C23 - Dérapages (2/3)
Akeno s'arrêta à l'ombre des murs d'enceinte du château de Melaki et son équipe, composée d'une vingtaine de Dalghariens et d'Auroréens, l'imita. Il jeta un coup d'œil au ciel. De nombreux nuages le parsemaient encore, mais la pluie ne les menacerait plus.
Cela vaut mieux avec le combat qui s'annonce.
Son regard revint sur Kishor. Depuis qu'ils marchaient vers leur destination, sa peau avait retrouvé sa couleur bleue. Il pouvait donc compter sur un des meilleurs Imlayas, quoique son malaise dans la navette eut aidé le groupe de manière fortuite. Nour avait relaté l'exploit devant tous et les félicitations avaient embarrassé le jeune homme.
Satisfait, Akeno donna le signal du départ avec sa main. Tous avancèrent sur le chemin principal à découvert. Seules les capes dissimulaient leur visage. L'effet de ce groupe compact fut immédiat sur les premiers serviteurs auroréens qui allaient et venaient : ils s'écartaient de leur route, dans une attitude humble.
Ils nous prennent pour des Astrydiens, et ne veulent pas attirer l'attention sur eux.
Un bon point : ils demeureraient à l'abri pendant l'attaque. Toutefois, Akeno ne se leurra pas. Si ces malheureux les avaient confondus, l'ennemi réagirait d'une autre manière.
Akeno agrippa la poignée de son électase, prêt à bondir si une des fenêtres sur la façade s'ouvrait. Rien ne bougea. Aucun obstacle, aucun homme n'entrava leur route.
Auraient-ils envoyé tous leurs gardes sur les barrages ?
L'aubaine faciliterait sa mission, mais Akeno ne relâcha pas son attention. Il passa sous le large porche arrondi, agrémenté de l'emblème de Melaki, la nayada, et déboucha dans un vaste jardin avec sa fontaine au centre. Des sculptures, des bosquets et des arbres au feuillage ambre le décoraient.
Même si la disposition des ornements ne suivait aucun ordre, Akeno se déplaça de l'un à l'autre avec en ligne de mire l'escalier à l'opposé. En haut, il y trouverait les appartements du gouverneur.
Il n'avait pas parcouru la moitié du trajet qu'une silhouette sur la galerie qui longeait tout le premier étage le fit s'immobiliser. Un Astrydien, vêtu simplement, s'appuyait sur la balustrade de pierre aux arabesques complexes.
Nous y voilà ! Quel sera son message ?
— En ce jour d'anniversaire du Chef suprême, Xénon d'Astrydie, aucune visite n'était prévue, déclara l'ennemi. Vous êtes donc une bande d'Auroréens et souhaitez nous renverser. Vous n'avez aucune chance. Déposez vos armes et rendez-vous, si vous voulez bénéficier de ma clémence.
— Vous nous sous-estimez, riposta Akeno, nous ne sommes pas venus ici démunis. D'autres résistants nous aident à l'extérieur.
— Alors, mon instinct ne me trompait pas. Vous avez provoqué les pluies et tenté d'attirer une bonne partie de mes hommes au centre de contrôle. Malheureusement, je ne suis pas tombé dans votre piège.
L'ennemi leva une main et des gardes apparurent autour de la cour intérieure. Une quarantaine environ. Les lèvres d'Akeno se crispèrent. Cet Astrydien avait de la ressource, même s'il n'avait pas encore réalisé toute la situation. Ses propos le confirmèrent.
— Vos fameux kiriahs ne peuvent rien contre nous. Un simple claquement de doigts me suffira à vous anéantir.
Ses clones dégainèrent leur pistolet psychique et tirèrent. Très peu tombèrent dans la troupe d'Akeno. Lorsqu'elle riposta avec des pistolets laser, quelques gardes se désintégrèrent. Les autres s'abritèrent derrière les piliers qui soutenaient la galerie.
— Voilà votre erreur, clama Akeno. Nous vous combattons avec nos alliés de Dalghar. Partout sur Aurora !
Les capuches furent repoussées et des grognements se propagèrent parmi les Astrydiens. Pourtant, leur chef ne flancha pas.
— Vous n'avez pas encore gagné ! Gardes, éliminez en un maximum et ramenez-moi leur meneur pour que je les interroge.
Sitôt que les tirs se déclenchèrent, chacun chercha un refuge derrière les décorations. Akeno, au pied de la fontaine centrale, évalua leur chance avec une grimace. Deux clones contre un résistant. Tous formés au combat.
Par Kilyan, réussirons-nous à nous en débarrasser ?
Le chef astrydien méritait une forme de respect, il était parvenu à déjouer une partie de leur plan. Gagner chaque minute s'avérerait maintenant plus difficile que prévu. L'herbe se tâchait déjà de sang, celui des résistants. Certains gisaient morts, un trou dans la tête ou dans la poitrine. Une odeur ferreuse flottait dans l'air.
À quelques pas, Kishor se protégeait derrière une sculpture avec une Dalgharienne rousse. Ils abattaient des gardes. Plus loin, un Imlaya acculé au pied d'un bosquet se défendait contre les tirs alternés de deux clones. Il ne s'en sortirait pas seul.
Akeno se rua à son secours, électase dégainée, flamme rouge activée. Une simple blessure au flanc élimina le premier combattant. Au même moment, le second Astrydien réussit à toucher l'Imlaya avant de se retourner. Quand il extirpa son arme, un halo jaune l'entourait. Le mode paralysie.
— Je ramènerai à Xiom le chef auroréen de cette troupe rebelle, lui cracha l'homme.
— Si tu parviens à me capturer, présomptueux !
Leurs lames claquèrent aussitôt avec force. Akeno ressentit le choc jusque dans ses épaules et poursuivit, sans relâche, sans se laisser impressionner la carrure imposante du clone. Aucun d'eux ne les retenait. Ils transpiraient, grognaient, bandaient tous leurs muscles, tandis qu'ils cherchaient le point faible de l'adversaire.
Je dois accélérer.
Le garde se déplaçait moins vite que lui. Sa décision porta ses fruits. Une pirouette, un coup du tranchant, une feinte, une autre, et soudain le torse de l'ennemi se découvrit. Quand il lança la pointe de son électase, l'Astrydien chuta. Volontairement.
Et lui envoya une motte de terre dans les yeux !
— Tu l'avais pas vu venir celui-là, siffla son adversaire. Tu vas bientôt déposer les armes.
À moitié aveuglé, Akeno fit tournoyer sa lame ; si vite qu'un bouclier enflammé se formait.
— Ne parle pas trop tôt, Astrydien !
— Il ne se trompe pas. Si tu tiens à la vie de cet Auroréen, rends-toi !
Akeno recula d'un bond. Il s'essuya les yeux, tout en demeurant en position de combat : un second clone menaçait Kishor, à genoux, pointe d'un pistolet laser sur sa tempe. L'Initié agrippait son épaule gauche, d'où le sang s'écoulait. Son visage luisant de sueur exprimait la douleur que ses lèvres réprimaient.
— Ma vie ne vaut pas la peine, Akeno, continue la bataille ! cria-t-il.
— Tu oublies ton Lien avec Merioni, ta mort entraînera la sienne. Je ne vous abandonnerai pas.
Akeno refusa de céder aux supplications de Kishor et jeta son électase au sol. Après s'être remis debout, le premier clone lui souffla :
— Je ne parle jamais en l'air, Auroréen !
Puis il pivota vers le chef astrydien qui n'avait pas bougé de son poste d'observation au premier étage.
— Xiom, nous avons capturé le meneur.
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