Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Prologue

Un Corbeau devant moi croasse,
Une ombre offusque mes regards, 
Deux belettes et deux renards 
Traversent l'endroit où je passe :
Les pieds faillent à mon cheval,
Mon laquais tombe du haut mal,
J'entends craqueter le tonnerre, 
Un esprit se présente à moi,
J'ois Charon qui m'appelle à soi, 
Je vois le centre de la terre
.

  Ce ruisseau remonte en sa source, 
Un bœuf gravit sur un clocher, 
Le sang coule de ce rocher, 
Un aspic s'accouple d'une ourse, 
Sur le haut d'une vieille tour 
Un serpent déchire un vautour, 
Le feu brûle dedans la glace, 
Le Soleil est devenu noir, 
Je vois la Lune qui va choir, 
Cet arbre est sorti de sa place.

~ Théophile de Viau, 1621 ~ 


Les ténèbres immuables, partout, sans restriction...

Je cours pour m'enfuir, même si dans ce brouillard où tout semble difforme et incertain, je ne sais pas très bien où je vais, ni comment j'en suis arrivée là.

Une terreur sans nom se diffuse à l'intérieur de mes veines, pourtant, je sais qu'un tel sentiment d'horreur ne peut pas être réel. Cette sensation s'écoule dans chacune des fibres de mon corps tel un venin brûlant qui fait battre anormalement mon cœur. Je sens presque qu'il s'arrache de ma poitrine. Ce poison atteint mes poumons, mes bronches sifflent puis commencent à se faire douloureuses.

Mais je ne céderai pas.

Je suis plus forte que ça !

Enfin, je l'espère...

Dans ma course effrénée, j'entends ses pas se rapprocher et discerne son souffle également. Quand quelque chose frôle mon dos, un hurlement franchit malgré moi la barrière de mes lèvres. Se trouve-t-il si proche que cela ? Je ne peux pas me permettre de détourner mon regard de ce chemin de terre et de pierres escarpé si je ne veux pas perdre mon avance. Les larmes me montent aux yeux sans que je m'en rende compte. Que fera-t-il quand il m'aura attrapée ? Me ramènera-t-il dans ce lieu maudit ? Cet enfer où m'attendent mille tourments, en plus de ceux déjà subis.

Quand le désespoir me gagne presque entièrement, je songe à ce qu'il se passerait si je cessais de fuir... Des perles salées s'échouent sur mes joues. Pourquoi ces sentiments qui me sont habituellement étrangers choisissent spécifiquement ce moment pour me submerger ? Telle une vague charriant des émotions toxiques contre un cœur endormi depuis bien longtemps. Je me noie dans ce typhon de peur et d'horreur, tout en priant pour que me revienne cette léthargie sentimentale, celle qui me permet de raisonner avec sagacité.

C'est à cet instant qu'une douleur traverse mon auriculaire. Sans cesser de courir dans cette brume opaque et sinistre, je tends la main devant moi afin de mieux l'observer. La marque complexe qui serpente sur tout mon doigt, fruit d'un sceau renfermant un sort, a pris des teintes très vives. Le rouge cinabre se mêle au bleu de minuit contrastant violemment dans ce monde aux couleurs mornes. A la vision de ces arabesques qui semblent se mouvoir avec une volonté qui leur est propre, je redouble d'efforts sur les muscles de mes jambes pour tenter d'aller plus vite.

Ma magie bouillonne, elle veut se défendre, me protéger, éradiquer celui qui représente une menace ! Mais je la contiens en moi tant bien que mal et dois me faire violence afin de ne pas la laisser s'échapper. Il est trop tard pour utiliser ma puissance, ces horribles arabesques bloquent ma magie quand il est proche. Et les couleurs luisent de plus en plus...

C'est mauvais signe !

Au loin, au bout de ce chemin tortueux, je discerne une légère lueur. Cette lumière inattendue projette sur le sol les silhouettes funestes de grands arbres aux branchages dénués de vie qui bordent ce sentier. Ce dernier semble se resserrer, et les branches énigmatiques se rejoignent pour former une sorte d'échappatoire. A bout de souffle et bientôt d'énergie, cette clarté est tout ce qu'il me reste.

Après ce qui me parait une éternité, j'atteins la sortie de cette forêt ténébreuse. Je me retourne alors et observe la marque sur ma main : les couleurs ne sont plus aussi éclatantes baissant même en intensité. J'ai pris de l'avance sur lui et il ne faut pas laisser passer cette occasion de le retarder dans sa course. Je murmure faiblement :

Elhaz !

J'accompagne ce mot chargé de magie avec un geste de la main. Ce dernier manque de précision, mais j'ose espérer que cela suffira.

Aussitôt, avec un soulagement non négligeable, j'observe mon enchantement prendre forme et une volute de magie couleur or se diffuser vers l'échappatoire des ténèbres. Le sort runique fait apparaître un magnifique cerf aux formes éthériques. Il pose son regard ambré sur moi. De sa stature imposante, le cervidé me dépasse largement. Je lui souris et tends une main vers l'une de ses ramures. Même s'il ne s'agit que d'un enchantement, je peux le toucher, une chaleur irradiante se dégage de lui.

— Protège-moi... et retiens-le tant que tu pourras !

Le souverain de la forêt, dont il émane des lueurs dorées, hoche légèrement la tête puis se dirige à l'unique endroit où mon poursuivant pourrait apparaître, en face de la seule sortie qu'ont laissée ces centaines d'arbres millénaires qui s'étendent à droite et à gauche jusqu'à perte de vue. De ce côté-ci, les chênes anges sont particulièrement épanouis : leurs branches paraissent immenses, couvertes de feuilles verdoyantes ou teintées d'un orange chaleureux que l'on retrouve en automne. Ils forment ainsi une barrière naturelle impénétrable.

Je me détourne rapidement afin de poursuivre ma course, suivant des chemins que j'ai déjà arpentés des centaines de fois. Je me retrouve bientôt au bord d'un précipice.

Dans le lointain, au-dessus du gouffre abyssal qui s'ouvre devant moi, je distingue deux ponts constitués de petits îlots en pierre qui lévitent, l'un à droite et l'un à gauche. Le problème est que chaque élément composant ces deux archipels sont séparés les uns des autres par quelques mètres pour atteindre deux îles finales...

Je me rends bien compte que ces dernières sont inaccessibles avec de simples compétences physiques. Je m'immobilise quelques instants pour analyser les lieux. Derrière moi, le cerf runique pousse un long brame, signe que le bouclier qu'il forme ne tiendra plus très longtemps.

Le paysage qui s'offre à mon regard est déconcertant. A l'horizon, à part ces deux îles diamétralement opposées, il n'y a rien d'autre hormis cette brume grisâtre qui semble faire écho à l'infini.

L'énergie que renferment les îles suspendues est également très contradictoire : pour celle de gauche, il s'agit d'une énergie sépulcrale, et sinistre... Le brouillard demeure encore plus intense sur cette île qu'ailleurs, il empêche d'y distinguer quoi que ce soit précisément, en dehors d'un objet qui transcende le lieu. Pour celle de droite, la brume se transforme en lueurs chatoyantes, tel un soleil qui la baignerait de ses rayons chaleureux. Une douce lumière dorée nimbe le lieu où chaque fleur et brin d'herbe semble radiant de vie.

Ces espaces suspendues dans le vide possèdent pourtant un point commun : un sceptre, impressionnant par sa taille, sous la forme d'une croix celtique qui trône au centre des deux îles. Tout au long de l'axe central de ces pièces d'orfèvrerie, des entrelacs et des nœuds infinis s'entrecroisent. Il n'y a ni commencement, ni achèvement. Au cœur de ces formes qui serpentent gracieusement sur les sceptres jumeaux, je crois discerner une multitude de symboles runiques et celtiques qui luisent, mais je suis beaucoup trop loin pour les distinguer avec précision. Une chose reste sûre, les objets précieux sont surplombés par un pentacle en argent.

Sur ma gauche, le sceptre ténébreux semble taillé, avec une finesse exceptionnelle, dans un diamant noir constellé de mille feux sombres. Malgré la beauté de cet ouvrage, un malaise me gagne lentement depuis que j'ai posé les yeux dessus. Brisant ma contemplation, un large corbeau vient se poser sur le pentagramme aux lignes délicates en croassant avec vigueur. Son regard calculateur me transperce, semblable à une vaste étendue d'un noir de jais, du même noir d'encre qui colore ses plumes.

L'oiseau de malheur me ramène à l'urgence de ma situation. Comment vais-je pouvoir fuir cette fois ? Vais-je mourir face à cet abominable précipice ?

Je détourne mon attention sur l'île opposée à la première. Au centre de l'espace enchanteur se trouve le second sceptre édifié dans ce qui semble être un diamant étincelant.

L'énergie qui émane de cette île demeure pure, inaltérée, puissante, mais familière. Soudainement, y apparaît une louve cendrée. Voilà la seule chose qui avait changé au fil du temps, le pelage de cette louve au départ d'un blanc éclatant s'était teinté peu à peu de la couleur de l'acier. La créature élancée semble très agile grâce à sa petite carrure qui doit la rendre plus furtive que ses congénères massifs.

Tout à coup, le corbeau prend son envol en ma direction, survolant grâce à ses puissants battements d'ailes les différentes parties de l'archipel. La louve cendrée, quant à elle, semble obéir à la même impulsion et s'élance en faisant des bonds impressionnants d'îlot en îlot, presque sans effort. La nature leur a insufflé une grâce indéniable et je me sens impressionnée face à eux. La louve vient se placer devant moi, tandis que le corbeau se pose sur la branche d'un chêne ange qui se trouve au bord du précipice.

Je soutiens alors les prunelles de la louve sauvage qui me fixe paisiblement d'un regard vif, plein d'intelligence. Ses yeux sont deux océans sans fin de nacre aux reflets irisés et clairsemés d'éclats pourpres tirant sur le violet. Ils semblent m'interroger. Je détourne mon attention d'elle, interpellée par un bruissement d'ailes du sinistre corbeau.

Le ténébreux volatile, tout en poussant un croassement lugubre, souligne ainsi clairement son impatience.

Deux voix résonnent alors simultanément dans mon esprit :

Il faut choisir... Et vite !

La peur remonte en moi de manière abrupte, douloureuse, afin d'envenimer mon corps ainsi que dans mon esprit. Je sais maintenant que je dois me diriger vers l'une ou l'autre des îles qui se font face au-dessus de ce vide abyssal. Mais pouvoir traverser les distances impressionnantes entre les îlots afin d'y parvenir semble impossible. L'absence de temps pour réfléchir me fait paniquer, je ne peux rien analyser !

Mes mains commencent à trembler et je reste là, suspendue comme une poupée sans vie au bord du précipice, alternant mes regards entre la louve et le corbeau qui dardent leurs iris énigmatiques sur moi.

Un éclair résonne dans mon être, faisant vibrer ma magie, des picotements sillonnent tout mon corps. Je me retourne brutalement. Des élans de douleurs pulsent en moi. Le cerf protecteur vient de se dissoudre et ma magie étincelle une dernière fois dans un nuage de poussières dorées avant de disparaître.

Il arrive...

Je me retourne vers le gouffre, recule pour mieux sauter. Droite, gauche ? Je me dirige vers le sceptre étincelant et iridescent, c'est cette magie qui me rassure le plus. M'élançant tout en bandant mes muscles, j'essaye de croire en moi comme jamais. Je dois atteindre ce premier îlot verdoyant, seul écrin de vie au cœur de ce lieu lugubre.

Au bord de l'abysse, je saute, envoyant une impulsion monstrueuse dans mes jambes. La peur m'étouffe encore et, au bout de quelques secondes, tout espoir me quitte... L'îlot reste loin, bien trop loin pour que mon saut puisse l'atteindre. La descente commence, ma chute vertigineuse me soulève le cœur. Je m'enfonce alors dans ce brouillard intense et dénué de vie. Mes hurlements ne trouvent aucun écho, hormis dans les battements de mon cœur qui me lacèrent la poitrine et menacent de cesser à tout instant...

Ainsi s'achève cette vision qui me hante inexorablement chaque année.

Elle se répète inlassablement durant la fête de Samhain, seule nuit de l'année où je peux m'abandonner au sommeil, lorsque les ténèbres prennent l'ascendant sur la lumière et que le voile entre le monde des morts et celui des vivants disparaît.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro