C20 - L'efficacité astrydienne (3/4)
Xaniro pénétra dans l'immense pièce que seuls des clones astrydiens triés sur le volet étaient autorisés à visiter. Des couches aux coussins moelleux dans les teintes rouge sombre remplaçaient les meubles de l'ancien salon, tandis que des voilages paraient les murs de couleurs chatoyantes. Ce décor paradisiaque le coupait de la réalité, l'éloignait des tracas du château. Même son frère ne lui réclamait aucun compte.
Cinq Auroréennes, aux tuniques translucides sur des pantalons noirs bouffants, s'alignaient devant lui, tête baissée. Ces nobles, auxquelles les originels avaient droit, portaient des ustensiles différents destinés à son bien-être : huile, pierres chaudes, petits bâtons, aiguilles d'acupuncture, éponges de bain.
Xaniro respira l'air à pleins poumons et approuva l'odeur acidulée des fleurs d'oracia que les femmes avaient disposées dans des coupelles avant son arrivée. Le parfum aigre de la peur l'indisposait. D'ailleurs, les fenêtres demeuraient toujours ouvertes, quelle que soit la météo. Le crépitement de la pluie sur le carrelage du balcon détendait Xaniro et ses muscles noués par la tension l'aidèrent à effectuer son choix. Il désigna la noble aux pierres chaudes. Par une heureuse coïncidence, son âge et les reflets rouges de ses cheveux lui rappelaient Lucidia. Elle était aussi sa plus récente acquisition.
Il ne se trompait pas, la journée allait le gâter.
La jeune fille tremblante s'approcha de lui à petits pas, pendant que ses compagnes se débarrassaient de leurs ustensiles pour préparer le reste du matériel. Elles accompagneraient ensuite le massage par des chants et des soins. La noble lui présenta un bassin d'huile chaude dans lequel reposaient huit pierres volcaniques lisses, de taille différente. À peine en avait-il effleuré une avec son index qu'il recula sa main et souffla dessus.
— Souhaitais-tu me brûler ? gronda-t-il en projetant le bassin au sol.
Alors que l'Auroréenne secouait la tête avec frénésie, les autres femmes s'empressèrent de nettoyer les dégâts. Xaniro sortit son fouet.
— Mets-toi face au mur les bras écartés, tu recevras vingt coups. Vous, vous compterez à voix haute, ordonna-t-il à ses compagnes. Si une seule d'entre vous détourne les yeux, je continuerai à la punir.
Telle une marionnette, le double de Lucidia se plaça à l'endroit où des traces de sang marquaient la paroi. Ses hurlements, qu'elle tentait de retenir, et le claquement sec du fouet enchantaient les oreilles de Xaniro. Ils augmentaient l'adrénaline dans ses veines, ils étiraient plus ses lèvres. Un goût ferreux comblait sa bouche.
Il en regretta de s'arrêter à vingt, mais les Auroréennes n'avaient pas flanché, malgré les larmes sur leurs joues. Sa victime, elle, se retourna. Ses mains maintenaient comme elles pouvaient le reste de l'habit en lambeaux et ses épaules à la peau zébrée vibraient sous les sanglots. Pourtant, la jeune fille conservait une attitude digne. Il fallait la briser, la rendre docile. Au plus vite.
— Maintenant, tu vas me prouver que tu souhaites mon bonheur, lança Xaniro d'un ton neutre. Va dans la chambre et prépare la panoplie complète.
Le reflet rouge des cheveux, rassemblés en chignon, s'accentua, alors que la noble levait des yeux horrifiés vers lui. Elle n'avait encore jamais subi ses assauts les plus pervers, mais ses compagnes lui avaient certainement raconté. Sa victime tomba à ses pieds.
— Je vous en supplie, pas cela ! Je ne ferai plus d'erreurs, je m'appliquerai deux fois plus. Redonnez-moi une chance.
— Je n'en doute pas un instant, mais ce sera pour un prochain jour. Obéi !
Un coup de fouet accompagna son ordre. Il martyrisa la poitrine encore juvénile de l'Auroréenne qui avait levé ses bras d'instinct pour se protéger. Xaniro poursuivit. Son fouet obligeait la jeune fille à ramper vers la chambre, dont la porte se trouvait à quelques pas du balcon. Ses compagnes sanglotaient, le suppliaient d'abandonner la punition.
— Taisez-vous, si vous ne voulez pas subir le même sort !
— Non, c'est à moi seule d'accepter mon destin !
Malgré l'impudence du double de Lucidia, Xaniro s'arrêta de la fouetter. Un silence emplit aussitôt le salon. Étrange, lourd. Que la pluie ne parvenait pas à briser.
La jeune fille ne pleurait plus. Le reflet rouge de ses cheveux avait disparu, un masque de marbre recouvrait son visage. Elle se leva sans cacher sa nudité, regarda ses compagnes, prit la direction de la chambre.
Et se précipita vers le balcon.
Un grognement de rage échappa à Xaniro, il tenta de l'arrêter de son fouet. Trop tard ! Sous les cris des Auroréennes, la jeune fille bascula dans le vide.
Lorsqu'il parvint à la balustrade, il se pencha pour voir le sol en pierre deux étages plus bas. La vraie Lucidia courait vers le cadavre désarticulé de la noble. Elle leva les yeux vers lui. Des yeux emplis de haine. Xaniro recula d'instinct, comme s'ils pouvaient lui lancer des couteaux, avant de se morigéner.
Je ne vais pas m'en laisser compter par cette gamine !
Comme tous les faibles, la victime avait préféré se suicider. Tous les torts lui revenaient. Avec un haussement d'épaules, Xaniro chassa d'une main l'image désagréable de la morte. Une journée de divertissement l'attendait.
Malheureusement, sa montre se mit de la partie : une alarme résonna contre les murs. Que se passait-il ?
Xaniro claqua des doigts et les femmes regagnèrent leurs chambres. Dès qu'il activa le contact, l'hologramme du chef des récoltes au château, accompagné de celui de la garde, se matérialisa.
— Un incendie s'est déclenché dans les entrepôts de stockage, annonça le clone sans le saluer.
— Que des Auroréens emportent les ballots dans les hangars vides et éteignent ce feu au plus vite !
— Nous les avons déjà envoyés, mais ils ne sont pas assez nombreux. Nous autorisez-vous à réquisitionner ceux qui moissonnent ? C'est la raison de mon appel.
Xaniro plissa le front. Avec le mauvais temps, il avait ordonné d'avancer la récolte et la faire mûrir artificiellement. S'il considérait les réserves de tout Agriki, il réussirait à honorer les objectifs imposés par Xénon pour l'année à venir. Soudain, il réalisa les informations données par le clone. Les entrepôts du château ? Ceux où étaient stockés les quotas à livrer ? L'accident se révélait plus grave.
— Quelle est l'étendue des dégâts ?
— Le hangar principal est partiellement détruit, et le feu s'est propagé aux secondaires.
Soit entre 30 % et 40 % de la production annuelle partie en fumée. Cela ne représentait pas une catastrophe, grâce à ses mesures de précaution, et provoquer une seconde moisson accélérée compenserait. Mais Xénon, ou Xian, exigerait des explications.
Mieux vaut ne pas attirer l'attention du Chef suprême !
— Emmenez tous les gardes du château. Dans deux heures, rejoignez-moi pour un rapport dans mon bureau. Le feu devra être circonscrit d'ici là !
Les deux chefs saluèrent les poings croisés et la communication s'interrompit. Satisfait, Xaniro rappela les Auroréennes : il ne gâcherait pas sa journée, pendant que mon imbécile de frère s'amuse.
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