C15 - La déclaration (3/3)
Les Astrydiens les auraient-ils retrouvés et s'apprêteraient-ils à les attaquer ? Flore se tourna vers Brian, assis à côté de lui, en quête de son opinion. Il souriait, des étoiles brillaient dans ses iris. Son attitude, que les autres partageaient, la rassura... à moitié. Une connivence semblait les relier, dont elle était l'objet.
Qu'avaient-ils manigancé ?
— J'aimerais profiter de cet instant avec nos familles et nos amis pour t'offrir à mon tour un cadeau, murmura Brian.
Une boîte se matérialisa sur les genoux de son compagnon, téléportée par un des Auroréens présents dans le salon. L'emblème de Dalghar, la comète dorée, décorait les quatre coins.
Quand Brian l'invita à l'ouvrir d'un signe de la tête, Flore lui jeta une question mentale. Qui resta sans réponse. Elle souleva donc le couvercle, et deux larges bracelets, sculptés de la fleur de llyriah émeraude, étincelèrent. La couleur du cœur et des tiges les différenciait : noire comme les yeux de Brian, grise pour elle-même.
Flore demeura mutique plusieurs secondes, avant de se mordre les lèvres. Une boule dans la gorge l'empêchait de s'exprimer, mais son regard humide y pourvut.
— Je me suis renseigné sur le compagnonnage auprès de Merioni et Kishor, je voulais te faire cette surprise ainsi qu'à Sojeyn. Nous nous échangerons les seconds lors de la fête de la Moisson, suivant la coutume auroréenne.
Brian accrocha le bracelet aux tiges grises au-dessus de son coude gauche et lui chuchota dans sa tête :
— « Fer ta dienor, alo maento y coro. »
« Pour te servir avec toute mon âme et tout mon cœur » : la devise auroréenne de la déclaration d'amour. Elle engageait Brian à l'aider en toute circonstance, quelle que soit celle-ci.
À prononcer sans témoins. Me l'annoncer par la pensée est un bon subterfuge.
Flore répéta le geste de Brian sans utiliser son pouvoir de téléportation, pour lui marquer son respect. Ils s'observèrent un moment, comme si plus rien ni personne n'existait autour d'eux, trop émus pour se parler, trop intimidés pour se toucher. Même les félicitations de leurs amis ne les atteignaient pas dans cette bulle imaginaire, jusqu'à ce que Brian murmure dans sa tête :
— Ne les abandonnons pas.
Elle accepta volontiers de partager ce moment privilégié avec eux, alors que les anecdotes joyeuses fusaient en tous sens. Puis, chaque invité imprévu repartit dans ses quartiers. La célébration se terminait, une célébration à laquelle un garçon sauvage avait préféré les ombres de forêt.
— Quelque chose ne va pas ?
Le silence se fit à la question inquiète de Brian.
— Je regrette l'absence d'Idsou. Pourquoi continue-t-il à se cacher ?
À sa grande surprise, Sojeyn rejoignit la baie vitrée de son salon et contempla les voiles de l'aurore qui dansaient dans le ciel étoilé. Litcho, sur son épaule, poussa des cris rocailleux. Le kiriako éprouvait les émotions de son « adopté » et tentait de le consoler. Un frisson glacial glissa sur la peau de Flore.
Qu'as-tu fait, petit frère ?
Ses barrières mentales constituaient un tel rempart à l'échange psychique qu'elle demanda à voix haute :
— Sais-tu quelque chose à son sujet ?
La tête de Sojeyn s'abaissa, son dos se courba.
Qu'as-tu fait ? se répéta-t-elle.
Son inquiétude grandissait avec chaque seconde qui s'écoulait, tandis que Kishor et Merioni affichaient des visages perplexes. Si les plus proches amis de Sojeyn n'étaient pas dans la confidence, cela signifiait qu'un évènement grave s'était passé. Quoi ? Flore préféra patienter plutôt que pousser son frère.
Après un profond soupir de tristesse, il leur annonça d'une voix lugubre :
— Je l'ai envoyé à une mort certaine.
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