C22 - Au spatioport (1/2)
Rimar patientait auprès du directeur du spatioport, Xomol, qui fixait le ciel à travers du mur en verre dans le hall principal avec un sourire satisfait.
— Tout est en ordre ? lui demanda-t-il.
— Aucun incident à reporter.
Une question quotidienne. Rimar, en tant que responsable de la sécurité, y répondait comme d'habitude. Qu'y avait-il à craindre sur Aurora ? Rien de la part d'un peuple pacifique, rien des rares équipages autorisés à se poser sur l'unique plateforme. La plupart assuraient les transports de visiteurs ou de produits avec Tzunig, la planète dirigeante de l'empire astrydien. Quant au reste, il s'occupait du marché noir avec la Confédération, puisque celle-ci avait interdit les échanges commerciaux.
Une belle vie régnait sur Aurora et Xomol en jouissait, comme tous les originels.
— Je pars pour Agriki cet après-midi. Xaniro a prévu une fête en l'honneur de l'anniversaire de Xénon, une surprise. Et le soleil pourrait enfin nous gratifier de sa présence !
Rimar ne rétorqua pas : le directeur du spatioport n'attendait pas de commentaire de sa part. D'ailleurs, son regard errait déjà au château du gouverneur. Alors que Xomol prenait le chemin de son bureau, situé à l'étage, il jeta un coup d'œil meurtrier aux trouées timides.
Les météorologistes sont pas fichus de nous donner une prévision fiable. Aucun ne se trompe sur Tzunig, notre empereur ne leur pardonnerait pas.
Leur Chef suprême n'avait rien à envier à son père, question de discipline. Le moindre fautif recevait une punition, au risque d'y perdre leur vie. Ou alors, ces imbéciles se concentraient sur les alentours du palais, par manque de moyens technologiques et d'énergie.
Le spatioport ne se trouve pas si loin, pourtant.
Inutile de se creuser la tête à leur sujet. La situation l'importait plus. À cause de ces mauvais bulletins, Rimar ne profiterait pas de ses jours de repos qu'il avait échangés avec ceux de son bras droit en croyant y gagner. Le veinard ! C'était un des rares défauts sur Aurora. Puisque le danger depuis l'espace n'existait pas, le Chef suprême renforçait la sécurité sur la planète elle-même. Le travail ne chômait pas.
Rimar haussa les épaules, personne n'avait à se plaindre. Certainement pas lui. Il suffisait de patienter, le beau temps habituel reviendrait pour s'installer durablement. Cette conclusion le remit de bonne humeur, et il courut vers la zone de débarquement de fret.
Sa montre l'avait informé d'une arrivée : des navettes en provenance d'Agriki, elles amenaient son quota de céréales pour Tzunig. Surveiller le transfert lui permettrait d'abuser des premiers rayons du soleil, après des jours de pluie.
Il atteignit la plateforme au moment où une partie de l'équipage descendait du véhicule face à deux de ses gardes. Quatre personnes, revêtues chacune d'une cape de la tête au pied. Elles semblaient hésiter sur les consignes à appliquer, scrutant les alentours. Trois conteneurs lévitaient entre elles, d'autres suivraient.
Des nouveaux, c'est parti pour les explications.
— Déclinez votre identité et baissez votre capuche, récita-t-il d'une voix monocorde. Vous pourrez ensuite déposer la marchandise sur les chariots volants, qui analysera les céréales avant de l'emporter vers les hangars de stockage.
Plusieurs s'alignaient au pied de la passerelle de la navette, sous le contrôle d'un ouvrier. Un hologramme s'affichait au-dessus de sa montre, il enregistrerait toutes les informations liées à l'inventaire et aux différents rapports. Identités des clones, date de livraison, contenu, poids, hydrométrie, et bien d'autres données, qui n'intéressaient pas Rimar.
Tandis qu'un conteneur lévitait vers le chariot, un des membres de l'équipage se présenta :
— La princesse Flore d'Aurora, accompagnée du prince Brian de Dalghar.
— Vous repartirez une fois... quoi ?
Il se détourna des chariots volants pour fixer le groupe. Sa mâchoire se décrocha : deux Auroréens et trois étrangers se dressaient devant lui, pistolet laser au poing. Ils éliminèrent ses gardes et le contrôleur, puis le menacèrent. Rimar leva les mains en pestant.
— Jamais vous ne vous en sortirez !
— Surtout à cinq contre tout le personnel, je te l'accorde, ricana un homme aux cheveux noirs en bataille. Mais nous ne sommes pas seuls.
Les conteneurs s'ouvrirent. Des hommes et des femmes s'en extirpèrent d'un bond, ils se déployèrent aussitôt dans le spatioport par petits groupes.
— J'oubliais, poursuivit l'étranger. Les communications de ta montre sont bloquées, alors ne te fatigue pas à sonner l'alerte. Emmène-moi plutôt à la salle du contrôle aérien. Et pas d'entourloupe, nous connaissons les lieux.
Comment sont-ils aussi bien renseignés ? D'où viennent-ils ?
La réponse à cette question attendrait, neutraliser ces rebelles réclamait d'abord son attention. Ensuite, la torture physiologique rendrait bavards les prisonniers.
******
Brian, accompagné de trois combattants, poussa le responsable de la sécurité à avancer à grandes enjambées. Il y tenait. En le saluant, des clones avaient dévoilé sa fonction.
Un obstacle de moins à abattre !
Pour éviter d'attirer l'attention, il obligea son prisonnier à passer par les hangars où peu d'Astrydiens travaillait. L'avantage de l'automatisation. Ce personnel ne leva pas les yeux sur leur groupe, trop occupé avec les stocks.
Quand des ombres éphémères se déplacèrent le long des murs, Brian hocha la tête. La résistance prenait possession des lieux petit à petit, puis il s'efforça de ne plus y songer. Il s'inquiéterait alors au sujet de Flore.
Dix minutes plus tard, après avoir emprunté un ascenseur, il arrivait à destination. La pointe de son pistolet laser appuya dans le dos du prisonnier.
— Allez, ouvre-nous cette porte et pas de bêtises.
Le responsable de la sécurité donna son nom à voix haute, sans trembler. Un rayon magenta le balaya. Dès que les portes coulissèrent, Brian le bouscula à l'intérieur et abaissa sa capuche. Les Astrydiens, assis derrière des bureaux sur lesquels des images holographiques affichaient les mouvements des vaisseaux spatiaux et navettes, le regardèrent avec de grands yeux.
— Levez tous les mains bien haut ! Sinon, nous vous éliminons.
La stupéfaction marquait tant les Astrydiens qu'ils obéirent. Les résistants profitèrent de leur court avantage pour se saisir d'eux, jusqu'au moment où l'un des clones réagit avec un... vulgaire couteau. La lame se planta dans une cuisse de Brian. La douleur le fit jurer violemment, il en oublia son prisonnier.
Le responsable de la sécurité se rua vers un des panneaux de contrôle. Sitôt qu'il posa sa main dessus, l'alarme se déclencha.
— Vous ne sortirez pas d'ici, vivants, cracha-t-il.
— Tu te répètes, mais merci d'avoir averti tes amis !
Brian l'élimina, puis arracha le couteau. Le sang coula. Il ne retint pas une grimace, la douleur irradiait dans toute sa jambe et il avait du mal à marcher.
Par les gonades des Ancêtres, que ne faut-il pas endurer !
Cependant, afficher sa faiblesse donnerait de l'espoir à l'ennemi. Il se redressa et martela :
— Le spatioport est entre nos mains. Si l'un de vous tente le moindre geste contre nous ou refuse de faire ce qui est demandé alors il subira le même sort. Est-ce clair ?
Les clones acquiescèrent, et son équipe transmit les consignes pour contacter leur vaisseau. Dès que l'hologramme du commandant apparut, Brian l'accueillit.
— Je suis heureux de vous voir, répondit celui-ci avec un large sourire.
— Moi aussi. Nos navettes peuvent maintenant survoler tous les doryaums, ils n'ont plus aucune chance.
— Une partie restera en orbite afin de prévenir toute contre-attaque des Astrydiens depuis l'espace. Mais nous ne pensons pas que l'empereur Xolinar osera. Ce serait s'en prendre à la Confédération.
— Puisque le spatioport est sous contrôle, je vais me rendre au palais. Je rêve d'assister à l'anniversaire du prince de pacotille !
— N'oubliez pas de soigner votre blessure.
Alors que le commandant disparaissait, un rire se propagea dans son équipe : sa déconfiture allait devenir une anecdote de cette bataille. S'il s'en sortait juste avec celle-ci, Brian ne s'en plaindrait pas. Ses pensées se tournèrent aussitôt vers Flore.
Prends garde à toi, mon ange bleu.
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