C24 - Surprises imprévues (1/3)
Devant la psyché, Xénon admirait sa longue toge aux bordures vermillon, qu'une ceinture dorée ceignait à la taille. Ses doigts glissèrent sur le tissu soyeux d'Aurora dont il savoura la douceur.
Magnifique ! Je te félicite, Xian.
Son ami s'occupait tous les ans de son anniversaire. Pour cette année, avec le problème des prisonniers Auroréens, il lui avait proposé de raviver une ancienne coutume chez les Astrydiens : l'exécution lors de jeux devant la haute noblesse. Cette coutume avait disparu avec la terrible épidémie, car un peuple en sursis ne pouvait se permettre de tuer les siens. Quant à utiliser des clones, l'intérêt avait vite décliné. Ceux-ci les servaient et se sacrifiaient déjà pour eux.
J'aurais aimé ajouter Brian au spectacle !
Xian avait découvert que les ancêtres de Dalghar, les Terriens, avaient appliqué ces jeux, et son adversaire méritait de mourir suivant ses propres lois. N'osait-il pas le traiter de « prince de pacotille » ? Il lui avait aussi enlevé Flore d'Aurora par deux fois.
Ses dents grincèrent. La jeune femme restait son seul échec. Quand il avait appris sa présence potentielle dans la capitale, son cœur avait palpité plus vite. Le rapport de ses gardes l'avait refroidi : il ne s'agissait que d'une Auroréenne qui lui ressemblait.
Je n'abandonnerai pas. Elle me reviendra, de gré ou de force.
En attendant, la compagne de Xiolo pourrait s'installer au palais. Xénon souhaitait donner une leçon au jeune originel qui oubliait un peu trop son rang. D'ailleurs, ce dernier se consolidait aujourd'hui lors d'une annonce officielle sur Tzunig : il devenait l'héritier de son père, l'empereur Xolinar.
Xénon avait encore de nombreuses années avant de monter sur le trône d'Astrydie, et ce point lui convenait, mais savoir que son avenir vers le sommet était tout tracé le réjouissait.
Un ultime tour sur lui-même, et il sourit à son image dans la psyché. La toge, qui arborait les armoiries colorées d'Astrydie par-dessus la fleur de llyriah, n'entravait pas ses mouvements, grâce à un jeu de fentes et de plis. Elle permettait de porter un pantalon, auquel Xian avait ajouté un pistolet laser sous forme de boitier.
Mon ami, tu as le sens des détails.
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La mâchoire crispée, Sojeyn s'efforçait de marcher sans se presser. Ses mains moites serraient et desserraient la garde de son électase, sa seule arme contre les Astrydiens. Pourtant, se sentir impuissant en raison du blocage de ses kiriahs, il connaissait. Il l'avait éprouvé maintes et maintes fois.
Sauf que je suis aujourd'hui en plein cœur du pouvoir ennemi !
Il se trouvait dans la salle de réception du palais, là où le banquet d'anniversaire de Xénon aurait lieu, là où une multitude de clones allaient et venaient. Il en avait décidé ainsi, en catimini.
Sa tante et ses amis avaient sûrement noté sa disparition et devaient tempêter, mais ils ne prendraient pas le risque de le téléporter sur le vaisseau spatial dalgharien. Sojeyn ne les contacterait qu'une fois sa mission remplie, l'une de la résistance.
Sauver Enorian et sa famille des griffes du Chef suprême.
Si je les avais emmenés tout de suite après la catastrophe de la mine, ils seraient à l'abri. À moi donc de réparer mon erreur, et personne d'autre.
Il avait attendu sa téléportation au sol avant d'agir. Le commandant du vaisseau avait synchronisé au mieux les transferts sur Aurora afin de ne pas alerter les Astrydiens. Au palais, le danger demeurait le point d'arrivée : la salle secrète, où Sojeyn avait retrouvé les mémoires de la reine Edjo avec Flore.
Cette n'était pas accessible directement, il fallait passer par la bibliothèque. Rien n'empêchait de tomber sur un garde ennemi.
Les premiers résistants avaient donc retenu leur respiration quand Ixli avait activé la clé, la sphère de leur père que Flore avait emportée en exil. Tous avaient soufflé leur soulagement à l'ouverture du passage dans le mur. Aucun Astrydien ne l'avait détruite ou piégée, depuis le séjour de sa sœur avec Tojian, la pièce « invisible » au vaisseau dalgharien l'était aussi pour les usurpateurs. La téléportation de la résistance avait pu être s'instaurée à l'intérieur, devenant non détectable à son tour.
Les pouvoirs psychiques durant les siècles de la Décadence possédaient une terrible puissance.
Pendant que les combattants se faufilaient dans la bibliothèque secrète, Sojeyn s'était éclipsé. Il n'aurait pu effectuer cet acte insensé sans le déguisement d'un garde astrydien, que toute la résistance arborait, jusqu'au maquillage électronique du visage et des cheveux.
Xénon avait utilisé ce subterfuge pour nous envahir, nous leur rendons la monnaie !
Sa fausse apparence fonctionnait parfaitement. Les serviteurs l'ignoraient, trop occupés à terminer de dresser des tables disposées en U, ou à accueillir les premiers gouverneurs. Sur leur longue tunique blanche, la planète d'Astrydie et les deux électases croisées, recouvrait l'emblème du doryaum en filigrane. Ils affichaient le symbole de leur domination.
Lorsque l'un de ces imposteurs s'empara de sa fleur dans un vase pour la humer, le poing de Sojeyn serra plus fort son arme. Arracher ce sourire de conquérant sur le visage de l'homme le consumait.
Par Kilyan, j'espère que ce moment ne tardera pas !
La rage ne devait toutefois pas l'aveugler... ni le trahir. Il dévia alors son regard de force en direction de l'étrange construction au centre des tables. Un large espace circulaire recouvert de sable la constituait. Deux points diamétralement opposés l'intriguèrent : un socle supportait une magnifique coupe auroréenne, reconnaissable à sa forme de fleur, d'un côté ; une sorte de lit, de l'autre.
Qu'a donc imaginé Xénon ? Cette pièce transpire sa cruauté envers nous ! Même l'air y est irrespirable.
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