C4 - Le manoir (4/4)
— Ne perdons pas plus de temps, leur intima Merioni. Je vous demande de nous aider à effacer les traces de notre passage.
— Et eux ? Ils ne s'en souviendront pas ? objecta timidement la femme du couple.
— Je suis maître kiriahni. Mes pouvoirs suffisent à l'éliminer de leur mémoire, ils croiront que vous vous êtes enfuis.
— Ce sera facile avec toutes mes tentatives, commenta la jeune fille. Pourquoi ne pas avoir utilisé votre boule de je ne sais quoi sur chacun ? Et plus tôt ?
— Je dois gérer au mieux mon énergie.
Qu'il avait consommé à s'assurer que les clones dormaient avec un pouvoir maudit et à lutter contre la douleur. Linlin, comme tous les Imlayas, connaissait la souffrance associée à ces kiriahs.
— Nous ne voyons plus de kiriahnis depuis l'invasion des Astrydiens, intervint l'homme. Je suis heureux de découvrir la résistance. Vous avez les moyens de bloquer les brouilleurs, pourquoi ne pas renversez notre ennemi ?
— Nous ne sommes pas assez nombreux et certains points demeurent inconnus. Sans compter ces nouveaux pistolets ! avoua Linlin, une boule dans la gorge, les épaules affaissées.
Sa tension avec l'exécution de leur plan retombait, la réalité revenait. Si la résistance s'organisait, si elle réussissait des sauvetages comme celui-ci, des années s'écouleraient avant qu'elle ne libère la planète. Et bien des morts, même parmi leurs chefs. Elle cligna des paupières pour s'empêcher de pleurer, alors que la seconde Auroréenne demandait :
— Allons-nous vivre parmi vous ?
— Le souhaitez-vous ? interrogea Merioni.
— Nous voulons retrouver notre famille, répondit son compagnon.
— Dans ce cas, j'effacerai votre mémoire... Aucun risque ne peut être pris.
Les Auroréens demeurent un peuple pacifique dans l'âme.
— Ne soyez pas gênés, intégrer la résistance nécessite une envie de se battre, confia-t-elle. Nous ne blâmons personne.
— Moi, je veux vous rejoindre, affirma la jeune fille... Si vous... si m'acceptez.
— Tu devances ma proposition, mais c'est la gardienne des Imlayas qui décidera.
— Les Imlayas de la tribu légendaire ? Elle aussi existe ? s'étonna l'homme.
Elle répondit par un simple sourire, puis pressa les prisonniers. Nettoyer leur passage, effacer les mémoires, construire un brancard pour Yeldo leur prit peu de temps. Ils s'enfoncèrent ensuite dans la forêt, Linlin en-tête, pendant que les quatre Auroréens transportaient son compagnon. Elle guida la troupe vers une autre clairière à une bonne heure de marche.
ayant prévenus de leur arrivée imminente. Les perles se teintèrent en corail et le groupe se dématérialisa.
L'instant d'après, il apparaissait au milieu du parc de l'uriah de la résistance, que des sphères en apesanteur éclairaient sur son pourtour. Linlin se détendit au son cristallin d'une cascade. La fontaine de pierre avec ses neuf fleurs qui soutenait un globe en verre translucide représentait un excellent point d'ancrage pour la téléportation.
La vue de guérisseurs la réconforta : ils emmenaient Yeldo dans l'aile ouest de la santé. Les kiriahnis de sa troupe, eux, partaient avec le couple d'Auroréens, dont ils effaceraient la mémoire et qu'ils transporteraient en sécurité dans leur village d'origine.
À peine s'éloignaient-ils qu'un cri de joie juvénile retentit.
— Miedine, Miedine !
Un adolescent accourait. Ixli, dans sa longue robe bleu foncé brodée de la fleur de llyriah en filigrane, et Lorina marchaient plus calmement derrière lui. Des combattants les accompagnaient.
— Noram ? Comment...
— Je voulais rejoindre la clairière de la tribu légendaire, comme nous l'avaient expliqué nos parents, la coupa-t-il. La résistance m'a récupéré avant, je leur ai raconté notre agression.
— Sans toi, je ne serai pas ici.
— Sans toi, nous ne serions pas ici ! Tu t'es sacrifiée pour que je me sauve. Cette pensée m'a donné la force de ne jamais abandonner, même si je ne savais pas si les Imlayas existaient vraiment.
— Je suis la gardienne Lorina, et voici l'uriahmi. Noram a croisé la route d'Imlayas par hasard dans un village, mais il nous a fallu plusieurs jours pour te retrouver, Miedine. Grâce aux pouvoirs des kiriahnis. Souhaitez-vous toujours rejoindre notre lutte contre l'envahisseur ?
Les deux jeunes gens s'écrièrent aussitôt et les résistants les félicitèrent.
Ces petits instants nous apportent du baume au cœur, songea Linlin tandis que les Imlayas s'éloignaient avec leurs nouvelles recrues. Je les chéris encore plus dans cette bataille sombre et nos morts inutiles.
— Le chemin sera long avant leur participation à notre combat, commenta Ixli restée avec elle.
— Les maîtres s'occuperont d'eux au village imlaya.
— Comment vas-tu, Linlin ? Je perçois une colère sourde en toi.
Impossible de cacher quoi que ce soit à la plus puissante des kiriahnis. Son regard calme l'incitait à se confier.
— Miedine vient d'échapper à l'horreur ! Ces monstres allaient l'utiliser comme un objet dans un de leurs manoirs. Celles et ceux qui arrivent chez nous après leur détention sont détruits. J'ai vu leurs corps striés de plaies, tachetés de brûlures, bleuis de coups. Quant à leur âme...
Linlin refoula un sanglot au fond de sa gorge.
— Nous tentons de leur redonner goût à la vie, mais peu s'en sortent. Soient ces victimes deviennent folles, soient elles se suicident, malgré tous nos soins. Je me sens si impuissante.
— Certains retrouvent une forme de paix, même s'ils demeurent traumatisés. Garde en toi nos petites victoires et non nos échecs. Ton exubérance, ta joie de vivre apportent beaucoup à ces femmes et hommes.
— Que subissent-ils, Ixli ?
Quand le reflet doré dans les cheveux d'Ixli scintilla quelques secondes, le cœur de Linlin manqua un battement. L'uriahmi ne perdait jamais le contrôle de ses émotions.
Cela doit être très grave. Elle ne me l'avouera pas, ces pauvres Auroréens se confient aussi qu'aux guérisseurs.
— Je rêve de détruire ces monstres de mes mains, gronda-t-elle.
— La justice doit te guider, pas la vengeance !
La règle de la résistance, Merioni l'avait rappelée quand ils avaient échangé au sujet du recrutement de la jeune prisonnière. Linlin s'excusa :
— Rester dans le bon chemin est parfois difficile.
— Personne ne te demande d'être invincible, tu as le droit de douter, de t'énerver, de t'inquiéter. Lorina, Akeno et moi-même sommes là pour vous soutenir dans ces moments.
Que ferions-nous sans vous, vous qui ne baissez jamais les bras ?
Linlin se redressa. Sa volonté revenait au galop, les Imlayas ne la surnommaient pas le Tourbillon pour rien. Cependant, ses mots de remerciements moururent dans sa bouche : la perle d'Ixli avait revêtu une couleur violette, et la vie avait déserté ses yeux. L'uriahmi échangeait avec quelqu'un mentalement. Un contact qui ne dura pas :
— Le kiriahni de la salle de communication exige notre présence en urgence !
Distance par rapport au palais et au manoir à déterminer : plus proche du palais que du château de Monti
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