était des héros, c'était toujours de la faute de Chat Noir, jamais de celle de Ladybug.

— C'était toi qui faisais des jeux de mots ou le joli cœur, au lieu de te battre !

En voyant l'air réjoui d'Adrien, Marinette comprit qu'il la faisait marcher et qu'elle était tombée dans le panneau.

— C'est malin, grogna-t-elle.

— Je t'ai toujours trouvée craquante en Ladybug vertueuse, déclara Adrien, les yeux tendres.

Et Marinette ne pouvait pas résister quand il la regardait de cette manière. Elle se pencha pour l'embrasser. Il répondit à son baiser, puis posa sa main sur le côté de son visage, pour emprisonner sa joue dans sa paume. Elle leva le bras pour le saisir par l'épaule et le serrer contre elle. Très vite, elle se retrouva sur ses genoux, plus intimement serrée contre lui qu'elle ne se souvenait l'avoir été. Le baiser que lui donnait Adrien se modifia. Il se fit plus exigeant et elle se sentit répondre avec la même passion. Puis quelque chose de sauvage s'épanouit dans son corps et elle se raidit.

Elle n'osa pas demander à Adrien de la lâcher, de peur de le blesser, mais il dut sentir que quelque chose n'allait pas. Très vite, il desserra son étreinte et l'éloigna doucement pour la rasseoir à côté de lui.

— Reste près de moi, la pria-t-il cependant.

Elle posa la tête sur son épaule et ils restèrent blottis l'un contre l'autre.

— Ce n'est pas que je n'ai pas envie, murmura-t-elle. Mais j'ai besoin d'encore un peu de temps.

— C'est normal. On ne s'est pas précipité la première fois, non plus. On a voulu être prêts tous les deux.

— Je t'ai fait attendre ? s'enquit-elle.

— Non, pas vraiment. Je ne dis pas que je n'y pensais pas, mais j'avais un peu la trouille aussi et je n'ai pas cherché à presser le mouvement. Je pense qu'on a eu le même timing.

Elle le sentit sourire contre elle :

— Peut-être bien que, moi aussi, j'ai été perfectionniste, estima-t-il. Je voulais le meilleur pour toi.

— Ça s'est passé quand ?

— On était en terminale, c'étaient les vacances de Pâques. J'avais réussi à négocier une semaine de vrais congés avec mon père, avant qu'on attaque la dernière ligne droite avant le bac de français. Une semaine sans shooting, ni défilé, ni cours particuliers, juste un peu de pratique du piano. On est sortis avec les copains, et on a passé pas mal de temps dans ta chambre aussi.

— Pas d'interruption de mes parents ? demanda-t-elle se souvenant de la première fois où Adrien était venu, pour s'entraîner à un jeu avec elle.

— Non, pas du tout. Ils comprenaient qu'on avait besoin d'être un peu tranquilles. Tu m'as même dit que si je voulais passer la nuit chez toi, il n'y aurait pas de problème. Mais j'ai préféré ne pas le faire, je n'avais pas envie que mon père le sache.

— Et ça faisait combien de temps qu'on sortait ensemble ?

— Un peu plus d'un an. Tu venais juste d'avoir dix-sept ans. Moi, je les avais eus six mois avant.

— Je n'arrive pas à croire que j'ai eu dix-sept ans. Cela me paraît tellement vieux !

— Arrête ! plaisanta Adrien. Je me sens me décatir à vue d'œil. Tu te rends compte, j'ai trois ans de plus, là ?

— T'en fais pas, voulut le rassurer Marinette. Je te trouve encore plus beau qu'avant.

— Tu aimes les vieux, maintenant ?

— Idiot !

— Oui, et j'en suis fier !

Marinette se mit à rire et se lova plus étroitement contre son amoureux.

— Adrien, murmura-t-elle. Je t'aime, mon chaton. Je veux dire que j'aime celui que tu es maintenant, même si tu es un peu maniaque.

— Ça tombe bien. J'aime aussi la Marinette qui se bat courageusement pour retrouver ses compétences et rebâtir sa vie.

— Tu ne regrettes pas l'ancienne ?

— Marinette, tu es l'ancienne. Celle qui est prête à se sacrifier pour les autres. Celle dont je suis tombé amoureux dès la deuxième rencontre. Je ne peux pas te reprocher d'avoir fait précisément ce qui me rend dingue de toi. Je sais que tout ce que nous avons bâti ensemble est là – il posa la main sur son cœur – prêt à sortir. En attendant, tant que tu me fais des câlins et des crumbles aux pommes, je me considérerais comme très heureux.

À son regard, Marinette vit que c'était la vérité et elle se dit que, même avec sa mémoire transformée en gruyère, elle était encore très chanceuse.

oOo

La nuit suivante, Adrien fut réveillé par des pleurs.

— Marinette, s'inquiéta-t-il. Cela ne va pas ?

Comme elle continuait à sangloter, il alluma sa lampe de chevet et découvrit qu'elle pleurait dans son sommeil. Sans doute faisait-elle un cauchemar. Il hésita un instant puis il la saisit par l'épaule et la secoua pour la réveiller.

Elle émergea de son rêve en sursautant. Elle le fixa les yeux papillonnants, éblouie par la luminosité de la pièce.

— C'était un mauvais rêve, lui dit-il. Tout va bien, tu es en sécurité.

Comme elle continuait à trembler, il se décida à la serrer contre lui pour la rassurer.

— Oh, Adrien... finit-elle par dire entre deux spasmes.

— Tout va bien, c'est fini, répéta-t-il.

— Tout est de ma faute.

— De quoi parles-tu ?

— Du combat où Maître Fu a été vaincu.

— Tu rêvais de ça ?

— Oui. Tout est à cause de moi. Tout.

— C'était un cauchemar, ma libellule, ce n'était pas la réalité.

— Mes souvenirs ne sont pas mieux.

— On a gagné ce combat.

— Pas vraiment. J'ai sacrifié Maître Fu.

— Il t'a choisie pour le remplacer, ce n'est pas pareil.

— Si le Papillon a identifié maître Fu, c'est parce que je suis allée le voir sans me détransformer.

— Tu n'en sais rien.

— Bien sûr que si. Et tu sais pourquoi j'ai oublié de le faire ? C'est parce que j'avais vu que tu commençais à t'intéresser à Kagami, et que je pensais à ça au lieu de me concentrer sur le combat. Maître Fu a perdu la mémoire, juste parce que j'étais jalouse ! C'est ça, la vérité.

— C'était un combat difficile, Marinette. Et on l'a gagné, finalement. Tu as été formidable, ce jour-là.

— Non, pas du tout. J'aurais dû choisir Chloé pour nous aider. J'ai pris Kagami pour l'éloigner de toi, alors que si j'avais redonné le peigne à Chloé, elle aurait combattu pour nous, pas pour le Papillon.

— Tu sais que j'aime beaucoup Chloé et que je sais qu'elle est meilleure qu'elle ne le paraît. Mais pour autant, je pense qu'elle a sa part de responsabilité dans l'affaire. Elle a eu le choix. Elle pouvait refuser d'être akumatisée. Et moi aussi, je suis responsable. J'aurais pu mieux lui expliquer pourquoi on ne pouvait plus lui donner le Miraculous de l'Abeille. C'était mon amie, et je l'ai laissé croire que Ladybug et Chat Noir ne lui faisaient pas confiance, ce qui n'était pas vrai. Nous sommes tous les trois responsables de ce qui s'est passé, tu n'as pas à tout prendre sur toi.

— Tu n'as rien à voir dans l'identification de Maître Fu. Ce n'est pas toi qui as mené Mayura à lui.

— Tu étais en train de comprendre que je n'allais pas sortir avec toi, mais avec Kagami, rappela Adrien. Renoncer à un amour est très douloureux et déstabilisant. Je le sais, je l'ai vécu aussi. Personne ne peut te reprocher d'avoir été perturbée ce jour-là, et d'avoir fait des erreurs. Tu as fait de ton mieux et c'est déjà beaucoup plus que la plupart des gens n'en auraient été capables.

— Je mérite d'avoir perdu la mémoire, décréta Marinette. C'est la moindre des choses après avoir trahi Maître Fu. Il était gardien depuis son enfance. Tu te rends compte que je lui ai fait perdre toute sa vie ?

Adrien prit Marinette par les deux épaules et l'éloigna de lui pour la regarder dans les yeux :

— Tu sais pourquoi tu as autant d'amis, Marinette ? Parce que tu les aides, que tu es généreuse et que tu es un véritable soutien quand ils ont des problèmes. Tu ne les juges pas d'emblée. Tu les écoutes et tu les comprends. Et pourtant, tu n'as pas la moindre empathie, compréhension ou bienveillance pour Ladybug. Elle avait treize ans quand la responsabilité des Parisiens lui est tombée dessus. Elle avait peur, elle doutait de ses capacités, mais elle a fait face avec courage. Elle a réussi à se tirer de beaucoup de situations épineuses par son intelligence et sa force de caractère. D'accord, elle n'était pas seule. Seulement Chat Noir, tout sympa et cool qu'il était, quand il s'agissait de se concevoir un plan ou de prévoir à long terme, il n'y avait plus personne. En parallèle, elle a dû gérer une situation sentimentale difficile et douloureuse. Sans compter le quotidien d'une héroïne dont l'identité doit rester secrète et qui implique l'obligation de mentir à ceux qu'elle aime et se voir reprocher sa fatigue, ses retards, ses absences sans pouvoir se justifier. Alors quand tu dis qu'elle mérite d'être punie pour ses erreurs, cela me met vraiment en colère. Je trouve ça injuste et cruel. Moi, j'admire beaucoup Ladybug pour ce qu'elle est et ce qu'elle a fait, et je ne te laisserai pas la dénigrer sans rien dire !

Tout le discours d'Adrien avait été prononcé d'une voix basse, mais intense. Son indignation avait enflé au long de son discours, et c'est les traits durs qu'il prononça la dernière phrase. Marinette, tétanisée par la colère exprimée par son vis-à-vis, resta un moment figée, avant de hocher la tête pour montrer qu'elle avait compris. Adrien la lâcha alors et recula.

Il y eut un moment de silence tendu puis Adrien marmonna « Excuse-moi » avant de se lever et de sortir de la chambre. Marinette resta un moment stupéfaite, se demandant ce qui s'était passé. Elle réalisa à quel point elle s'appuyait sur Adrien, son calme, son humour. Évidemment, elle savait que la situation était difficile pour lui, mais il le montrait si peu qu'elle avait tendance à l'oublier. Elle s'étonnait aussi des circonstances qui l'avaient fait craquer. Elle aurait mieux compris qu'il perde le contrôle après avoir été repoussé ou en réalisant qu'elle avait oublié un moment important pour lui. Jusqu'à maintenant, il ne lui avait pas fait défaut quand elle se trouvait en difficulté et elle avait du mal à ne pas se sentir trahie.

Très vite, cependant, elle sut qu'elle se montrait injuste. Adrien avait le droit d'exprimer sa détresse face à ce qui leur arrivait. Plus exactement, à ce qui lui arrivait par sa faute à elle. Soudain, elle réalisa que c'était à elle de lui offrir son épaule. Elle se leva et suivit la lumière. Adrien était dans la cuisine, installé à la table, en train de boire un soda. Marinette s'installa en face de lui.

— Je suis désolée, dit-elle.

— De quoi ?

— De ce que tu ressens.

— Ce n'est pas toi qui en es la cause. Tu n'as pas à te sentir coupable pour ça aussi.

— Je n'ai le droit d'être triste pour toi ?

Il lui sourit et tendit la main à travers la table. Elle posa la sienne dessus.

— Tu noies ta peine dans le coca ? demanda-t-elle.

— Ah, c'est une conséquence de mes années de mannequinat, expliqua-t-il. Je devais faire attention à ma ligne, et les sodas m'étaient interdits. Comme tu me vois, je suis en pleine rébellion.

Elle prit la main qu'elle tenait dans la sienne et la porta à ses lèvres pour l'embrasser.

— Tu penses vraiment que je n'ai rien à me reprocher ?

— On a tous quelque chose à se rapprocher. Mais certains ont payé plus que d'autres. Enfin, je veux dire que cela n'a pas été proportionnel aux actions de chacun. Je... j'ai adoré être Chat Noir. C'était la liberté, l'amusement, l'action. Compte tenu du carcan où j'étais maintenu par mon père, c'était vraiment génial. Et puis, j'ai eu une partenaire formidable. Mais on n'était pas supposé payer une note aussi salée. Surtout toi. Cela ne t'a apporté que des complications. Et ça, maintenant...

— Cela ne nous a pas permis d'être ensemble ?

— Peut-être que je t'aurais remarquée plus tôt, si je n'avais pas été focalisé sur Ladybug.

— Tu aurais surtout remarqué combien j'étais bégayante, maladroite et incapable de gérer mes sentiments, jugea Marinette.

— Tu es tellement mignonne quand tu bégayes, assura Adrien plein de tendresse. Si tu n'étais que Ladybug, je crois que je n'oserais pas croire en ma chance. C'est parce qu'on peut s'entraider tous les deux que j'y crois.

— Comment peux-tu dire ça ? Chat Noir était mon partenaire. On s'est toujours entraidés.

— Mais j'ai laissé toute la pression sur toi. Je ne pense pas que j'aurais pu prendre sur moi tout ce que tu as géré.

— C'est normal, Chaton. Tu avais beaucoup plus de contraintes dans ta vie que moi.

— Peut-être, mais en attendant, c'est toi qui as enduré tout ça. Cette journée a dû être atroce pour toi. Et j'en suis en partie responsable, même si je n'en étais pas conscient.

— Tu ne pouvais pas savoir.

— Tu vois ? Tu trouves toujours des excuses aux autres, mais pas à toi. Tu es trop sévère envers toi-même. Je pense que le manque de confiance qui te caractérisait autrefois et la pression que tu continues à te mettre aujourd'hui viennent de là. Tu penses que tu dois être parfaite. Tu crains d'échouer sur des choses que tu réussis très bien, car tu ne te permets aucune erreur.

— Tu penses que je devrais être moins ambitieuse ? tenta de comprendre Marinette.

— L'ambition, c'est bien. Avec ton talent, c'est normal d'en avoir. Ce n'est pas de cela dont je parle. C'est de ta tendance à te sous-estimer et te faire des reproches qui n'ont pas lieu d'être. Sois plus bienveillante envers toi-même. Accepte de ne pas être parfaite. Tu arrives à aimer les autres même quand ils ont des défauts. Crois-tu que nous ne sommes pas capables d'en faire autant pour toi ?

— Je sais que, toi, tu le peux.

— Et pas Alya, Nino, Rose et les autres ?

— Rose est hors compétition !

— C'est vrai, convint Adrien. C'est comme si tout ce qui était laid dans la vie n'avait pas de prise sur elle.

Il regarda Marinette puis demanda :

— Est-ce que tu peux me prendre dans tes bras ? J'en ai vraiment besoin.

Marinette se leva et contourna la table pour s'approcher de lui. Il la prit par la taille et appuya sa joue contre son ventre. Elle enlaça sa tête pour le serrer tendrement contre elle. Ils restèrent un moment dans cette position avant qu'Adrien ne dise :

— On ferait bien d'aller dormir.

— Je suis désolée de t'avoir réveillé, répondit Marinette en le lâchant.

— Tu n'y peux rien.

Ils retournèrent dans la chambre. Adrien se mit de son côté, pendant que sa petite amie faisait le tour du lit. Elle se glissa sous les draps et pour la première fois depuis qu'elle avait perdu la mémoire, vint de son côté à lui. Elle se pelotonna contre son dos et demanda :

— Tu es bien, comme ça ?

— Oui, très bien. Dors bien, ma libellule.

Je suis contente d'apprendre que le rythme vous convient. Comme vous l'avez constater, on continue pareil. La semaine prochaine, on va enfin en savoir un peu plus sur le stage de Marinette. Par contre, on ne verra pas Gabriel. Ce sera pour une autre fois. Le chapitre suivante s'appelle : La leçon du jour.


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