
I - Message d'outre-temps
Bonjour à tous. Voici une nouvelle histoire, qui peut se placer à la suite de "Ce qui peut être fait", mais qui peut aussi se lire séparément. Il y aura 18 chapitres et un épilogue. Ils seront postés deux fois par semaine. Nous allons donc passer encore quelques mois ensemble.
J'ai écrit ce texte à la suite de la saison 3 (Marinette est donc gardienne) et avant les premiers épisodes de la saison 4 (qui n'est donc pas prise en compte). J'ai repris les éléments posés dans "Ce qui peut être fait", donc le Papillon vaincu et les Miraculous remis dans la Miracle Box. Plusieurs années ont passé depuis que Marinette et Adrien sont redevenus des adolescents comme les autres.
Vous le savez, les personnages et l'univers sont issus de Miraculous : les aventures de Ladybug et Chat Noir, créé par Thomas Astruc, produit par Jérémy Zag et coproduit par Zagtoon, Method Animation, De Agostini, Toei Animation et SAMG Animation.
Cette histoire est une fanfiction et ne peut faire l'objet d'une transaction commerciale.
Fénice est toujours ma précieuse relectrice et Annick a éliminé de nombreuses fautes d'orthographe.
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I – Message d'outre-temps
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Chaton,
J'ai bien réfléchi, je vais le faire. Je DOIS le faire. Céder mon rôle de gardienne.
Une personne est venue me trouver. Elle m'a présenté toutes les garanties, elle a toute ma confiance. Un démon maléfique s'est éveillé dans sa région et le temple du Tibet l'a dirigée vers moi. Ce n'est pas mon combat. Elle est prête à porter ce fardeau, car c'en est un, tu ne le sais que trop bien.
Je ne transmets pas cette responsabilité par lassitude ou par lâcheté. Je le fais parce que je pense que le flambeau doit être porté là où le besoin s'en fait sentir. Garder la boîte pour ne pas payer le prix du renoncement serait la preuve éclatante que je ne suis plus digne d'en être la dépositaire.
Je sais ce que je vais perdre. Toi. Rien ne pourrait être pire pour moi, car je ne conçois pas ma vie si elle n'est pas à tes côtés. Mais je vais le faire quand même.
Parce que j'ai confiance. Nos liens sont forts. Ils étaient déjà tissés au moment où je vais bientôt me retrouver. Je compte sur toi pour me dire ce que je dois savoir et pour m'aider à combler l'abîme qui va se creuser dans ma mémoire et dans mon cœur.
Je sais que ce sera difficile et douloureux pour nous deux. Mais nous avons surmonté jusqu'à présent toutes les épreuves que nous avons eu à affronter. Nous survivrons à celle-ci.
Adrien, je t'aime de toute mon âme. Je sais que je t'aimerai toujours, avec ce qu'il m'en restera.
Ta libellule
oOo
Quand Adrien reçut ce mail, il sentit son cœur se glacer. Non, elle n'avait pas fait ça ! Fébrilement, il l'appela, mais tomba sur son message d'absence. Mais où était-elle ? Pouvait-il la retrouver à temps pour lui faire renoncer à cette folie ? Au moment où il se posait la question, il sut qu'il était déjà trop tard. Elle ne lui aurait pas envoyé ce message avant d'être déjà hors d'atteinte. Elle n'était pas du genre à attendre l'approbation des autres pour agir si elle estimait que c'était nécessaire. Elle planifiait, agissait et, ensuite, se préoccupait de ce que son entourage pouvait en penser.
Une chose à la fois. Il aurait le temps de mesurer les dégâts plus tard. L'important était de la trouver maintenant. Elle devait être totalement perdue. Où allait-elle se rendre, amputée de cinq ans de sa vie ? Elle devait être mentalement revenue l'année de ses quatorze ans... elle allait se rendre chez ses parents. C'est là qu'elle habitait à l'époque.
Il était pratiquement arrivé à la boulangerie quand son téléphone sonna. C'était Sabine. Il se blinda, sachant qu'elle allait lui annoncer la mauvaise nouvelle.
— Adrien..., je ne pense pas que ce soit grave, mais... Marinette est venue à la maison et je l'ai trouvée confuse. Je l'ai emmenée chez le médecin et... j'aimerais que tu viennes nous retrouver.
— Où êtes-vous ?
Sabine lui donna l'adresse et il s'empressa de s'y rendre. C'était un cabinet médical où officiaient plusieurs praticiens, dont le généraliste qui suivait la famille Dupain-Cheng. Le temps qu'il s'y rende, seule Sabine s'y trouvait.
— Je t'attendais, lui dit-elle, le visage tiré par l'inquiétude. Tom l'a emmenée dans un laboratoire à quelques rues d'ici. On doit lui faire un scanner. Ils ne comprennent pas. Elle ne semble pas blessée. Mais impossible de savoir ce qu'il s'est passé, elle ne sait plus où elle en est et dit des choses étranges.
La gorge serrée, Adrien ne put que hocher la tête.
— Je veux la voir, dit-il.
— Oui, bien sûr, allons-y.
Une fois sur place, ils durent encore attendre qu'elle sorte de la salle d'examen. En voyant enfin Marinette venir vers lui, aux côtés de son père, Adrien la trouva comme rapetissée, bien qu'elle n'ait pas réellement changé physiquement. Elle avait toujours le corps d'une femme de dix-neuf ans. Mais la démarche de jeune adulte, sûre d'elle et de son avenir, avait disparu. Elle avait retrouvé sa gaucherie d'adolescente, la peur de mal faire, de décevoir.
Sabine dut le percevoir d'une manière ou d'une autre, car elle se précipita et serra sa fille dans ses bras.
— Qu'est-ce qu'ils ont dit ? demanda-t-elle à son mari.
— Ils n'ont rien vu. Il faut faire une IRM au plus vite, mais elle n'a pas de traumatisme crânien en tout cas.
Sabine soupira de soulagement et amena Marinette devant Adrien.
— Tout va bien aller, ma chérie, prétendit-elle. Regarde qui est là.
Marinette le contempla, manifestement fascinée. Il n'était plus l'adolescent qu'il était cinq ans auparavant.
— Tu dois te sentir totalement perdue, dit-il doucement.
— Je... oui, fit-elle comme si s'expliquer une fois de plus était au-dessus de ses forces.
— Adrien, tu as une idée de ce qui se passe ? s'enquit Tom.
— J'ai cru comprendre qu'elle avait perdu la mémoire, évoqua le jeune homme.
— C'est ça, dit Tom. Beaucoup de mémoire.
— Mais ça va revenir, espéra Sabine. Elle a dû recevoir un choc. Après une bonne nuit de sommeil, tout ira mieux.
— Le mieux est que je la ramène chez nous, proposa Adrien, qui voulait se retrouver seul avec la jeune femme.
— Oui, bien sûr. Son environnement familier, c'est ce qu'il lui faut, voulut croire Sabine.
Marinette hocha la tête et suivit Adrien sans protester après avoir été embrassée par ses parents.
— Appelle-nous ce soir, fut la dernière phrase que lança Sabine à Adrien, avant de les laisser aller.
— Oui, Sabine, promis, assura-t-il
Adrien prit Marinette par le coude et la mena dehors.
— Je vais tout t'expliquer, promit-il, une fois qu'ils furent hors de portée d'oreilles des Dupain-Cheng.
Elle hocha la tête et se laissa mener. En silence, ils prirent les rues jusqu'au métro et montèrent dans une rame. Elle semblait épuisée. Elle le suivit sans le questionner jusqu'à l'immeuble où ils habitaient et monta avec lui à l'appartement. Il sortit ses clés et ouvrit. Alors qu'elle pénétrait dans l'entrée, elle regarda autour d'elle avec curiosité.
— Assieds-toi, l'invita-t-il.
Il se plaça près d'elle sur le canapé et expliqua, en veillant à garder une voix calme et rassurante :
— Marinette, cinq années ont été effacées de ta mémoire. Tu as dix-neuf ans, maintenant.
— Ma mémoire, s'étonna-t-elle. Ce n'est pas une réalité parallèle ?
— Non. C'est ta vie qui a continué, mais tu l'as oublié.
— Mais comment ? Pourquoi cinq ans ? Comment tu le sais ?
Au moins, elle ne paniquait pas et posait des questions sensées. Il tenta de répondre à ses interrogations.
— Je suppose que tes derniers souvenirs datent de la bataille que nous avons menée contre le Papillon, celle où tous ceux à qui tu avais confié des Miraculous sont venus à son appel.
Elle hocha la tête. Oui, elle s'en souvenait. Puis elle réalisa qu'il en parlait comme s'il avait participé à cet affrontement et le regarda, les yeux un peu plissés. Il connaissait cette expression : elle échafaudait des hypothèses pour donner un sens à son récit. Il décida de lui donner directement la solution :
— J'étais avec toi, expliqua-t-il. Je suis... j'étais Chat Noir.
Elle le fixa, estomaquée.
— Toi ? Chat Noir ? s'écria-t-elle.
— Oui, et toi, tu étais Ladybug, précisa-t-il pour qu'elle sache qu'elle n'avait pas besoin de le cacher.
— Où est mon Miraculous ? s'inquiéta-t-elle immédiatement en portant ses mains à ses oreilles.
Bien entendu, elle avait dû se rendre compte de la disparition de ses boucles.
— Tes boucles sont retournées dans la boîte, avec ma bague, le médaillon du Papillon et la broche du Paon, lui apprit-il.
— Le Papillon ? releva-t-elle. On l'a vaincu ?
— Oui, c'est de l'histoire ancienne maintenant. Nous n'avions plus besoin d'être des héros. Tu as tout remis dans la Miracle box et tu l'as cachée, du moins jusqu'à aujourd'hui.
— Attends, pourquoi c'est moi qui ai caché la Miracle Box ? tenta-t-elle de comprendre. Elle n'est plus chez Maître Fu ?
— Pendant notre combat, il y a cinq ans, il a été vaincu et il t'a transmis la tâche de veiller sur la boîte. Le prix à payer pour ce renoncement, c'est la perte de la mémoire, durant toute la période où l'on a assumé ce rôle. Or toi, tu viens à ton tour de transmettre la boîte à quelqu'un. C'est pour ça que tu as tout oublié, entre le moment où tu as été investie, et maintenant.
Elle ferma les yeux un moment, et il lui laissa le temps de digérer ce qu'il venait de lui apprendre.
— Nous avons gagné contre le Papillon ? demanda-t-elle finalement.
— Oui, c'est terminé depuis trois ans. Nous avons une vie normale, maintenant.
— C'est quoi, une vie normale ?
— Nous avons terminé le lycée et nous faisons des études.
— Je fais des études ? Moi ?
— Oui, tu viens de commencer ta troisième année dans une école de stylisme.
Elle eut comme un rire de dérision.
— Adrien, je n'ai pas encore passé mon bac !
— Tu l'as obtenu, en tout cas.
— Mais je...
Elle inspira fort et regarda autour d'elle :
— C'est chez toi, ici ?
— Chez nous. Depuis trois mois. On a emménagé aux dernières vacances d'été. Ça fait à peu près trois ans et demi qu'on sort ensemble. Enfin, je suppose qu'il va falloir qu'on reprenne tout au début maintenant. Si tu le souhaites, bien entendu.
Elle baissa les yeux, visiblement gênée.
— Je ne sais pas vraiment ce que je souhaite, dit-elle tristement.
Ils restèrent un moment silencieux, puis elle demanda :
— Qui est le nouveau gardien ?
— Je ne sais pas.
— Alors comment sais-tu que j'ai donné la boîte ?
— Tu me l'as écrit.
Il sortit son téléphone et lui montra le message qu'il avait reçu quelques heures auparavant – dans une autre vie pour elle. Elle déchiffra le texte et le regarda.
— Alors c'est vrai ? C'est vraiment ma vie. Je ne peux rien faire pour... revenir comme avant.
— Non, tu ne peux pas revenir dans le passé, confirma-t-il, sentant l'émotion le rattraper, mesurant tout ce qui avait été perdu entre eux.
— Mais comment je vais faire ? se désespéra-t-elle.
La voir si abattue le poussa à se ressaisir :
— Comme tu fais toujours, répondit-il d'une voix qu'il espérait encourageante. Tu vas aller de l'avant. Trouver des solutions. Gérer les problèmes l'un après l'autre. Tu es forte, ma Lady, tu peux y arriver !
Elle le regarda, pas convaincue.
— Et tu n'es pas seule, ajouta-t-il. Je suis là pour t'aider. Crois-moi, je ferai tout mon possible pour te soutenir.
— Tu as sans doute autre chose à faire que de t'occuper de moi ! opposa-t-elle.
— Marinette, énonça-t-il de sa voix la plus sérieuse, je ne suis peut-être plus un compagnon pour toi, mais je suis déjà ton ami et ton partenaire. Si Adrien ou Chat Noir avaient un problème, est-ce que tu l'aiderais ou tu aurais autre chose à faire ? On est une équipe, Milady ! On n'est plus des héros, mais ce que nous avons vécu ensemble nous unit. Toi et moi, on se soutiendra toujours, quoiqu'il arrive !
Elle le contempla, les yeux graves, puis hocha la tête.
— D'accord. Merci.
Adrien estima qu'il lui en avait assez dit pour cette fois.
— Il va être l'heure de dîner. Je vais faire le repas.
Il sourit et ajouta :
— Désolé, mais ce sera des œufs et des pâtes. Je ne sais rien faire d'autre. Tu m'apprenais petit à petit. D'ailleurs, je pense que tu pourras toujours le faire. Tu dois encore en savoir plus que moi.
— Ça m'étonnerait !
— Ne parie pas trop vite. Il y a trois mois, je ne savais même pas éplucher une carotte.
— Tu exagères !
— Même pas. Il y a un cuisinier, chez mon père, tu te souviens ? D'ailleurs, j'ai souffert, hein. Faut voir comment tu m'as mis au ménage, à la lessive et aux courses !
— C'est vrai ? fit-elle visiblement étonnée.
— Et comment ! Le partage des tâches, que tu appelles ça. Tu es devenue drôlement féministe, avec l'âge !
Il lui fait un clin d'œil pour lui montrer que ce n'était pas une critique, mais une simple taquinerie.
— D'ailleurs, continua-t-il, on va partager les tâches. Tu épluches les œufs pour l'omelette ?
Elle le regarda, effarée.
— Je plaisante, ma libellule, la rassura-t-il. Je peux me débrouiller. Je te laisse mettre la table. C'est une bonne manière d'apprendre où se trouvent les choses. N'hésite pas à farfouiller dans les placards, tu es chez toi.
Tout en mettant l'eau à chauffer et en battant les œufs, il la regarda œuvrer. Elle se repéra rapidement, trouvant ce qu'elle cherchait, presque du premier coup. C'est elle qui avait agencé la cuisine, se souvint-il. Sans doute que la logique lui était familière. Elle le regarda d'un œil critique pendant qu'il assaisonnait son plat comme elle lui avait autrefois montré, puis hocha la tête d'un air approbateur. Visiblement, il avait bien retenu sa leçon.
Pendant que les pâtes cuisaient, il lui fit visiter l'appartement. Elle connaissait déjà le séjour et la cuisine. Il l'entraîna vers les parties privées.
— Là, c'est la chambre, indiqua-t-il en ouvrant la porte.
Il saisit son raidissement quand elle découvrit le lit à deux places où ils s'étaient aimés le matin même.
— Je pense dormir dans le salon, précisa-t-il rapidement. Tu as besoin d'un endroit à toi, je suppose, le temps que les choses se mettent en place, justifia-t-il maladroitement.
Totalement écarlate, elle hocha la tête d'un mouvement raide. Il l'entraîna rapidement vers la salle de bains, lui montrant les toilettes au passage.
— Voilà, on a fait le tour, conclut-il. Bon, je pense que le repas est prêt.
Il s'affaira à sortir les pâtes de l'eau et cuire l'omelette pendant qu'elle reprenait son calme. Il les servit et elle vint s'asseoir devant lui. Ils mangèrent un moment en silence, avant qu'elle ne demande :
— Toi et moi, comment ça s'est fait ?
— Oh, répondit-il en enroulant ses spaghettis autour de sa fourchette. Ça n'a pas été simple.
— Ah non ?
— Eh bien, à la fin de notre année de troisième, je te plais depuis un moment, mais tu n'arrives pas à me le dire. Et de mon côté, je suis amoureux de toi sous ta forme de Ladybug, mais je ne sais pas que c'est toi.
— Oh, réalisa-t-elle, découvrant sa vision à lui de la situation.
— On était mal barrés, et on s'est ratés cette année-là. Finalement, j'ai accepté ton refus et je suis sorti avec Kagami. De ton côté, tu es allée avec Luka.
— Ah, dit-elle lentement en tentant d'assimiler ce qu'elle venait d'entendre.
Elle lui lança un regard timide, visiblement gênée par ces révélations.
— Cela n'a pas été une mauvaise chose, précisa-t-il. Je pense que cela nous a aidés à mûrir et nous a préparés à la relation que nous avons eue ensuite. Quoiqu'il en soit, ça n'a pas tenu, ni pour l'un ni pour l'autre. C'est compliqué d'aller combattre au pied levé quand on a un petit ami qui ne sait rien de nos obligations et à qui il faut mentir. Ils ont fini par sentir qu'on n'arrivait pas à s'engager autant qu'on aurait dû. Bref, ça a cassé des deux côtés.
Elle hocha la tête pour montrer qu'elle suivait toujours.
— Un jour, on a fini un combat vraiment à la limite, et on a juste eu le temps de sauter sur un toit avant de se détransformer. Et on s'est retrouvés face à face.
— Ça a dû être un choc, jugea Marinette.
— Au sens propre comme au sens figuré, pour tout te dire, car l'atterrissage a été assez brutal. Là, il a fallu décider si on continuait quand même ou pas. C'était toi la gardienne, c'est toi qui as dit que, tant que cela ne nous empêchait pas de faire notre boulot, on continuait.
— Logique.
— Je suppose. Évidemment, on s'est rapproché après ça. Mais il a quand même fallu que Nino crache le morceau et me fasse comprendre que tu t'intéressais à moi depuis le début pour que les choses se décantent enfin. On a fini par sortir ensemble vers le milieu de notre année de première. Je n'ai jamais su qui de Kim ou Alix avait gagné son pari.
Marinette, qui avait suivi son récit avec fascination, ne put s'empêcher de sourire à l'allusion à leurs amis. Adrien fut soulagé de constater qu'elle était toujours sensible à son humour. Elle ne l'était pas énormément quand elle avait quatorze ans.
— Mon père n'était pas vraiment d'accord avec notre relation et il a tenté d'y mettre fin, mais on a tenu bon. Ensuite, pendant les grandes vacances – on était entre la première et la terminale –, on a enfin récupéré le Miraculous du Papillon et celui du Paon. Tu les as remis dans la boîte avec les nôtres, et nous sommes redevenus des ados normaux. Par contre, je ne pouvais plus sortir par la fenêtre de ma chambre. Heureusement, j'ai réussi à convaincre mon père de me laisser un peu plus de liberté.
— Et comment ça s'est passé pour le Papillon ? questionna Marinette. Comment avons-nous réussi à le vaincre ? Pourquoi il faisait ça ? Qui était-il ?
Adrien hésita. Il n'avait pas du tout envie de raconter cette scène-là. Il avait déjà beaucoup de mal à rester calme et factuel pour la rassurer, alors qu'il avait très peur pour l'avenir. Replonger dans le cauchemar de l'époque ne le tentait pas du tout. Elle dut le voir sur son visage, car elle avança :
— Ça a été difficile ?
— Oui, convint-il. Très dur. Pas ce soir, s'il te plaît.
— D'accord. Continue sur nous, si tu préfères.
Il hocha la tête pour la remercier, puis reprit son récit :
— Pendant notre terminale, on a bossé dur tous les deux pour avoir un bon dossier et obtenir ce qu'on voulait. J'ai intégré une prépa correcte pour préparer mon concours d'ingénieur et, toi, tu es entrée dans une école de stylisme-modélisme à Paris. J'ai beaucoup bossé pendant deux ans. J'ai dû laisser tomber le mannequinat, mais on a réussi à se voir régulièrement. Maintenant, j'ai intégré une école qui me convient et j'ai pu un peu lever le pied. J'ai insisté auprès de mon père pour qu'on habite ensemble et il a bien voulu me prêter cet appartement. En échange, j'ai accepté de refaire des photos de mode pour lui et quelques défilés dans l'année.
— Cela veut-il dire que ton père est d'accord pour que tu sois avec moi, maintenant ? espéra Marinette.
Adrien soupira :
— Disons qu'il ne s'y oppose pas. Rien n'est simple avec mon père, tu sais. Enfin, au moins, il accepte que je mène ma vie comme je l'entends, ce qui est déjà un très gros progrès.
— Tu étais vraiment cloîtré, quand on était en troisième, se souvint-elle.
— Ça s'est arrangé petit à petit. Bon, après, c'est mon père et chaque concession est assortie de conditions. Cela dit, maintenant je suis majeur, il sait qu'il ne peut plus rien m'imposer. Mais ni lui ni moi ne souhaitons nous fâcher, donc on continue à négocier.
— Ce n'est pas évident.
— Non, mais cela pourrait être pire, je ne me plains pas.
— Tu ne te plains pas souvent, remarqua Marinette.
Il la regarda. Elle avait sa mémoire de ses quatorze ans, mais avait conservé la finesse d'esprit qu'elle avait acquis depuis. C'était un bon point, ça.
— Tu as terminé ? demanda-t-il.
— Oui, je crois que je n'ai plus faim.
— Je pense que tu devrais te coucher, suggéra-t-il. Tu as eu une grosse journée, et je t'en ai dit assez pour ce soir.
oOo
Voilà, j'ai posé les bases de l'histoire. J'espère que cela vous donne envie de continuer.
Je sais qu'en théorie la perte de mémoire devrait remonter au moment où Marinette est devenue Ladybug, mais elle oublierait aussi Adrien, et ce n'était pas ce que je voulais raconter. Merci d'accepter cet accroc à la logique de la série.
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