C4 - Le manoir (3/4)
— Dorment-ils ? questionna Linlin, en pensée.
La teinte marron de la perle de Merioni s'était éteinte. Il avait utilisé le kiriah de la lecture forcée pour surveiller les cinq clones.
— Oui, même celui de garde.
— Leur chef a failli nous surprendre, par ma faute ! Yeldo, ton don d'imitation nous a tirés d'un mauvais pas.
— Et toi, tu as obligé les oiseaux à s'envoler, la réconforta son compagnon de vie.
— Ces monstres ! Je ne supporterai jamais leur manière de traiter les nôtres.
— Personne ne le peut, répliqua Merioni, mais libérons les prisonniers. Petit rappel : ne perdez surtout pas vos sphères de neutralisation.
Linlin vérifia celle dans la poche de sa longue tunique, protégée par sa ceinture. Sa lueur flamme la rassura. Les kiriahnis étaient parvenus à créer cette sphère dans le but de contrer les brouilleurs. Malheureusement, son champ d'action demeurait trop faible pour renverser la puissance des gouverneurs et du Chef Suprême.
Nous les battrons un jour, foi de Tourbillon !
Une manière de s'encourager. Elle se coula entre les branches et rejoignit Yeldo qui l'attendait au sol ; puis rampa avec lui vers les clones, que les braises du foyer éclairaient. Si le calme régnait dans son cœur, ses yeux épiaient partout. Éviter une brindille sèche, une feuille morte, un caillou tout en restant à l'affût du moindre mouvement de leur ennemi n'avait plus de secret pour une combattante imlaya.
Yeldo s'occupa de celui qui montait la garde en premier, qu'il assomma du plat de son électase, et Linlin l'imita sur les deux chasseurs couchés l'un à côté de l'autre. Quand son compagnon termina le quatrième, elle se réjouit. Tout se déroulait à la perfection.
Un cri de la jeune prisonnière la détrompa :
— Derrière vous !
Linlin se jeta par terre en une roulade, tandis que Yeldo brandissait son arme face à l'ennemi.
— Des oiseaux qui piaillent, puis qui s'envolent pour masquer un mouvement de la végétation, railla le chef des clones. Vous avez cru me leurrer. Votre nouvelle erreur est celle de vouloir me battre au lieu de vous rendre !
L'Astrydien avait dégainé son électase.
— Attendez-vous à une surprise, objecta Yeldo.
Dès que le duel s'engagea, les flammes jaunes de la paralysie dessinèrent des arabesques lumineuses, le bruit du métal qui s'entrechoquait se propagea loin dans la forêt. Ce dernier effraya les animaux endormis, plusieurs s'enfuirent avec des cris stridents.
Linlin bondit sur ses pieds et se mêla au combat. Surpris, l'Astrydien s'écarta de plusieurs mètres.
— Des Auroréens capables de manier une électase ? Une résistance existerait-elle ? Xénon paierait cher pour une telle information, encore plus si je ramène l'un de vous. La femme de préférence.
— Ne sous-estime pas ma compagne ! gronda Yeldo en s'élançant vers l'Astrydien.
— Mais ce n'est pas le cas.
Le clone extirpa d'un geste rapide un petit pistolet, qu'il pointa vers eux.
— Baissez-vous ! hurla à nouveau la jeune Auroréenne.
Trop tard. Si aucun rayon ne sortit de l'arme, Yeldo s'effondra d'un coup et Linlin vacilla. Un voile gris s'emparait de son esprit.
Non, je ne dois pas m'évanouir !
Elle se mordit violemment la lèvre inférieure. Le goût du sang envahit sa bouche, la douleur l'électrocuta, assez pour que le brouillard devant ses yeux diminue.
— Maudit pistolet ! cracha l'Astrydien. Autant te vaincre de manière traditionnelle.
Les jambes flageolantes, elle leva son arme d'une main peu sûre. Le clone, lui, contournait le corps inanimé de Yeldo et avançait d'un pas assuré... jusqu'au moment où une boule d'énergie le frappa au torse. Linlin sauta en arrière pour éviter d'être touchée par l'électase lorsqu'il s'écroula, puis aperçut Merioni. La lueur vermillon de sa perle disparaissait. Le maître kiriahni s'accroupit auprès de Yeldo et passa sa main devant sa bouche.
— Tout va bien, il respire. L'Astrydien a échoué à vous paralyser tous les deux avec cet étrange pistolet.
— Il ne sert pas à cela ! déclara l'Auroréen prisonnier.
Étonnée, Linlin se tourna dans sa direction.
— Elle agit comme un brouilleur, mais en plus puissant. La victime s'évanouit et se réveille quelques jours plus tard. Pour votre plus grande chance, l'arme n'est pas encore fiable.
— Comment savez-vous cela ? questionna Merioni.
— Les chasseurs l'ont utilisé sur moi, intervint la jeune fille.
Linlin les débarrassa de leurs liens avec son couteau. À la vue des poignets ensanglantés de l'Auroréenne, elle contacta Merioni mentalement.
— Une nouvelle recrue ?
— Envisageable, à condition qu'elle agisse par justice et non esprit de vengeance.
Celle-ci bondit sur ses pieds, attrapa l'électase de l'Astrydien assommé par Merioni, dont la flamme jaune illuminait l'herbe, et se précipita vers un des clones. Il se frottait le front, à moitié redressé. Son regard hagard ne réalisa pas l'attaque et son corps se tordit en tous sens avant de s'abattre avec un bruit sourd.
— Il risquait de vous paralyser, déclara la jeune fille en tendant l'arme.
Oui, elle sera la bienvenue au sein de la résistance.
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