C7 - Prise de contact (3/4)
Sojeyn fixait le garçon blessé à ses pieds. Pâle, lèvres bleuies, il gémissait et sa poitrine se soulevait difficilement. Il s'asphyxiait alors que rien n'obstruait les voies respiratoires, alors que l'air pur l'entourait. Ou, en tant que non-Auroréen, sa respiration fonctionnerait-elle d'une manière différente ?
Avec un élément différent ?
Sur l'image en trois dimensions, le garçon ne portait ni appareil spécial ni n'avait paru gêné avec l'atmosphère auroréenne. Sojeyn partagea sa réflexion avec Kishor, qui confirma son impression.
— Peut-être est-ce lié à l'eau, indiqua son ami. On dirait que son but était de rejoindre ce ruisseau, de toutes ses forces. Regarde le sol derrière lui.
Des feuilles froissées, des petites branches cassées, des marques de frottement sur la terre.
— Il a rampé, souffla Sojeyn. Suggérais-tu...
— Qu'il a besoin de l'eau comme les poissons, oui ! Et tu peux croire en un ancien pêcheur de Melaki.
— Projette-moi une image de leur organe respiratoire, je vais vérifier.
Lorsque Sojeyn monitora ensuite la victime, une exclamation lui échappa :
— Sa peau se soulève à l'arrière de son cou. Et ce que tu nommes des branchies, elles partent de là pour se connecter au système sanguin géré par les poumons ! Tous les deux sont intriqués, quelque chose dans le fonctionnement doit obliger le garçon à respirer sous l'eau de temps à autre.
Il défit sa cape et ses bottes, releva ses manches aux coudes, et remonta le bas de son pantalon aux genoux. Son pouvoir de déplacement des objets lui permit de soulever le jeune homme pour le déposer dans le ruisseau. Une pierre servit à « couler » le corps, puisque les liquides demeuraient un obstacle aux kiriahs, et Sojeyn conserva une main sous la nuque. Les paupières à nouveau closes, il suivait les progrès du garçon.
— Tu ne t'es pas trompé, il respire mieux et son sang s'enrichit.
Au lieu de répondre à son enthousiasme, Kishor cria :
— Attention à toi !
Trop tard. Sojeyn avait à peine ouvert les yeux, que l'ami de Flore l'attrapait par sa tunique et le bousculait par-dessus lui.
******
À cause de ta faiblesse !
Sur cette explication logique, son regard remonta vers le visage et croisa des yeux bleu-mauve surpris. L'inconnu murmura :
— La fleur de Llyriah !
Il me prend pour une fleur, parce que je suis plus frêle que lui ? Je vais t'apprendre à te méfier des apparences, tu regretteras d'ici peu cette comparaison.
Au même moment, une lumière blanche l'éblouit, elle provenait de la perle sur la tête de l'Auroréen. Un kiriahni ! Comme Flore n'avait jamais mentionné cette couleur, Idsou l'associa à une déclaration de guerre. Peut-être se méprenait-il, mais sur une planète aux mains des Astrydiens, rien n'interdisait à des autochtones de se ranger du côté de l'ennemi.
Et je suis seul contre deux hommes en pleine santé.
Il dégaina ses deux électases, en activa le mode paralysie. Assommer ses adversaires lui donnerait ensuite tout le temps de les interroger et de décider de leur sort.
Tandis que l'inconnu reculait, une pensée puissante le toucha :
— Par Kilyan, pas avec lui ! Je refuse.
Il a prononcé cette phrase, je ne suis pas télépathe, corrigea Idsou.
Que signifiaient ces mots ? Que rejetait le kiriahni avec une telle violence ? Il en était si perturbé qu'il avait glissé sur une pierre et se trouvait maintenant assis dans l'eau.
Ne te laisse pas distraire.
Il barricada son esprit et profita de sa position de force, sans oublier de conserver un œil sur l'Auroréen sur la berge. Son électase arriva par le haut vers sa cible. Mais l'adversaire s'était ressaisi et il bloqua l'attaque avec son arme. Idsou essaya alors d'atteindre son flanc avec sa deuxième lame... qui termina sa course dans le vide.
Le kiriahni s'était téléporté et pointait son arme vers le bas.
— Cessons ce combat, je ne suis pas votre ennemi.
— Mensonge ! Vous avez tenté de me noyer.
— Non...
Idsou n'écouta pas la protestation de l'Auroréen. Il repartait à l'assaut, ses deux électases tournoyant pour former un bouclier. Au dernier moment, il déclencha son invisibilité et se glissa derrière le dos de l'inconnu, dont la perle émit un éclair blanc.
Lorsqu'il réapparut, le kiriahni lui arracha l'une de ses armes avec la sienne. Elle vola sur la berge, où le second Auroréen s'en empara.
Personne n'a jamais réussi à anticiper mes mouvements. Quel pouvoir diabolique possède-t-il ?
Un frisson de crainte parcourut Idsou, cet homme avait la capacité de le détruire.
Il rejeta sa peur et rejoignit son ennemi qui campait maintenant sur le sol dur. Ses jambes flageolaient, ses bras tremblaient, tant qu'Idsou dût raffermir ses mains sur son électase. Il l'avait levée et s'apprêtait à bondir. Mais, au lieu de se défendre, l'inconnu désactiva sa lame et posa un genou à terre. Son compagnon dégaina aussitôt, avant de se raviser.
Sur ordre du kiriahni ? À quoi joue mon assassin ?
La réponse fusa :
— Regardez-moi, je suis désarmé. Je n'ai pas voulu vous tuer, je vous ai soigné grâce à mon kiriah de guérison.
— Pourquoi vous croirais-je ?
— Parce que je suis Auroréen. Parce que nos ennemis sont les Astrydiens. Parce que vous êtes l'ami de la princesse Flore d'Aurora... Idsou.
À son nom, il vacilla. Comment ce diable d'homme l'avait-il obtenu ? Malheureusement, son état de faiblesse ne l'autorisait pas à tergiverser ni à se laisser attraper par de douces paroles.
— Me connaître ne signifie rien, et être Auroréen n'empêche pas d'obéir à l'usurpateur. Alors, je préfère ne prendre aucun risque.
Idsou se rua vers le kiriahni, mais ses forces le trahirent et il s'écroula dans les bras de sa cible.
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