Idsou se glissa au sol et emboîta le pas aux scientifiques qui passaient la porte intérieure du sas. Dès qu'elle coulissa dans son dos, il respira mieux. Aucun garde ne les avait suivis dans le cœur de la zone de clonage.

Je ne me suis pas trompé, la difficulté se concentre sur le sas.

Si les kiriahnis le prenaient en tenaille, grâce à la téléportation, ils vaincraient les Astrydiens en une minute.

Pas étonnant que Xénon en rêve ! Il ne devait pas s'attendre à une résistance passive.

Le Chef suprême persévérerait par tous les moyens, l'existence d'Esperane le prouvait. Si cette bataille pour libérer Aurora échouait, le pire restait à venir. Un frisson le parcourut.

Les Auroréens avaient intérêt à gagner.

Idsou chassa cette pression supplémentaire et étudia les lieux. Le couloir, dans lequel il se trouvait, desservait plusieurs salles aux parois vitrées.

Les scientifiques à la blouse verte étaient entrés dans celle devant lui : une pièce de repos avec chaises, tables, coin repas.

En revanche, les bleues se dirigeaient sur la gauche. Une porte blanche à l'extrémité leur barra la route. Dessus, deux éclairs rouges se croisaient. Le centre d'énergie.

Merveilleux, ils facilitent mes recherches !

Le visiter ne lui apporterait rien. Les Dalghariens avaient embarqué des experts à bord du vaisseau, ceux-ci réussiraient à le gérer ou le détruire si les Auroréens le désiraient.

Satisfait, Idsou se rendit dans la première salle vitrée. La fabrication des clones l'intéressait plus. Des blouses vertes circulaient parmi des capsules et vérifiaient les informations médicales affichées en trois dimensions à leur tête. Plus par acquit de conscience, l'intelligence artificielle devait maîtriser le processus.

Un des hologrammes se colora en rouge et bipa. Idsou s'approcha de la capsule concernée, un scientifique l'imitait de l'autre côté. Quand ses doigts « touchèrent » les données, l'alarme s'arrêta et la coque devint transparente. Un clone baignait dans une gelée jaunâtre.

C'est certainement un produit nourricier pour la multiplication des cellules.

Ses yeux s'écarquillèrent d'horreur : une partie de la mâchoire manquait, les jambes ne possédaient pas de pieds. La peau desquamait tant à plusieurs endroits qu'elle découvrait des surfaces entières de muscles ou d'organes. Eux-mêmes atrophiés ou hypertrophiés, à la carnation douteuse. Et des effluves pestilentielles prenaient à la gorge.

Le clonage avait échoué.

Si cette technologie n'était maîtrisée à un tel niveau que par les Astrydiens, elle n'empêchait pas les échecs. À un taux acceptable, sinon ce peuple n'aurait pas survécu jusqu'à aujourd'hui.

Le scientifique, lui-même un clone, ne montrait d'ailleurs aucune émotion.

— Irrécupérable, conclut-il simplement.

L'Astrydien appuya à l'extrémité de la capsule et un liquide incolore, à l'odeur piquante, remplit peu à peu la cavité. À ce stade, la transformation en poussière n'opérait donc pas.

Le clone se décomposa en quelques secondes, laissant un squelette, puis plus rien. Idsou s'écarta, une main sur la bouche, le ventre retourné.

Ne vomis pas ! Inspire, expire, et surtout pas de bruit !

Hélas, son estomac ne lui obéissait pas. Dès qu'il se manifesta un peu trop, la blouse verte leva la tête. Les yeux scrutateurs sous les paupières plissées balayèrent l'espace, tels des rayons laser. Le scientifique contourna ensuite la capsule.

Idsou était piégé.

Si son corps invisible absorbait la lumière, ce n'était pas le cas du contact physique. Et l'ennemi s'approchait.

Dangereusement !

Un pas en avant de l'Astrydien, un en arrière pour lui. Malheureusement, son échappatoire se terminerait contre le mur, fait comme un rat, s'il ne réagissait pas.

Hors de question !

Jamais la peur ne l'avait trahi, et ne commencerait pas aujourd'hui. Il se plia en deux et se colla le plus possible contre la capsule. Juste à temps ! Le scientifique tendait un bras où il se trouvait la seconde précédente. Idsou se faufila derrière lui. Sitôt qu'il fut assez éloigné, il respira plusieurs fois et son pouls diminua.

Pour grimper d'un coup lorsqu'une alarme d'un des hologrammes retentit à nouveau.

Il jeta un regard noir à celui-ci : l'ennemi finirait par avoir sa peau de manière ridicule à ce rythme. Puis Idsou se ressaisit. L'image s'affichait en vert et non en rouge. La fabrication du clone était terminée avec succès.

La curiosité l'emporta, et il s'approcha à distance raisonnable de la capsule. Des tubes opaques, reliés au corps en plusieurs endroits, remplaçaient la gelée nourricière.

Ils apportent les nutriments, comme pour un bébé prématuré.

Ces appendices se détachèrent d'eux-mêmes et la paroi s'ouvrit en deux parties sur la longueur. La blouse verte aida le clone à se lever. Le nouveau « né » vacillait sur ses jambes.

— Ton équilibre s'établira rapidement, lui expliqua le scientifique. Nous te donnerons des habits, et te conduirons dans le palais, où tu seras entraîné avant de recevoir ton premier emploi.

Le clone ne posa pas de questions, preuve que la création incluait beaucoup d'informations.

J'en ai assez vu. Direction la cellule des prisonniers, et je partirai. Votre visage stupéfait récompensera mes efforts, prince Sojeyn !