C17 - L'investigation (2/4)
Idsou cligna des paupières. L'attitude de Xénon le stupéfiait encore : Esperane subjuguait l'envahisseur, pouvait le mener par le bout du nez ! Hors contexte, le Chef suprême ressemblait à un homme prévenant.
Hors contexte.
Il l'a enchaînée à son rôle, et elle n'a pas le droit à une vraie enfance !
Un frisson glacial le parcourut, inquiet pour l'avenir d'Esperane. Même lui avec sa vie actuelle, il pouvait se remémorer de merveilleux moments dans sa jeunesse.
Jusqu'à tes dix-huit ans, assena une voix implacable sous son crâne.
Idsou la rejeta avec violence, il refusait de songer à elle. Elle devait rester enfermée au fond de sa tête, ne pas l'emporter dans ses cauchemars. Il avait failli en mourir sur cette planète. Ce rappel le ramena à sa mission.
Je ne vous décevrai pas, prince Sojeyn ! railla-t-il.
Au même instant, cinq gardes et dix scientifiques, en blouse bleue ou verte, s'immobilisaient devant la porte de la zone de clonage. Idsou se rapprocha au plus près, tous ses sens en alerte. Son cœur avait enfourché un dauphin de Kaliorn, comme si l'envie lui prenait de piquer une pointe de vitesse.
Les Astrydiens alignés sur deux rangées pénétrèrent dans un long tunnel gris, suffisamment large pour que cinq hommes puissent avancer de front. Dans un silence, que seul le claquement des talons contre le sol interrompait, Idsou les suivit. La pente lui indiquait qu'ils s'enfonçaient sous terre.
La zone de clonage se trouve sous l'esplanade à l'avant du palais.
Il fallut à la troupe dix minutes de marche pour atteindre une porte. Dix minutes pendant lesquelles le souffle d'Idsou se saccada, dix minutes pendant lesquelles sa peau se couvrit de sueur.
Dans quel état ressortirait-il s'il s'affolait pour si peu !
Des rayons magenta balayèrent le groupe. Identification des allées et venues. Sécurité maximum. La résistance devrait s'infiltrer en force dans ce boyau ou attendre que le brouilleur soit neutralisé afin de profiter de la puissance des Auroréens. La téléportation les aiderait, grâce aux images qu'il ramènerait.
Quand la porte coulissa enfin, il tressaillit. Puis ses oreilles pointèrent vers l'entrée.
— Pourquoi ne se matérialise-t-il pas ? entendit-il, par-dessus le bruit des bottes qui avaient repris leur route.
— Nous avons activé le brouilleur au maximum, mais il ne parvient pas à contrer le pouvoir du kiriahni.
Par les dauphins de Kaliorn, leur technologie est effrayante ! Je suis content de ne pas être un Auroréen, ils en seront pour leurs frais.
Comme s'il avait capté sa pensée, la première voix le contredit :
— Tirez vers le bas ! Blessé, il ne restera pas invisible très longtemps.
Cette fois, le corps d'Idsou se figea. Quelques secondes de trop. Le dernier garde du groupe franchissait le seuil, deux bondissaient.
La vue des pistolets laser le secoua. Il effectua un salto avant que des éclairs jaunes illuminent le couloir. Au second, une douleur lui transperça la jambe. Elle déséquilibra sa réception, mais il avait atteint son but. La mâchoire crispée, Idsou se glissa entre les deux hommes qui tiraient sous les ordres de leur chef.
Un coup d'œil lui suffit pour analyser les lieux : petite pièce, porte coulissante côté tunnel, une autre en face, et gardes armés jusqu'aux dents.
Un sas de contrôle.
Des armoires sur sa gauche attirèrent son attention, l'ascension fut hasardeuse avec sa blessure, l'atterrissage douloureux. Sa tête avait cogné durement contre le mur. Il se mordit la langue pour étouffer un cri et se rencogna dans l'ombre. Son pouls battait à ses tempes, tandis qu'il scrutait la scène sous lui.
Les Astrydiens arrosaient encore le tunnel.
Néanmoins, Idsou ne relâcha ni son invisibilité ni son écoute. La gorge sèche, une main posée sur une de ses électases, il attendit la suite. Elle ne tarda pas. Le chef donna l'ordre de cesser le feu.
— Que dit l'intelligence artificielle ?
Il s'adressait à un clone assis devant une vitre aux coins arrondis et pourvu d'écouteurs dans les oreilles. Des symboles colorés s'alignaient sur l'écran, en même temps que l'ordinateur lui parlait.
— Personne dans le tunnel, annonça-t-il.
— Comment explique-t-elle cette fausse intrusion ?
Merci de poser la question.
— Elle a sonné l'alerte parce que le rayon d'identification traversait mal l'air à un endroit, mais invalide son analyse. Pour deux raisons : le brouilleur, aucun kiriahni ne pourrait résister à une telle puissance ; et la zone détectée est trop petite pour représenter un Auroréen.
Des soupirs accueillirent ce rapport, la tension déserta Idsou. Il n'aurait jamais cru partager le même soulagement que ses ennemis. La pensée lui arracha une remarque ironique.
Assez plaisanté, réfléchis à ce qui a gêné le contrôle.
Ni lui ni ses habits : l'ordinateur l'aurait repéré en entier. Quoi donc ? Idsou n'avait rien sur lui sauf... ses électases. Son invisibilité n'avait pas permis à l'intelligence artificielle de les détecter, mais n'avait pas suffi à les masquer entièrement. Une seconde consigne à transmettre.
Combien d'autres viendraient ?
Peut-être moins, après ce sas : les scientifiques ne portaient pas d'arme.
Il lui tardait de poursuivre sa mission, mais sa jambe blessée réclamait un bandage. Idsou arracha un bout de sa manche et entoura la plaie au jugé, jusqu'à ne plus sentir le sang couler. Une nécessité : les tâches le trahiraient.
L'observation attentive du dessus de l'armoire lui assura qu'il avait appliqué correctement les soins. Quant à sa tête, ses doigts ne détectèrent pas de contusion, juste une joue douloureuse. Il s'en sortirait avec une belle ecchymose.
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