C24 - Surprises imprévues (2/3)
Xénon entra en catimini dans la suite d'Esperane, il espérait la surprendre. Peine perdue. L'enfant qui discutait avec Xian l'accueillit avec joie. Quand elle tourna autour de lui, il adopta une pose de conquérant, une main accrochée à sa toge. Elle caressait le doux tissu, soulevait un pan, observait chaque détail avec un visage aussi concentré qu'un ingénieur sur son ouvrage. Enfin, elle exprima son opinion d'un ton pompeux, les poings sur les hanches.
— Chef suprême, vous êtes magnifique ! N'est-ce pas père ?
— Je le confirme, répliqua Xian.
— Vous vous être montré à la hauteur et je suis fier de vous. Xénon d'Astrydie, vous serez le plus beau, le plus majestueux pour votre anniversaire !
— Ce compliment me va droit au cœur, noble dame.
Xénon effleura les boucles soyeuses dorées, puis la peau bleue de la joue avant de tendre une main ouverte. Esperane posa la sienne dessus. Il l'amena à ses lèvres pour un baiser chaste.
— Vous êtes un charmeur, mais vous ne me tromperez pas, gronda-t-elle.
— T'aurais-je déçu ? J'en suis désolé, surtout en ce jour.
— Justement ! Pourquoi dois-je rester enfermée pendant que vous vous amuserez ?
La moue boudeuse d'Esperane et ses bras croisés lui arrachèrent un sourire. Elle en usait facilement pour qu'il cède, moins avec Xian, qui parvenait à lui résister. Cette fois, Xénon refusa.
— Ce banquet t'ennuiera avec ces longues discussions.
Et je ne souhaite pas que tu assistes au spectacle que ton père a concocté.
— Mais je voudrais aussi venir à votre fête ! J'ai l'impression d'être punie.
— Dans ce cas, je passerais la soirée rien qu'avec toi et Xian.
— Avec la journée de demain ? J'aimerais aller au doryaum d'Ostia, tu pourrais m'apprendre à chasser.
Xénon réprima un sourire : Esperane se montrait opportuniste à la moindre occasion. Une qualité qu'il approuvait. Elle permettait de se hisser au-dessus des faibles.
— Tu es encore un peu jeune pour tenir un arc, objecta-t-il.
— Alors, je me contenterai de vous regarder papa et toi, sans oublier de proclamer le vainqueur.
— Une compétition ? Je ne peux que m'incliner.
Un éclair traversa les iris jaunes, cerclés de rouge, d'Esperane. Elle avait gagné la bataille. Néanmoins, elle la conclut à sa manière :
— Je vais quand même m'ennuyer toute seule jusqu'à ce soir !
— Le compagnon de Xian ne te suffit pas ?
— Trop sage, trop vieux, ronchonna la fillette.
Je veux bien le croire, il te faudrait quelqu'un de ton âge.
Malheureusement, Tzunig envoyait uniquement des adultes, comme la centrale de clonage ne produisait que des hommes dans les trente à quarante ans. Les Auroréens en possédaient pléthore, mais il leur avait interdit le palais.
À moins que...
— Xian, n'avons-nous pas un garçon disponible entre nos murs ?
— Qui est-ce ?
Le regard d'Esperane suppliait son père qui avait haussé un sourcil. Puis son visage s'éclaira et il répondit :
— Notre Chef suprême ne se trompe pas, il s'appelle Daliohn.
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Sojeyn s'arrêta face à la porte de la cellule des prisonniers, soulagé. La dernière fois qu'il avait mis les pieds dans le couloir administratif du premier étage remontait à l'invasion de Xénon. Six ans auparavant. Il avait voulu sauver ses parents d'une mort certaine et le Chef suprême l'avait humilié lors d'un duel en présence du Conseil.
Toute la suite des évènements l'avait plongé dans une dépression.
Si ses lieux ramenaient de cruels souvenirs, au moins il parvenait à les regarder en face sans s'effondrer. Sans trembler.
Cependant, Sojeyn déglutit et s'interdit de fermer les paupières : un rayon magenta le balayait de la tête aux pieds. L'instant de vérité sur la technologie dalgharienne sonnait. Grâce aux informations d'Idsou, leurs alliés avaient implanté un leurre dans chacune des montres fournies aux résistants.
Le contrôle sembla prendre tant de secondes que Sojeyn vérifia si personne dans le couloir ne venait le questionner. Non, les Astrydiens circulaient, indifférents à sa présence. Pourquoi s'intéresseraient-ils à un des gardes ?
Soudain, un clic, un chuintement.
La porte coulissait.
Sojeyn s'essuya le front. Il avait réussi et la technologie pouvait contrer celle des Astrydiens. L'espoir de les vaincre gonfla dans son cœur, alors qu'il franchissait le seuil de la cellule. Elle se composait d'un salon en tissu et de trois lits, qu'un paravent de toile brune cachait en partie. Les prisonniers contournèrent ce dernier pour venir à lui. Si Faline arborait une robe courte sans manches, Enorian choquait avec sa « jupe » tenue par une ceinture en cuir et... son torse nu. Il en baissa la tête.
Une voix enfantine, empreinte de colère et de crainte, la lui fit relever.
— Qu'allez-vous faire à mes parents, méchants Astrydiens ? Pourquoi vous les obligez à s'habiller comme ça pour l'anniversaire de votre chef ? Pourquoi vous avez entraîné mon père à se battre à mains nues ?
— Daliohn, tais-toi ! intervint sa mère.
L'inquiétude perçait derrière le reproche, mais les yeux exprimaient la défiance. Même les reflets roses dans les cheveux avaient foncé. Le couple protégeait son enfant contre lui, contre une violente réaction de sa part. Sojeyn recula d'un pas. Comment pouvaient-ils l'imaginer ainsi ?
Leur colère s'adresse au garde astrydien !
Sitôt qu'il désactiva le déguisement, en pianotant sur sa montre, Enorian s'exclama :
— Prince Sojeyn ! Que faites-vous ici ?
— Avec l'aide des Dalghariens, la résistance a commencé à prendre possession du palais. Je contacte nos alliés et ils nous téléporteront.
— S'ils découvrent notre disparition, cela ne risque-t-il pas de mettre en danger la libération du palais ?
— Pourquoi ?
— Nous participons à l'anniversaire du Chef suprême, répliqua Faline. Nous ne connaissons pas notre rôle, mais nous serons le clou du spectacle. Il a promis de nous renvoyer à notre village.
Un froid envahit Sojeyn, il ne croyait pas en la gentillesse de Xénon. Enorian non plus. Ses lèvres s'étaient crispées, alors que l'espoir brillait dans le regard de sa compagne et de son fils. Les détromper risquait de les affoler. Il valait mieux se pencher sur ce que mijotait les Astrydiens.
C'est en rapport avec la construction.
L'ouverture soudaine de la porte interrompit ses réflexions.
— Je viens récupérer le garçon pour l'amener à Esperane ! aboya un garde astrydien.
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